Voici un prologue qui résume dans les grandes lignes le contexte de départ de ma fanfic. Je ne suis pas l'anime ni le manga, je ne les ai pas vu / lu en entier, je m'arrange avec les évènements que je connais comme cela m'arrange. Il est ainsi possible qu'elle contienne des spoilers, soyez avertis.
Hinata vivait une vie paisible. Elle se sentait souvent misérable, mais au fond, était-ce si insoutenable ? Probablement pas. Elle n'était pas heureuse pour autant. Le soutien que lui apportait son cousin Neji, bien au-delà de ce qu'imposait le lien entre les deux branches de leur famille, l'aidait beaucoup. Sa cadette Hanabi ressemblait bien plus à leur père, mais ce qu'elles avaient en commun leur apportait à chacune du réconfort. Pourtant elle se sentait inlassablement seule. Son père lui reprochait tout le soutien dont elle semblait avoir besoin, sans pour autant être capable de fournir les résultats qu'il attendait d'une digne représentante de clan. Il entraînait dans son dédain toutes les autres personnes qui se trouvaient dans le domaine familial, rendant ses reproches plus pesants encore. Hinata montrait ses sentiments, elle n'avait pas confiance en elle et ses capacités au combat étaient loin d'être exceptionnelles aux yeux de son père. En somme, la Hyûga n'était pas digne ni d'une héritière, ni d'une kunoichi.
Pour échapper à cette pression que la jeune femme avait de plus en plus de mal à supporter, elle sortait souvent du village lorsqu'elle n'était pas en mission. Elle avait trouvé un recoin isolé dans la forêt qui entourait Konoha, un véritable havre de paix. Il fallait s'y enfoncer assez loin, entre la falaise et la porte ouest du village, mais elle connaissait le chemin par cœur. Il y avait une cascade, formant un lac largement assez grand pour s'y baigner, l'eau y était agréablement fraiche en été. L'endroit était assez sauvage, l'amenant à se persuader que personne d'autre ne s'y aventurait. Elle y allait souvent en soirée pour s'y entrainer, s'y reposer ou les deux. Parfois simplement pour se poser sur l'herbe et réfléchir, comme elle le faisait en ce moment même. Elle avait toujours eu une affinité avec l'eau, c'était son élément, Hinata en était convaincue. Le retour au manoir familial n'en était que plus déchirant encore, navrant, puisque personne ne remarquait vraiment son absence.
La seule personne à la surveiller était Tsunade, la Godaime Hokage de Konoha. Les gardes qui patrouillaient autour des portes étaient bien obligés de noter ses escapades, devenant inquiets et suspicieux. Si elle en profitait pour distribuer d'éventuelles informations à des ennemis, elle était bien trop peu discrète, mais c'était une stratégie comme une autre. La Godaime l'avait rapidement convoquée dans son bureau pour lui demander des explications. Il y avait aussi le fait qu'elle était vulnérable en dehors du village, en tant qu'héritière, elle était convoitée, le risque n'était pas à prendre à la légère. Elles avaient réussi à trouver un arrangement. Hinata n'échappa pas à une petite explication et à des mises en garde, mais elle gardait le droit de sortir régulièrement à condition de lui faire un rapport en personne. En échange de quoi, la Godaime lui fournissait un prétexte et n'alertait pas son patriarche. La kunoichi était satisfaite de cet accord, ne s'attendant pas à ce que cela soit aussi simple, alors que Tsunade espérait bien ne pas avoir éveillé ses soupçons en voulant la garder à l'œil.
