Bonjour à tous. Me revoilà avec la suite des aventures de Rose Noble.
Le titre fait directement référence à la chanson «Love don't Roam» présente dans la première BO de la série. Cette fic était en cours d'écriture quand l'idée m'est venue de chercher les paroles de cette chanson. Et comme je trouvais qu'elles collaient bien...
Disclaimer : Doctor Who et ses personnages (sauf Rose Noble, sa fille et les Blackos) ne m'appartiennent pas (Comment ça une histoire de droits ?)
Bêta : Arthemis du 44
Enjoy !
Love don't Roam
Chapitre 1
- Mais où est-il passé ? Non, pas là... Là non plus... Réfléchis Docteur, réfléchis !
Le Docteur s'agitait autour de la console, à la recherche d'un objet apparemment particulièrement important. Sans succès. Revenant de leur chambre, Rose s'arrêta pour regarder son compagnon échouer dans ses recherches sous le regard amusé de leur fille. La petite était assise sur le fauteuil du pilote et riait aux éclats à chaque fois qu'elle voyait la mine désappointée de son père.
Le Gallifréen était fou de sa fille. Il faut dire que la petite était adorable. Le mélange parfait de ses parents. Elle avait hérité du sourire et du nez de sa mère, au plus grand plaisir de son père. De ce dernier, elle avait gardé les yeux bruns profonds et expressifs, déjà empreints d'une grande sagesse, ainsi que les cheveux bruns en bataille. Elle avait également rapidement pris le pli d'imiter les mimiques de Rose et du Docteur.
Comme à chaque fois qu'elle regardait attentivement sa fille, Rose regarda quelques mois en arrière, pendant sa grossesse.
Immédiatement après l'annonce de la grossesse de Rose, le Docteur avait changé leur destination pour New Earth. Ils s'étaient posés à New New York, peu de temps après que lui et Martha aient quitté Novice Hame. Il était sorti seul du TARDIS.
- Docteur ? Vous venez juste de partir !
- Non Hame. Je suis parti il y a des années. Enfin ! Pour moi !
- ...
- Souvenez-vous des histoires que vous racontais Face de Boe. Quelqu'un comme lui. Et ce qu'il viens de dire. Il avait raison. Je ne suis pas seul. C'est pour ça que j'ai besoin de vous.
Novice Hame avait accepté immédiatement. Elle avait accompagné Rose tout au long de sa grossesse, au grand dam de la jeune femme. L'infirmière l'avait suivie partout, insistant constamment pour que Rose se repose. À quelques semaines du terme, Rose n'en pouvait plus. Après avoir péniblement semé l'infirmière chat dans les couloirs du TARDIS, la future mère s'était dirigée vers la salle de commande.
- Docteur, s'il te plaît, demande à Hame de me laisser un peu de répit. Peut-être que toi, elle t'écoutera !
- ...
- Docteur ?
Le Gallifréen était appuyé sur la console, le regard dans le vide, un téléphone à la main. Il n'avait pas remarqué Rose et avait semblé sous le choc.
- Docteur ?
Toujours pas de réponse. La jeune femme ne l'avait jamais vu comme ça. Il avait émané de lui une profonde tristesse. Aussi était-elle venue se caler contre le dos son compagnon, l'entourant de ses bras pour le soutenir. Les doigts tremblants du Docteur étaient venus enlacer ceux de sa compagne et il avait soupiré tristement.
- Sarah-Jane est morte ce matin.
Les cœurs de Rose s'étaient serrés pour son compagnon. Elle connaissait parfaitement quel lien unissait les deux amis. Ils avaient partagé tellement d'aventures ensemble. Mais il n'y avait pas eu que ses cœurs à se serrer. Une violente douleur au ventre l'avait pliée en deux et l'avait forcée à reculer.
- Rose ?
- C'est rien. Juste une contraction plus forte que les autres. Argh !
Une nouvelle contraction lui avait coupé le souffle et elle était tombée à genoux. Aussitôt, le Docteur l'avait emmenée à l'infirmerie, suivi de Novice Hame, qui avait finalement réussit à rejoindre le couple. Le trajet avait été relativement court, mais ce fut le trajet le plus long de la vie de Rose. Elle avait peur. Tellement peur de donner la vie et d'être une mauvaise mère. Et bien que son compagnon l'ai convaincu du contraire, l'arrivée imminente de leur enfant avait fait ressortir toutes ses peurs.
- Quelque chose ne va pas !
- Tout va bien, on y est presque.
- Alors pourquoi j'ai si mal ? Argh !
