Up to no good ?

Disclaimer :les personnages ne nous appartiennent (malheureusement ) pas, et sont la propriété de J.K. Rowling….

Attention : cette histoire contient du yaoi, ou slash, selon l'appellation !

Chapitre 1 : Une affaire de chaussettes…

« Allez, dis-le moi, Remus. Que s'est-il passé au juste lors de la 189ème révolte des Gobelins ?
- Mais puisque je me tue à te répéter que je n'en sais rien ! Au cas où tu ne l'aurais pas compris, cette leçon a eu lieu lorsque j'étais chez ma grand-mère…
Mais Sirius fit la moue, apparemment peu convaincu par ces explications. Il se rapprocha du loup-garou et posa ses mains sur les pages de l'ouvrage de sa victime, l'empêchant désormais de se livrer à toute autre activité que celle de le regarder.
- Laisse-moi lire, Sirius.
- Et le devoir de Binns ? On est censé le lui rendre demain- et cette fois-ci, on ne pourra pas s'en tirer avec une simple retenue si jamais on le 'perd' malencontreusement…
- Depuis quand as-tu peur du prof d'Histoire de la Magie ? Qu'est-ce que tu crains, qu'il te donne des coups de bâton ? lui lança-t-il d'un ton où la moquerie perçait.
- Pff… et James dit que tu es perspicace ! Binns est un fantôme, mon petit loup. Il ne peut donc pas tenir de fouet…
- J'avais parlé de bâton, mais apparemment, ton inconscient s'est exprimé pour toi. D'autres fantasmes de ce genre ? continua-t-il avec un sourire.
Loin de se démonter, Black fit mine de réfléchir un instant.
- Pas dans l'immédiat, mais je te préviendrai dès que ce sera le cas. Car figure-toi que c'est plutôt une figure inverse qui s'impose à mon esprit en ce moment : McGonagall rouge écarlate et échevelée en train de m'incendier pour un énième non-respect à la discipline scolaire…
- Echevelée ? Tu rigoles, même nos pires bêtises -et vous en avez fait de belles avec James- n'ont jamais causé un seul remous dans son impeccable coiffure. Alors pour faire se dresser ses cheveux sur sa tête, tu devras employer toute ton idiotie, Padfoot… Ce n'est pas un seul devoir bâclé sur les Gobelins qui y parviendra- d'autant plus que personne n'écoute jamais rien en cours d'Histoire !
- Sauf toi, Moony, fit le garçon en espérant l'attendrir.
Remus soupira. A chaque cours du fantôme, il luttait contre l'envie de faire tout autre chose, comme ses camarades, pour s'accrocher au monotone monologue du professeur. Sa bonne conscience et la responsabilité de prendre le cours pour quatre le tenaient de prendre assidûment des notes. Seulement, une fois par mois, il devait s'absenter. Bien entendu, il avait déjà évoqué le fait que ses camarades pourraient le relayer pendant ce laps de temps, mais c'était peine perdue. Il avait pratiquement convaincu Peter quand Padfoot et Prongs étaient arrivé en éclatant de rire à la simple idée de se concentrer en cours d'histoire, et Wormtail comme souvent s'était laissé influencer.
- Très bien, si tu ne veux pas m'aider… »
Sirius se releva d'un bond et s'éloigna en lui tournant le dos. Il y avait des limites auxquelles sa fierté de Black ne pouvait s'abaisser- supplier quelqu'un en faisait partie.
Comme si de rien n'était, Remus se replongea dans son livre.

BOUM ! Le vacarme qui retentit leur fit lever la tête vers James qui venait de pulvériser la porte, suivi de près par Peter.
« Les gars ! J'ai marqué tout plein de buts à l'entraînement de Quidditch et – écoutez bien ça– quand je suis rentré tout content avec les membres de l'équipe dans la Salle Commune, Evans m'a abordé !
Remus et Sirius échangèrent un regard exaspéré, leur différend instantanément oublié.
- Et que t'a-t-elle dit au juste, Prongs ? s'enquit Sirius sans même cacher son amusement, que son meilleur ami ne sembla toutefois pas noter.
- Et bien… Bon, elle m'a dit que je n'étais qu'un abruti égocentrique, narcissique et mégalomane, mais… Le point important, c'est que c'est elle qui est venue me parler ! reprit-il, absolument pas découragé par l'air accablé qu'arboraient ses deux comparses en face de lui.
- N'est-ce pas, Peter ? demanda-t-il en cherchant un peu de soutien.
Celui-ci approuva de la tête mais tout autre que James aurait pu voir qu'il partageait plutôt l'avis du reste des Maraudeurs. Prongs était sans aucun doute un garçon formidable, mais en ce qui concernait- de près ou de loin – Lily Evans, son cas était complètement désespéré.

