Bonjour tout le monde,
Je reviens avec une fic sur mon deuxième couple chouchou à savoir Rhadamanthe/Kanon. Cette histoire n'est pas à prendre au sérieux, parce qu'il y aura des touches d'humour un peu disséminées de ci et de là.
J'aime mêler yaoi et humour, donc certaines situations peuvent être incongrues. Je précise que ma vision de Rhadamanthe est personnelle, elle ne correspond probablement pas celle de tout le monde. En gros, je le vois comme explosif l'on va dire, je me base sur son affiliation à l'étoile de la violence et de la férocité.
Il y aura probablement un lemon, avec un couple peu exploité selon moi…
Cette fic est écrite en 5 chapitres, donc assez courte.
Résumé : Kanon tente de se faire à sa nouvelle vie en appréciant son idylle naissante, il semble plus serein. Mais cette quiétude sera troublée lors de l'arrivée inopinée de son ancien amour…
Rating : M
Pairing : Rhamanthe/Kanon/ ?
Genre : Yaoi / Humour / Romance
Bonne lecture.
Chapitre 1
Le commencement des ennuis
Il faisait bon. Il faisait bon dans la maison des gémeaux. Dorénavant régnait une ambiance harmonieuse, paisible, bienfaisante. Il n'y subsistait plus d'animosité, de rancœur, plus rien de mauvais. Saga et Kanon avaient fait la paix, et c'était bien ainsi.
Le temple anciennement vide, froid, était empli de rires, de discutions, de joie. Les frères savouraient cette nouvelle entente et nouvelle vie, lavée des querelles, et manipulations. Saga se faisait un devoir de veiller sur son frère, ainsi que sur ses nouvelles fréquentations, et vice et versa. Les deux étant aussi jaloux l'un que l'autre. Mais c'était bon enfant, il est normal de protéger sa moitié tout de même…
Saga retrouva ses anciens amis du Sanctuaire, maintenant que lui et lui seul se pardonna son passé sombre, parce qu'eux l'avaient fait depuis longtemps. Il savourait ses retrouvailles avec Aiolos son ami de toujours… Tant d'années les avaient éloignés, mais en même temps, peu de choses avaient changé entre eux, cette complicité naturelle, proche. Les deux comparses n'avaient pas besoin de parler pour se comprendre, ils étaient tout le temps fourrés ensemble. Le bleuté passait du temps aussi avec ses anciens « tueurs attitrés », il s'entrainait souvent avec Shura à enchainer des figures combinant plusieurs arts martiaux. Il aimait rester des après-midi tranquilles chez l'espagnol, son tempérament taciturne lui convenait bien. Ils riaient aux mêmes blagues, possédaient le même humour. Il passait aussi chez Aphrodite, cet homme toujours enjoué l'accueillait à bras ouverts. Pourtant il lui fit tant de mal autrefois, ternissant sa beauté pure par tout le sang versé à cause de lui… L'obligeant à se fourvoyer dans le crime… Il voulait se racheter auprès de cet être si sensible. Il le connaissait par cœur, sous ses apparences désinvoltes, que rien n'atteint, son paraître hautain se cachait quelqu'un à fleur de peau, que tout chamboule. Un rien, une réflexion et son moral basculait de l'autre côté. Alors Saga venait pour le rassurer, lui donner un peu de sa sérénité. Puis le poisson était très divertissant, toujours quelque chose à raconter, toujours un potin… Sauf sur lui étonnement. Il respectait trop Saga pour le salir avec n'importe quel ragot de fond de bouteille.
Enfin, il renouait avec tout le monde… Son frère aussi faisait de même… Il apprit à découvrir tous ces chevaliers qui l'accueillirent avec surprise. Ils ne le connaissaient pas bien après tout. Il avait toujours été éloigné pendant sa jeunesse, et la suite nous la connaissons. Mais le deuxième jumeau avait des amis, connaissances ailleurs que le Sanctuaire grec. Dans les bas fonds des océans il laissa ses anciens compagnons d'armes et amis. Tous ses anciens généraux le vénéraient, l'admiraient, désiraient lui ressembler. Quand il y vivait d'ailleurs, il réussit à créer des amitiés sincères, et aussi quelques aventures, mais surtout une… Une particulière… Précieuse… Même s'il ne l'avoua jamais à quiconque et à au concerné en personne…
Cet être sublime, d'une délicatesse innée, suscitait la crainte de le casser par une simple pression des doigts. Pourtant son apparence frêle était trompeuse… Il ne fallait pas s'y fier, c'était un marina hors du commun, magnant puissance, stratégie à la fois. Ses attaques étaient redoutables, personne n'y réchappait. Cet homme était raffiné, instruit, gracieux, une véritable perle au fond des océans… Et cette merveilleuse perle il ne l'avait eu que pour lui durant toutes ces années mais il la détruisit en le quittant si précipitamment. Qu'était-elle devenue cette perle des profondeurs ? Avait-elle toujours cet éclat si pur ? Avait-elle ternie au fils des années et de son chagrin ? Que faisait-il, en bas ?