- Calme-toi. Je suis là. Tout se passera bien. Je te le promets.
Le Docteur l'avait serré plus fort à chaque fois qu'une contraction l'avait fait hurler de douleur.
Rose lui serait à jamais reconnaissante. Il l'avait soutenu tout au long de l'accouchement, lui épongeant le front, lui murmurant des encouragements et l'aidant à pousser. Plusieurs fois, elle aurait cédée à la panique s'il n'avait pas été là pour l'aider à respirer. Le seul moment où il l'avait quittée avait été pour prendre l'enfant que Novice Hame lui avait tendu. Il était revenu immédiatement auprès de Rose, le visage rayonnant de bonheur et des étoiles plein les yeux, pour lui passer le petit paquet de couvertures.
- Nous avons une fille.
Rose avait regardé longuement le visage du bébé, les larmes aux yeux. Elle tenait son bébé dans ses bras. Leur bébé ! Un petit bout d'elle et du Docteur. Elle n'avait pas les mots pour décrire cet instant magique.
- Elle est magnifique !
- Comme sa maman.
Sentant les bras de son compagnon autour d'elle et le baiser posé délicatement sur ses cheveux poisseux de transpiration, Rose avait laissé échapper une larme de bonheur et avait donné son nom à sa fille.
- Sarah-Jane.
Ému, le Gallifréen avait serré plus fort sa compagne et leur fille avant d'embrasser tendrement Rose.
- Non pas là non plus ! J'étais pourtant sûr qu'il était quelque part par ici.
Sortant de sa rêverie, Rose décida qu'il était temps de venir au secours du Docteur. Un grand sourire aux lèvres, elle se rapprocha de la console centrale.
- C'est ça que tu cherches ?
La tête du Gallifréen émergea de derrière la Cheminée du Temps pour découvrir sa compagne brandissant un petit bonnet mauve. Penaud, il se rapprocha d'elle et tendit la main pour s'emparer du vêtement. Mais, plus rapide que lui, Rose mit le bonnet hors de sa portée.
- Il était où, Docteur ?
- Pas sous la console apparemment. Je l'avait laissé là pourtant.
- Oh non ! Tu l'avais jeté SUR la console. En vrac. C'est moi qui l'ai rangé dans notre chambre.
- Mais...
- AVEC les autres vêtements de Sarah-Jane.
Le Docteur ne répondit rien. Décidant qu'il avait été assez puni, Rose l'embrassa tendrement. Son compagnon répondit immédiatement à ce baiser, cherchant par la même occasion à chiper le vêtement des mains de la jeune femme. Mais, celle-ci ayant parfaitement compris la manœuvre du Gallifréen, éloigna plus encore l'objet de ses convoitises. Gardant leurs lèvres soudées, ils luttèrent ainsi pendant plusieurs minutes. Ce n'est que le rire cristallin de leur fille qui les firent se retourner vers elle.
Le Docteur vint la prendre dans ses bras et Rose passa l'objet de leur petite guerre à la petite fille. Puis elle prit Sarah-Jane des bras de son père.
- Promet moi que tu viendras.
- Tu sais bien que...
- Maman monte toujours se coucher à 11 h 30 P.M. Et elle prend toujours deux somnifères. Elle ne risquera rien si tu viens à cette heure. J'ai l'impression d'être une fille de divorcés. Une fois avec ma famille, une fois avec toi. C'est le premier Noël de Sarah. Tu ne voudrais pas le louper ? S'il te plaît !
Elle savait parfaitement qu'en utilisant leur fille comme argument, il plierait. Ce n'était pas forcément juste et elle s'en voulait un peu. Mais, comme elle s'y attendait, son compagnon se passa la main dans les cheveux, cherchant comment résoudre ce terrible dilemme, avant de céder.
- D'accord, je viendrais.
- Merci, Docteur.
Elle l'embrassa et partit dès qu'il eu embrassé Sarah-Jane.
OoOoOoOoOoOoOoOoOoO
La jeune femme resta quelques instants devant le TARDIS et montra le ciel à sa fille. Sarah-Jane n'avait encore jamais vu les étoiles. Les rares fois où elle était sortie du vaisseau, ça avait été pour des balades en plein jour et sur des planètes extrêmement calmes. Rose regardait en souriant le visage émerveillé de la petite fille. Soudain, un éclair parti en direction du ciel, effrayant Sarah-Jane qui se cacha le visage dans l'épaule de sa mère. Quelques secondes plus tard, la neige tombait en abondance.
- Sarah-Jane, regarde !