Quelques minutes et une douche plus tard, l'enthousiasme du Poursuiveur de Gryffondor s'était un tant soit peu calmé. Il consulta son agenda, quand-
« Argh ! On a un devoir d'Histoire de la Magie pour demain ! gémit-il. Et Sirius, tu te rappelles de ce que McGonagall va nous faire subir si on n'y travaille pas sérieusement…
- Le seul fait d'y penser suffit à transformer mes rêves en cauchemars, grimaça celui-ci.
- Remuuuus, viens à notre secouuuuuurs ! implora James en s'agenouillant devant lui pour ajouter à la comédie. Son orgueil à lui, autrefois digne de rivaliser avec celui de Sirius, s'était désormais habitué à être rabaissé : après tout, il se faisait insulter copieusement quasi-quotidiennement par celle dont il était amoureux…
- Je- n'ai-pas-le-cours ! énonça le préfet pour la douzième fois de l'après-midi. Le prof en a parlé quand je…
Il n'eut pas besoin de finir sa phrase que James s'écriait déjà :
- Aux grands maux, les grands remèdes !
Ses amis le regardèrent. Ce trop-plein d'énergie de présageait rien de bon…
- Nous allons voler le cahier d'Evans !
Silence. James, apparemment très fier de son idée, regardait ses trois amis, espérant sans doute qu'ils se lèveraient en l'acclamant « Ouais, Prongs ! Super idée ! » Mais ce n'était pas le cas. Sirius, comme à son habitude, arborait un sourire quelque peu ironique, Remus, le sourcil levé, fixait James d'un air dubitatif, quant à Peter… eh bien en réalité son visage n'exprimait rien de particulier- rien qui aurait pu réjouir James quant à son plan tout du moins.
James était un peu déçu de l'effet que son idée, aussi vile, diabolique et pleine d'arrière-pensées soit-elle, avait eu sur ses compagnons.
- Allez les gars ! supplia-t-il en se laissant tomber à côté de Remus qui s'était replongé dans son livre. Lily est la personne idéale ! Elle prend toujours ses cours….En plus,je suis sûr qu'au fond, elle m'adore ! Elle a juste peur de se l'avouer. Elle est venue me parler aujourd'hui, je vous l'ai dit, non ?...
Remus laissa échapper un soupir sans prendre la peine de lever les yeux de son manuscrit.
Sirius avait néanmoins l'air plutôt tenté par le projet. Après tout, chaque occasion de faire un mauvais coup à n'importe lequel de ses camarades était bonne à prendre, surtout si ça concernait cette Evans qui rendait depuis deux ans son meilleur ami totalement idiot.

Finalement, Peter intervint d'une voix timide :
- Et comment comptes-tu t'y prendre ?...
James réfléchit quelques instants.
- Eh bien… Bon, je pense que si je lui demande, elle ne voudra pas me le prêter…
- Non, tu crois ? laissa échapper innocemment Remus, toujours plongé dans son ouvrage.
- C'est pourquoi..
James laissa monter le suspens, amusé de voir que Peter le regardait avec une certaine fascination.
Mais avant qu'il ait pu énoncer son idée, Sirius le devança, occasion pour lui de vanter une fois de plus ses atouts physiques.
- Je la séduirai avec mon charme légendaire, souffla-t-il langoureusement en passant une main dans sa chevelure tant convoitée.
Remus, la tête toujours dans son bouquin, eut un léger sourire.
Mais James, qui apparemment prenait cette affaire très au sérieux, afficha une mine contrariée.
- Mais non ! – Il soupira - Pff…vous avez pas compris ! Et Sirius, arrête ! protesta-t-il , car son ami continuait ses mimiques grotesques, paradant entre les tables d'une démarche exagérée, sous l'œil admiratif d'un groupe de jeunes filles de cinquième année qui l'observaient en pouffant, et auquel il ne fit même pas attention. Il finit cependant par arrêter son petit manège, feignant d'écouter le plan de James.
- Bon, reprit ce dernier, un petit sourire satisfait aux lèvres. Voilà mon idée…

Intéressé, Remus leva les yeux de son livre et se pencha pour mieux entendre son ami. Les Maraudeurs complotaient une fois de plus dans l'idée de monter un sale plan. Rien de bon en perspective pour les élèves de Poudlard…
En quelques mots, Prongs exposa son projet à ses camarades qui hochèrent la tête. Remus soupira. Un cours, pensait-il. Il lui suffisait de manquer un tout petit cours et il se retrouvait une fois de plus dans une situation compromettante qui lui faisait risquer une retenue. Et tout ça parce que ces feignants refusaient de prendre des notes pendant une petite heure dans le mois…Quoiqu'il en soit, trop attaché à cette bande de joyeux bougres, ses meilleurs amis, il les suivait toujours. A la vie à la mort. Et puis finalement, c'était quand même bien amusant…
D'un air faussement innocent qui ne présageait rien de bon, les quatre comparses sortirent de la Bibliothèque et se ruèrent vers la Salle Commune de leur Maison.