À plusieurs reprises, la Hyûga s'était posé des questions, ne comprenant pas ce que Tsunade cherchait, celle-ci perdait son temps à l'examiner aussi souvent. Il y avait forcément quelque chose qu'elle ignorait. Étant déjà bien assez troublée avec ce qu'elle savait, elle décida de ne pas chercher plus loin, ne voulant pas risquer de briser leur accord. Empêcher les remises en question qui suivirent était une autre histoire. D'un côté, elle recevait de l'attention de la Godaime, de l'autre, ce n'était pas le genre d'attention qu'elle recherchait, elle n'allait pas changer son quotidien. Elle le ressentait plus comme de la surveillance d'ailleurs. L'héritière se sentait de plus en plus proche du fond du gouffre. Même lorsqu'elle voyait ses amis, elle ne se sentait pas intégrée au groupe, c'était la seule à ne rien avoir à dire, à ne pas être écoutée les seules fois où elle tentait d'exprimer son opinion. La solitude lui pesait, mais ses efforts n'étaient pas suffisants, ils ne l'avaient jamais été.
Elle avait besoin d'aide et pourquoi pas d'un sensei de plus. Il lui fallait quelqu'un de moins maternel que Kurenai, qui s'occupait de l'équipe qu'elle formait avec Kiba, son chien Akamaru, et Shino. Elle avait beau s'entraîner seule, Hinata remarquait bien qu'elle ne savait pas dans quelle direction aller, comment améliorer ses capacités ni quelles nouvelles techniques elle pourrait s'approprier. Le problème était que le mieux placé pour ça était Kakashi, un homme. Elle n'était pas à l'aise avec cette idée, avec lui. Il était le plus apte à la comprendre et à adapter son entraînement à son byakugan, puisqu'il connaissait bien cette pupille et possédait lui-même le sharingan. Elle ne perdait rien à lui demander, après tout, elle n'était plus à une humiliation ou à un refus près. Cependant, c'était le courage de lui demander qui lui manquait. En dehors du fait qu'elle n'avait aucune idée d'où le trouver, elle ne se sentait pas capable d'assumer ce refus de plus, ce serait probablement celui de trop, aussi paradoxal que ça puisse paraitre.
C'était le moment de prendre une résolution. Elle en avait marre de s'apitoyer sur son sort et de se sentir comme un fardeau partout où elle allait. L'héritière devait réagir, changer les choses, mais que pouvait-elle bien faire de plus que ce qu'elle faisait déjà ? Malgré toutes ces belles pensées, son malheur ne semblait pas assez important pour la pousser à agir. Son esprit ne pouvait que constater les échecs par lesquels la jeune femme se forçait à passer à répétition. Tous ces entraînements, ces humiliations publiques, ces blessures dont la kunoichi ne se relevait qu'à moitié. Alors elle restait là, une main dans l'eau, couchée à côté d'un saule pleureur. Hinata regardait le ciel, la Lune, les étoiles et le vide au-dessus de sa tête en tentant d'y envoyer ses soucis. Rien que quelques instants de quiétude, avant qu'ils ne retombent sur ses épaules. Elle ne pouvait pas échapper au cours du temps bien longtemps.
Elle s'était pourtant trouvée un but intégrer l'ANBU, l'élite des ninjas. Ceci ne l'empêchait pas de le considérer comme ridicule et de le reléguer au rang de rêve, plus qu'à celui d'un but atteignable. Les ANBU étaient discrets et en dehors de la Godaime, personne ne savait qui en était membre. Lors de leurs missions, on leur attribuait de faux noms, ils portaient des masques bien particuliers afin d'assurer leur anonymat. Même si elle arrivait à atteindre cet objectif, elle ne pourrait jamais s'en servir pour prouver sa valeur ou pour faire valoir ses capacités. Pourtant, en arriver là, intégrer l'élite serait une preuve indéniable envers elle-même qu'elle était capable, qu'elle n'était pas aussi faible que son père le lui reprochait. Le désespoir de voir de la reconnaissance dans les yeux de son clan l'empêchait de voir que ce dont elle avait besoin était de s'estimer elle-même à sa juste valeur. Il ne suffisait pas d'ouvrir les yeux pour s'en rendre compte.