La petite s'exécuta timidement et voyant qu'elle ne risquait rien, s'intéressa à ce nouvel élément qu'elle ne connaissait pas. Rose se tourna alors vers le TARDIS et découvrit son compagnon, appuyé contre le chambranle de la porte, qui leur souriait. Tous deux rirent de voir Sarah-Jane tenter d'attraper les flocons qui passaient à sa portée. La jeune femme adressa un tendre sourire au Docteur avant de lui demander.
- Excitation atmosphérique ?
- Un classique !
- Atchoum !
Sarah-Jane avait reçu un flocon sur le nez. Rose lui essuya et après un dernier murmure à son compagnon, elle se dirigea vers la maison de Donna et Wilfried.
- À tout à l'heure.
Le Docteur attendit qu'elle tourne au coin de la rue et il activa la Cheminée du Temps.
OoOoOoOoOoOoOoOoOoO
Rose était dans le salon avec sa mère et son arrière-grand-père. Elle avait ressorti ses vieux jouets et inventait de merveilleuses histoires pour Sarah-Jane.
La jeune femme avait adoré l'expression de sa mère et de son arrière-grand-père quand ils avaient découvert la petite fille.
- Mais qui est cette belle petite fille ? Une des protégées de ton compagnon ? Tu offre une fête de Noël à cette petite ? Où est John d'ailleurs ?
- Une question à la fois maman, s'il te plaît. John n'est pas là. Il a été retenu à la dernière minute.
- Il faudra bien que tu nous le présentes un de ces jours tout de même.
Rose et Wilfried s'étaient regardés tristement. Cependant, Donna n'avait pas remarqué cet échange silencieux.
- Et comment s'appelle la petite ?
- Sarah-Jane. Et elle n'est pas une des protégées de John. C'est sa fille.
Donna parut choquée.
- Il a une fille ? Mais elle est si jeune... Rose ! Il t'a trompée ?
- NON ! Sarah est ma fille aussi.
L'ancienne compagne du Docteur prit la mouche.
- Ta fille ? Mais pourquoi tu n'as rien dis ? Tu es inconsciente ou quoi ? Avoir un enfant alors que tu es sur les routes ! Au moins ici, tu aurais été suivie régulièrement ! Pourquoi tu n'es pas rentrée quand tu as appris ta grossesse ?
Sentant l'électricité ambiante, la petite fille se mit à pleurer. Lançant un regard de reproches à sa mère, Rose trouva refuge dans la cuisine. Donna avait voulu la suivre, mais Wilf l'en avait empêchée.
- Je vais lui parler.
Il avait retrouvé son arrière-petite-fille près de l'évier. Celle-ci chercha à cacher une larme quand elle l'aperçu.
- Viens t'asseoir s'il te plaît.
La jeune femme s'exécuta.
- Je pensais que ça vous ferait plaisir.
- C'est le cas. Mais tu connais les mères. Donna s'inquiète pour toi. Et elle aurait voulu être à tes côtés pour vivre cette aventure.
- Je sais. Mais...
Rose prit une profonde inspiration avant de continuer.
- Sarah-Jane n'est pas humaine. Ne t'inquiètes pas, sa gourmette masque un de ses coeurs. Comment aurait-on expliqué au gynécologue que ma fille a deux cœurs ? Mon infirmière était une habitante de New Earth. Elle sait qui est le Docteur.
- New Earth ?
- La Terre dans des milliers d'années. Et puis, mener ma grossesse à terme sur Terre, ça voulait dire tenir le Docteur à l'écart. Même pour l'accouchement. Je ne pouvais pas lui enlever ces moments privilégiés.
Wilf soupira. Il comprenait les raisons de Rose. Mais ça le rendait triste de voir que Donna manquait autant d'évènements importants dans la vie de sa fille.
- On va lui dire que tu te trouvais à l'étranger quand tu as découvert ta grossesse, dans une zone non couverte par le réseau téléphonique. Et que John t'a fait un suivi extrêmement régulier. Après tout, il est censé être médecin et Sarah-Jane est sa fille.
- Merci grand-père !
Heureusement, après cette explication un peu tirée par les cheveux, Donna s'excusa auprès de sa fille et se mit à s'occuper de sa petite-fille comme si de rien n'était. Au plus grand plaisir de Rose, l'ancienne compagne du Docteur était immédiatement tombée sous le charme de Sarah-Jane.
OoOoOoOoOoOoOoOoOoO
Dans le jardin, le Docteur regardait sa compagne et sa fille jouer sous le regard heureux de l'arrière-grand-père de Rose et de celui toujours un peu éberlué de Donna. Au moins celle-ci semblait-elle heureuse.