Une fois le mot de passe annoncé, ils localisèrent leur victime. Lily Evans, longs cheveux flamboyants et yeux vert émeraude, était assise au fond d'un fauteuil moelleux devant la cheminée, entourée de son éternel clan de copines.
A sa vue, James changea d'expression. Un sourire béat qui lui donnait un air stupide apparut sur ses lèvres, et il semblait à ses amis qu'il allait tomber en extase ici et maintenant, en plein milieu de la salle. Sirius lui donna un coup de coude.
- Eh, reprends-toi, mon vieux ! Notre survie en dépend !
James sembla recouvrer ses esprits. Même si, lorsqu'ils passèrent en vitesse devant leur proie pour rejoindre leur dortoir, il se mit à la fixer bêtement. Celle-ci ne le remarqua même pas, trop occupée à rire avec ses amis.
- N'est-elle pas magnifique, souffla-t-il alors que les trois autres tentaient de le tirer pour le faire avancer.
- Si si, splendide, fit Remus en le poussant dans les escaliers. Maintenant, avance !
Ils se retrouvèrent dans leur dortoir, vide en ce début de soirée. Peter paraissait inquiet.
- Vite, répétait-il. On n'a plus beaucoup de temps…Le dîner a lieu dans vingt minutes…
L'ignorant, James prit tout son temps pour sortir la cape d'invisibilité de sous son lit. Il la tendit à Sirius.
- Tiens, dit-il. Vas-y avec Remus, pendant ce temps, on va faire diversion avec Peter.
Les deux intéressés s'enveloppèrent dans la cape, tandis que James, accompagné par Peter, descendait les escaliers en chantonnant. Arrivés en bas, ils se ruèrent littéralement sur Lily, qui eut l'air particulièrement ravie de les voir.
- Encore toi, Potter, siffla-t-elle. Je croyais pourtant qu'on s'était dit tout ce qu'on avait à se dire cet après-midi.
- Lily chérie, voyons…la reprit James d'un ton abominablement doucereux et pas vexé pour deux sous. Je sais que ce que tu m'as dit n'égalait en rien le fond de ta pensée…
Lily soupira, l'air très agacée.
- Ecoute, Potter, je n'ai strictement rien à te dire. Tu sais très bien ce que je pense de toi et quoi que tu puisses en dire, ma parole et mon esprit sont en parfaite concordance, merci bien. Alors je ne te le répèterai pas deux fois : dégage !
Sur ce, elle lui tourna le dos et reprit le fil de sa conversation, comme si rien ne s'était passé.

Dans le dortoir, en haut des marches, les deux autres Maraudeurs attendaient. Il fallait que James et Peter aient réussi à éloigner Lily suffisamment pour qu'elle n'ait pas soudainement l'idée de monter chercher ses affaires.
- Bon, ils se dépêchent, oui ? s'impatientait Sirius. Je commence à avoir sacrément chaud là-dessous… On pourrait y aller, là, non ? Y'a peu de chances pour qu'Evans monte dans son dortoir…
D'un geste, Remus le fit taire. Il tendit l'oreille : la voix de Lily semblait s'éloigner. James avait-il réussi à la convaincre d'aller faire un petit tour avec lui ?
Remus sentait le souffle chaud de Sirius dans sa nuque, décidément très près.
- Bon, on y va, lança-t-il.
Avec le plus de précautions possibles, ils descendirent les escaliers du dortoir des garçons. Bien leur en prit : trois Gryffondors avaient justement décidé d'y monter à ce moment-là. Le plus dur restait à traverser la Salle Commune bondée pour accéder, de l'autre côté, au dortoir des filles. D'autant plus qu'être deux sous la cape d'invisibilité nécessitait des manœuvres parfaitement étudiées. Aussi, à plusieurs reprises, Sirius prit de plein fouet son ami qui s'arrêtait brusquement pour laisser passer des hordes de première et de deuxième années. En traversant le dortoir, ils aperçurent les amies de Lily, mais aucune trace de cette dernière, ni de James. Peter, quant à lui, était posté en bas de l'escalier menant au dortoir des filles, plongé pour de faux dans la contemplation de gravures de son manuel d'histoire, prêt à donner l'alerte si quelqu'un s'approchait d'un peu trop près pendant que ses deux complices accomplissaient leur part du travail.

