Disclaimer : Evidemment, le monde de Surpernatural n'est pas à moi.
Note : J'ai voulu tenter d'écrire une sorte « d'histoire d'amour » concernant le Diable, parce que tout le monde a besoin d'affection après tout. J'espère que vous apprécierez. Bonne lecture !
Alice était une étudiante de 21 ans en première année de Master de droit privé. Son rêve était de devenir juge. Ses études lui prenaient le plus clair de son temps, et elle savait qu'une fois qu'elles seraient terminées, ce serait son travail qui lui en prendrait encore plus. Ceci dit, elle n'en avait que faire. En effet, Alice était plutôt du genre à regarder un bon film enroulée dans une couverture plutôt que d'aller faire la fête, alors passer son temps dans ses revues juridiques ne la dérangeait pas. Sa passion pour la justice l'avait d'ailleurs détournée du business familial : la chasse. Ses parents étaient effectivement des chasseurs.
Il fut un temps où ils étaient très réputés dans le milieu, mais suite à la mort de son grand frère Peter – qu'elle n'avait même pas eu le temps de connaître d'ailleurs, ses parents avaient mis un frein à leur « carrière ». Aussi se contentaient-ils maintenant des affaires qui se passaient dans un périmètre limité autour de leur ville, et ça suffisait amplement à l'étudiante. Malgré cela, la mort de leur fils les avait beaucoup affectés, et les rapports avec leur fille s'en étaient trouvés altérés. De peur qu'il n'arrive la même chose à Alice, ses parents préféraient qu'elles restent dans la ville où elle étudiait, et ils prétendaient dorénavant n'avoir plus de fille. Celle-ci comprenait leur paranoïa, c'est pourquoi elle faisait tout pour ne pas les inquiéter et leur donnait régulièrement des nouvelles.
La juriste n'avait que très rarement eu à exorciser un démon dans sa vie. A dire vrai, seulement deux s'étaient présentés à elle pendant sa licence. La paranoïa de ses parents l'ayant légèrement contaminée, son appartement était truffé de pièges démoniaques et protections en tout genre. Elle restait le plus loin possible de tout ce qui avait affaire de près ou loin au surnaturel et ne fréquentait surtout pas les collègues de ses parents. Malheureusement, par deux fois des démons étaient venus lui rendre une petite visite et s'étaient coincés dans ses pièges. Alice ne leur avait même pas laissé le temps de parler, trop terrifiée de savoir pourquoi ils étaient venus. Cela faisait maintenant presque un an qu'elle n'avait pas eu de mauvaise surprise de la sorte, et elle s'en réjouissait.
Nous étions à la mi-septembre et la jeune fille allait très bientôt débuter sa première année de Master. Elle était enthousiaste et à la fois terrifiée de ne pas être à la hauteur. Malgré avoir fait un nombre incalculable de fois ses preuves, l'étudiante avait besoin d'être rassurée, toujours inquiète de n'être pas assez intelligente. En préparation, elle avait acquis quelques manuels et passait beaucoup de son temps libre à les lire, ne saisissant pas toujours ce qui y était inscrit, à son grand dam.
C'était un jeudi soir. L'air était froid pour un mois de septembre, aussi Alice s'était-elle emmitouflée dans un plaid, calée dans son gros fauteuil près de la fenêtre de sa chambre – qui n'avait pas d'ailleurs une vue fameuse. L'ambiance tamisée et fraîche lui faisait penser à Noël. Tout à coup, des bruits vinrent perturber sa tranquillité. Elle se raidit immédiatement dans un sursaut. Etait-ce un autre démon ? Elle attrapa un des pots de sel et une bouteille d'eau bénite qu'elle avait disposés un peu partout dans son T2. D'un pas extrêmement mal assuré, elle se dirigea vers la porte menant sur sa pièce principale. Elle jeta un regard à l'intérieur de celle-ci pour y découvrir un grand homme qui semblait bien bloqué dans un des pièges peint au plafond, près de ses placards de cuisine – placards qu'il fouillait. Elle s'avança doucement, ses deux armes en avant, et alors qu'elle ouvrait la bouche pour prononcer l'incantation, l'homme sortit du cercle magique.
« Oh putain la vache ! S'écria-t-elle, sous le choc.
Apparemment, il ne s'agissait pas d'un démon. Complètement obnubilée par eux, elle en oubliait le fait qu'il existait aussi des êtres mauvais parmi les humains. Cette réalisation la frappa soudainement, alors que l'homme tourna enfin la tête vers elle. Cela dit, l'obscurité l'empêchait de distinguer ses traits. Le corps de la jeune fille commençait à trembler, et ses pieds la faisaient reculer instinctivement. Malheureusement, ne roulant pas sur l'or, son appartement n'était pas très grand. Elle se sentait vulnérable. Ses yeux cherchaient frénétiquement une vraie arme, mais tous les couteaux étaient derrière son invité.
Adieu esprit de Noël.
L'intrus tira sur le tiroir coulissant qui contenait les couverts, comme s'il avait deviné les pensées de la juriste. Il attrapa le plus gros couteau et l'éleva.
_ C'est cela que tu cherches ? La nargua-t-il, un sourire arrogant aux lèvres.
Sa voix était grave, basse et assurée. Cet homme avait tout du parfait psychopathe pour Alice. Il posa le couteau sur le plan de travail puis replanta ses yeux dans ceux de la jeune fille.
