Cette histoire se passe sur terre, quatre ans avant l'arrivée de l'âme Vagabonde, quiconque n'ayant pas lu le livre en entier n'y comprendrait rien. Il est empli de spoilers. Je préfère prévenir au cas où! Ici, dans les premiers chapitres, nulle trace de Mélanie, Jared, Ian… Vous n'y trouverez pas de personnages connus, enfin, pas au début! J'espère arriver suffisamment loin dans mon histoire pour parler de ces autres personnages de « The host »! Mais pour arriver là, il va me falloir de la patience et de l'inspiration. N'hésitez pas à m'envoyer des rewiews pour me faire part de vos critiques, positives ou négatives du moment qu'elles sont constructives! Vous ferez ici connaissance avec Rott, connu aussi sous le nom de Rôtit-les-fleurs-vivantes, une âme que l'on ne croise que quelques secondes à la fin du livre, dans le dernier chapitre! Voilà son histoire! Bonne lecture

Chapitre 1, Le premier souvenir:

Je sentais les pulsations sourdes de mon nouveau cœur. Je renaissais, enfin.

Étant donné les étranges sensations que ce corps me procurait je devinait aisément que j'avais quitté le monde du feu. Ma requête avait donc finalement été prise en compte.

J'attendis le dernier souvenir, qui serait également le premier de ma nouvelle vie. Les sédatifs n'agissaient plus, mon corps se réveillait douloureusement. J'essayais tant bien que mal d'appréhender le choc de ce souvenir, qui serait différent de tout ce que j'ai alors connu. On m'avait prévenu que la terre était une planète étrange, où les émotions des hôtes régissaient quasiment toute leur vie et leurs habitudes.

Si je m'était seulement attendu à ça…

Jusqu'ici je n'ai connu que le monde du feu, il était mon foyer et je n'imaginais pas que je le quitterai si tôt, après seulement trois cycles. Je sentis ma poitrine se soulever. Par réflexe mon corps aspirait une goulée d'air, entra dans mes poumons pour en ressortir avec force. Ce geste était étrange, voir même étranger… « Un soupir » semblait me dire mon corps. Je ne compris pas ce que cela signifiait, tout était tellement…Trop…

C'est alors que le souvenir me frappa sans crier gare!

Des couleurs bigarrées et des rires, des sons, des odeurs. Ces odeurs étaient perturbantes, elles n'avaient rien de commun avec celles que j'ai connu dans mes anciennes vies. Même chose pour les couleurs. Le spectre coloré était si large que j'avais du mal à distinguer les formes mouvantes autour de moi.

Je n'en peux plus, je suis épuisé! Je ne dois pas m'endormir au volant. Je suis parti si tard de la clinique ce soir, j'espère que Rachel ne m'a pas attendu pour dormir. Julia était étrange aujourd'hui, elle avait quelque chose de changé dans le regard. Elle est arrivée quand je partais au travail pour discuter avec Rachel, elle avait l'air pressée mais calme. Avions-nous oublié de la payer le dernier soir où elle avait gardé Ellen?

J'espère qu'elle n'est pas venue ennuyer Rachel avec ses histoires abracadabrantes sur les aliens.

Une bouffée d'inquiétude pressa mon cœur, c'était une sensation étrange. Une odeur familière emplit l'habitacle de la voiture. Une odeur de plante brûlée qui me piquait le nez. Le genre d'odeur que l'on pouvait sentir sur le monde du feu. Une « cigarette ». Quelle horreur… Un cauchemar, NON! Je n'avais pas quitté cette vie pour ça! La fumée pénétra dans mes poumons, occultant tout le reste. Une douleur sourde transperça mon cerveau, un rejet profond de ce que je venais de devenir, ou de redevenir…

Enfin, je suis arrivé. Le vélo de Julia est encore là, on dirait qu'elles ont discuté toute la soirée, Rachel n'était donc pas couchée? Ce n'était pas très raisonnable, elle travaillait tôt demain.

Non, quelque chose cloche. Une sensation de panique m'envahit.

Mon premier réflexe a été de me diriger vers la chambre d'Ellen, mû par l'inquiétude. Dieu merci, tout va bien! Elle dormait à poings fermés.

Mais où était donc Rachel? Et Julia, j'avait bien vu son vélo dans l'allée?

