Hermione était épuisée. La guerre avait pris fin depuis deux mois et il ne s'était pas passé un seul jour sans que des perles salées recouvrent ses joues rebondies. Elle avait d'abord pleuré la mort de Percy qui s'était sacrifié pour Fred. Elle avait finalement pleuré pour tous les proches qu'elle avait perdue, se sentant coupable de n'avoir rien pu faire pour eux. Tout le monde la voyait comme une héroïne de guerre, Hermione se voyait seulement comme une triste survivante d'un des plus gros massacre du monde magique. Pour finir, elle avait pleuré Fred. Elle s'était rendue compte qu'il comptait plus qu'un autre lorsqu'il avait frôlé la mort. Elle s'était alors sentie horrible du soulagement qui l'avait envie lorsqu'on lui avait raconté ce qu'avait fait Percy au péril de sa vie.

Oui. Elle avait pleuré Fred qui n'était plus le même. Il n'aspirait plus à grand chose, rongé par la culpabilité. Tous deux étaient des loques et le voir dans cet état lui brisé le cœur. Elle avait donc arrêté d'aller au Terrier au plus grand malheur de tous les Weasley qui la voyait comme un membre de la famille. Mais pouvait-elle vraiment continuer de le voir ainsi ? Pouvait-elle continuer à être ainsi ?

Depuis deux mois, elle ne faisait rien d'autre que pleurer. Aucun nouveau livre n'avait rejoins sa bibliothèque, aucune lettre n'avait été envoyé par son hibou. Rien. Elle se nourrissait essentiellement de pâte et de riz. Ses joues s'étaient creusées et elle avait considérablement maigrie. De fait, elle passait ses journées entières en pyjama, regardant de temps en temps la photo qu'ils avaient pris lors de la création de l'Armée de Dumbledore. Non, elle fixait plutôt d'un œil triste le visage autrefois souriant du terrible jumeaux Weasley.

Ginny, Harry et Ron avaient essayé de la sortir de cette bulle dans laquelle elle s'était enfermée, mais ils avaient échoués. La petite rousse avait eu vent des sentiments d'Hermione pour son idiot de frère mais à la vue de l'état de ce dernier, elle n'avait rien pu faire.

Au contraire d'Hermione, Fred passait son temps à lire. Il lisait tout un tas de lettre venant de Percy ou adressée à son frère pour le connaître encore plus. Il ne parlait qu'à George et mangeait très peu. La seule chose qui comptait était faite de papier et lui racontait l'histoire de son frère. Parfois, pour communiquer avec lui, Ginny lui écrivait de longues lettres où elle lui racontait sa vie et les changements qui s'y opéraient, et à de très occasion, il lui répondait brièvement.

Une fois, elle lui avait parlé de l'état d'Hermione, et ça lui avait fait de la peine. Fred avait toujours trouvé qu'Hermione était brillante et d'une beauté pur, son agacement envers lui l'avait nettement refroidis lors de ses premières années à Poudlard mais il l'avait redécouverte lors de sa dernière année. Malheureusement, il avait dû chassé la brune de son esprit pour protéger au mieux sa famille. Il l'avait vu partir loin de lui, emportant sans qu'ils ne s'en rendent compte, une partie de lui.

En effet, Hermione avait emprisonné son cœur et il ne le savait même pas. Fred n'était jamais tombé amoureux et l'idée même le terrifiait à l'époque alors il avait tout refoulé au fond de lui. A présent, il espérait seulement qu'elle aille mieux. Le sourire d'Hermione était sûrement sa seule chance d'oublier sa culpabilité, mais il ne l'avouerait jamais. Pas même à George.

Pourtant, les comportements des deux amants changèrent radicalement un soir pluvieux. Ginny entra en trombe dans la chambre de son frère aîné, des larmes perlant sur son visage d'ange. Fred, inquiet, détourna son attention d'un des livres de Percy et l'attrapa dans ses bras. Il pouvait souffrir autant qu'IL voulait mais Ginny n'avait pas le droit. Elle était trop bien pour qu'on lui fasse de la peine. Ce fut la seule raison de ces futurs actes.

