17 AOUT 2038 / 8H / MAISON BAKER

Les rideaux de satin s'étaient écartés, laissant les rayons du soleil matinal illuminaientt la chambre. La lumière dévoila alors des murs vêtues d'un papier peint luxueux, ainsi qu'un lit a l'allure tout aussi somptueuse. Sous une épaisse couverture rouge, on pouvait distinguer les traits d'une silhouette féminine : ma propriétaire. Son visage fin et délicat était complètement écrasé contre son oreiller, celle-ci dormait a poings fermés. A pas lent et léger, je me dirigeai vers elle, puis posai l'une de mes mains sur son épaule.

« Madame Baker? Dis-je d'une voix douce.

- Hmmm.. Gémissa-t-elle, bon sang, mais il est quel heure ?

- L'heure a laquelle vous m'avez demander de vous reveiller hier, madame, 8h. »

Elle soupira et resta quelques secondes immobiles avant de daigner se lever. Son corps aux courbes si fines qu'elles révélaient ses côtes quasiment à la perfection, n'étaient cachés que par une nuisette en dentelle aussi noire que sa peau.

« Tu as bien préparé ce que je t'ai demandé pour le petit-déjeuner ? Demanda t-elle.

- Oui, madame. Une salade caesar, comme demandé. Mais vous savez bien que les médecins en pensent...

- Oui, oui. »

D'un signe de mains, elle balaya mes avertissements et partit en direction de son immense penderie qui renfermé tout un tas de tenue traduisant richesse mais, également, un goût irréfutable pour la sobriété. Ses mains délicate parcouraient chaque vêtements, quant aux miennes, elles étaient dans mon dos. Je patientait, j'attendais un nouvel ordre, qui ne tardait pas a se manifesté :

« Descend me préparer une scène quelconque, s'il te plaît.

- Bien madame. »

Immédiatement, je quittai la chambre majestueuse de ma propriétaire pour rejoindre l'escalier principale. Un escalier immense, mélangeant modernité mais aussi un style néo-classique parfaitement maîtrisé. Arriver au sein du salon, qui restait fidèle au reste de la maison, je me dirigeai vers un aquarium géant : celui-ci occupé un mur tout entier. Ma main, d'apparence humaine, se posa sur le verre transparent : suite a son contact, ma peau artificielle disparu, et laissa place a ce que l'on pourrait appeler une peau d'androïde. Un métal blanc, aussi blanc que la neige, parsemés de quelques lignes indiquant l'emplacement de mes articulations. L'aquarium se scinda alors en deux, puis s'enfonça dans le mur jusqu'à un certain point. Un parc a l'herbe verte émeraudes et aux fleurs multicolores, traversé par une rivière a l'eau aussi pur qu'une âme d'enfant, dominée par un pont en bois, se dressa alors face à moi. L'ambiance sonore était douce et apaisante, composé du chant des oiseaux et de celui de l'eau. Je traversai le pont, pour venir me retrouver auprès d'un grand sakuraï. Je vins tapé dans mes deux mains : le décor poétique qui m'entourait disparu immédiatement, pour laisser place une pièce blanche, dépourvu de toute décoration. Ma voix vint alors brisé ce silence :

« Décor : Rue de Détroit »

Suite a ma demande, la pièce blanche disparu a nouveau et se fit remplacé par une rue encore tâchée par la pluie. Les chants d'oiseaux laissa place aux roues des voitures écrasant le bitume.

« Merci bien, Owen. Interrompit madame Baker, qui tenait sa salade dans ses mains. Tu as pensé a désactivé la pluie ?

- Pluie : Désactivé. »

Une voix artificielle provenant d'enceinte dissimulait a la perfection, répéta ce que je venais de dire. Madame Baker me sourit alors vaguement, avant d'aller s'asseoir sur l'un des trottoirs de la pièce. Elle commença a dégusté son modeste repas. Au bout de sa deuxième bouchée, elle jeta son bol de salade sur la route avant de tapé dans ses mains, faisant disparaître la rue. Elle se leva brusquement et quitta la pièce.