Une fois arrivés à destination, les deux Maraudeurs retirèrent leur cape et commencèrent par contempler les lieux.
- C'est quand même étrange qu'en sept ans, ce soit la première fois qu'on se retrouve dans le dortoir des filles… s'étonna Sirius. C'est vrai, d'habitude c'est plutôt elles qui viennent nous voir, ajouta-t-il d'un ton blasé.
- Bon, assez discuté, le coupa Remus. Trouvons le sac d'Evans, son cahier d'Histoire de la Magie et redescendons. Normalement, on devrait – enfin, je devrais –avoir fini notre devoir avant la fin du dîner, juste le temps de remettre le cahier à sa place.
- Et hop, continua Sirius, qui fouillait sans se gêner dans les divers sacs. Ni vu ni connu ! Dis donc, c'est fou ce qu'il y a comme trucs inintéressant là-dedans, reprit-il en examinant les valises qui traînaient. Tiens, regarde-moi ça, fit-il en extirpant un bout de parchemin de sous le lit le plus proche. ça appartient à Ambroisia Pallenberg…
Son visage changea brusquement d'expression.
- Oh oh, tu vas pas le croire, Lup'…
Un petit sourire sur les lèvres, il se mit à lire.
- « Mon cher Remus. Je ne sais pas trop comment te le dire, mais bon, je ne vas pas y aller par quatre chemins… » -ouah, quel style ! ricana-t-il.
Remus leva la tête, surpris. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais Sirius fut plus rapide.
- « Je t'aime et c'est tout. »
Remus devint soudain écarlate.
- Hé, c'est tout ce qui est écrit, continua Black, une magnifique lettre d'amour, un peu rapide certes… Il sourit et retourna le papier.
- Rien d'autre… Je me demande si elle comptait te le la donner un jour.
Il jeta un rapide coup d'œil à son ami qui fouillait frénétiquement dans les sacs, son teint d'ordinaire très pâle à présent plus rouge que rouge.
« C'est quoi, cette réaction, pensa Sirius. Pourquoi est-il si gêné ? Ce n'est pas la première fois qu'une fille lui écrit une lettre d'amour… » Son visage s'assombrit soudainement. Non, il ne serait quand même pas tombé amoureux de cette Pallenberg, une greluche blonde de septième année à qui il avait dû parler trois fois en tout et pour tout…Ce n'était tout de même pas son genre de fille…
Sirius grimaça. L'idée de Remus au bras d'Ambroisia s'installa dans son esprit et sincèrement, il détestait cette vision.

- Je l'ai ! cria Remus dont le visage avait à présent retrouvé sa teinte habituelle. Il brandissait plusieurs rouleaux de parchemin.
- 189ème révolte des Gobelins, Sirius, énonça-t-il en parcourant les notes de Lily.
- Attends ! l'interrompit Sirius qui avait soudain une idée diabolique. C'est le sac d'Evans ?...
Remus hocha la tête.
- Oui, son sac, sa valise, son lit. Ses affaires, quoi.
Un sourire mesquin apparut sur les lèvres de Black.
- Je crois bien que j'ai une idée… On va la faire enrager.
Remus ne put s'empêcher de sourire. Quand Sirius faisait cette tête, on pouvait toujours prévoir le pire.
Padfoot se pencha vers le tiroir de la table de nuit de la Préfète, qu'il avait déjà ouvert. Il en retira des stylos en tous genres –qui avaient un goût de bonbon, qui faisaient de la musique, ou encore rendaient l'écriture lumineuse –et s'empara de quelques cours d'Histoire de la Magie.
- Qu'est-ce que tu comptes faire ? l'interrogea Remus qui commençait à se demander où tout cela allait mener.
- Oh, rien de bien méchant ! Seulement faire avouer à Evans son attirance incommensurable pour notre Prongs national !
- Et comment comptes-tu t'y prendre ?
- Voyons, Remus… je vais agir dans les règles de l'art ! Ne me ferais-tu pas confiance ? compléta-t-il avec un sourire que son ami ne connaissait que trop bien.
- Absolument pas. Alors ?
- Eh bien, nous allons tout simplement écrire la confession de cette chère Lily !
- Nous ? Parce que je suis censé participer ?
- Si tu veux que ce soit plus élaboré que le genre de l'autre, là, oui ! ricana-t-il. Mais son rire sonnait faux aux oreilles exercées du loup-garou…

