Petites confidences (à mon psy)

Il faisait un temps pourri à San Francisco aujourd'hui. La Californie était pourtant réputée pour son temps magnifique, chaud et ensoleillé. Néanmoins, il pleuvait des cordes ce jour-là et Don Wakefield détestait ça. Il détestait arriver mouillé au cabinet et bien qu'il avait pris son parapluie, ses bas de jambières étaient trempés. Mais il avait oublié ce détail maintenant qu'ils étaient face à ses premiers patients de la journée. C'était un professionnel qui aimait son boulot après tout. Don était confortablement installé dans un fauteuil gris, les jambes croisés, un bloc note sur les genoux et un stylo entre les doigts. Le couple venait de s'asseoir sur le canapé en face de lui. Don remarqua tout de suite que ces deux-là avaient de vrais problèmes : la femme était à l'extrême gauche du canapé, tournée vers l'extérieur l'homme à l'extrême droite était droit comme un i, visiblement mal à l'aise. C'était la première fois que Don recevait ce couple et il devait faire un point sur leur situation.

- Bonjour, je suis le docteur Wakefield comme vous le savez et nous sommes ici ensemble pour essayer de résoudre votre problème.

Le couple échangea un regard furtif mais ne dit rien. Don reprit :

- Bien. Voyons ça…Dean et Amy. Vous êtes mariés depuis…6 mois mais vous vous connaissez depuis votre enfance, c'est exact ?

- Exact docteur, répondit la jeune femme.

- D'accord…Commençons par quelque chose de simple. De qui vient l'idée de consulter un thérapeute de couple ?

- Sam, répondirent en chœur le couple.

- Sam ?

- C'est mon frère, ajouta le mari.

Une semaine plus tôt

Sam et Dean parcouraient les journaux de tout le pays à la recherche d'un cas intéressant. Amy et eux venaient juste de revenir d'une enquête à Seattle et ils voulaient repartir le plus vite possible. Enfin, Dean voulait repartir le plus vite possible. Il voulait s'occuper l'esprit. Amy avait autorisé Stacey à rester seule chez Bobby. Les deux jeunes femmes communiquaient par téléphone et Amy donnait ses ordres aux super anges à distance, ce qui leur permettaient de chasser autre chose que les Léviathans. Le système de la résistance commençait à être bien rodé même si Amy s'inquiétait par rapport à sa dernière rencontre avec Dick Roman. Mais pour l'instant, il semblait les laisser tranquille.

- J'ai peut-être un truc…dit finalement Sam.

- Ah ouais ?

- San Francisco, Californie. Depuis quelques mois, deux hommes et deux femmes disparaissent tous les mois. La police avait pas fait le lien jusqu'à récemment…Apparemment, ils sont tous morts étrangement…

- Tu peux être plus précis ?

- L'une à cracher toutes ses dents avant de s'étouffer avec une restante, l'autre a été mangé par des vers de l'intérieur, un troisième…

- Oui ça va, je crois que j'ai compris, l'interrompit Dean en grimaçant de dégoût.

- On pourrait aller y jeter un œil non ?

- Ça me va ! Faut voir ça avec Amy…

- Oui en parlant d'elle…Comment ça va vous deux ? Je veux dire avec tout ce qui s'est passé depuis trois semaines…

- Sam…désolé vieux mais ce ne sont pas tes affaires !

- Qu'est-ce qui ne sont pas ses affaires ? demanda Amy en entrant dans le salon.

- On a trouvé un cas à San Francisco et je disais à Dean que toutes les victimes allaient voir le même psy…

- Tu crois qu'il est mêlé à l'histoire ? questionna la jeune femme.

- Pas vraiment…C'est un thérapeute de couple.

- Oh Sam, soupira Amy.

- Quoi ! ça ne peut pas vous faire de mal ! Pensez-y au moins…

- Qu'est-ce qui a poussé Sam à proposer cette thérapie selon vous ? demanda Don Wakefield.

- Nous sommes très proches tous les trois et il a remarqué que c'était pas la joie entre Dean et moi en ce moment…répondit la chasseuse.

- Comment est-ce que ça a commencé ?

Les deux amants ne répondirent pas tout de suite mais l'un comme l'autre savait ce qui avait tout compliqué ou en tout cas, ce qui avait rempli un peu plus leur vase. Ils se le rappelaient très bien. Mais le docteur comprit que ses patients n'avaient pas l'intention de parler. Après des années d'expériences, il savait qu'il ne fallait pas les brusquer. Ils y reviendraient plus tard, plus naturellement.

- Bon, passons pour le moment. Parlez-moi un peu plus de vous. Si j'ai bien compris vous travaillez ensemble…

- Disons que Sam, Amy et moi on a commencé dans la même branche mais aujourd'hui, ça a un peu évolué.

- J'ai eu une promotion, si on veut, continua la jeune femme.

- Ça vous dérange ça Dean ? Que votre femme est un poste plus élevé ?

- C'est pas tant le fait qu'elle est un poste plus élevé qui me gêne, c'est plus le comportement qu'elle a maintenant.