« Dois-je nettoyer, madame ? Demandai-je

- Oui, s'il te plaît. »

Je m'approchai donc du bol, et commençait a ramassé les restes d'aliment sur le sol. C'est alors qu'un son de piano, aux notes graves et pesantes, se mit a sonner dans la totalité de la demeure : Madame Baker. J'avais pu observer que lorsqu'elle celle-ci ressentait des sentiments tel que la tristesse ou la colère, elle n'arrivait en rien a les contrôler ni a les faire ressortir. Seul son piano et ses notes l'aidaient a s'exprimer réellement. Elle m'avait un jour confier que son rôle d'actrice, bien que plaisant, n'avait en rien était son véritable rêve. Non, elle, son objectif, son vrai, c'était d'être pianiste. Elle ne m'a jamais expliquée pourquoi elle n'y était jamais parvenue...

Je partis dans la cuisine, et accomplit mon objectif. Je vins ensuite rejoindre Madame Baker, qui continuait de jouer des notes graves mais pourtant si apaisante. Je restai là, a côté de son piano, les mains dans le dos, attendant un ordre. Elle joua ainsi pendant quelques minutes, avant de finaliser avec la note la plus grave de l'instrument.

« Quelque chose vous a vexée ? Ai-je mal préparé votre petit-déjeuner ? Questionnai-je.

- Je sais que je peux me montrer fortement capricieuse, mais de là a piqué une crise pour une salade... »

Elle termina sa phrase avec un léger sourire. Son visage affichait rarement une autre expression que celle d'une femme fatiguée, aussi bien physiquement que mentalement.

« Je vais certainement mourir. »

Je la regardai un instant. La led qui était sur ma tempe, habituellement bleu, devenu jaune. Ceci traduisait un signe d'incompréhension : je ne comprenais pas le principe de mort. Madame Baker m'avait auparavant vaguement expliquée, lors du décès de son mari... Une disparition de l'individu, entre autres.

« Les médecins ont conclu hier soir, que mon anorexie viendrait a ma fin d'ici deux ou trois jours. »

Ma led redevenu bleu.

« Je ne suis pas triste de mourir, tu sais ? A vrai dire je m'en contre-fou complètement. Non, ce qui me met en rogne, c'est que je ne serais pas là pour voir ce que tu vas devenir.

- Qu'entendais vous par là ?

- Cela fait peu de temps que je t'ai chez moi, sous ma garde. Au début, j'étais réticente, je pense que tu t'en souviens... »

En effet, les premiers jours qui suivirent mon arrivée, madame Baker ne cessait de m'ignorer. Elle s'occupait de tout elle-même, malgré mes nombreuses propositions, au moins pour l'aider. Petit a petit, elle avait fini par céder, elle me laissait l'aider dans ses tâches, puis me laissa les réalisé moi-même.

« Je trouvais vraiment que les androïdes étaient un moyen malsain de nous rendre complètement assisté, incapable de tout faire de nous-même. Et c'est encore ce que je pense ! Mais... elle s'arrêta un instant, pencha légèrement la tête sur le côté tout en m'observant. C'est sûrement bête de ma part, mais je commençai a m'attacher a toi. »

Jaune. A nouveau. « S'attachait a moi » ? Qu'est-ce qu'elle voulait dire par là ?

« Peut-être que demain, je ne me réveillerais pas, et d'après ce que j'ai compris, reprit-elle, il y a de fortes chances. Elle marqua une pause avant de reprendre, certaines personnes pensent que les androïdes seraient capable de prendre conscience, de devenir comme nous. Je suis assez septique sur cette théorie mais... pourquoi pas ? Peut-être qu'un jour, tu deviendra vivant, et que tu voudra être ton propre maître. »

Elle se leva doucement, et s'approcha de moi. Elle fût contrainte de lever la tête pour pouvoir me regarder.

« Si une révolution arrive, j'espère de tout cœur que tu lutteras pour ta liberté. »

Suite a quoi, elle s'en alla, reparti dans sa chambre.