« Curt! Tu es rentré? »

« Bonsoir Julia, comment vas-tu? Désolé pour tout à l'heure, je devais vraiment filer au boulot très vite, où est Rachel? »

« Pas de problème, Je passais juste faire un brin de causette, viens, elle est dans le salon »

Pas normal… Tout ça n'était pas normal du tout. Julia n'était pas du tout le genre de fille sociable à venir « faire la causette ». C'était une fille bien, un peu bizarre dès fois avec ses théories du complot extra-terrestre et sa dégaine de hard rockeuse, mais c'était une merveilleuse baby-sitter!

« Tu viens? »

Elle m'attendait toujours sur le seuil de la chambre du bébé. Un éclat étrange brillait dans son regard, une différence sur laquelle je n'arrivais pas à mettre le doigt.

Je la suivis, méfiant, et remarquait une cicatrice que je n'avais jamais vue, dans sa nuque. Une cicatrice très fine qui ne devrait pas se trouver là! Je connaissais Julia depuis le berceau, c'était ma nièce après tout! Mon frère était plus vieux que moi et avait eu Julia à 16 ans. Je n'avais que 10 ans de plus qu'elle et l'avait vu grandir. Quand j'étais parti faire mes études d'infirmier anesthésiste elle s'était réjouie, c'était bien la seule! Mes parents m'avait quasiment coupé les vivres lorsque j'ai abandonné mes études de médecine en première année. Une cicatrice à cet endroit ce n'est pas banal! Ce ne peut être un accident, elle était bien trop fine. On croirait simplement un coup de scalpel. Comme pour une opération. Je ne comprenais plus rien mais je commençais sérieusement à stresser.

Une bouffée d'angoisse me fit sortir du souvenir. Je ressentais sa peur, les mains moites, une boule dans la gorge. Une inquiétude profonde pour Rachel. Puis soudain, un mur. Comme si une conscience me bloquait. Ou tout du moins, tentait de me bloquer. Je n'eu aucun mal à réduire à néant ces réminiscences de conscience de mon hôte. C'était étrange, inédit, mais pas insurmontable.

« Curt? Ça va? »

« Oui, oui, excuse-moi! Je suis crevé… Je dors debout »

Elle me fait un sourire si adorable que je suis soudainement convaincu que je délire. Depuis combien de temps n'ai-je pas dormi plus de 4 heures d'affilée? C'est sûr je suis juste claqué!

Je lui emboîte le pas, en direction du salon.

Elle me laisse entrer le premier, je passe la tête par l'encadrure de la porte et vois ma Rachel, l'amour de ma vie, le visage serein, profondément endormie sur le canapé. Je ne pus retenir mon sourire quand je m'approchais pour caresser son visage et déposer un baiser sur ses paupières.

Soudain, je sentis une odeur agréable, mentholée et très puissante. J'inspirais profondément en me demandant d'où cela pouvait bien provenir. Mais c'était si doux que je me sentis partir d'un seul coup. Je m'endormais comme un bébé, serrant ma Rachel dans mes bras.

Pendant que je glissais dans l'oubli, je pensais à ces êtres si chers à mon cœur. Où plutôt au sien. Je n'en savais trop rien en fait, ces émotions étaient tellement étranges. Je voyais ce visage si doux à la peau claire. Ses yeux en amande avaient une teinte noisette avec des éclats dorés, ses cheveux blonds cendrés étaient fins et souples et encadraient un visage digne d'un tableau de Botticelli. C'était ma douce, ma dulcinée. Je revis le sourire de ma petite princesse, Ellen. Encore si fragile… Mon bébé avait dix mois. Dix mois de bonheur et de rire!

C'était vraiment étrange, la façon dont les êtres humains perpétuaient leur espèce. Inattendu était le mot exact. Je n'aurai jamais imaginé qu'il existait de telles créatures. Leurs petits étaient d'une fragilité déconcertante, était-ce pour cela que les parents avaient un tel besoin de contact et un tel instinct de protection? Pendant que je réfléchissais à tout ça, j'entendais des voix tout autour de moi. Ma conscience s'éveillait. Mon insertion avait été parfaite, je ressentais tous mes muscles. Mon cœur battait vigoureusement.

« Il se réveille »

« Ah, parfait! Les sédatifs sont donc dissipés »

« Comment s'appelle-t-il déjà? »

« Il vient du monde du feu, attendez, je regarde le registre des insertions du jour »

« Rôtit-les-fleurs-vivantes » Répondis-je doucement, soudain révulsé par ce nom que je n'aimais pas.