Lui était hanté, il se sentait maudit. Cette sensation n'était pas nouvelle pour Sasuke, elle le prenait à la gorge dès qu'il franchissait l'enceinte de son domaine. Chaque pas qu'il faisait à l'intérieur de celui-ci, chaque latte de bois qu'il faisait craquer sous son poids, chaque porte condamnée qu'il croisait sur son chemin le lui rappelait. De cette manière, il était impossible de s'habituer à son état. Les objets de sa décoration n'étaient pas liés qu'à un seul souvenir, même s'ils avaient tous en commun leur ambiance lugubre. Ce qui le rendait impatient, nerveux, stressé et l'empêchait de dormir correctement. Malgré ça, il ne voulait, ni ne pouvait, vivre ailleurs, du moins pas encore. Il cultivait aveuglément cette haine et cette rage, que son frère lui inspirait. Le jeune Uchiwa était trop obnubilé par sa rancœur pour se rendre compte qu'il agissait exactement comme il le lui demandait. Il s'entraînait beaucoup plus que les autres ninjas, que ce soit pendant ou en dehors des entraînements collectifs avec leur sensei. Sa soif de vengeance le poussait à se dépasser toujours plus, ne lui accordant jamais un instant de répit.
Il était animé par l'urgence. Ce pressentiment qu'il devait le tuer au plus vite, que plus il perdait de temps à ne pas être à sa poursuite, plus il se rapprochait d'un évènement, d'un destin qui n'avait rien d'enviable. Sasuke avait confiance en ses capacités, connaissait ses limites, mais ce n'était jamais suffisant. L'éternel petit frère n'était jamais assez fort pour l'affronter lui, pour le vaincre, mais il était le seul à devoir le faire. Ce n'était pas une mission, mais il s'y raccrochait comme si sa vie en dépendait et ça avait fini par être le cas. Aucun autre but ne l'animait, pas d'autre objectif, et il évitait autant que possible de penser à ce qui se passerait une fois son destin accompli. Bien sûr que le jeune Uchiwa voulait faire renaître son clan, il ne vivait que pour ça, mais la manière d'y arriver n'était pas aussi simple qu'un entraînement, ni même que l'apprentissage d'une nouvelle technique. Il aurait besoin de temps, quelque chose qui lui manquait cruellement.
Pourtant, il n'était pas revenu peupler ces lieux depuis très longtemps. Le domaine ne lui avait pas manqué, malgré l'absence récurrente de confort des planques de son ancien mentor. Orochimaru… il l'avait tué, après huit longues années à son « service ». En dehors de Naruto qui s'était autorisé à reprendre le cours de sa vie et de Sakura qui s'accrochait à lui de toutes ses forces, peu de ses anciens camarades étaient sincèrement ravis de son retour. Kakashi était fier de lui, mais une pointe de méfiance était palpable pour qui le connaissait bien. Tout le monde n'était pas persuadé par la version officielle donnée, assurant qu'il n'avait pas trahi Konoha. À la manière dont ils le connaissaient lorsqu'il était parti, Sasuke représentait l'archétype du traitre. Ils étaient tous conscients qu'il le fallait, puisque c'était d'Orochimaru dont on parlait, mais le doute perdurait. Lui s'en moquait, il savait que son retour et la vérité ne suffisaient pas à tout arranger. Alors il attendait et il s'entraînait sans relâche pour poursuivre le seul but qui avait encore une vraie valeur à ses yeux.
Grâce à Naruto, il avait été amené à faire des efforts. Le blond persistait à l'inviter aux différents repas et autres regroupements qu'il organisait avec les personnes de leur promotion. Il le forçait à s'intéresser à eux, à boire en leur compagnie et à perdre son temps en conversations futiles et débordantes d'ennuis. Ce dernier passait même le chercher à toute heure et en tous lieux pour être certain qu'il y assisterait. Sasuke s'était résigné assez rapidement à le suivre, au vu de toute l'énergie qu'il gaspillait, sans résultat, lorsqu'il tentait d'argumenter. Il se disait que ça pourrait éventuellement lui servir plus tard et que ça ne pourrait pas faire de mal à son image ou à l'opinion qu'ils pouvaient avoir de lui. Ce n'était pas comme si quelqu'un arrivait à tirer quoi que ce soit de lui. De plus, cette atmosphère qui l'entourait, qui créait de la gêne et du malaise dans toute la pièce dans laquelle il se trouvait était devenu sa seule distraction, un petit plaisir presque malsain.