Oui, souvent Kanon pensait à son ancien amant atlantique, sans savoir ce qu'il devenait. Par moment, il y pensait sans arrêt, comme si leur histoire n'avait pas pris fin, et parfois il n'apparaissait pas dans son esprit pendant plusieurs mois, comme si cette ancienne vie n'exista aucunement. Puis, à vrai dire dans son cœur c'était glissé un nouvel homme, tout le contraire du précédant… Celui-là il le connut pendant sa dernière bataille, durant la dernière Guerre Sainte… Au premier regard… Au premier regard transparut toute l'animalité de cet homme imposant. Une violence explosive, destructrice que personne ne pouvait esquiver. Il était tellement impressionnant dans son surplis sombre, son effigie aussi d'ailleurs était là pour rappeler à ses adversaires qu'il n'hésiterait pas à faire preuve de sauvagerie pour les tuer. Quand l'œil meurtrier de la Whyverne se pose sur vous, vous êtes voué à la mort à coup sûr !
Qu'il avait aimé ressentir cette animosité, cette haine envers lui. Se confronter à son adversaire le plus fort de toute sa vie. Et l'emporter avec lui dans l'au-delà, cela avait été sa fierté à lui… A Kanon…
Puis maintenant, il y pensait sans arrêt, à son dragon maléfique… Pourtant un homme tel que lui ne détenait pas la beauté ravageuse du jumeau, beaucoup se demandait ce que Kanon trouvait de si exceptionnel dans le charme de Rhadamanthe ?
« Il est bigleux ou quoi ? » « Il est désespéré ? Il pourrait trouver tellement mieux »
Toutes ces mauvaises langues uniquement par simple jalousie. Oui, de la jalousie… Tous étaient envieux de l'attirance que Kanon éprouvait pour l'autre, ce n'était pas un canon de beauté, mais pourtant il regardait par delà les apparences, trouvant maintes qualités à la Vouivre. Une telle virilité, masculin jusqu'au bout des ongles. Un charisme à faire étouffer ceux de tous les Dieux en personne, même celui de Zeus. Puis, zut, il était beau tout de même son dragon médiéval ! Non ? Entre ses bras il se sentait comme une petite midinette prête à s'évanouir d'émotion… Enfin un Homme, un vrai, un tatoué pour le protéger !
Les deux hommes, fiers, c'étaient cherchés, contournés, repoussés, jouant au chat et à la souris. Suis-moi, je te fuis ; fuis-moi, je te suis. Ce petit jeu dura bien longtemps, des mois durant. Mais leur histoire débutait, et personne n'était encore au courant, ce prémisse d'idylle restait encore fragile. Un souffle d'air et la brindille risquait de se briser. Kanon voulait cacher son histoire surtout à cause de son frère. Il pressentait un mécontentement de sa part et une désapprobation. Alors, bêtement il faisait croire qu'ils n'étaient que de simples amis, mais il partait de plus en plus aux Enfers, rejoindre son amour coupable. Et la Whyverne expédiait des dizaines de lettres en Grèce, tout pour éveiller les soupçons… D'ailleurs dans le domaine d'en bas, tous connaissaient l'aventure entre les deux hommes. Pour qu'un humain et chevalier d'Athéna ose défier l'interdit il y avait une sacrée bonne raison ! Puis, il ne passait pas inaperçu là-bas. Il séjournait toujours dans le palais de Rhadamanthe à Caïna comme par hasard.
Enfin, Kanon pensait qu'il avait fait une croix sur son ancien coup de cœur et que le nouvel homme de sa vie le comblerait entièrement et pour toujours. Il ne voyait que par lui, le citait dans toutes ses conversations, ne faisant que des louanges à propos du britannique. « Et Rhada par ci, et Rhada par là… Et Rhada il aurait fait ça dans cette situation… ». Que des éloges, il était mordu et foutu.
On pouvait dire qu'il en faisait des ravages notre ex marina.
Tout allait bien pour l'ex démon, il pourrait peut être trouver le bonheur, qui sait ?
