Prologue
« Il est dix heures. Chaque étage de cette tour est totalement bloqué. Et d'ici quinze petites minutes, Uchiwa Corporation sera détruit. »
« Plus un geste, Madara Uchiwa. Vous êtes en état d'arrestation. Tout ce que vous dites pourra être retenu contre vous. »
« Trente secondes. »
Naruto poussa un cri, entre désespoir et détermination. Itachi, les yeux fermés avait perdu connaissance.
« Non, Itachi-sama. Ne vous endormez pas…»
Les baies vitrées explosèrent. Les tables prirent feu. Les employés poussèrent un cri unanime. Chaque étage brûlait. L'apocalypse totale.
Naruto hocha la tête.
« Il est dans un coma profond. On ignore s'il se réveillera un jour. Tout ce qu'on peut faire, c'est...Espérer. Qu'il s'en sorte sans grandes séquelles. Je suis désolé. Je vous souhaite bon courage. »
« Il se réveillera un jour, vous savez »
…
« Itachi-sama est imprévisible. »
UCHIWA Cie,
La fin du règne.
La jeune femme ferma les yeux. On lui maquilla les cils. Un signal claqua à ses tympans.
-Dépêchez-vous, bon sang !
Elle passa une main à ses cheveux roses et bouscula la maquilleuse.
-Antenne dans trois secondes, Haruno.
Elle hocha la tête, fixa la lumière rouge. Le prompteur.
« Mesdames, messieurs, bonsoir. Ce soir, un numéro spécial sur la une des informations d'aujourd'hui, l'attentat catastrophe dans le quartier de Shinjuku, Tokyo. »
« Le bilan provisoire est sanglant. Pas moins de quatre mille personnes ont disparus hier, aux alentours de midi suite aux multiples explosions minutieusement placées à chaque étage de l'immeuble d'Uchiwa Cie. L'opération visait à détruire la banque mondialement connue, et son commanditaire n'était autre que Madara Uchiwa, le propriétaire même de la firme. »
Madara se tourna vers la caméra.
« L'homme s'est contenté d'avouer et de revendiquer le massacre. »
Le sourire de Madara.
« L'on parle déjà de peine capitale, et l'affaire prend une ampleur désespérante. Les familles des victimes se rassemblent déjà par milliers dans les rues, et l'économie du pays en est violemment touchée. Le quartier est en grève, et les banques associées à Uchiwa ont fait faillites. C'est-à-dire, la totalité des banques japonaises. »
Madara tourne la tête vers l'agent de police à sa droite, hautain.
« Quand au second président de la banque, il serait actuellement hospitalisé à Tokyo dans un état critique. Les forces de l'ordre assurent déjà la non-assistance et l'ignorance d'Itachi Uchiwa dans les manipulations meurtrières à l'encontre de la banque. »
L'agent approche le micro aux lèvres de Madara.
« Les déclarations de Madara Uchiwa se multiplient. »
Madara balaya la foule du regard. Les yeux haineux et les expressions de colère. Il esquissa un demi-sourire, mauvais et dément.
-Bien sûr que je suis coupable, dit-il simplement.
Il leva les yeux au ciel d'un noir pur et profond.
-J'ai détruit ce monde…
La foule hurlait. Les cris. Et les agents qui emmenaient Madara Uchiwa. Il ne se débattait pas.
« L'homme serait gravement atteint psychologiquement. L'on parle de schizophrénie aigue et de crises de démences graves. L'affaire d'Uchiwa Cie est à suivre de très près, et l'on considère déjà cet accident comme le plus grave et le plus inquiétant de ce siècle. »
Huit mois s'étaient écoulés depuis la fin d'Uchiwa Cie.
Naruto ouvrit les yeux. Il se redressa, doucement, jeta un regard à son réveil. Il se frotta le visage, les paupières.
Depuis qu'Itachi lui avait fait cette étrange proposition d'habiter chez lui (proposition à laquelle il n'avait simplement pas le droit de dire non), Naruto avait eut le temps de transférer ses affaires sur place, puisqu'Itachi était encore à l'hôpital. Il avait entretenu les lieux du mieux qu'il pouvait, songeait à chaque décision concernant l'appartement quel serait l'avis de son amant endormi. Naruto. Les docteurs s'étaient montrés plus formels ces derniers temps. Itachi n'avait qu'un pourcentage de chance très bas pour se réveiller. Le seul membre de la famille d'Itachi encore en vie était Madara. Et les décisions le concernant sont très vite tombées sur le jeune Naruto, qui venait lui rendre visite tous les jours.
Naruto enfila sa chemise, bu un café serré et quitta les appartements de son « patron ». Il prit la voiture qu'il avait réussi à se payer avec les économies qu'il avait alors mis de côté, un bon modèle coupé sport, fin et dynamique. Il roula une vingtaine de minutes, trouva une place sans problème et entra à l'hôpital. Il arriva devant la porte de la chambre.
« Bonjour, Itachi-sama. »
Allongé à son lit d'hôpital, les paupières closes, la peau claire, les cheveux lisses, Itachi Uchiwa était une statue. Naruto s'approcha de lui, et déposa un baiser à son front. Il sourit, faiblement, lui caressant les joues.
-J'ai fait un de ces rêves !
Il soupira.
-J'étais déjà épuisé au réveil…
Naruto s'assied sur la chaise à côté du lit, et prit la main d'Itachi.
