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Dans le Métro
Harry
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Adossé contre l'une des parois du métro, Harry, tenant négligemment une sangle de son sac, regardait vaguement les visages des passagers. L'horaire de huit heures était certainement la pire, car c'était à cette heure-ci que les étudiants affluaient en masse, que beaucoup commençaient leur journée de taf, et il avait beau se dire quotidiennement de partir en avance pour ne pas subir la présence trop appuyée et étouffante des autres passagers, il n'arrivait pas à rompre ses habitudes.
Énième arrêt, quelques personnes sortirent, beaucoup d'autres rentrèrent. Il revint à lui lorsqu'un corps se pressa contre lui, voyant que le métro était si plein de monde que beaucoup de personnes durent rester sur les quais. Harry était compacté contre la paroi du bus, comme les autres, et avait bloqué sa respiration en constatant la proximité plus qu'intime qu'il avait avec l'homme en face de lui, qui avait sa main droite appuyée sur le mur à côté de lui.
Il plongea ses yeux verts dans les siens, levant la tête pour pouvoir le voir et resta muet d'hébétude. Il était beau, d'une beauté époustouflante des cheveux mi-longs blonds platine coiffés avec élégance, un teint opalescent qui captait la lumière, une bouche fine rosée, des yeux gris acier, métallisé, ensorcelant, qui le regardait avec une pointe d'amusement. Harry baissa aussitôt les yeux, tombant sur le torse de l'homme, habillé d'une chemise coûteuse sur une veste de costume grise, une cravate noire légèrement détaché autour du cou.
Autour d'eux, le bruit était partout, les étudiants se parlaient tous en même temps, certains étaient au téléphone, quelques marmots criaient et pleuraient.
Sans pouvoir s'en empêcher, Harry releva les yeux et retomba sur le regard profond de l'homme qui le regardait fixement. Sa main droite qui effleurait son épaule lui semblait soudain devenir comme un mur qui l'empêchait de s'extraire de lui, mais ce n'était pas comme s'il y avait songé. Il détailla les reflets de ses yeux mercures, sans prêter attention au fait que l'homme en faisait de même.
― Vous avez… de très beaux yeux. Souffla-t-il inconsciemment.
Il faillit sursauter en se rendant compte de ce qu'il avait dit, de l'impolitesse dont il avait fait preuve, et baissa immédiatement les yeux. Il se mordit doucement la lèvre inférieure alors que le métro s'arrêtait à un autre quai. L'absence de réaction le laissa perplexe et il leva prudemment les yeux pour tomber sur les prunelles rieurs de son interlocuteur. Elles brillaient chaleureusement, un petit sourire aux lèvres qui plissaient agréablement ses yeux, une mèche de cheveux clairs qui effleurait sa pommette.
Harry pensa à respirer.
― Ils n'égalisent pas les vôtres cependant. Souffla l'homme en utilisant le même ton qu'il avait employé.
Harry rougit et son cœur manqua un battement. Dieu, même sa voix était divine. Il serra sa main sur la sangle de son sac, inspirant profondément pour se calmer, alors que son interlocuteur n'hésitait pas à le dévisager avec intérêt. Il avait l'air d'avoir la vingtaine, portait une mallette à la main gauche, avait un costume plutôt chic et onéreux – était-ce du Prada ? – et son parfum était exquis. C'était sans doute un salaryman, étant donné qu'il partait à son travail en métro, mais il ne pouvait s'empêcher de l'imaginer PDF d'une grande entreprise, tant son charisme et son assurance laissait sans voix.
Comme magnétisé, Harry replongea encore dans ses yeux, détaillant avidement chaque trait de son visage. Il savait bien qu'il n'était en rien discret, que l'homme devait bien se rendre compte de l'attirance que lui portait Harry, mais finalement, il s'en fichait. Tant pis s'il le prenait pour un gamin hormonal benêt et impoli, de toute façon il ne le reverrait sans doute plus jamais.
Cette simple pensée le démoralisa et il sentit ses traits s'affaisser brusquement.
Encore une fois, le métro s'arrêta, mais le nombre de personnes ne décrût pas. L'homme profita de la compression pour s'approcher encore de Harry, jusqu'à placer ses lèvres contre son oreille.
― Je m'appelle Drago.
Le murmure lui arracha un frisson qui le fit fermer violemment les yeux. Harry se mordit durement la lèvre, respirant profondément pour calmer son cœur. Du coin de l'œil, il vit Drago – que son prénom était orgasmique – tourner son visage vers lui sans pour autant reculer, effleurant sa joue de son nez. Lentement, il se tourna à son tour vers lui, faillit défaillir en sentant son souffle mentholé balayer son visage. Ils étaient si proches que leur nez s'effleurait presque.
― H-Harry, bégaya-t-il faiblement.
Les prunelles de Drago devinrent embrasés, allumés d'une passion qui se répercuta sur lui, observa longuement ses lèvres en se retenant visiblement de l'embrasser.
Harry ne voulait pas qu'il se retienne.
Entre temps, le métro s'était arrêté déjà deux fois, il y avait beaucoup moins de monde dans le véhicule, mais eux ne bougèrent ni n'y firent attention.
― Je… J'ai raté mon arrêt, souffla Harry sans pourtant sembler désappointé.
Un simple sourire lui répondit, à croquer.
― Pas moi. Mon appart' n'est pas loin. Murmura Drago en glissant imperceptiblement un doigt contre sa joue.
Alors, est-ce qu'il se rendait chez lui à huit heures du matin ? Habillé comme pour se rendre au travail ? Ce n'était pas logique, mais au fond, il s'en fichait. Il hocha la tête, comprenant l'invitation implicite. Finalement, il était plutôt ravi de ne pas être sortit en avance et d'avoir prit le métro durant cette tranche horaire, même si le confort n'avait pas été optimal.
Et finalement, le Terminus arriva.
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En réalité, c'est un OS sous deux points de vue différents. Ici, la narration est plutôt centré sur Harry, dans le prochain et dernier "chapitre", la narration sera centrée sur Drago.
Karrow.