Oui, surement… C'était sans compter un événement inattendu qui allait bouleverser son équilibre. Un jour, débarqua à l'improviste, « son ancien » amant… Il arriva d'un coup, comme une fleur devant la porte du troisième temple. N'osant pas entrer il se fit remarquer en déclenchant son cosmos. Il entendit un « oui qui c'est ? ». Il ne reconnut pas cette voix, il se présenta et un homme à l'apparence de Kanon fit son apparition devant cette porte. Bouche bée, estomaqué il ne savait plus si c'était du lard ou du cochon… Il avait l'apparence de son amant mais il sentait que ce n'était pas lui. Après plusieurs minutes de discussions sur les présentations, Saga emmena l'homme avec lui. Il appela son frère pour qu'il vienne voir son invité surprise, et quelle ne fut pas son étonnement, quand il le vit, là au milieu du salon, sur le plan terrestre, aux côté de son frère, dans ses meubles !
Il prit la parole retourné :
-« Quoi ! Toi ici ! Toi… Ce n'est pas vrai !? »
-« Si… Tu vois bien, c'est moi… Kanon… Tu n'es pas content de me voir ? »
-« M… Mais si… Si bien sûr ! Je suis seulement surpris de te voir devant moi après toutes ces années ! »
-« Pourquoi cela te surprends ? A près tout, nous étions proches, très proches… »
Le ton de l'invité mystère était empli de mélancolie, ainsi il avait sa réponse… Sa perle était échouée, fêlée par sa lâcheté.
Kanon reprit :
-« Oui bien sûr, mais c'était il y a bien des années… Je n'aurais jamais cru que tu voudrais me revoir… Après… Tout ce que je t'ai fais… »
-« Je sais, je t'en ai beaucoup voulu… Mais je n'arrive pas à t'oublier… Je voulais te retrouver, j'ai besoin de toi Kanon ! »
Le spectacle de cet homme si touchant le fit pâlir, il s'en voulait tellement. Il voulait le repousser, croire que c'était terminé, lui avouer qu'il avait rencontré quelqu'un d'autre et tourner la page. Mais il ne put pas tout simplement. Il ne se résignait pas une fois de plus à briser ses rêves, et le faire souffrir. Il n'en eut pas le courage ni la force en voyant cet homme faiblir à sa vue. Mettant tous ses espoirs en lui et ce mettant à nu.
Il crut l'oublier pour de bon, son visage s'effaçait de sa mémoire petit à petit pour être remplacé par celui d'un autre. Mais là à cet instant, chez lui, il l'avait en chair et en os, pour de vrai. Sa mine de petit enfant perdu, cassée par la vie, ses yeux embués par les larmes qui suintaient, sa bouche boudeuse. Tout était mit en place pour le faire douter et chavirer… Sans s'en rendre compte, sans réfléchir il s'approcha de lui, et le prit doucement dans ses bras pour le consoler. Pour lui dire qu'il était là.
Une fois calmé, les deux hommes s'installèrent à table pour discuter posément et se rafraichir avec une boisson. Le dragon prit la parole :
-« Et alors, comment ça se fait que Poséidon t'es permis de venir me voir ? Tu es toujours à ses ordres ou tu es parti ? »
-« Nan, nan… Je suis toujours sous ses ordres, et tous d'ailleurs… Je lui ai demandé un congé sabbatique. »
-« Quoi !? Ca existe ça ? Tu te fous de moi ? »
-« Non… J'ai beaucoup d'ancienneté alors j'y ai droit, je me suis renseigné »
-« Et tu as pris combien de temps exactement ? »
-« Un an ! »
Le dragon faillit recracher la limonade qu'il venait d'ingurgiter à la figure de l'autre.
-« Un an !? Vous avez droit à tant que ça ? Nous, on a droit à rien ici ! Merde j'ai choisi le mauvais dieu ! »
Son interlocuteur éclata de rire. Un rire enjoué plein de sincérité. L'ex marina avait toujours eu un sens de l'humour à l'épreuve de tout. Il était tellement drôle, c'est ce qui faisait son charme. Il faisait bon de retrouver cet humour, cette insouciance. Le jeune homme poursuivit :
-« Eh bien tu n'as qu'à revenir là-bas avec moi »
Il lui envoya un petit clin d'œil en coin.
