Auteur : Maeglin Surion

Disclaimer : les personnages et leur univers relèvent de Thomas Harris et Brian Fuller. Et, non, je ne tire aucun profit de ce que j'écris, si ce n'est la satisfaction que vous me procurer en me laissant des reviews !

Rating : M.

Pairing principal : Hannigram (Hannibal Lecter x Will Graham).

Avertissement : ce qui se passe dans cette fic peut éventuellement heurter la sensibilité des personnes... sensibles, justement. Alors si cette phrase vous inquiète, vous êtes libres de faire demi-tour ! Avant qu'il ne soit trop tard mouahahaha (`∀´)Ψ


Explications/contexte : cette fic consiste en des saisons 2 et 3 alternatives. Elle est mon gros projet du moment ; je prévois pour elle une quarantaine de chapitres.

Si vous n'avez pas vu l'intégralité de la série, je vous déconseille de lire cette fic. Sauf bien sûr si vous n'avez rien contre les spoilers.

L'histoire se situe donc pendant la série, après la sortie de prison de Will Graham et la reprise de sa thérapie avec le Dr. Lecter. Grosso modo après l'épisode deux de la saison six. J'avoue avoir pris quelques toutes petites libertés chronologiques par rapport à la série. Vraiment minuscules.

Il est aussi important de préciser que, dans cette fic, le Dr. Lecter possède la même particularité que dans les livres, à savoir une polydactylie postaxiale homogène à la main gauche. Pour faire plus simple, Hannibal a 6 doigts à la main gauche (dont un majeur surnuméraire) et 5 à la droite.

Enfin, par rapport aux Reviews anonymes ("Guest"/sans compte sur ffnet) : sachez que je vous remercie grandement de prendre le temps de me laisser un petit mot sans être inscrits sur le site ! Malheureusement, fanfictionNet ne me permet pas de vous répondre. MAIS si jamais vous avez une question primordiale (haha, on sait jamais), sachez que Balliamo est également publiée sur Archive of Our Own (vous m'y trouverez sous le pseudo de Maeglin_Surion) et, là-bas, vous pouvez laisser votre adresse mail dans le champ des commentaires, ce qui fait que je peux vous répondre ! (si c'est pas merveilleux).

Voilà, c'est tout, je vous souhaite une bonne lecture.


I

Ballare con Il Mostro

« Je crois que ce pauvre clavecin n'a jamais autant souffert que depuis que j'y ai posé les mains, déclara Will avec une grimace amusée.

― Je vous assure qu'il a connu pire. » le rassura le Dr. Lecter en prenant place à côté de lui.

Peu convaincu, eu égard au talent certain d'Hannibal Lecter pour la musique, Will Graham lui fit un peu de place.

On ne pouvait pas dire qu'il aimait particulièrement la grande musique – ou du moins, il ne la comprenait pas comme lui pouvait la comprendre – mais il adorait le son cristallin de cet instrument. Sauf quand c'étaient ses propres doigts qui malmenaient les touches.

Avec patience, le médecin avança une main et pressa quatre touches successivement. D'abord lentement, puis avec plus de rythme.

« Essayez donc cela. »

La main rude de Graham l'imita avec une certaine raideur qui disparut progressivement à mesure qu'il s'habituait au geste devenu fluide. Sincèrement heureux du résultat, il leva un regard enthousiaste vers son psychiatre qui sourit. A son tour, celui-ci rejoua son air, l'agrémentant agréablement d'autres accords qui se liaient avec élégance dans l'air parfumé aux effluves de cèdre du Liban.

Hypnotisé par les mouvements souples des mains d'Hannibal qui imposaient un rythme entraînant au clavier de l'ancien instrument, Will mit un peu de temps à reconnaître l'air qu'il avait tenté de jouer : un concerto pour violoncelle en si mineur d'Antonin Dvorak. Il s'était endormi dessus la veille, sur son canapé. C'eut été extrêmement présomptueux de sa part de tenter de le transcrire au clavecin…

« Pourriez-vous jouer pour moi ? » demanda-t-il au Dr. Lecter lorsqu'il eut terminé.

Le concerné ne répondit pas mais sourit en inclinant la tête. D'une caresse légère sur l'ivoire des vieilles touches, il replaça ses mains et rendit vie à l'un des premiers airs d'un célèbre compositeur autrichien.

Les yeux clos, le professeur se surpris à en apprécier le tempo, bougeant inconsciemment la tête pour le marquer.

Satisfait de l'effet produit sur son patient, le docteur l'observait du coin de l'œil. Au départ, il avait été fortement intéressé par la propension extraordinaire qu'avait Will Graham à l'empathie. C'était pour lui l'occasion rêvée de s'amuser un peu, de voir jusqu'où il pouvait exercer un contrôle, tout en détournant adroitement le FBI de ses propres arrières.

