Titre : Les Ombres du Crépuscule
Auteur : Yuki Shuhime et Ombrepluie
Univers : Harry Potter
Type : Longue Fiction, Prologue
Rating : M
Pairing : Harry/Draco, Lucius/Sirius
Résumé : Lorsqu'Harry et Sirius apprennent au détour d'une conversation volée entre Snape et Dumbledore que le destin d'Harry est d'être sacrifié. Sirius, pour protéger Harry, va faire la seule chose qu'il peut : appeler sa cousine, Bellatrix.
Disclammer : Tout à JKR
Prologue
La nuit venait de tomber sur la petite place londonienne où seul un vieux lampadaire brillait suffisamment pour éclairer les bosquets entourés de grilles en fer forgé qui trônaient en son centre. Une voix mélodieuse s'élevait pourtant dans la clarté de ce ciel de Juillet, troublant le silence de la nuit.
« Sale ingrat ! Comment as-tu osé laisser tous ces sang de bourbes entrer dans cette demeure ! Je t'ai renié il y a longtemps et malgré tout, tu trouves encore le moyen de profaner le nom des Black ! Tu es… »
La vieille maison des Black au 12 Square Grimmaud était un endroit paisible où vivre. Un endroit calme et agréable, propice à l'amour et à la bonté d'âme. Remus Lupin se tenait debout dans le vestibule, acculé contre la tapisserie par sa petite amie qui s'employait à se déchirer les cordes vocales. En détresse, il envoyait des regards de supplique à Harry qui observait depuis le perron.
« Crétin, salaud ! Comment tu as pu me faire ça ! »
« … ton père et ne jamais te faire venir au monde ! »
Sirius, alerté par le bruit, descendit du premier étage, avisa Harry qui restait en retrait et son pauvre Remus qui subissait les foudres célestes de sa chère et tendre. Surpris, il dévisagea sa cousine. Tonks venait de réussir l'improbable, supplanter le volume sonore de sa défunte mère.
Sirius se pencha alors vers Harry et il lui demanda doucement ce qui se passait. Il ne désirait pas attirer l'attention de Nymphadora sur lui. Certes, c'était sur le loup garou qu'elle balançait le service à thé, mais l'émasculation ne faisait pas partie de ses projets pour la journée. Et comme n'importe quel mâle doté d'un minimum d'instinct de conservation, Harry avait lui aussi compris qu'il ne valait mieux pas se faire remarquer par la jeune femme en furie.
« Tonks a surpris Remus en train de flirter gentiment avec Fleur Delacour. Rien de sérieux, juste de quoi rire. Mais ta cousine n'a pas trouvé ça drôle. Elle est devenue Terminatonks et c'est mise à lui hurler dessus. Le bruit a réveillé le portrait de ta mère qui a commencé à hurler à la mort, raconta Harry mi amusé, mi terrifié par Tonks qui envoyait à présent le service à couvert en argent.
Harry, nous sommes des hommes et de grands sorciers, nous devons donc agir avec dignité et intelligence, conclut Sirius en avisant la situation du regard, alors qu'une fourchette à dessert et qu'un couteau à poisson volaient dans sa direction. FUYONS ! »
Sirius attrapa son neveu par le bras, le tira en haut des escaliers et le poussa rapidement à travers le couloir du premier étage. Ils échangèrent un regard complice, bien que Remus les maudît du rez-de-chaussée. Harry souhaita la bonne nuit à son parrain et regagna la chambre de Regulus qu'il partageait avec Ron au deuxième étage.
Sirius attendit que Harry soit en sécurité avant d'arpenter le couloir en direction de la chambre de ses parents. En cette fin de semaine, la maison était bien vide, aussi, il ne pensait pas surprendre une conversation, et encore moins dans cette pièce en particulier. Il ouvrit délicatement la porte, suffisamment pour que le dialogue lui fût intelligible et il se transforma en chien.
Être Animagus avait des avantages, notamment l'odorat surdéveloppé qui lui permettait en cet instant de percevoir la présence de Snape et Dumbledore derrière la porte. A l'affut, il tendit l'oreille, tentant de capter leur conversation. Que faisaient-ils seuls, enfermés dans cette pièce poussiéreuse à cette heure tardive ? Poussant très lentement la poignée en or, Sirius entrebâilla la porte encore un peu et s'approcha à pas de loup.
« … train d'insinuer que Potter est le dernier Horcruxe ? »
Un soupir lui parvint, chargé de lassitude.
« Oui, Severus. J'en ai bien peur. Harry est malheureusement le dernier lien rattachant Tom Riddle à ce monde. Et il devra mourir pour que nous triomphions de Voldemort.
-Je ne suis pas un grand fan de Potter, vous le savez Monsieur. Toutefois il m'apparaît extrême de dire qu'il nous faudra le tuer.
-C'est la seule chose à faire Severus.
-Monsieur le Directeur ! Comment pouvez-vous penser que l'Ordre va accepter de l'assassiner. Il le voit comme leur sauveur, leur seul espoir de victoire !