Soudain Rose se tourna vers la fenêtre.
OoOoOoOoOoOoOoOoOoO
Il était là. Elle le sentait. Il était là derrière la fenêtre, attendant de pouvoir venir partager ce Noël avec sa famille. Elle comprenait son impatience. Elle aussi était pressée d'être près de lui. Noël n'avait pas la même saveur pour elle si elle n'avait pas toute sa famille réunit autour d'elle. Et si le fait que Donna doive dormir à l'étage la chagrinait, elle se consolait un peu en se disant qu'au moins elle serait là.
La jeune femme savait qu'elle avait accroché le regard de son compagnon, elle sentait qu'ils se regardaient les yeux dans les yeux, et elle fit passer dans ce regard tout ce qu'elle ressentait à ce moment précis.
- Quelque chose ne va pas ?
Rose se tourna vers sa mère.
- Pardon ?
- Tu avais le regard dans le vide.
- J'étais juste perdue dans mes pensées.
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Rose avait rompu leur contact visuel. Donna l'aurait-elle vu ? Il se recula un peu plus dans la pénombre. Après quelques secondes de discussion avec Rose, Donna se leva, embrassa tout le monde et monta se coucher. Le Docteur attendit patiemment que la lumière de la chambre de son ancienne compagne s'éteigne. Il attendit encore pour être sûr qu'elle ne redescendrait pas. Aussi reporta-t-il son attention sur sa famille. Sa famille ! Il n'en revenait toujours pas. Sa famille ! Lui qui avait tout perdu : sa planète, ses amis,... On lui donnait une nouvelle chance de vivre heureux, de se reconstruire un foyer. Il avait encore du mal à croire à son bonheur. Rose étant devenue un Seigneur du Temps, ils pourraient vieillir ensemble. Tout ce qui lui avait été retiré pendant la Guerre du Temps lui était rendu ici. Et quand il regardait Sarah-Jane, il voyait un avenir heureux. La petite fille commença à s'agiter. Il était temps pour lui d'y aller.
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Sarah-Jane s'agitait et chouinait. De petites larmes commençaient même à rouler sur ses joues. Elle aussi avait senti la présence de son père derrière la fenêtre. Et elle commençait à trouver cette partie de cache-cache un peu trop longue à son goût.
- J'ai l'impression qu'elle aussi veut aller se coucher.
- Je ne pense pas. J'ai même la nette impression qu'elle va se calmer dans quelques instants.
Rose adressa un sourire énigmatique à Wilf et laissa sa fille crapahuter.
Il tardait trop ! Sarah-Jane commença à se diriger vers la porte d'entrée. Si son père ne venait pas, et bien elle irait le chercher. On ne la faisait pas attendre comme ça. Ah ça non !
- Tu es sûre qu'elle va se calmer ?
Rose et son arrière-grand-père surveillaient la petite fille qui rampait d'un pas décidé vers la porte. Lorsque celle-ci s'ouvrit, laissant découvrir le Docteur, un magnifique sourire éclaira le visage de la jeune femme. Et c'est en se levant qu'elle répondit à son grand-père.
- Oh oui ! Certaine !
Lorsqu'il était entré dans la pièce, Sarah-Jane s'était assise et avait tendu ses petits bras vers lui. Il s'empressa de la prendre dans ses bras et de l'embrasser avant de fermer la porte. Quand il se retourna, Rose était près de lui et appuyait sa tête contre son épaule, regardant leur fille qui boudait gentiment son père en prenant grand soin de dénouer sa cravate.
- Tu l'as fais attendre.
- Et la connaissant, je crois que je vais en payer le prix fort.
Wilfried revint de la cuisine avec trois tasses généreusement remplies. Il s'arrêta quelques secondes pour contempler ces trois personnes enlacées. Il était clair qu'à cet instant précis, plus rien n'existait autour d'eux. Ils étaient dans leur bulle. Ce spectacle tira un sourire au vieil homme.
- Un lait de poule Docteur ?
Le Gallifréen accepta et tous trois, ils trinquèrent. Ce fut Wilfried qui commença, suivit du Docteur et de Rose.
- À la vie !
- Au bonheur !
- À l'amour !
C'est alors que les douze coups de Minuit sonnèrent. Rose embrassa son arrière-grand-père, puis vint le tour de son compagnon.
- Joyeux Noël Docteur !
Joyeux Noël Rose !
C'est alors que survint le drame.
- Sarah-Jane !
