« La haine seule fait des choix » (Koan Zen)
-Ma chérie, que fais-tu ? Je te cherchais.
La jeune fille ne prit pas la peine de tourner la tête. Perdue dans ses pensées, elle admirait sa fleur. Une rose blanche et pure. Fraîche. Frêle. Si innocente et si charmeuse. Si captivante. Elle lui faisait penser à cette femme.
-J'aimerais que tu me répondes quand je te parle, jeune fille !
-Mère ! Excusez-moi, je ne vous ai pas entendue. Vous voulez quelque chose ? Dois-je me rendre utile en quoi que ce soit ?
La femme s'assit à côté de l'autre sorcière. Elle sourit chaleureusement en la voyant convoiter la rose. Elle se souvenait avoir fait la même chose quand elle était un peu plus jeune qu'elle.
-A quoi pensez-vous mère ?
-Nous avons tant de points communs. C'est si étrange.
-Est-ce vraiment étrange ? Ou est-ce à cause de mon sang, mère ?
En disant cela, la jeune fille s'attendait à être giflée. Ce ne serait pas la première fois. Au moins on n'usait plus du doloris sur elle. Elle a passé une année complète à le recevoir tous les jours, à n'importe quel moment, sur des périodes plus ou moins longues, mais toujours assez courtes pour qu'elle n'en devienne pas aussi folle que les Longdubat. Jusqu'à ce que ce couple s'interpose. C'est la femme qui a été intriguée et qui l'avait demandée à son maître. Elle voulait comprendre comment une sang-de-bourbe avait pu résister une année à ce sort. Cela faisait quatre ans.
Et aujourd'hui elles bavardaient tranquillement. Elles partageaient des souvenirs de temps en temps. Elles partaient ensemble combattre. Jamais de moldus. Quand c'était le cas, les adultes la laissaient. Ils avaient peur qu'elle puisse en profiter ou qu'elle retourne vers eux. Mais il n'y avait plus personne pour l'attendre maintenant.
Peu après qu'elle soit entrée dans ce qui serait son nouveau foyer avec sa nouvelle famille elle apprit la mort prématurée de ses parents. Elle n'a jamais posé la question « comment ». Elle n'a jamais voulu s'y appesantir. Tout le monde l'avait abandonnée de toute façon. L'Ordre n'était jamais revenu et elle vouait une haine féroce à Harry Potter et Ronald Weasley pour l'avoir abandonnée, l'avoir laissée seule à pourrir dans les cachots des Malefoy.
Aujourd'hui elle les remerciait pour lui avoir ouvert les yeux. Elle les remerciait pour lui avoir trouvé une famille qui la protégeait. Elle passait beaucoup de temps avec Narcissa avec qui elle pouvait réellement parler de tout et raconter ses cauchemars. Mais elle préférait les bras réconfortants de sa mère après ceux-là. C'est dans ces bras-là qu'elle a été sortie des cachots, ce sont ces bras-là qui l'ont ramenée à la lumière. Ce sont ces mains qui l'ont caressée pour la rassurer. Et c'est de ces mains qu'elle attendait la gifle... qui n'est jamais venue.
-Il est vrai que ton sang pourrait jouer. Non, tu es douce et pure, mon trésor, et je suis le contraire. Je suis ton opposée. Et pourtant... A quoi te fait penser cette fleur ?
-A vous, mère. D'apparence frêle elle n'en est pas moins dangereuse. Et sa beauté est aussi hypnotique que la vôtre. Vous aussi, mère, vous pouvez être douce. Sans vous je ne serai pas là. La vie fait de si curieuses choses. Qui aurait pu penser que nous serions assises là, côte à côte, à parler d'une fleur ? Qui aurait crû que nous deux aurions pu partager un même manoir ? Mais sans vous, sans notre Seigneur et sa clémence je serai déjà morte.
-Ne dis pas de bêtise, mon trésor. Tu es à moi. Personne ne te fera jamais de mal. Je te le promets. Chuchota-t-elle à l'oreille de sa fille adoptive avant de la prendre dans ses bras et de la bercer doucement.
A 22 ans, sa fille avait tant vécu et sa fragilité refaisait surface de temps à autres. Lors des combats, elle était féroce et fière ressortant sa colère envers l'Ordre qui l'a oubliée. Ses sorts étaient puissants et cruels. Sa mère était orgueilleuse de sa réussite. Le mérite lui revenait. Elle avait entraîné la jeune fille alimentant cette douleur de l'abandon et cette rancœur légitime.