-« Euh… Je sais pas, faut que je réfléchisse. En attendant tu vas vivre où ? Tu vas aller où ? »
-« En faite j'ai pas réfléchi à ça quand je suis parti avec mes valises… Je voulais seulement te retrouver c'est tout… Je ne sais pas, il doit bien avoir des hôtels dans le coin »
-« Hors de question ! Tu es insensé Sorrente ! Tu ne connais rien du monde qui t'entoure, c'est dangereux. Et toi, tu viens ici sans penser à rien. Il pourrait t'arriver n'importe quoi. Tu vas rester ici, chez nous en attendant qu'on trouve un truc… »
Saga approuva, même s'il ne fut pas content de l'arrivée inopinée de l'ex amant à son frère. Il devait se contenir devant le marina pour ne pas le mettre plus mal à l'aise qu'il ne l'était déjà. Les temples se virent aménagés d'une chambre d'amis par les bonnes intentions de Shion, via Doko, au cas où…
Sorrente tout heureux alla défaire ses valises dans sa nouvelle demeure, auprès de son éternel chevalier bleu.
Au dîner sa mine triste disparue, il affichait un sourire radieux, il resplendissait la gaité. Ses joues rosies par l'air terrestre, son teint pâle, ses yeux miroitant des bulles de bonheur, dans ses iris d'un rose franc, foncé. Ses yeux, il les avait toujours admirés en secret, comment peut-on avoir d'aussi beaux yeux ? C'est fascinant, Kanon pourrait rester des heures à les contempler. D'ailleurs, il se sourit intérieurement, c'est ce qu'il faisait des années auparavant… Il restait des heures à scruter ses deux astres fuchsias, c'est comme si la planète Vénus résidait dedans… Ses yeux avaient ris pour lui, aimé pour lui, éprouvé de l'adoration, ils avaient également pleuré à cause de lui, détesté… Sorrente ne pouvait cacher ses émotions, parce que ses yeux reflétaient le miroir de son âme, une porte ouverte où s'affiche tous ses ressentis… Et encore plus quand il s'agissait de Kanon.
Ce dernier le dévisagea durant toute la soirée, ce remémorant les années passées à ses côtés. Pourquoi l'avait-il quitté au juste ?
Parce qu'il avait été démasqué, et que son temps dans le Sanctuaire sous-marin était révolu. Parce qu'il avait une autre tâche à mener ailleurs, se racheter de ses fautes passées, et le retrouver, son frère. Alors, il laissa tout, plaqua tout, et fuit. Fuit le visage accusateur de Sorrente, son air de mépris, de déception. Il aurait pu lui expliquer, tenter de le convaincre, lui demander de partir avec lui, oh, l'autre l'aurait suivi n'importe où… Mais non, quelque chose en lui voulait se libérer de cette histoire, de cette vie… Il fallait tourner la page, un chapitre se terminait à présent. En tous les cas, il ne le quitta pas parce qu'il ne l'aimait plus à cette époque.
Et quand Kanon coupe les ponts c'est définitif, il ne s'embête pas avec les fantômes du passé, oh non. Mais une exception démentait cette règle, la sirène maléfique et son chant incessant pour lui. Cet appel mélancolique qui lui lançait comme par télépathie… Pourquoi n'avait-il jamais remit les pieds dans le Sanctuaire océanique ? Pas par peur des représailles de Poséidon, il le tenait dans le creux de la main. Pas la peur d'affronter les reproches de ses anciens amis, il pouvait les convaincre et les retourner facilement. Il avait peur de revoir Sorrente et son air de chien battu, et peut être… De craquer et de l'embarquer avec lui… Kanon était tellement épris de liberté… C'était un homme du vent. Comme un souffle d'air emporté au gré de ses envies, ses lubies, il allait explorer ce monde si vaste. Ce monde dont il a été exclu bien trop longtemps. Alors, une fois libre de sa prison au Cap Sounion, une fois libre de sa prison de corail, une fois libre de sa prison de repentir envers son frère, Kanon s'échappa… Il s'évada de cet enfermement, ne voulant plus jamais ressentir de barreaux derrière lui, il voulait faire tout ce qui lui passait par la tête.
Partir sans lui sembla une bonne idée. Il en était convaincu. Il souhaitait découvrir de nouvelles aventures, rocambolesques, amicales, amoureuses, tout il voulait tout ! Il voulait le monde même. Sorrente, malgré l'amour qu'il ressentait représentait un frein à sa quête de liberté. Sorrente laissait paraître un étrange sentiment, comme s'il l'aurait voulu l'emprisonner à son cœur. Une nouvelle prison : une prison de devoir ; devoir faire semblant, devoir aimer. Et cela Kanon ne le supportait pas, il ne pouvait promettre amour éternel à qui que se soit. Sauf à son frère.