La petite-fille avait entrepris de mâchouiller la cravate de son père. Et elle en avait consciencieusement détrempé la moitié, la ruinant pour de bon. Le Docteur récupéra ce qui ressemblait désormais à un étrange bavoir pendant que Rose grondait gentiment leur fille. Tenant la cravate du bout des doigts, le Gallifréen constata l'étendue des dégâts.
- J'ai l'impression qu'aucune de vous n'aimait cette cravate !
Et, ayant déclenché l'hilarité générale, il fourra le bout de tissu dans une de ses poches. Quant à Sarah-Jane, honteuse, elle cacha son visage dans le cou de son père, redoublant ainsi l'hilarité des trois adultes autour d'elle. Aucun d'eux n'avaient envie de gâcher cette belle soirée en grondant leur petit ange.
Ce fut le Docteur qui rompit cet accès de rire.
- Il est temps de passer aux cadeaux, je crois !
Il déposa leur fille près de l'immense sapin de Noël. Rose le regardait avec un air de surprise teinté de joie alors qu'il se dirigeait vers la porte d'entrée. Il revint quelques secondes plus tard avec un paquet qu'il tendit à Sarah-Jane. Celle-ci regarda son père puis sa mère. Voyant que tous deux lui faisaient signe de le prendre, elle s'empressa de s'en emparer et de déchirer le papier. Rose, le Docteur et Wilfried s'installèrent sur le canapé en la regardant faire. Une fois tout l'emballage en morceau, Sarah-Jane regarda attentivement son cadeau, un magnifique chien en peluche.
- Arh ?
- Barf.
La réponse du jouet dû lui plaire car elle s'en saisit et le serra contre elle, sous le regard attendri de ses parents et de son arrière-arrière-grand-père. Rose se tourna alors vers son compagnon.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Une peluche parlante. Elles font fureur au 51ème siècle. Gausapo — la société qui les produit — a inventé un puissant traducteur. Enfin, pas aussi puissant que mon TARDIS, mais très performant. Elles s'adaptent à la langue de leur propriétaire pour toujours répondre à ce qui leur est dit.
Et, comme pour le prouver, Sarah-Jane se mit à chanter une chanson, aussitôt suivie par le chien. Le Gallifréen se tourna alors vers Wilfried.
- J'ai apporté quelque chose pour Donna. Ça ne signifiera probablement rien pour elle, mais pour moi... Pour moi, ça veut dire beaucoup.
Et il avait sorti d'une de ses poches un exemplaire original de « Meurtre au Champagne » qu'il avait tendu au grand-père de son ancienne compagne. Rose comprit instantanément. Et elle serra tendrement la main de son compagnon.
- Et moi ? Je n'ai rien ?
Il lui sourit tendrement avant de répondre, mais ses yeux restaient tristes.
- Attend d'être revenue au TARDIS.
Elle n'avait pas complètement réussit à le détourner du souvenir de son aventure avec Donna. Heureusement, leur fille vint interrompre ce moment solennel en montrant fièrement sa peluche à tout le monde.
- Fluffy !
Cette interruption eu pour effet de sortir le Gallifréen de ses tristes pensées. Il prit Sarah-Jane sur ses genoux pour la reprendre gentiment.
- Non, Sarah. C'est un chien.
- Fluffy !
- Chien.
- Fluffy !
Le Docteur ne semblait pas comprendre ce que voulait dire la petite. Ce spectacle était hilarant, aussi Rose et Wilfried eurent bien du mal à se retenir de rire.
- Chi-en !
- Fluffy !
N'en pouvant plus, Rose vint au secours de son compagnon.
- Arrête !
- C'est important qu'elle sache ce que c'est !
- Docteur, elle a huit mois !
- Justement plus on apprend tôt, mieux c'est !
Cette fois, la jeune femme ne put se retenir d'éclater de rire.
- Quoi ?
- Docteur...
- Quoi ?
- Fluffy...
- Quoi ?
- C'est le nom que Sarah-Jane a donné à sa peluche.
Un peu vexé, le Docteur se tourna de nouveau vers Wilf. Rose s'était impunément moquée de lui et elle allait le payer.
- Wilfried, comment était Rose quand elle était petite ?
- Docteur, non !
Mais le Gallifréen ne tint pas compte de l'opposition de sa compagne. En souriant de manière espiègle à la jeune femme, il écouta religieusement ce que son ami avait à lui dire.
Ce n'est que tard dans la nuit qu'ils se séparèrent. Sarah-Jane avait fini par s'endormir dans les bras de son père, son Fluffy serré contre elle. Rose se leva du canapé et prit Sarah-Jane, permettant ainsi au Gallifréen de se lever à son tour. Il aurait très bien pu le faire en gardant Sarah-Jane, mais dès qu'il s'agissait de Rose ou de leur fille, il faisait montre de beaucoup plus de précautions.