Déjà, il avait saisi une feuille de parchemin et s'appliquait à orner les marges des cours soigneux de petits cœurs pailletés. « I love Jaaaaaaames ! » minauda-t-il alors que Remus lui jetait des regards catastrophés.
- Qu'est-ce que tu espères ? Qu'en admirant ton œuvre d'art elle se rende compte de ses sentiments refoulés et coure lui faire sa déclaration ?
- Par exemple… Mais si ses camarades de dortoir tombent dessus, ce ne serait pas si mal…
Son interlocuteur fronça les sourcils.
- ça n'a pas l'air de te plaire, Moony ?
S'amusant de cette désapprobation, Sirius continua de plus belle :
- Maintenant, on passe aux choses sérieuses ! Allez, une envolée lyrique digne des pires poètes romantiques !
- Sirius, le menaça Remus.
- Quoi ? fit-il, jouant les ingénus.
- Arrête de faire l'innocent. Donne-moi ça, exigea-t-il.
- J'aime bien t'entendre donner des ordres, tu sais ? pouffa Padfoot dans une de ses imitations favorites.
- Je suis très sérieux, reprit Remus, que son attitude commençait à énerver.
Très vif, il se pencha et récupéra et récupéra le fameux papier. Il sortit sa baguette et prononça la formule qui convenait pour effacer les fioritures de Sirius.
- ça ne marche pas ! s'énerva-t-il. Ces fichus stylos sont indélébiles, ou quoi ?
- Ha ha ! triompha Sirius.
Le loup-garou lui jeta un regard méfiant.
- C'est toi qui les as ensorcelés ?
Pour toute réponse, Padfoot lui adressa un sourire énigmatique. Moony en conclut qu'il n'y étai pour rien : Sirius était bien trop fier de ses mauvais coups pour ne pas s'en réclamer…
- Hé, qu'est-ce que c'est que ça ?
- Inutile, Padfoot. Tu ne toucheras plus à ce parchemin.
Mais Sirius semblait s'être pris d'un intérêt véritable pour le parquet –plus précisément celui sous le lit de Lily. Cependant, il ne put résister à la provocation de Moony : il se redressa d'un bond, tira sur la feuille que celui-ci maintenait toujours fermement. Un court instant, le regard agacé du premier croisa celui, défiant, de l'autre, avant que ce qui devait arriver n'arrive : la 189ème révolte des Gobelins fut soumise à une grave rupture. La tension rompue, ils furent secoués par un fou rire que même Remus ne put retenir.

- Viens voir ça, lui lança Sirius avec un clin d'œil.
Il s'agenouilla de nouveau, invitant Moony à faire de même, et regarda sous le lit de la Préfète. La curiosité ayant raison de lui, Remus l'imita : sous son nez s'étalait une magnifique collection de… chaussettes !
- Au moins, on peut dire que ça lu fait déjà un point commun avec James, s'amusa Sirius.
- Enfin, Prongs jette ses chaussettes sales sous son lit, c'est encore autre chose ! fit remarquer Remus.
Leur débat ne put se poursuivre : des bruits de pas et de voix se faisaient entendre de plus en plus distinctement…Déjà à moitié sous le lit, ils rampèrent pour se retrouver complètement cachés, quand le loup-garou se rendit compte qu'ils avaient laissé la cape d'invisibilité à portée de tous. En deux secondes et demie, il effectua un retour en arrière pour sauver le vêtement, ainsi que leurs propres têtes, car James y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Il n'eut le temps que de s'aplatir sur le sol, que la porte du dortoir s'ouvrit. Se tortillant pour se dissimuler le plus discrètement possible, il entra en collision avec le genou, le coude ou, quelque autre partie peu confortable de l'anatomie de Sirius.
Comme électrocuté, il stoppa net sa progression en entendant la voix de Lily qui avait tout l'air de se diriger vers son lit, duquel dépassaient encore ses jambes… Mais des exclamations en tous genres fusèrent de part et d'autre : visiblement, les filles venaient de remarquer qu'ils n'avaient pas remis leurs affaires exactement en ordre…Il profita de ce contretemps pour essayer de replier ses genoux, mais se heurta à un pied du lit. Cette fois-ci, il ne put réprimer un « Aïe ! », qui ne fut audible que pour l'autre occupant de dessous le lit.
- Qu'est-ce qu'il y a ? chuchota ce dernier.
- Rien, c'est juste que je me suis coincé et qu'Evans ou une des filles va nous repérer d'une minute à l'autre !
Il sentit les mains de Sirius l'attraper sous les bras et l'attirer vers lui. Il faisait vraiment chaud, sous ce lit, songea-t-il alors qu'il se retrouva collé tout contre Sirius, sûrement à cause de toutes ces chaussettes, ça faisait monter la température…D'ailleurs, de l'air chaud soufflait même tout près de lui. Sur sa joue, précisément. Evans avait-elle installé la clim' pour ses bien-aimées ?
Il tourna la tête, échappant à la proximité du visage de Sirius. Ce dernier observa le mouvement de Moony, et se prit à souhaiter qu'il n'en fut rien. Qu'il ne se soit pas détourné, qu'il reste près de lui… Il réalisa alors qu'aucune distance ne les séparait plus : si leurs bras s'étaient détachés, le reste de leurs corps, côte à côte, se touchaient un peu plus qu'il n'en fallait pour troubler le jeune homme. (Sortez les violons ) Gêné, il roula sur le côté.
La chaleur qui colorait les joues de Remus se dissipa un peu lorsque celle que lui procurait la présence de Padfoot s'éloigna. Heureusement pour lui, Evans n'avait tout de même pas pensé que ses chaussettes risquaient d'avoir peur du noir, et seuls les sens particulièrement développés du loup-garou lui permettaient de distinguer clairement ce qui l'entourait : le sol jonché de chaussettes, et à l'autre bout du lit, Sirius…