-Assez Severus ! Nous n'avons pas le choix. Harry ne peut échapper à son destin… »
Sirius referma doucement la porte. Ce qu'il venait d'entendre le prenait aux tripes et il avait envie de vomir. Il aurait voulu entrer dans cette pièce et traîner le vieux directeur par la barbe jusqu'au mur pour le défenestrer sur le champ ! Comment avait-il pu faire croire à Harry qu'il tenait à lui ? Comment avait-il pu obtenir sa confiance pour le trahir ainsi ?
Une seule pensée s'immisça dans l'esprit de Sirius. Il lui fallait mettre Harry en sûreté, protéger le fils de James. Mais vers qui se tourner ? Il ne pouvait fuir à la fois les Mangemorts et Voldemort, le Ministère et l'Ordre du Phoenix. C'était sans issue.
Serrant les dents à s'en faire blanchir la mâchoire, il réfléchit à toute vitesse alors qu'il avalait les marches pour rejoindre la chambre d'Harry. Il devait agir vite. Il était hors de question de laisser à Dumbledore une chance de s'expliquer et d'embobiner Harry. Il ne voyait qu'une seule solution …
Il frappa doucement à la porte de la chambre de son défunt frère et aperçut Harry dans le coin, assis à même le sol, des petites ficelles couleur chair pendant lâchement à côté de lui. Les Oreilles à Rallonges des jumeaux. Ainsi, Harry avait dû se rendre compte que quelque chose clochait et avait espionné de son côté.
Le visage de son filleul semblait Rage et Tristesse. Il se rendait compte que le monde dans lequel il avait grandi n'était qu'une grande illusion, destinée à lui faire croire qu'on l'aimait pour finalement le sacrifier comme un vulgaire agneau de méchoui. Sirius comprenait sa douleur, mais jamais il ne saurait le comprendre lui.
Mais il le protégerait, et empêcherait Dumbledore de lui faire du mal. Une idée démente, tortueuse, digne de son illustre famille était née dans sa tête. Ce qu'il s'apprêtait à faire, probablement personne ne le lui pardonnerait jamais. Mais il n'avait pas le choix. Restait Harry. Il ne pouvait rien faire sans son accord.
A pas lents, il s'approcha de son filleul et l'attrapa par les épaules. D'un geste brusque, il le remit sur ses pieds avant de le serrer fortement dans ses bras. Les deux hommes échangèrent un regard, mêlant rage et déception à l'amour sincère qui les unirait toujours.
D'un signe de tête, Sirius enjoignit à Harry de faire ses bagages avec l'aide de la magie. Lorsque toutes ses affaires furent rattroupées dans sa grande malle, il entraina son filleul dans le plus grand silence, en direction de son ancienne chambre. Là, Sirius emballa quelques unes de ses propres affaires et se dirigea vers sa cheminée.
« Sirius, qu'est ce que tu fais ? le questionna Harry en le voyant saisir une poignée de Poudre de Cheminette.
Tu es conscient que nous ne pouvons pas nous battre sur tous les fronts ? demanda-t-il gravement. »
Le Survivant acquiesça. Oui, il en était conscient. Le sentiment de trahison, la rage de voir sa confiance bafouée et la peur faisaient bouillonner son sang et gonfler son cœur de colère. Mais malgré tout, il ne perdait pas de vue la réalité. Il avait Voldemort à ses trousses et le Ministère lui en voulait également. Il n'avait nulle part où aller s'il n'avait plus Poudlard.
« Je vais faire en sorte que nous ne nous battions pas sur tous les fronts. Il reste un seul moyen … déclara gravement Sirius, le regard lourdement posé sur un vieux portrait au mur. »
Bellatrix. Il n'eut pas à en dire plus, Harry était peut-être secoué, mais il n'était pas stupide. Sirius était en train de lui proposer de rejoindre les Mangemorts. Pouvait-il faire ce choix et tourner le dos à tous ceux qui fondaient en lui un espoir ? Oui, il le pouvait. Peu importe ce à quoi il devrait faire face, le temps de sa soumission était terminé.
Il était un être humain ! Il aurait dû pouvoir choisir son destin au lieu de se voir imposer années après années des tâches trop lourdes pour lui. Il aurait dû se sentir aimé et choyé et non pas redouter que ses amis ne le poignardassent dans le dos ! Si l'homme auquel il avait accordé sa confiance était prêt à lui mentir et à le tuer sans même lui expliquer pourquoi, alors il se réservait le droit de lui renvoyer la politesse. Il ne se laisserait pas faire. Harry Potter était mort aujourd'hui.
« Je n'ai jamais aimé les tatouages, mais pour cette fois je crois que je pourrais faire une exception, marmonna Harry d'une voix étranglée. »
Avec un sourire plus amer qu'amusé, Sirius se tourna vers la cheminé. Un coup d'œil à Harry qui le regardait plus déterminé que jamais le rassura. Il faisait le bon choix. Il fit face à l'âtre pleine de cendres, jeta une poignée verte qui étincela un moment. La main tremblante d'Harry se glissa fermement dans sa paume et il la serra brièvement avant d'annoncer :
« Je veux voir Bellatrix Black ! »
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