- Tu veux de l'aide pour ranger grand-père ?
- Oh non ! Je ferais ça avec Donna demain.
Le Docteur posa son manteau sur les épaules de Rose, protégeant ainsi Sarah-Jane du froid extérieur et après avoir dit au revoir à Wilfried, ils sortirent.
Marchant lentement pour ne pas réveiller leur bébé, ils savourèrent ce parfum de fin de fête, serrés l'un contre l'autre, en silence. Rose commençait à se sentir fatiguée, fait un peu étonnant car depuis la naissance, ils avaient considérablement ralenti leur rythme de vie. Elle n'avait peut-être plus l'habitude de veiller aussi tard. Mais, une fois arrivée au TARDIS, elle se sentait vraiment au bord de l'épuisement. Comme si elle avait couru un marathon.
- Docteur ! Je... Je ne... me sens pas bien.
Celui-ci — qui ouvrait le TARDIS — eut juste le temps de se retourner et de rattraper Rose qui avait sombré dans l'inconscience. Depuis quelques minutes, il ressentait les mêmes symptômes que sa compagne mais comme à son habitude, il avait lutté pour ne pas se laisser envahir par eux tant qu'ils ne seraient pas en sécurité. Il s'appuya contre un des pans du vaisseau et se laissa glisser en douceur avant de perdre connaissance à son tour.
Ce n'est que plusieurs heures plus tard que le Docteur se réveilla. Et ce qu'il vit le terrifia. Près de lui gisaient son trench-coat et le Fluffy de Sarah-Jane, mais il n'y avait aucune trace de celle-ci ou de Rose. Dans l'air flottait une odeur étrange : un mélange de citron et de métal.
- Bêta 42 !
À la hâte, le Gallifréen ramassa le manteau et la peluche et se rua dans le vaisseau, pas vraiment conscient de ce qu'il faisait. Il devait protéger la famille de Rose. Le Docteur attrapa le téléphone et composa le numéro.
- Réponds ! Réponds ! Réponds ! Réponds !
Heureusement, ce fut Wilf qui décrocha.
- Allô ?
- Wilf, surtout ne laissez pas sortir Donna ! Barricadez portes et fenêtres et ne sortez que quand je vous le dirais ! Un gaz nocif a été libéré dans l'air.
- Par qui ?
- Je ne sais pas encore.
- Et Rose ? Et Sarah-Jane ?
Le Seigneur du Temps garda le silence, se demandant ce qu'il devait dire à son ami.
- Docteur ?
- Le gaz n'agit pas de la même manière sur les humains et sur les Seigneurs du Temps. Il vous pousse à l'auto-destruction alors qu'il nous endors quelques heures. Elles vont bien.
Ou tout du moins, c'est ce qu'il espérait au plus profond de lui-même.
- Wilf, je dois vous demander une dernière chose. Prévenez Martha et Luke pour moi.
Il donna les numéros au vieil homme et raccrocha pour se mettre au travail. Courant comme un fou autour de la console, il essaya d'allumer tous les détecteurs possibles. En vain. Chose étrange, le vaisseau semblait atteint. Le Docteur enclencha alors le système de purge du vaisseau. Mais rien ne lui répondit, pas le moindre souffle de vent, pas même un gémissement du TARDIS. Les envahisseurs n'avaient pas fait les choses à moitié. Ils avaient libéré une telle quantité de Bêta 42 qu'ils avaient réussit à paralyser le TARDIS. La quantité de gaz avait dû être libérée dans un laps de temps très court car le vaisseau n'avait pas pu se protéger de l'attaque en fermant le système de ventilation.
Ayant l'intime conviction que les envahisseurs et les kidnappeurs étaient les mêmes personnes, le Gallifréen sortit son tournevis sonique, prit soin de se couvrir le nez et la bouche avec un linge et partit à la recherche du lieu d'émission du gaz. Il s'agissait d'un endroit en hauteur pour pouvoir toucher un plus grand nombre de personnes.
Suivant la trace du Bêta 42, le Docteur progressait difficilement vers Wood Lane. De toute part, il était le témoin d'actes de vandalisme, d'émeutes et de vagues de suicides. Le monde était au bord du gouffre. S'il voulait sauver cette planète, il devait se dépêcher. L'onde émettrice venait du BBC Television Center. Et c'est dans la régie du studio 1 que le Docteur trouva le responsable de ce chaos. Un Blacko !