Au-dessus d'eux, les filles faisaient un raffût pas possible : on avait osé entrer dans leur dortoir à leur insu, il fallait de toute urgence prévenir McGonagall, Dumbledore, le Ministre de la Magie…
- C'est sans doutes Peeves, émit la voix que Remus reconnut comme étant celle d'Ambroisia.
« Mais non, idiote, Peeves est un esprit frappeur… »
Lily exprima tout haut sa pensée, l' « idiote » en moins.
- Nous n'avons qu'à fouiller partout, nous tomberons bien sur un indice, suggéra-t-elle.
Argh ! N'aurait-elle pas pu être dotée de la vivacité de Pallenberg ?
A côté de lui, Sirius ne réagissait pas. Une envie incontrôlable s'empara de lui, et il décida que, puisqu'ils étaient cuits, autant s'amuser un peu…Sans faire de bruit, il se rapprocha de Padfoot qui lui tournait le dos. Réprimant un sourire, il le pinça à la taille, espérant lui arracher un cri de surprise. Mais s'il y en eut un, personne ne put l'entendre : une dispute de premier ordre venait d'éclater au-dessus de leurs têtes.

- Et pourquoi ce serait toujours toi qui devrais tout commander, hein ? Ce n'est pas parce que tu es Préfète que tu peux te permettre d'être aussi autoritaire !
- Ce n'est pas la peine de s'énerver… ripostait la voix de Lily.
- C'est toi qui dis ça ? reprit une autre. La spécialiste des Hurlements-sur-Potter ? ça m'étonne qu'il lui reste encore des décibels !
- Il en a plus que vous de neurones !
Cette fois-ci, elle ne ménageait plus sa voix.
- J'essayais juste de faire une proposition un tant soit peu intelligente, pour changer !
Ses douces paroles furent suivies d'un violent claquement de porte, et les restantes se chamaillèrent encore pendant quelques instants, avant de prendre le même chemin, soit pour aller chercher Lily, soit pour courir avertir les autorités de l'effraction qui venait d'être commise. Soulagés, Remus et Sirius s'extirpèrent de sous le lit et se débarrassèrent des chaussettes superflues.
- Je me vengerai pour ça une prochaine fois, promit Sirius avec un sourire inquiétant.
- Dans l'immédiat, je propose qu'on s'éclipse avant qu'elles ne reviennent avec tout le Ministère de la Magie…
Remus ramassa la cape d'invisibilité de James et poussa du pied les chaussettes qu'ils avaient dérangées sous le lit de la jeune fille. Sirius paraissait légèrement réticent.
- Bon, on y va, s'impatienta Remus en rassemblant les deux moitiés de cours de Lily –ils pouvaient toujours s'en sortir avec ça pour leur devoir. Sirius !
Mais Sirius ne bougeait pas. Il avait l'air de réfléchir intensément.
- Sirius ! s'écria Remus qui semblait à bout de nerfs.
Il leva enfin la tête.
-Ouais, on y va, marmonna-t-il. Mais juste avant…
D'un coup de baguette accompagné de la formule adéquate, il remit toutes les affaires éparpillées à leurs emplacements originaux.
- Voilà ! annonça-t-il d'un ton satisfait. Le ménage est fait ! Allons-y…
Ils descendirent les marches le plus discrètement possible. En arrivant au bas des escaliers, il se recouvrirent de la cape, histoire que tous les élèves de la Salle Commune ne les voient pas sortir comme des fleurs du dortoir des filles, dortoir que venaient de quitter d'une humeur effroyable Lily Evans et ses amies…