- Je prends mes responsabilités Dean ! J'ai passé assez de temps à les fuir comme ça. Excuse-moi d'agir comme je le dois et de prendre les choses en main, explosa Amy.

- Vous pensez que Dean ne vous soutient pas ?

- Il ne me soutient pas du tout. Il ne me fait pas confiance, il critique chacune de mes décisions.

- Est-ce que c'est vrai Dean ?

- Ça n'a rien à voir. J'ai confiance.

- Non tu n'as pas confiance…

- Je m'inquiète pour toi ! Je veux juste être sûr que tu sais ce que tu fais quand tu le fais et les conséquences que ça aura…

- Je me tue à te dire que je sais ce que je fais ! Et ça te va bien de te soucier des conséquences…

- Que voulez-vous dire Amy ?

- Oui qu'est-ce que tu veux dire Amy ? répéta Dean.

- Dean a pendant longtemps été le roi du je-m'en-foutisme, du je-fais-ce-que-je-veux –et-j'emmerde-le-monde…répondit la chasseuse.

- Ça ne te déplaisait pas avant ! Et puis j'ai changé…

- Vraiment ? Est-ce que tu veux qu'on reparle d'il y a quelques semaines ?

- Ah oui ? Tu veux reparler de ce baiser ?

- Calmons-nous s'il vous plaît ! intervint le docteur Wakefield. Dean, pourquoi dîtes-vous que ça ne déplaisait pas à Amy que vous soyez comme ça ?

- On s'est connu très jeune mais on s'est perdu de vue. On s'est retrouvé il y a 7 ans, un peu plus et une des choses qu'Amy appréciait chez moi c'était justement mon coté détendu…

- Détendu ? Tu appelles ça comme ça toi ?

- Amy, s'il vous plaît, laissez-le parler.

- Le fait est qu'elle n'a pas toujours critiqué ce coté de ma personnalité…

- Amy ?

- Je ne le critique pas, loin de là ! C'est vrai, ça fait…faisait partie de ton charme et c'est sûr que ça me manque parfois mais ce que j'essayais de dire c'est que je trouve ça gonflée de ta part de me dire que je ne réfléchis pas aux conséquences…

- Avec tous les gens qu'on connaît qui ont pété un câble à cause de grandes responsabilités, permet-moi de m'inquiéter.

- Tu ne t'inquiètes pas là Dean, tu m'étouffes !

- Bien, bien, dit Don en prenant quelques notes. Nous avons bien avancé aujourd'hui, on se revoit demain d'accord ? J'aimerai que vous fassiez un petit exercice pour moi…Je voudrais que vous définissiez en cinq mots seulement ce que vous aimez chez l'autre. Nous en parlerons à la prochaine séance. A demain.

Sam tapotait sur son ordinateur quand Amy et Dean franchirent la porte de leur chambre de motel. Il releva le nez de son écran et demanda avec un sourire moqueur :

- Alors ? Comment était la première séance ?

- Génial ! ironisa Amy en fonçant dans la salle de bain.

- Oui vraiment formidable, merci Sammy ! ironisa Dean à son tour.

Il prit une bière dans le frigo et s'assit en soupirant face à son frère.

- Et toi ? Du nouveau ?

- J'ai été voir les deux derniers corps, c'était pas beau à voir…La femme, Jessica Thompson, a été éventré de haut en bas mais le médecin légiste n'a pas réussi à savoir avec quoi…Quant à l'homme, Erik Udinov, il a perdu tous ses cheveux avant de s'étouffer avec sa langue…

- Mais qu'est-ce qui se passe dans cette ville ? C'est vraiment bizarre, même pour nous…

- Hum hum.

- Tu crois que toutes ces morts sont liées ?

- A chaque fois, c'était pas une mort anodine même si elles sont différente à chaque fois, tu vois ce que je veux dire ? Du coup, je pense que c'est liée oui.

- Y'avait rien de particulier sur les corps ?

- Non. J'ai prévu d'aller voir les conjoints des victimes cette aprem…

- Oui, bonne idée. On ira ensemble…

- Non bien sûr je comprends…T'as vraiment pas eu de nouvelles ?

Dean et Sam tournèrent la tête vers Amy qui sortait de la salle de bain. Ils crurent d'abord qu'elle parlait toute seule mais en fait, elle était au téléphone.

- Non moi non plus mais j'ai été occupée…Hum. Je vais essayer de l'appeler et sinon je vais aviser. Je te tiens au courant.

Amy raccrocha et se tourna vers les frères.

- C'était qui ? demanda Sam.

- Stacey. Crowley ne répond plus présent.

- Tu crois qu'il a des ennuis ? questionna Dean.

- J'en sais rien, peut-être qu'il est juste occupé…Je l'ai pas vu depuis…Chez Nikita.

Amy ferma les yeux et se concentra. Dean l'observa un instant puis se tourna vers son petit frère. Sam avait baissé la tête, mal à l'aise. L'aîné des Winchester connaissait son frère par cœur. Il culpabilisait. La super ange en chef rouvrit finalement les yeux, frustrée et inquiète.

- Il ne répond pas…Il répond toujours. A moi en tout cas. Je devrais peut-être envoyer Balthazar à sa recherche…

- On devrait peut-être lui dire maintenant, proposa Dean.