-J'ai peur pour Hermione, Fred. Très peur, elle essuya une larme.
-Pourquoi ?
-Tu sais très bien pourquoi, elle grogna, elle s'en veut pour tout un tas de chose et lorsqu'elle règle enfin un problème, elle s'en trouve un autre...
-Elle n'est pas comme ça...
-Celle d'avant la guerre non, mais la nouvelle Hermione est beaucoup moins joviale. Il faut que tu m'aides. Je t'en supplie...
-Je ne vois pas ce que je pourrais faire, il grimaça.
-Ecris-lui ! Raconte lui des blagues. Tout ce que tu veux !

Hermione reçu une lettre vers minuit ce soir là. Ça faisait des lustres qu'elle n'en avait pas reçu. Lentement, elle toucha le papier qui glissa sous ses doigts. Ça lui rappela les pages des livres qu'elle adorait lire à la bibliothèque de Poudlard. Inconsciemment, elle sourit. Ça lui manquait un peu. Elle se déplaça jusqu'à son canapé et alluma une vielle bougie au bonbon avant d'éteindre toutes les lumières. Délicatement, elle déplia le précieux document avant de le dévorer du regard des ses yeux de lectrice.

Hermione,

Ginny m'a supplié de t'écrire. Pour dire vrai, je n'ai pas vraiment le cœur à ça depuis la mort de Percy mais elle pleurait. Tu sais très bien que les jumeaux Weasley ne résistent pas aux larmes de crocodile de leur petite sœur bien longtemps. Enfin. Techniquement, je suis sensé t'écrire des blagues mais je n'en ai aucune sous le coude. Elle m'a dit que tu allais mal et pour être tout à fait sincère, ça fait de la peine de le savoir. Je ne sais pas pourquoi tu es comme ça et je peux simplement te dire que ça n'en vaut pas la es une fille géniale et tu mérites d'être heureuse. Alors dit à ce problème d'aller se faire voir ! - George me dit qu'il est de mon avis -

Je ne sais plus trop quoi dire à part que tu me manques. Incroyable, non ? La miss-je-sais-tout qui râlait après moi à cause de mes bêtises à Poudlard me manque. Ouais, moi aussi j'ai du mal à le croire.

Tout ça pour te dire que t'as intérêt à aller mieux. Passe au Terrier pour nous voir, la maison paraît tellement vide dans Percy et toi. Alors fait moi plaisir, vient manger ce soir – maman me supplie de te dire qu'elle va préparer ton plat préféré -

Tendrement, Fred.

Fred venait de lui écrire. Hermione était encore sous le choc. En fait, de tous les Weasley, Fred était le seul à ne pas avoir essayé de la faire revenir, même George avait tenté, à sa manière, de la garder prêt d'eux. Elle ferma les yeux un instant et décida que pour lui, pour une fois, elle retournerait au Terrier. Juste le temps d'un dîner. Après tout, ils lui manquaient tous aussi. Surtout Fred. Ginny, Ron et Harry un peu moins vu qu'elle les voyait régulièrement transplaner dans son salon.

Alors qu'Hermione approchait de la maison familiale des Weasley, elle fut surprise de ne voir qu'une seule lumière dans la cuisine. Elle était faible et bien éloignée de ce qu'elle connaissait du Terrier. Stressée et peu sûre d'elle, elle frappa trois coup contre la porte. C'est George qui vint lui ouvrir. Après la guerre, ils étaient revenue au domicile de leur parent pour une durée qui se voulait indéterminée. Un grand sourire aux lèvres, il la prit dans ses bras en hurlant à tout le monde qu'elle venait d'arriver.