« Non Sorrente, je suis désolé, mais il ne fallait pas revenir me chercher. »
Les jours passèrent, la sirène ne pouvait pas être jetée à la rue comme un mal propre. Le Dieu des mers fut prévenu de la situation, soulagé d'apprendre où se trouvait son petit chouchou. Qu'il n'était pas perdu, ou mort au fond d'un gouffre ou d'un caniveau. Cependant, il ne fut pas rassuré d'apprendre qu'il se retrouvait chez le démon qui avait trompé tout le monde. Il allait encore souffrir, et c'est lui qui ramasserait les pots cassés pour ne pas changer… Décidément il n'arrivera jamais à les tenir, ses marinas.
Kanon se sentait dans l'obligation de veiller sur son invité forcé. Il lui fit visiter le Sanctuaire au complet en lui présentant ses camarades, les alentours, la ville d'Athènes. Les abords, la plage, les endroits sympas, les endroits plus calmes. Il faisait son possible pour qu'il se sente comme chez lui, l'intégrant à son cercle d'ami, ne le laissant presque jamais seul. C'était comme avant, mais en mieux… A son contact il redécouvrait les sentiments qu'il avait enfoui au plus profond de lui. Cette vague qui s'amplifiait au fur et à mesures des jours qui s'écoulaient, ne voulant pas se l'avouer.
Sorrente possédait un charme faussement ingénu auquel on ne pouvait résister. Il savait jouer de son charme comme de sa flûte. Variant ainsi la gamme de son jeu étendu, passant de notes légères, innocentes, à d'autres plus lourdes, chargée de séduction. C'était un séducteur dans l'âme malgré tout, et sa seule proie était le beau dragon impérial. Il s'accaparait de plus en plus l'esprit du grec au détriment… Au détriment… D'un autre dragon dont il ignorait l'existence.
Kanon n'avait rien fait d'irrépressible avec la sirène, mais il recommençait malgré lui à tomber dans ses filets, et il ne donna plus de nouvelles à son amant actuel. Il ne répondait plus à ces lettres. Il ne venait plus du tout aux Enfers. C'est comme s'il avait oublié du jour au lendemain. Ne pensait plus trop à sa personne…
Aux Enfers justement on trouvait une Whyverne qui s'impatientait rageusement, et qui devenait de plus en plus exécrable avec tout le monde. Même Hadès allait finir par subir les foudres d'un dragon bafoué. Alors, si le premier juge risquait de s'en prendre à sa majesté au péril de sa vie, rien n'allait plus !
Il risquait de se faire rôtir les écailles incessamment sous peu mais il s'en moquait royalement, seul comptait son chevalier destitué.
« Rhooo tu fais quoi Kanon !? C'est ton chiant de frère qui t'empêches de venir ou quoi !? Je vais venir te sauver moi ! »
Et sans attendre un éventuel accord de sa majesté sombre, il décida tout seul de partir au Sanctuaire pour voir de quoi il en retournait.
Il fit ses valises illico presto et partit pour le territoire d'Athéna. Peut importait s'il allait être révoqué ou puni, il aurait bien le temps de voir venir la chose.
C'est par une matinée fraiche que le dragon à deux pattes se pointa lui aussi devant la porte du troisième temple. Décidément, il y avait pas mal de mouvement la dedans… Comme il ne pouvait pas rentrer comme dans un moulin, il sonda les lieux pour y trouver quelque cosmos… Et il le ressentit, le sien, doré, serein, posé. Tant pis pour les formalités d'usages, il entra sans se présenter, et aperçut dans la cuisine s'affairant à faire mijoter des bons petits plats, son gémeau d'amour en tenu décontractée. Il portait un jeans assez moulant et une chemise toute débraillée, comme s'il venait de s'habiller. Ses cheveux défaits, en batailles lui donnaient son air de sauvageon qu'il adorait tant. Le voir ainsi s'agitant dans tous les sens pour émincer, éplucher, couper en rondelles légumes et autres lui provoquait déjà des sensations. Il ne put se retenir et alla se coller à lui, l'entourant de ses vigoureux bras. Il posa sa tête contre son dos musclé, huma le parfum de ses cheveux et commença une ascension par devant, sur ses pectoraux, ainsi que sur son petit postérieur divin…
L'autre de son côté n'avait rien vu venir. « Qui c'est !? Qui ose me peloter comme ça quand je fais la cuisine ? ».