Originaires de Blacka et allergiques aux différents éléments non originaires de leur planète, les Blackos portent perpétuellement un grand manteau de laine — semblables à ceux portés lors de la Seconde Guerre Mondiale — ainsi qu'un casque qui leur sert aussi de respirateur.
Le visage fermé, tournevis sonique en avant, le Docteur s'avança derrière le Blacko. Celui-ci, occupé à réguler l'émission, n'avait pas fait attention au Gallifréen. Il devait savoir s'il détenait Rose et Sarah-Jane. Et pour cela, il fit appel à un petit subterfuge.
- Où est-elle ?
Surpris, l'extra-terrestre se retourna. La peur que lui inspirait son adversaire se lisait à la tension de son corps.
- Docteur ! Je vous rencontre enfin. Qu'est-ce qui vous fait croire que nous avons votre compagne et sa fille ?
- Vous ! Alors ? Où sont-elles ?
Le Blacko se détendit et adopta une attitude qui laissait deviner le sourire cruel né derrière le casque.
- Vous avez mis du temps à venir ici !
- Ne m'obligez pas à me répéter !
Le Blacko secoua la tête.
- Docteur, Docteur, Docteur ! Vous me décevez. Je vous imaginais plus ouvert.
Le Docteur ne répondit pas et s'intima plus de calme. Il était à deux doigts de désactiver le respirateur de cette vermine. Il n'hésiterait pas une seconde si cela pouvait lui ramener sa famille. Et dans ce but, il se mit à regarder autour de lui. Et ce qu'il vit le fit s'éloigner. Il était trop tard pour le Blacko.
- Vous auriez dû être plus vigilant !
Alerté, le Blacko tourna la tête. Il n'eut que le temps de voir les voyants passer au rouge. La console lumière explosa, détruisant le respirateur et tuant son propriétaire sur le champ.
Le Gallifréen se mit en mouvement. La production de gaz allait crescendo, menaçant dangereusement de faire exploser le bâtiment. Le plateau était bloqué. Stupides Blackos ! Jamais de solutions de secours ! Les projecteurs, tous allumés à leurs niveaux maximums, apportaient la chaleur nécessaire à la multiplication du gaz. La production était maintenue stable grâce à l'activation et la désactivation de différentes combinaisons de projecteurs. Le Bêta 42 était ensuite évacué grâce au système de ventilation. Mais avec la console lumière rendue hors-service, il était devenu impossible de contrôler correctement la production de gaz.
S'agitant en tous sens, le Docteur cherchait un moyen de stopper le processus. Cependant, le fait qu'un seul Blacko garde le studio le dérangeait énormément. Ils travaillaient toujours en patrouille, et là, il ne rencontrait qu'un seul d'entre eux. Cela n'augurait rien de bon.
OoOoOoOoOoOoOoOoOoO
Rose cligna des yeux. Le réveil était difficile. Luttant contre la fatigue qui l'assaillait encore, elle se leva. Elle se trouvait dans une pièce grise, presque aseptisée. Sa couche était une banquette de métal froid. Sarah-Jane ! Où était sa fille ? Comme si la petite avait lu dans les pensées de sa mère, elle gémit légèrement, elle aussi encore en proie au sommeil. Rose la trouva par terre au pied de sa banquette. Par terre ! Ils avaient osé la mettre par terre, comme un vulgaire sac de pommes de terre.
À peine dans les bras de la jeune femme, Sarah-Jane se mit à pleurer. Aussitôt la colère de Rose se mua en une farouche inquiétude. Et elle lut dans les yeux de sa fille une peur immense, ainsi qu'un questionnement intense ? Qu'allaient-elles devenir ? Où était le Docteur ? Se posant les mêmes questions, Rose fut gagnée par la même peur que sa fille. La compagne du Gallifréen connaissait ce genre de situation, elle l'avait vécut plusieurs fois. Mais Sarah ! Ils l'avait toujours tenue éloignée de ce genre d'incidents. Ce n'était en aucun cas la place d'une si jeune enfant. Elle apprendrait bien assez tôt les malheurs de l'Univers. Rose dut lutter pour ne rien montrer. Mais elle ne put duper la petite bien longtemps et malgré tous ses efforts pour la rassurer, Sarah-Jane ne cessa de pleurer. Se laissant gagner par la peine de sa fille, quelques larmes s'échappèrent des yeux de Rose. Elle serra son bébé contre elle, dans une tendre étreinte. Le temps sembla s'arrêter alors qu'elle lui parlait.
- Ne t'inquiètes pas. Ton papa viendra bientôt nous chercher, je te le promets. On peut toujours compter sur lui pour rétablir le cours des choses.