Mais, depuis un certain temps, Will était beaucoup plus présent dans sa vie. Hannibal se doutait que le professeur avait quelque chose en tête, mais il devait bien reconnaître que cette proximité nouvelle n'était pas pour lui déplaire.

Il sentait naître en lui une affection profonde pour Graham. Quelque chose qui ne faisait que croître et contre laquelle il n'avait pas le cœur de lutter. Il n'était plus un simple jouet, mais devenait pour lui quelqu'un d'un extraordinaire magnétisme.

Peut-être Will Graham avait-il décidé de miser sur le jeu de la séduction pour le charmer, abattre ses défenses et le pousser à la confession par excès de confiance. Lecter envisageait sérieusement cette possibilité ; le changement dans le comportement du professeur à son égard avait été bien trop soudain pour ne pas lui mettre la puce à l'oreille.

Toutefois, il existe des limites, même dans ce que l'on serait prêt à accomplir pour confondre l'un des tueurs en série les plus prolifiques et dangereux au monde. Du moins, nous étions en droit de le supposer.

Son intense réflexion ne transparaissait aucunement sur sa façon de jouer. A ses côtés, le professeur avait les yeux perdus dans le vague, un petit sourire discret accroché aux coins des lèvres. Lorsqu'il s'arrêta, les orbes azurs vinrent rencontrer ceux couleur de terre d'Hannibal Lecter.

« C'était superbe. »

Flatté, le Dr. Lecter hocha la tête.

« C'était l'Allegro en si bémol majeur que Mozart a composé alors qu'il n'avait que six ans. Un air plein de fraîcheur, ne trouvez-vous pas, Will ? »

Bercé par la voix douce du psychiatre, le professeur acquiesça.

« Si, ça a un côté innocent et enfantin très agréable à l'oreille. »

Hannibal Lecter eut un sourire. Will Graham aussi.

Cela faisait maintenant plusieurs semaines qu'il se rapprochait de cet homme éminemment dangereux, l'Éventreur de Chesapeake, Il Mostro ou qui sait quel autre nom on lui avait déjà donné. Seulement, plus il se rapprochait de lui, plus il avait envie de le connaître.

Il sentait se refermer sur lui les bois noirs de cette créature mi-cerf mi-corbeau qui hantait ses cauchemars. Il savait qu'il n'y avait qu'avec Hannibal Lecter qu'il se sentait pleinement lui-même, et c'était une chose qui le terrifiait. Lui qui avait toujours cru en la justice, il se sentait aujourd'hui plus proche que jamais d'un tueur en série impitoyable et cannibale.

Paradoxalement, cette impression qui l'horrifiait faisait également naître en lui quelque chose de plus tenace, de plus profond. Will était véritablement fasciné par cet homme qui menait l'art jusque dans ses meurtres et sa façon excessivement effrontée d'en servir les victimes au FBI et à lui-même…

L'idée même de consommer un autre être humain l'avait toujours profondément écœurée. Il devait cependant reconnaître qu'il n'y avait vu que du feu. Aujourd'hui, encore, il ne pouvait affirmer avec certitude que tel ou tel plat était de telle ou telle origine. Et il y avait un détail, dans la victimologie du docteur Lecter, qui l'empêchait de se sentir coupable lorsqu'il partageait son repas.

Il émergea lentement de sa réflexion et se rendit compte que le psychiatre s'était remis à jouer. Un air plus doux, conçu cette fois pour un clavecin, avec une mélodie baroque qui mettait de bonne humeur.

Constatant qu'il était ressorti des méandres de son esprit, Lecter demanda, sans cesser de jouer :

« Comment vous sentez-vous, Will ?

― Étonnement bien. » répondit-il en toute sincérité.

Un regard en coin lui répondit. Graham commençait à se dire que son nouvel ami voyait clair dans son jeu depuis le début… mais c'était extrêmement tentant de pousser le vice au plus loin. Cette fois-ci, la raison avait bien du mal à l'en empêcher.

Aventureux, il se risqua à reproduire les mouvements du criminel sur les notes à sa portée, mais sa maladresse poussa Hannibal à intervenir. Il saisit la main gauche de Will avec autorité et plaça la sienne par-dessus, chaque doigt sur son homologue, le sixième refermé vers la paume du professeur. Surpris mais nullement intimidé, celui-ci se laissa faire. Avec douceur mais fermeté, Lecter les fit presser une série de touches.

« Comme ça. Allons, détendez-vous, Will. La musique est un plaisir qui se savoure et non une épreuve. »

Obéissant, le concerné relâcha ses doigts davantage habitués aux travaux manuels qu'à la douceur et se laissa mener par ceux, bien plus légers, de son professeur de musique improvisé.