-J'espère que tu ne seras pas dans cet état là quand tu te réveilleras, toi…
Silence. Naruto porta la main d'Itachi à ses lèvres et y déposa un baiser.
Naruto avait insisté auprès du personnel de l'hôpital pour laver Itachi. Sa toilette était un rituel. Un moment privilégié qu'il considérait comme sacré. Lentement, Naruto lavait la peau impeccable d'Itachi. Son cou, ses joues. Sa nuque. Ses longs bras fins.
« Parfois, j'aimerais que tu me saisisses la main. »
Naruto passa sa main contre son flanc.
« Que tu ouvres les yeux. »
Il leva les yeux vers son regard, ses paupières étaient fermées.
« Pouvoir sentir un peu de force. Ta force. »
Naruto s'éloigna un peu.
-Voilà, tu es tout propre, dit-il en l'admirant.
Noël approchait. Naruto leva la tête vers le ciel, quelques flocons de neige tombèrent. Il soupira, un peu blasé. Il s'apprêta à traverser, pour récupérer sa voiture. Il laissa passer le camion de livraison pour l'hôpital. Enfin il s'engagea sur le passage piéton. Il aperçut brièvement à une femme aux cheveux longs, bruns puis croisa le regard furtif et fuyant d'un jeune homme aux allures très efféminées. Son visage, d'une finesse extraordinaire capta l'attention de Naruto. Mais ce n'était pas tout. Naruto était persuadé de connaître cet homme là. Une fois que l'homme fut de l'autre côté du trottoir, Naruto se retourna. L'homme fit de même.
-On se connaît ? Lui demanda t-il.
L'homme porta son écharpe à sa bouche, comme pour se cacher. Il ne répondit pas, et continua de marcher, une fois retourné.
-Attendez !
Naruto traversa une seconde fois en direction de l'homme. Il s'arrêta.
-Vous travailliez à Uchiwa Corporation. N'est-ce pas ?
Naruto plissa les yeux, peu à peu le visage de l'homme aux cheveux roux se dessinait dans sa mémoire. Il en était certain. Il l'avait déjà vu. L'homme parut premièrement mal à l'aise, puis se détendit. Il hocha la tête, positivement.
-Vous me connaissez ? Enchaîna Naruto, sans se rendre compte qu'il agissait en véritable flic.
-Uzumaki Naruto.
Naruto était devenu un peu plus pâle. L'homme n'avait pas l'air enchanté de le rencontrer. Il était comme fuyant.
-Vous … Ne sortiez jamais de son bureau hein…, ajouta Naruto en se souvenant de la crinière sauvage de Madara.
Sa voix était glaciale. Et l'homme l'avait probablement senti.
-Nous lui appartenions.
-Vous ?
-Deidara et moi. Sasori.
L'homme marqua une pause.
-J'imagine que ça paraît difficile à croire, n'est-ce pas ? Et pourtant, nous n'étions rien que des objets, comme chaque composant, chaque élément qui entourait Madara dans cette tour de verre.
Sasori passa une main dans sa poche. Naruto, blême et absorbé par les paroles de l'homme qu'il venait de rencontrer par hasard observa chacun de ses gestes. L'homme s'approcha à son oreille, et glissa un papier dans la paume de Naruto. Il murmura.
« Naruto-San. Il est temps de nous quitter pour aujourd'hui. Je vous mentirai si je vous disais que j'étais en sécurité à vous parler dans ce lieu public. Appelez-moi, n'importe quand je répondrai à toutes vos questions. A présent, je dois vous laisser. »
Il leva les yeux vers lui. Naruto frissonna. Puis, il disparut.
Lorsque Naruto rentra à l'appartement ce soir là, il inspecta une fois de plus la carte de visite de Sasori. Son nom y était inscrit, suivi de son numéro de téléphone, rédigés à la va-vite. Il déposa le papier au bureau d'Itachi auquel il n'avait pas touché depuis la dernière fois que son patron s'y était installé. Un stylo à plume était encore débouché. Un verre vide restait là. Il s'assied dans le fauteuil de cuir du salon, songea à cette conversation brève et irréelle de cette matinée. Lentement, il pointa la télécommande vers la chaîne hi-fi. Les notes enjouées de la saison hivernale de Vivaldi. Enfin, Naruto ferma les yeux.
« Sasori. Ce jour là… Je ne vous ai pas vu fuir la tour de verre. »
Il ouvrit les yeux. Il revoyait les explosions. La fumée. L'odeur de mort, et les hurlements. L'ambulance qui tanguait et le sang d'Itachi à ses doigts. La senteur de rouille, et le rire de Madara qui avait déchiré l'air.
« Vous n'y étiez pas. »
Il entrouvrit les lèvres, consterné par ses révélations.
« Alors, pourquoi êtes-vous vivant ? »
Il sentit une main à son épaule. Il esquissa un faible sourire.
-Tu sais, je crois que cette histoire devient une obsession.
-Ca ne fait que huit mois, Itachi-sama.
La main se dirigea doucement à son cou. Naruto pencha la tête pour sentir les caresses de son homme.
-Sasori. Etait-il un ennemi ?
-Ne pense pas à ça.
-Tu préfères que je pense à toi, n'est-ce pas ?
-Tu te poses trop de questions, Naruto-kun.
Une fois de plus, Naruto s'était endormi, et rêva d'Itachi-sama pour la énième fois dans le fauteuil du salon.