- Me dire quoi ? s'étonna Amy.

- D'accord…soupira le cadet des Winchester. Meg est revenue à la charge, elle recrute des démons pour chasser Crowley de son trône, répondit Sam.

- Quand est-ce que tu l'as su ?

- Quand tu étais à la Division.

- C'est pas vrai, s'énerva Amy. Et toi tu étais au courant ? cria-t-elle à Dean. Je peux savoir pourquoi vous ne m'en avez pas parlé ? Stacey est aussi au courant ?

- Oui…

- Alors pourquoi ne m'en a-t-elle pas parlé à l'instant ? Vous vous foutez vraiment de ma gueule ! Comment voulez vous que je fasse correctement mon travail si vous me cachez des choses comme ça ? Je vais finir par utiliser mes pouvoirs sur vous, c'est tout ce que vous aurez gagné ! Qu'est-ce qui cloche chez vous ? On dirait que vous ne tirez jamais les leçons de vos erreurs ! J'en ai vraiment assez de votre comportement de gamin, grandissez un peu !

Les frères n'avaient pas osé interrompre le monologue colérique d'Amy et la jeune femme sortait à présent en claquant la porte. Le « vous » désignait bien à la fois Stacey mais surtout Sam et Dean. Voyant que son frère ne bougeait pas, Sam sortit de la chambre pour tenter de rattraper la super ange. Mais elle s'était déjà envolée. Avec ses ailes.

Deux heures après, n'ayant toujours pas de nouvelles d'Amy les frères Winchester avaient décidé de continuer leur enquête. Dean gara l'Impala devant la maison des Udinov. Martha Udinov leur ouvrit sans difficulté en voyant les deux badges du FBI. La maison était coquette, bien entretenue. Le couple Udinov devait avoir de l'argent. Assis sur le canapé, les Winchester commencèrent à interroger la veuve d'Erik Udinov.

- Nous sommes vraiment désolé de vous déranger dans un moment pareil Madame mais nous avons besoin de vous poser quelques questions…expliqua Sam d'un ton compatissant.

- Bien sûr, je vous écoute, répondit Martha Udinov en essuyant une larme.

- Udinov…Votre mari était russe ? demanda Dean.

- Tout à fait. Il est venu aux Etats-Unis il y a 25 ans grâce à une bourse d'études. Il a obtenu son diplôme et a pu resté ici. Nous nous sommes rencontrés à l'université.

- Vous avez des enfants ?

- Tyler…Il est chez sa petite amie. Il est bouleversé par la mort de son père et surtout la façon dont il…

- Où est-il mort ? demanda Sam.

- Dans la salle de bain à l'étage…

- Ça vous ennuie si je jette un coup d'œil ?

La veuve trouva la requête curieuse mais secoua la tête.

- Non, pas du tout.

Sam se leva et après avoir jeté un coup d'œil à son frère, il gravit l'escalier menant à l'étage pendant que Dean continuait d'interroger Madame Udinov.

- Madame, que faisait votre mari comme emploi ?

- Il travaillait au bureau du maire. Il était très apprécié dans son job.

- Et à l'extérieur ? Je veux dire, lui connaissiez vous des ennemis ?

- Non ! Erik était aimé de tout le monde mais…

- Mais ?

- Nous avions des problèmes depuis quelques mois, en tant que couple.

- Quel genre de problèmes ?

- Vous êtes marié n'est-ce pas Agent ? questionna Martha en désignant l'alliance de Dean du menton. Ça fait combien de temps ?

- Un peu plus de 6 mois.

- Quand vous en serez à 20 ans de mariage, vous comprendrez que la routine tue le couple. Erik et moi on a fini par s'écarter. On ne discutait plus, on ne partageait plus rien…Je…On a fini par se dire qu'il fallait faire quelque chose et on a entrepris une thérapie mais je l'aimais ! Jamais je n'aurais voulu qu'il lui arrive quelque chose !

- Bien, bien…Excusez-moi, je vais aller voir ce que fait mon collègue…

Dean se leva à son tour et grimpa à l'étage. Il n'eut pas à chercher la salle de bain puisqu'il croisa son frère dans le couloir, tenant à la main triomphant un petit sachet en toile.

- Ne me dis pas que c'est ce que je crois que c'est ! affirma Dean.

- Si !

- Je hais les sorcières…

- Tu as obtenu quelque chose de la veuve ? demanda Sam.

- Je crois qu'elle ne m'a pas tout dit…Ils avaient des problèmes et j'ai l'impression qu'elle a eu une aventure extra-conjugale…

- Je vois, tu crois que ça a un lien ?

- Pas sûr…Allons voir chez l'autre victime.

- Non, toi tu rentres au motel, affirma Sam.

- Hein ? Et pourquoi ça ?

- Pour si ta femme revient tiens ! ça fait des heures qu'on a pas de nouvelles, ça ne t'inquiète pas ?

- Elle doit sûrement être avec un de ses nombreux amants…

- Dean, arrête ça.

- D'accord ! Je rentre. Mais arrête de jouer les marieuses, ça me tape sur le système.