Il était surpris et offusqué, mais n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche que l'autre commença :
-« Alors… Mon p'tit dragon-chou… Comment tu vas depuis la dernière fois ? Ca fait longtemps que tu n'es pas venu me voir ! Tu es vilain ! Tu sais ce que je fais aux vilains petits reptiles moi ? »
« QUOI ? Est-ce que ça serait… Rhadamanthe en personne qui serait venu dans MON temple et qui me parlerait des cochonneries qu'il fait avec MON frère ! »
Saga, interloqué ne bougea cependant pas d'un pouce, il voulait découvrir jusqu'ou ils avaient été… Il joua le jeu :
-« Et qu'est-ce que tu leurs fais, dis-moi, aux petits dragons méchants ? »
-« Ha ha, Kanon vilain fripon tu le fais exprès, avoues ? Je vais te faire comme l'autre fois, quand on était dans les thermes d'Hadès… Tu vois ? »
Le sourcil bleu frémissait tout seul de colère, sa mâchoire se serrait un peu plus, il commençait à se crisper dangereusement notre gémeau. Sa saleté de frangin lui avait menti ! Le chameau ! Comment est-ce qu'il avait pu croire aussi que son jumeau n'aurait rien fait avec cette espèce de Neandertal !?
Le juge renchérit à ses risques et périls :
-« Alors, pourquoi tu ne viens plus aux Enfers sans blague ? Est-ce que c'est ton rabat joie de frère qui t'en empêche ? Pfff, il nous fait sueur, faudrait qu'il pense à se trouver un mec, ça lui ferait du bien et il nous lâcherait la grappe ! »
Doucement. Doucement le gémeau fit demi-tour pour faire face à l'autre. Il se planta devant lui, à quelques millimètres seulement, une telle promiscuité le répugnait, « beurk je vois son mono-sourcil de près ». Ses yeux jetaient des éclairs bleutés, sa bouche prit de mini spasmes. L'autre ne s'en rendait pas compte il s'avança bien trop près de cette bouche et commença d'entrouvrir la sienne pour signifier son intention de l'embrasser. Il sentit juste une grande main posée sur tout son visage l'entravant.
Il balbutia quelques mots incompréhensibles puisque la main de Saga lui barrait la bouche. Il la descendit, toujours lentement. Et il lui cingla :
-« Je ne suis pas Kanon il n'est pas là… Je suis son chiant de frère ! »
La Vouivre se recula tellement vite qu'il faillit tomber à la renverse. L'étonnement à son comble, il se sentait gêné mais d'une force phénoménale. Il bégaya :
-« M… Mais… C… Com… Comment… Ou… Il… Est ? »
-« Il est parti en ballade pour la journée avec son ancien petit ami qui est revenu chez nous. Je ne sais pas quand il rentrera, en attendant… Sooors de mon temple ! Je ne veux plus te voir, toi et ta lubricité ! Qu'est-ce que tu as osé faire à mon frère ? Tu l'as perverti ! Sale lézard rampant ! »
Sans demander son reste le britannique sortit aussi vite qu'il y rentra, sous le flot de menaces et d'injures d'un gémeau furieux.
Il courra aussi vite qu'il le put et alla se réfugier du coup chez le lion. Il était bien gentil avec tout le monde, et n'hésitait pas à aider son prochain, puis il l'avait combattu donc en quelque sorte c'est comme s'ils se connaissaient déjà… Un peu ? Pas du tout ? Bon.
Il attendit son retour toute la journée en se lamentant sur les dernières paroles de Saga.
« En ballade toute la journée avec SON ancien PETIT-AMI. J't'en foutrais moi ! Il va voir ce qu'il va voir ! Il me laisse pour son ancien mec ? Personne ne laisse le premier juge des Enfers pour qui que se soit ! Ou alors, il se retrouve décapité la minute suivante. Compris ? Et puis d'abord c'est qui cet ex ? Hein ! Il sort d'où celui-là ? Ca lui prend comme ça, comme une envie de se pendre ? Et pourquoi Kanon ne m'a pas rappelé depuis qu'il est là ? Est-ce qu'il s'est remit en couple avec ? Est-ce qu'il me trompe ? »
Rhadamanthe tourna en rond toute la journée dans la maison du lion. Le pauvre il en avait eu le tournis à force ! Ne sachant plus quoi faire pour résonner le juge. Il demanda de l'aide auprès de Shaka forcément, qui ne réussit pas à temporiser les élans du dragon sombre. Mû fut mis à contribution mais il n'eut pas plus de succès. Ce dragon têtu n'écoutait personne. Il commençait à tracer des sillons à force de faire les cent pas et de marmonner tout seul dans sa barbe.