Par chance, la salle était vide : tous les élèves étaient partis dîner. Rapidement, ils se faufilèrent jusqu'en haut des escalier situés à l'autre bout de la pièce. Enfin arrivés à bon port, ils trouvèrent James et Peter assis sur le lit de Sirius, l'air légèrement inquiet. Ils se débarrassèrent de la cape et, à leur vue, le visage des deux autres s'éclaira.
- Enfin, vous vous décidez à vous montrer ! soupira James. Vous étiez passés où ?
Sirius et Remus échangèrent un regard interrogateur.
- Ben, on était dans le dortoir des filles… commença Remus. Où est-ce qu'on aurait pu être ? C'était bien ton plan, non ?
James se leva. Son visage affichait un air d'exaspération la plus totale.
- Oh, c'est bon ! Arrêtez de me prendre pour un imbécile ! Vous pouvez le dire, que notre plan a échoué ! Rabaissez votre orgueil un peu, tous les deux ! – Il secoua la tête – Remus, je crois que Sirius a une très mauvaise influence sur toi !
Sirius ne releva même pas cette basse attaque, trop ébahi pour dire quoi que ce soit.
- Mais qu'est-ce que tu racontes, James ? balbutia Remus.
James le regarda d'un œil noir.
- Mais enfin, vous savez aussi bien que moi que le dortoir est totalement inaccessible aux garçons ! C'est impossible que vous soyiez passé !
- Inaccessible ? … répéta Remus, incrédule.
- C'est vrai, ajouta Peter. Quand les filles sont montées, on croyait que vous étiez encore en haut, alors avec James, on a voulu les suivre, pour les retenir. Mais on n'a pas pu aller plus loin que la deuxième marche… L'escalier nous a rejetés !
- Par conséquent, déclara James, toujours en colère, vous n'y étiez pas ! Pourquoi vous voulez pas l'avouer ?!
Devant l'incompréhensible agressivité de son meilleur ami, Sirius explosa :
- Mais enfin, qu'est-ce que vous avez tous les deux ?! On y était, dans le dortoir des filles ! Et on l'a, votre fichu cours ! Tenez !
Il arracha le parchemin des mains de Remus, qui venait de le sortir de sa poche.
- Là, vous voyez ! continua-t-il en brandissant les deux moitiés de parchemin sous le nez ébahi de James et Peter.

Chacun attrapa un morceau et le parcourut.
- C'est bien le cours, souffla Peter.
- Mais… commença James qui semblait avoir perdu l'usage de la parole (chose rare, on en conviendra.) C'est impossible…Je veux dire, vous êtes pas des filles…
- En effet, dit très calmement Remus en leur reprenant le cours des mains.
Il sortit sa baguette magique et prononça une formule, aussitôt, les deux morceaux se recollèrent.
- La seule explication, continua-t-il toujours aussi posément, mais sans pourtant avoir l'air convaincu, c'est la cape d'invisibilité…
Sirius, dont l'accès de colère était visiblement retombé, l'interrompit.
- Non, c'est impossible, la cape nous cache peut-être aux yeux des humains, mais elle n'est pas invisible aux sortilèges…
Il lança un regard malicieux à ses camarades, avant de continuer.
- En fait, Prongs et Wormtail se sont fait rejeter parce qu'ils avaient –il leur adressa un clin d'œil amusé –des intentions particulièrement malveillantes…Si vous voyez ce que je veux dire…
Les deux intéressés s'empourprèrent.
- C'est faux ! se défendit Peter. Tout ce qu'on voulait, c'était empêcher les filles de vous voir, et par conséquent, de nous faire prendre !
Remus et Sirius échangèrent un regard qui signifiait clairement « Cherche des excuses, mon petit, on ne te croit pas ! », qui ne visait qu'à provoquer leurs deux camarades.
James semblait réfléchir. Peut-être que cette théorie n'était pas si fausse…Après tout, l'association Evans + dortoir donnait un résultat qui ne lui déplaisait pas tant que ça…
- Mais elles vous ont pas vu, là-haut ? demanda-t-il, recouvrant soudainement ses esprits. Vous aviez la cape, j'espère ?
- Et vous avez pas laissé d'indices non plus ? s'inquiéta Peter. Si McGonagall apprend que vous êtes montés, je donne pas cher de votre vie…
- Merci Wormtail, ça fait plaisir de voir que tu nous soutiens, répondit ironiquement Sirius. Mais ne vous inquiétez pas, on n'a rien laissé traîner, et même sans l'aide de la cape, on s'est débrouillés pour ne pas être vus…
- Comment vous avez fait ? s'enquit James.
Sirius et Remus échangèrent un regard.
- ça, murmura Sirius d'un air mystérieux, c'est un secret entre nous et le dortoir des filles…