_ Je ne suis pas un homme.
Cette déclaration finit de liquéfier l'étudiante. A part les démons et les créatures basiques, elle n'y connaissait pas grand-chose au final. La terreur l'empêchait même de réaliser qu'il avait lu dans ses pensées.
_ Vous allez me tuer ? Bredouilla-t-elle, terrorisée.
Il s'approcha d'elle, ce sourire narquois toujours présent, et à chaque pas qu'il faisait, elle en faisait trois. Malheureusement, le mur vint rapidement la bloquer. Il n'était plus qu'à un mètre et s'amusait de sa peur.
_ Non, finit-il par lâcher nonchalamment. Mais je connais des démons qui adoreraient t'étriper, et tes parents aussi.
Beaucoup de questions se mêlaient dans la tête d'Alice : si les démons veulent nous tuer, mais que lui non, ça veut peut-être dire qu'il est de notre côté. Mais pourquoi viendrait-il me voir ? Et s'il n'est pas humain, qu'est-il alors ?
_ Tu n'es pas très futée, lâcha-t-il, son sourire disparu. Je suis Lucifer, ce sont mes démons qui ont essayé de te tuer. Et je ne suis pas de ton côté, finit-il, un air dégoûté maintenant sur le visage.
_ Lucifer ? Co-comme le Diable ? Attendez, c'est n'importe quoi, ça…
L'étudiante ressentit soudainement une vive douleur dans sa poitrine. Sous le choc, elle attrapa son haut à l'endroit où son cœur semblait vouloir sortir de son corps. Sa respiration se fit plus difficile, et elle dut s'appuyer sur le mur pour ne pas tomber. De petits gémissements s'échappaient de ses lèvres.
_ C'est n'importe quoi… Répéta-t-il d'une voix menaçante.
Alice lui lança un regard empli de terreur. La réalité la frappa soudainement : le Diable était bien dans son salon.
_ Je- je suis dé-désolée, tenta-t-elle d'articuler. S'il vous plaît !
La torture s'arrêta enfin. Alice tomba sur le sol sous la surprise, et inspirait comme si l'air allait bientôt disparaître. Lucifer la regarda avec dégoût et se détourna d'elle.
_ Beaucoup de démons veulent faire souffrir tes parents, c'est pour ça que ceux qui ont réussi à te trouver sont venus ici. Je comprends pourquoi ils n'ont pas réussi à t'avoir, commenta l'archange tout en inspectant les pièges démoniaques. D'autres viendront, maintenant qu'ils savent que tu es là. Tu les videras de leur sang et le conserveras pour moi.
Un silence vint s'installer, où on entendait uniquement la respiration toujours lourde de la juriste. De nouveau, beaucoup trop de questions se bousculaient dans sa tête, mais elle n'osait bien sûr en poser aucune. Elle n'avait toujours pas réussi à correctement imprimer le fait que le Diable était dans son appartement. Inutile de préciser qu'elle ne voulait pas du tout remplir la tâche que Lucifer lui avait confiée. Cependant, pouvait-elle refuser ? Sûrement pas. L'Etoile du Matin, l'air las, posa une espèce de pic argenté sur la table basse.
_ Tu les tueras ensuite avec ça. La prochaine fois que je reviendrai, tu as intérêt à avoir rempli ta mission. Sinon, tu es morte. »
Sur ces mots, l'énochien disparu dans un bruissement d'ailes. Quelques minutes passèrent avant qu'Alice n'osa bouger, trop inquiète qu'il ne revienne pour on ne savait quelle raison. Tout son monde venait d'être retourné en à peine dix minutes. Tout d'abord, la nouvelle la plus choquante était bien sûr l'existence du Diable. A bien y réfléchir, elle ne comprenait pas elle-même pourquoi elle était aussi surprise. Les démons existaient bien, eux, n'est-ce-pas ? En fait, cela insinuait que Dieu existait également, et ça, ça renversait définitivement son monde. En effet, Alice était une athée pure et dure. Bien sûr, elle savait qu'il y avait un Enfer, mais pour le reste, c'était encore à voir. Son opinion était que s'il y avait bien un Dieu, soit il n'était pas très gentil, soit il avait mis les voiles.
Bon, le plus important, c'était quand même cette histoire de sang de démon. Pourquoi en avait-il besoin ? Non, il ne fallait pas poser de questions sur les motivations. Il fallait plutôt se demander comment le récupérer. Lucifer avait l'air sûr que d'autres êtres diaboliques viendraient. D'ailleurs, il y a fait référence en disant « mes démons ». Cela voulait-il dire qu'il va les envoyer lui-même ? La panique regagna immédiatement la jeune femme à cette idée. Et dire que sa rentrée était lundi prochain !
« Si démons il y aura, j'espère qu'ils viendront ce week-end », se surprit-elle à penser.
Son esprit pratique refaisait surface. Elle avait vite compris qu'elle ne pourrait se dépêtrer de cette situation à moins d'y laisser la vie, donc il fallait rapidement s'y résigner. Maintenant, il allait falloir concilier sa vie avec cette tâche et ça, ça n'allait pas être une mince affaire. L'idée de prier Dieu de l'aider lui traversa l'esprit, mais elle l'a rejeta aussitôt. Il n'avait qu'à pas laisser cette situation s'envenimer se dit-elle, rancunière.