Le soir venu enfin, - délivrance pour Aiolia - Kanon réapparut au bras de sa petite sirène. Il rentra tout guilleret de sa journée avec Sorrente, et commençait à la raconter à Saga. Leur baignade avec des dauphins, la séance de jet ski, le déjeuner au bord de la plage… Enfin tout y passait dans le moindre détail.
Saga l'interrompit pour lui apprendre qu'un invité mystère (encore un) se présenta dans leur temple un peu plus tôt dans la journée. Kanon ne voyait pas du tout de qui il s'agissait… Qui aurait pu venir le voir comme ça ? Puis, quand son frère commença à lui aussi détailler les manipulations, voir plutôt tripotages qu'il avait subi, le dragon des mers percuta enfin.
« Quoi ! MON Rhada qui m'a confondu avec mon frère et qu'il l'a peloté ? Il a peloté les fesses de mon frère ! Quelle horreur !
Rhada est là… Oh misère. Ca va faire des étincelles, plutôt ça va cracher du feu de dieu. »
Kanon, affolé demandait sans cesse où il était passé ? Sorrente quant à lui ne comprenait rien à la situation, vu qu'il n'était pas au courant que son ex avait retrouvé quelqu'un.
Et c'est là que le juge arriva et se planta au milieu du salon, il l'interpella :
-« Là… Je suis là Kanon… Et je ne savais pas que tu avais de la visite en ce moment chez toi. Je comprends mieux maintenant pourquoi je te ne vois plus ! »
Sa voix était sèche, horriblement sèche, pire que le désert du Sahara mêlé à celui de Gobi. Il aurait pu jeter du sable à tête du dragon.
Kanon voulut se rattraper :
-« C'est pas ce que tu crois ! »
-« Ah non, vraiment ? Et que crois-tu que je crois ? Que tu me mens, que tu me trompes… Que tu n'as pas eu le courage de me dire que tu me quittais pour un autre… Quoi ? TU CROIS QUE JE CROIS QUOI !? »
Au fur et à mesure qu'il parlait, l'intonation du juge montait dans les graves, montait tout cours. Il meuglait à la gorge de Kanon, il ne criait pas… Non, ce fusse trop mélodieux encore… Quand Rhadamanthe criait, c'est-à-dire vociférait comme un dératé, il faisait trembler les murs, les vitres auraient pu se briser. Il perçait les tympans de ses interlocuteurs, le sang aurait pu couler de leurs oreilles. Il faisait trembler tout le monde. Et en ce moment, il était pris d'une de ces colères monumentales que seul, Minos et Eaque arrivaient à stopper avec bien du mal… Mais ils n'étaient pas là ! Il fallait subir la crise sans broncher.
Kanon se recroquevilla sur lui-même comme un animal traqué, Saga resta en recul, il n'était pas rassuré non plus, et Sorrente se planqua sous la table à manger. La scène dura bien plus d'une demi-heure, même Aphrodite dans son temple tout en haut entendit le juge s'époumoner.
Il continua dans sa lancée :
-« Mais quoi à la fin ! Tu crois quoi ? Que tu peux nous avoir tous ? Tu penses qu'on peut délaisser un juge des Enfers comme ça, du jour au lendemain ? Pour… Pour une espèce de bellâtre rose de pacotille ! Rose ! Rose Kanon ! Tu déconnes !
Tu ne pouvais pas choisir mieux ? Si encore tu me quittais pour Minos, je comprendrais, mais là… Là… Tu dérailles mon pauvre ! Je suis dix milles fois mieux que ton gringalet, on dirait un coton tige !
Tu crois que je vais te laisser t'en tirer comme ça ? Franchement ! Je vais te pulvériser, te ratisser la tignasse ! Te brûler vif ! T'arracher tes bras pour te taper avec ! »
Cela dura encore des minutes entières…
Il fallut l'intervention de Shion pour le stopper et le neutraliser, une fois dans les vapes, tous purent reprendre leurs esprits. Forcément, on l'installa lui aussi dans le temple des Gémeaux. Kanon devait se dépêtrer seul de toute cette mélasse.
Saga voulut partir mais son frère s'agrippa à sa jambe comme un chien demandant des caresses, le suppliant de ne pas le laisser seul entre ses deux prétendants. Il avait besoin qu'il temporise l'ambiance.