Remus leva les yeux au ciel, mais James et Peter remarquèrent qu'il souriait. James ouvrit la bouche pour parler mais resta en suspension pendant quelques secondes. Il venait de poser les yeux sur le parchemin recollé que Remus tenait toujours dans ses mains.
- Là… bredouilla-t-il. Il arracha la feuille des mains de son ami, qui n'eut même pas le temps de réagir.
- Regardez ! s'écria-t-il. Elle m'aime, j'en ai la preuve !
En effet, et ils ne s'en rendirent compte qu'à l'instant même, la feuille était remplie de petits cœurs de toutes les couleurs, avec le prénom de James écrit un peu partout et les initiales J et L entrelacées.
- Elle m'aime vraiment !
James jubilait et serrait la feuille contre son cœur.
Remus jeta un regard lourd de reproches à Sirius, qui haussa les épaules et alla s'asseoir sur son lit, l'air franchement pas désolé.
- Je peux te parler, Padfoot, énonça Remus d'un ton effroyablement calme.
Ce dernier se leva en soupirant.
James, plongé dans la contemplation du chef d'œuvre de Sirius, ne s'aperçut même pas que les deux autres s'étaient éloignés, et Peter pouvait à peine bouger, coincé par James qui l'assommait de commentaires plein d'émoi.

- Enfin, Sirius, tu ne t'étais pas rendu compte que c'était le cours dont on avait besoin ?
lui chuchota Remus en l'attrapant par le bras.
- Eh ! se défendit le jeune homme sans prendre la peine de baisser la voix. Je te signale que toi non plus, tu ne l'avais pas remarqué !
Remus lui fit signe de baisser le ton, mais James ne les entendait même pas au milieu de ses déblatérations romantiques.
- En plus, même sans ça, continua Sirius, James était persuadé qu'Evans s'intéressait à lui, alors…ça ne change pas grand-chose, finalement …
Remus ne paraissait pas du tout convaincu.
- Et puis, c'est pas de ma faute si les stylos étaient ensorcelés !
Tout Sirius, ça, pensa Remus. Jamais sa faute, toujours celle des autres. Il ne se rendit pas tout de suite compte que cette pensée l'avait fait sourire, chose qui lui faisait perdre toute crédibilité. Vite, il chassa ce trait de son visage et se remit à fixer dans les yeux Sirius qui continuait, d'une voix plaintive, à défendre sa cause.
- De toutes façons, le mal est fait ! assurait-il .Et on n'y peut plus rien. En plus, là, en l'occurrence, c'est Peter qui a droit aux longues tirades romantiques, alors, de quoi on se plaint ?...
Sirius avait toujours le dernier mot. Il avait l'art de transformer toute mésaventure à son avantage ! Bientôt, il lui dirait que c'était en fait une très bonne chose… Remus tourna la tête et observa James. Si on était dans un dessin animé, on verrait plein de petits cœurs autour de lui. Peter, résigné, avait sorti un livre et ne prétendait même plus l'écouter.
- Regarde comme il a l'air heureux, grâce à nous, sourit Sirius en le prenant par les épaules.
On devrait être fiers de nous, non ?
Remus secoua la tête. Il connaissait Padfoot et ses méthodes par cœur. Raison pour laquelle il ne se laisserait pas embobiner. Cette fois-ci, il en allait de la santé mentale de Prongs –quoique leur ami étai déjà tellement atteint qu'il n'y avait sans doute plus grand-chose à faire pour lui. Alors, pourquoi désirait-il plus que tout contrecarrer la volonté de Sirius ?
- Non, répliqua-t-il fermement. Quand tu agis de manière aussi irréfléchie, tu pourrais au moins admettre que tu as tort.
Le ton froid de « son » Moony s'insuffla en Sirius, lui procurant une sensation plus que désagréable.
A la vue de son air choqué, Remus comprit qu'il avait obtenu ce qu'il cherchait.
- Mais un Black a toujours raison, c'est ça ? le provoqua-t-il encore.
Prêt à démarrer au quart de tout devant cette accusation qui touchait à un sujet épineux, Sirius nota alors la point d'amusement qui teintait la voix de Moony.
- Toujours, répondit-il en un écho moqueur, qui, à son plus grand plaisir, acheva d'étirer le sourire qui se profilait sur les lèvres du loup-garou.