« -C'est bon George, ils ont compris, je crois, dit-elle en soupirant de gêne.
-Pas tous ! Fred n'est pas descendu, regarde ! »

En effet, le salon, illuminé par des bougies,comptait le doux regard des parents Weasley ainsi que les cheveux roux de Ron, George et Ginny et les petites lunettes d'Harry mais le jumeaux de George n'avait pas fait acte de présence. Un peu déçue, elle haussa les épaules et salua tout le monde d'une accolade.

« -Tu as maigrie ! Ronchonna Molly.
-Je ne manges pas beaucoup, murmura Hermione honteuse.
-Maman, laisse-là un peu, râla Fred en arrivant. »

La brune lui offrit un petit sourire mais le repris rapidement avant de reprendre son masque habituel.

« -Je peux te parler ? Lui demanda-t-elle. »

Il hocha la tête et lui indiqua l'étage des yeux. C'était étrange de le revoir après autant de temps passé loin de lui. Ses cheveux étaient plus loin et son visage plus fin. Il avait l'air plus maigre lui aussi et flottait dans le pull que Molly lui avait offert il y a de cela trois ans. Il entra dans sa chambre et elle fit de même. Jamais elle n'avait mis les pieds dans l'entre des jumeaux. Elle se les imagina confectionner leur premières inventions. Ça la fit sourire.

« -Tu voulais ?
-Te remercier, pour ta lettre. Ça m'a fait plaisir.
-Oh... comme j'ai écris, c'est Ginny qui...
-Non. Elle le coupa. J'aime à croire que ce n'est qu'une excuse et que tu en avais envie, elle baissa la tête. »

Fred fronça les sourcils. Est-ce qu'elle insinuait qu'elle voulait un peu d'attention de sa part ?

« -Tu sais pourquoi j'ai coulée après la guerre ?
-Non, il hocha la tête comme pour affirmer ses dires.
-D'abord, j'ai eu de la peine pour Percy et ta famille. Ça me faisait mal de vous voir aussi triste, ce qui était normal, mais j'étais vraiment peinée pour vous. Puis il y a eu la liste des morts et des proches que l'ont a perdu en plus de lui. Ça m'a achevée. On nous traitait, Harry, Ron et moi comme des héros et ça me dégoûtait. Des gens sont mort pour que l'ont soit en vie et on nous félicitait de ne pas être tombé. Je suis heureuse d'avoir survécu mais parfois j'aurais préférée être morte au combat, au côté de Lupin et Tonks par exemple.
-Hermione...
-Non, laisse-moi finir. Ça me fait encore du mal de penser à ça. Mais ce n'est pas le pire. Le plus douloureux, ça a été de te voir dévoré par la culpabilité suite au décès de ton frère. J'avais besoin de te voir sourire, d'entendre ton rire pour remonter la pente et tout comme moi, tu coulais. J'en avais marre d'être la Gryffondor forte et courageuse, alors j'ai baissé les bras et je me suis enfermé dans une bulle de douleur. Ta lettre... je l'ai vu comme un appel vers la lumière, même si tu me disais clairement que pour toi, rien n'avait changé.
-Je ne comprends pas...
-Moi non plus, elle baissa les yeux. Je sais seulement que je ressens des choses pour toi et j'ai pas de mot pour expliquer ça. Ces trucs m'ont fait couler en même temps que toi et pour une raison inconnue, ce sont eux qui m'ont fait venir ce soir.
-Tu es en train de me dire quoi là ? S'offusqua le rouquin. Je viens de perdre mon frère, Hermione ! Je n'ai pas le temps pour ça !
-Tu n'as jamais eu le temps, elle soupira, et ça va faire deux mois Fred. Deux mois.
-C'est court ! S'indigna-t-il comme pour se rassurer.
-Non, c'est long, très long quand on se fait piétiner le cœur par un idiot bouleversé. »

Sans rien dire, elle sort de la chambre et descend à la cuisine où se trouve le reste des Weasley.