Étant lui-même peu enclin aux contacts physiques, il n'avait jamais cherché à se rapprocher autant d'Hannibal Lecter.

Il se souvenait cependant parfaitement de la caresse de ses mains puissantes sur son visage alors qu'il l'examinait lorsqu'il était en pleine crise d'encéphalite. Il ne niait pas qu'il avait apprécié le contact, au contraire, il en était parfaitement conscient.

Comme il ne niait pas avoir eu parfois de furieuses envies de meurtre. Et comme il ne niait pas avoir grandement apprécié celui de Garrett Jacob Hobbs et qu'il rêvait de recommencer, de ressentir à nouveau cette sensation de puissance. Avec Hannibal, il n'avait pas à le nier.

Bercé par la caresse chaude de la main de l'Éventreur qui ne quittait pas la sienne, il se laissa légèrement aller contre lui.

Surpris, Hannibal s'arrêta et chercha à établir un contact visuel.

« Tout va bien, Will ? »

Le concerné ne répondit pas immédiatement. Il releva la tête et arrima son regard au sien, sans vraiment s'éloigner de lui, puis sourit.

« Extrêmement bien, docteur Lecter. »

Un nouveau sourire suivit sa phrase, un sourire sincère, avec de jolis plis aux coins des yeux pourtant impénétrables.

Will ignorait si le cannibale jouait seulement son jeu pour mieux le piéger ou s'il y avait une part de sincérité dans leur relation. Sans avoir pu arriver à une réponse convenable, il se pencha imperceptiblement vers le visage slave, les yeux mi-clos.

Ceux d'Hannibal Lecter demeuraient insondables mais il vit les paupières commencer de les enfermer tandis que s'inclinait encore la tête d'Il Mostro.

Enhardi, Will unit ses lèvres mal rasées à celles si peu mouvantes du psychiatre.

Le baiser, d'abord quelque peu prude, se prolongea avec lenteur et passion, entraînant leurs langues dans une valse enivrante.

Emportés par leur baiser, ils cherchèrent à se faire face sur l'étroit banc d'acajou et Graham s'agrippa au visage de Lecter en réajustant sa posture. Les mains du médecin vinrent l'enserrer sensuellement et caresser ses flancs.

L'étreinte se poursuivit plusieurs minutes. Quand l'un rompait le baiser, l'autre se saisissait à nouveau de ses lèvres. Lorsque enfin, ils se séparèrent, Will posa sa main sur le torse d'Hannibal, à la base du cou, et sentit quelque chose qu'il n'aurait jamais cru sentir.

Il avait depuis longtemps constaté que le tueur possédait un contrôle absolu de son corps, mais aujourd'hui, son cœur battait fort dans sa poitrine et Will Graham le percevait très bien. Ce simple détail lui permis de penser que s'il y avait la moindre once de sincérité dans leurs rapports, elle était là, en cet instant.

Il sourit, sincèrement, et vit le cannibale le lui rendre promptement. Se levant, le professeur attira le psychiatre à lui et reprit possession de ses lèvres dans un discret gémissement.

En cet instant, il ignorait totalement s'il serait encore en vie le lendemain. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il avait envie de lui avec trop de force pour se permettre de l'ignorer.

Au fond de lui, la voix de sa conscience lui criait que c'était pure folie, mais il ne l'écoutait pas. Il n'en avait aucune envie.

Le goût piquant de l'interdit l'émoustillait au plus haut point et il se précipitait aveuglément dans les bras de l'Éventreur.

Celui-ci l'entraîna vers sa chambre tandis que les mains avides du consultant déboutonnaient la chemise de soie pour révéler et caresser des pectoraux bien dessinés.

A présent, peu importait à Will de savoir ce qu'il adviendrait le lendemain. Ce soir, il se donnerait tout entier à celui qu'il cherchait tant à confondre, et tant pis pour ce qu'il lui arriverait à cause de ça. Ce soir, il était prêt à tout, même à danser avec le monstre.


Ce premier chapitre est aussi une réponse au défi de la Nuit du FoF de juillet sur le thème « Si » que j'ai choisi d'utiliser ici comme étant à la fois la conjonction et la note de musique. Le but du jeu était d'écrire une fic sur un thème donné pendant un temps limité (une heure). Si jamais vous avez la moindre question, n'hésitez pas à m'envoyer un MP.


Le titre "Dansons", comme ceux des chapitres sont en italien. Le premier, "Danse avec le monstre", rappelle le surnom que la police de Florence a donné à Lecter et le jeu dangereux auquel joue Will Graham avec lui. Si vous avez du mal à comprendre les autres, les traducteurs/dictionnaires sont vos meilleurs amis dans cette épreuve x)

J'espère que cela vous a plu.

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !

Au plaisir d'échanger avec vous.

Maeglin