Et elle lui raconta son père : ses exploits, ses dilemmes, ses sentiments pour elles... Tout ce qui pouvait rassurer leur fille.
Soudain, la porte s'ouvrit avec fracas, laissant la place à trois Blackos. Le premier, dans la lumière de la cellule, faisait face à ses deux subalternes. L'un des deux tenait ce qui ressemblait à un fusil surmonté d'une caméra et le pointait sur le premier Blacko. Rose protégea Sarah-Jane et déglutit.
- Dépêche-toi Docteur !
OoOoOoOoOoOoOoOoOoO
Le Docteur venait d'arrêter la production de Bêta 42. Mais l'émission continuait. Aussitôt, aidé de son tournevis, il chercha où pouvait se trouver le second émetteur quand tous les écrans de la régie s'allumèrent. Dessus était apparue l'image d'un respirateur plus clair que les autres. Le chef des Blackos !
- Docteur !
On aurait dit qu'il s'adressait à un vieil ami, perdu de vue depuis longtemps. Le visage fermé, le Seigneur du Temps prit quelques secondes avant de répondre, le temps de trouver un micro en état de marche.
- Roi Kaltouk !
- Quel plaisir de vous voir sur le champ de bataille.
- Un plaisir non partagé.
- Vous n'êtes pas bavard aujourd'hui ! Où est passé votre verve habituelle ?
- ...
- Pas de réponse ? Non ? J'ai bien une petite idée. Laissez-moi vous l'expliquer. Comme vous vous en doutez, nous voulons faire de la Terre notre nouvelle colonie. Et pourquoi se salir les mains quand un peu de gaz rends tous ces humains fous ? Malheureusement, vous êtes toujours dans les parages. Donc, pour prendre cette planète, vous deviez être mis hors d'état de nuire. Et, quoi de mieux que ceci pour vous achever ?
Kaltouk sorti du champ de la caméra, révélant ainsi Rose, leur fille serrée contre elle. L'image tangua légèrement, comme si le cadreur avait vacillé. Le Gallifréen se demanda rapidement si ce n'était pas plutôt lui qui avait perdu l'équilibre sous le choc. La bouche du fusil au bas de l'image ne laissait planer aucun doute quant au sort de celles qu'il aimait.
- Non !
- Oh si, Docteur. Une humaine ! Vraiment, vous me décevez. Vous pourriez avoir tellement mieux. Quel est déjà ce dicton terrien ? Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas ? Enfin. Soldat...
- Attendez !
Ce cri avait été poussé simultanément par le Docteur et sa compagne. Mais le roi ne prêta attention qu'à la jeune femme.
- Une objection, humaine ?
- Quoi que vous vouliez faire, je vous en supplie ! Ne le faites pas devant ma fille. S'il vous plaît !
Un silence de quelques secondes s'ensuivit avant qu'un Blacko vienne prendre une Sarah-Jane en pleurs des bras de sa mère. Les cris de la petite étaient déchirants, et ils arrachèrent des larmes à ses parents. Celles de la jeune femme, semblèrent toucher légèrement Kaltouk.
- Je ne suis pas sans cœur.
Mais il balaya rapidement le maigre espoir qui aurait pu naitre dans les cœurs de Rose et de son compagnon.
- Avez-vous une dernière chose à dire ?
- Est-ce que le Docteur peut m'entendre ?
- Oui. Dépêchez-vous !
- Docteur, retrouve-la ! Retrouve Sarah-Jane ! Promets-le moi !
Rose regardait la caméra. Le Docteur savait qu'elle ne pourrait pas l'entendre, le haut-parleur se trouvant dans le casque des Blackos. Et il vit dans le regard de sa compagne qu'elle le savait aussi. Et, dans ces beaux yeux noisettes, il lut aussi quelque chose de très précieux pour lui. Il lui répondit.
- Je te le promet, Rose.
Et les kidnappeurs firent feu.
- Noooooonnnnnnnnn !
Le Docteur avait les yeux rivés sur l'écran le plus proche de lui. Il fixait le corps sans vie de Rose, refusant de croire ce qu'il voyait.
- La Terre est à nous maintenant !
Et les écrans s'éteignirent. Le Gallifréen s'affaissa sur ce qui restait des consoles, le souffle court. Jusqu'au bout, il avait espéré que ce ne serait qu'une menace. Jusqu'au bout, il avait espéré une régénération. Mais elle était partie !
- Rose !
Voilà. J'espère que ce chapitre vous a plu. On se retrouve la semaine prochaine pour la suite.