Il était dans de beaux draps, notre dragon des mers et pour une fois la cause de ce chantier ne venait pas de lui. L'issue paraissait impossible. Il avait eu peur devant la folie de son blond, sa réputation le précédait et en vérité elle n'était plus à démontrer. Mais il ne désirait pas le perdre et encore moins l'abandonner il ne se rendait pas compte, tout simplement… Pourquoi n'avait-il pas tout avoué sur sa vie à Sorrente le premier soir ? La situation n'aurait pas dégénérée comme ça !
Parce qu'il ne souhaitait pas faire de la peine à la sirène. Il ne voulait blesser personne, mais pourtant un d'entre eux serait triste, obligatoirement. Il fallait prendre ses responsabilités. Mais s'il disait la vérité à Sorrente il partirait pour de bon. Il ne le reverrait plus. Cela se révélait impensable aussi. En faite… En faite, Kanon voulait garder les deux près de lui… Le dragon pour la partie passionnelle, sauvage, charnelle… Et la sirène pour la spiritualité, la tendresse, la fanfreluche…
Rhadamanthe n'exprimait pas ce qu'il ressentait pour Kanon, il n'était pas démonstratif et pas tendre. Il fallait toujours que ça soit le bleuté qui fasse les premières avances. Ses étreintes étaient rudes, passionnées, violentes. Elles lui déchiraient le corps, mais avec tellement de délectation… Par contre, pas un mot doux, pas de gestes amoureux en publiques, et très peu en privé. Mais ces yeux en disaient long, il l'avait remarqué. Ses prunelles dorées qui viraient presque à l'orange vif quand il éprouvait du désir, et de l'amour… Parce que c'était bien ça qu'il ressentait pour lui.
Sorrente lui n'était pas aussi déchainé. Il préférait les caresses subtiles, volubiles. Les baisers langoureux, sensuels, profonds. N'hésitant pas à clamer son amour envers Kanon, lui jouant ses airs les plus beaux qu'il composait en sa gloire. Lui déclarant sa flamme à chaque détour de roches, ou de ruines… Il lui envoyait des œillades suppliantes, énamourées, tout le temps, chaque seconde. Ses étreintes étaient affectueuses, mais pas intenses comme l'autre. Il ne faisait jamais preuve de déferlement, jamais il ne prenait le dessus sur le dragon. Il déclarait tellement ses sentiments, qu'à la longue ça en devenait pesant. Il était collant, ne laissant pas la possibilité à son partenaire de respirer, de pouvoir le désirer en s'éloignant. Sorrente était comme « acquit ». Tout était joué d'avance, il n'y avait pas de surprises.
Alors qu'avec le britannique chaque jour sonnait comme un renouveau. Il fallait sans cesse batailler pour l'avoir, le garder, le récupérer. Il pouvait le perdre à tout moment, et c'est ça qui l'excitait vraiment. Ne pas avoir le contrôle pour la première fois de sa vie. De ne pas pouvoir posséder un homme, le manipuler pour qu'il fasse ce qu'il désirait. Et pour couronner le tout, c'était lui aussi un homme libre. Libre de faire ce qu'il voulait, d'aller là où ça lui chantait, il n'en faisait qu'à sa tête, désobéissant lui aussi les ordres, contournant les règles.
Rhadamanthe était comme lui un dragon indomptable, imprévisible. Un ras-de marée déchainé face à un torrent de lave en ébullition.
Ils se complétaient finalement…
Non, décidément, il n'admettrait pas de le perdre…
Quand il reprit connaissance, Kanon était assis au bord du lit, au dessus de lui, un sourire inquiet dessiné sur son visage. Sa main dans celle du juge.
Rhadamanthe fixait l'objet de ses tourments avec un œil suspect, détaché mais aussi empli d'envie. Calmement, son amant lui expliqua toute l'histoire depuis le début, qu'il n'y avait rien eu entre eux, que Sorrente voulait le récupérer et toute sa réflexion personnelle. Il lui avoua tout, son envie de ne pas voir son rosé partir pour toujours, puis son envie encore plus grande de le garder lui. Sa peur de le voir s'envoler pour d'autres cieux… Jamais encore ils ne s'étaient déclarés, mais sur ce lit, dans cette chambre, à cet instant où le moment ne convenait pas, il le lui dit… Ces trois mots lourds de sens… « je t'aime ».
Kanon ravala sa fierté et Rhadamanthe son orgueil, car il le prit dans ses bras comme jamais auparavant il n'avait osé le faire. Il l'enlaçait de tout son amour, l'accolade fut suave, paisible. Il le fit basculer sur lui et restèrent des heures durant à savourer cet instant d'intimité, rien qu'à eux.
(suite...)
