UPDATE 25 mai 2015 : Hello par ici !

Je viens terminer cette fiction, commencée il y a un bout de temps déjà. Celle-ci mêle school-fic, science-fiction, amitié et romance (bah oui un peu quand même !) avec différents pairings - pas de gros suspense là-dessus, ce sont des pairings classiques. Elle a une particularité : le point de vue change à chaque chapitre, dans un ordre pensé ! A vous de deviner de qui il s'agit - mais la réponse est rapidement donnée ;)

Dernière chose : cette fic fera environ dix chapitres. Enjoy !

« Vous n'auriez pas du feu, m'dame ? »

La passante, aussi pressée que tous les autres, fronça ses sourcils un peu trop épilés puis me tendit un briquet sans un mot. Je m'affairai alors à allumer ma cigarette puis lui rendis son bien, en marmonnant un vague « merci ». L'inconnue repartit aussi vite qu'elle était arrivée.

« C'est ça. Maintenant cours bosser comme une tarée pour rembourser le crédit de ta nouvelle Mercedes… » Je reniflai de dédain et une quinte de toux m'échappa. Il était encore très tôt et une brume opaque sortit de ma bouche, mêlant fumée et souffle matinal. L'avenue où j'étais garé était encore silencieuse mais non moins chargée. Des voitures pressées d'un côté, des passants pressés de l'autre tout un tas de trouffions pressés, pressés, pressés, qui font la gueule en partant au boulot et qui continuent de faire la gueule en revenant. Et moi ? Je ne tirais pas encore une tronche de quatre kilomètres de long comme mes confrères, mais ça n'allait pas tarder. La journée n'avait pas encore tout à fait commencé, à vrai dire. J'étais toujours adossé à la portière grise de la grosse berline coréenne qui me servait d'outil de travail. Il faisait frais et le ciel n'était pas encore totalement sorti de son obscurité. Les lumières de l'aube nous étaient cachées par des buildings flambants neufs, aux vitres parfaitement propres, contrastant sombrement avec les miteux immeubles réaménagés en chambres de bonne au loyer exorbitant.

Je jetai un œil à mon téléphone portable. Il était sept heures. J'entamai un énième soupir de lassitude qui fut rapidement coupé par un autre, de surprise cette fois, accompagné d'un sursaut.

« Bon sang ! » jurai-je à l'énergumène déguisé qui se tenait devant moi enfin, je supposai qu'il était déguisé. On ne croise pas des hommes portant un masque orangé avec un seul trou, un long manteau noir et de grosses Rangers noires à tous les coins de rue. Restait à savoir ce que cet accoutrement était censé représenter, mais ce n'était pas le plus important et j'aurai tout le loisir d'y réfléchir durant les heures creuses. Cet inconnu, aussi étrange qu'il fût, était tout d'abord un client potentiel.

« Vous êtes de service ? me demanda-t-il.

— Bien sûr. Où dois-je vous conduire ?

— A Nindo High School. »

Je décollai lourdement mon postérieur de la portière et ouvris cette dernière à l'étrange passager. Après avoir jeté avec regrets ma cigarette inachevée sur le trottoir, je montai à mon tour dans mon taxi et démarrai.

« Attendez. »

L'inconnu ouvrit lui-même sa portière et interpella quelqu'un dans la rue. C'était un jeune homme au visage blafard et à la coiffure visiblement aléatoire probablement un étudiant qui, malgré sa grande taille et son teint déjà malade, ne devait pas avoir plus de seize ou dix-sept ans. Le garçon, inexpressif et silencieux, jeta son sac à dos à l'arrière du taxi et monta à son tour. L'homme masqué adressa un signe à mon reflet dans le rétroviseur, me faisant comprendre qu'on pouvait désormais y aller.

La voix du nouvel arrivant confirmait mon hypothèse malgré un timbre grave, sa voix restait aussi claire et juvénile que celle d'un adolescent.

« Alors comme ça, c'est le grand jour ? demandait-il à l'homme bizarre.

— Effectivement. Tu n'acceptes toujours pas mon marché ?

— On en a déjà parlé. Je ne l'accepterai ni le déclinerai à aucun moment. Sois déjà satisfait que je ne te mette aucun bâton dans les roues et que je garde le silence là-dessus.

— Tu parles, ricana l'homme. Si tu n'y avais aucun intérêt, je me demande si ton discours serait le même. Quoi que tu fasses et quoi qu'il t'arrive, ta bonne et niaise conscience ne te quittera jamais. »

Il y a des matins comme ça.

Le garçon soupira et détourna son visage vers les paysages gris et laids défilant par la fenêtre. Je reportai mon attention sur la route et eus un sourire en coin. Voilà une des raisons pour lesquelles je n'abandonnerai jamais mon métier, même s'il m'épuise, m'emmerde et ne me rapporte finalement pas grand-chose.

Il y a des matins comme ça, où l'on n'a aucune idée de l'identité réelle des personnes à l'arrière de notre caisse. Des gens normaux, des gens étranges. Des gens malheureux. D'autres trop heureux. Des personnes respectables, et des voyous. Des histoires invraisemblables ont pris part sur cette banquette arrière le temps d'un trajet et la chose extraordinaire, fascinante, malsaine, c'est qu'on ne sait pas qui a fait quoi. Qui est qui. Je ne sais pas pourquoi, mais j'adore cette idée. C'est très excitant, pour un quinqua qui n'a rien foutu d'autre de sa pauvre vie que de conduire pour d'autres.

Et en l'occurrence, ce jour-là, je transportais probablement l'un des plus grands criminels – mais aussi génie – de notre siècle, et je n'en avais pas la moindre idée. C'est terriblement excitant.