C'est comme ça qu'il avait petit à petit réintégré l'équipe sept. Sai avait été transféré dans une équipe cadette, mais au final Kakashi aussi avait été affecté ailleurs et Yamato était resté leur leader. Après tout, les choses n'étaient plus comme avant. Même si ses deux coéquipiers tentaient de faire croire qu'ils n'avaient pas changé à son égard, il remarquait bien leur manque de sincérité. Ils devaient se reprendre à chaque question qui leur brulait les lèvres au sujet de ces huit longues années durant lesquelles ils l'avaient pourchassé sans relâche. Lui-même n'était pas autorisé à parler librement de tout ce qui s'était passé. Les techniques interdites qu'il avait vues et apprises devaient rester secrètes, de même que les diverses expériences qu'Orochimaru menait. En retirant tout ça, il ne restait pas vraiment matière à discuter longuement. Malgré sa liberté de mouvement relative à l'intérieur des planques, il n'y avait rien d'autre que des chambres, des mutants, des personnes portant la marque du ciel ou de la terre, des salles d'entrainements et des salles d'expérimentation, sans oublier d'autres chambres.
Il n'arrivait même plus à définir lequel de son domaine ou des repaires d'Orochimaru étaient le plus glauque ou le plus maudit. La seule chose qui les différenciait était la manière dont il les percevait dans leur globalité. Dans le premier, Sasuke avait des souvenirs d'une enfance joyeuse. Il se souvenait avoir été heureux et insouciant avant que son frère, le fils prodige, ne mette brutalement et définitivement fin à tout ça. Après ça, fuir son domaine était devenu une priorité, mentalement et physiquement. C'est certainement ce qui l'avait poussé à accepter cette mission plus que spéciale. Dans l'autre en revanche, il n'avait jamais rien connu d'agréable. Enfin, si l'on mettait de côté la sensation de puissance et d'excitation émanant des techniques qu'on lui enseignait. Il avait appris à être regardé avec admiration, on le traitait comme un prodige. Le jeune homme avait droit à ces traitements qui étaient avant réservés à Itachi. Ceci n'avait fait que le rendre plus confus encore. Il se persuadait qu'il ne pourrait jamais lui pardonner son acte, qu'il n'existait aucune justification valable pour anéantir tout un clan.
Sasuke aimait à croire qu'il avait retiré le maximum de cet environnement toxique dans lequel on l'avait projeté. Il avait ces techniques qu'il n'aurait jamais été autorisé à manier dans d'autres circonstances. Le petit frère sentait une puissance sauvage couler dans ces veines, convaincu d'en être le maître et que plus rien ne lui échapperait, jamais. Ses pensées pourtant n'étaient pas de cet avis, tiraillées entre confiance et angoisses. Le jeune Uchiwa s'impatientait au sujet de son futur autant qu'il le redoutait. Cet ensemble de facteurs ne faisait que le plonger encore et encore dans le seul exutoire qu'il s'autorisait, l'entrainement. Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait fini par s'évanouir, que ce soit du manque de chakra ou d'épuisement. L'autodestruction n'était-elle pas la voie la plus naturelle à suivre pour l'homme ? Si c'était le cas, pourquoi personne n'arrivait à le comprendre, pourquoi tout le monde cherchait à l'inciter à abandonner, à cesser cette quête de vengeance ? Le jeune homme avait passé l'âge de se poser ses questions. Il se considérait plus mature, plus apte à juger. Tout obstacle serait éradiqué, peu importe sa forme, voilà sa résolution.
