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Bonne lecture ! ~
Louise's POV
Je m'appelle Louise Verheyen. Mon nom ne vous dit sûrement rien car vous ne m'avez probablement jamais remarquée auparavant. Je ne suis pas le genre de fillette qui frappe ou attire le regard ; cheveux blonds et lisses parfois attachés par un ruban, yeux vert émeraude, petite taille, bref, je suis d'une honteuse banalité.
Je suis une enfant capricieuse aux humeurs changeantes, une peste aux mille ruses, et cela fait longtemps que les pâtisseries m'ont livré tous leurs secrets.
Nous sommes cinq dans la famille mes frères, mes parents et moi. Du moins nous étions serait plus correct.
Nous vivions une petite vie tranquille à l'abri des guerres, confortablement logés dans notre campagne recluse. Nous basions la plupart de nos besoins sur l'agriculture de nos produits et nos revenus financiers sur des échanges avec les pays étrangers. Nous nous levions et nous couchions avec les poules, nos journées nous les passions dans la ferme à nous occuper des bêtes, à labourer la terre, à ranger la grange, et parfois, mon grand frère et moi nous échappions discrètement pour jouer dans la paille ensemble.
C'était une douce existence bercée d'insouciance et de clarté. Bien sûr, il y avait parfois des zones d'ombre, qu'elles soient dues à la baisse des récoltes ou les intempéries locales, mais le plus souvent c'était mes disputes incessantes avec Anthonij qui faisaient trembler les murs de notre ferme ;
-Maman ! Pays-Bas m'a encore volé mon ruban ! pleurnichais-je.
-C'est pas vrai, c'est toi qui as été assez gourde pour le perdre dans la paille ! rétorquait-il.
-Comment peux-tu en être si sûr ? disais-je.
-Pas'que t'es Belgique, et que t'es pas plus maline qu'un manche à balai, natuurlijk ! disait-il en croisant fièrement les bras sur son torse bombé, insistant sur ce dernier mot comme pour souligner l'évidence de ma bêtise. Mais je savais pertinemment qu'il était le voleur.
-Maman ! criais-je,faute de meilleure défense. La voix lasse de ma mère venant de la cuisine chantonnait un « soyez gentils l'un envers l'autre » en guise de réponse et bientôt, Pays-Bas me tirait la langue en agitant mon ruban du bout des doigts.
Finalement, cela se terminait toujours de la même manière Anthonij ne supportait plus mes pleurs de petite sœur malheureuse, il me rendait ce qui m'était dû et m'embrassait sur la joue en signe d'excuse avant de partir surveiller notre petit frère, Luxembourg.
Nous ne manquions d'absolument rien. Mon enfance fut si idéale qu'elle approchait de l'utopie. Mais dans tout monde, il faut un équilibre. Apportez une certaine dose de bonheur, vous pouvez être sûr que la même quantité de malheur vous sera fournie – que vous vous y attendiez, ou non. Ce moment, cette chute, ce carrefour au coin de ma vie, je le revis un soir sur deux. J'émerge alors d'un cauchemar dont les dernières sensations me procurent encore leurs sueurs froides et la fièvre, et d'un cri d'effroi, je transperce la nuit.
Anthonij's POV
Je me réveillai en sursaut au cri de ma sœur. Mes yeux s'habituèrent progressivement à la noirceur ambiante et je finis par la discerner clairement. Le visage de profil, la bouche entr'ouverte par où s'échappait son souffle haletant, le regard perdu dans le vague, ses cheveux dont beaucoup lui collaient à la peau du cou et du visage, trempés de sueur je ne mis pas longtemps à émettre une conclusion : elle avait encore rêvé de notre enfance. Je soupirai et procédai comme d'habitude un soir sur deux ,depuis que la petite avait passé ses neuf ans.
-Nog ?
-Oui, dit-elle.
Un temps passa. Mais je l'avais prévu, il fallait toujours qu'un certain nombre de minutes s'écoulent. Je soupirai en me redressant à côté d'elle.
-Louise. Recouche-toi.
Elle me regarda, ses yeux verts brillant à la lumière de l'aube qui se levait et qu'on apercevait par l'unique fenêtre sans rideaux de notre chambre. Une belle journée s'annonçait.
Bientôt, elle me posera sa question.
-Anthonij, je ne comprends pas. Comment fais-tu pour rester si calme ? Comment fais-tu pour que cette nuit ne vienne pas te hanter ?
Ses yeux étaient perdus dans son incompréhension. Et je ne connaissais qu'un moyen de l'en tirer.
-J'y pense chaque soir, mentis-je, je cauchemarde chaque heure. Vader en Moeder me manquent beaucoup, en Luxemburg ook, mais…
Je marquai un temps. Je devais le marquer.
-Mais ? me reprenait-elle quand le silence fut assez long.
-C'était il y a dix ans. Il est plus que temps de passer à autre chose, dis-je le ton ferme, notre vie a changé depuis.
Et je la forçai à se recoucher d'une main appuyée sur son épaule. Elle ne protestera pas. Puis elle s'endormira à nouveau l'esprit tranquille, et quand elle se réveillera à l'appel d'Antonio, elle aura tout à fait oublié notre conversation, et le même schéma se répétera dans deux soirs. J'avais fini par lier ce comportement au traumatisme de la mort de nos parents et de notre frère. Elle n'avait que neuf ans, et je venais à peine de passer la barre de la douzaine. Je ne me rappelle plus de l'âge exact de Luxemburg mais il n'était qu'un bambin.
Je me recouchai et fermai les yeux. Dix ans avaient passés et pourtant, je ne pouvais oublier cette nuit. Je ne la revivais pas aussi intensément que ma sœur certes, mais je n'oubliais pas. Je n'oublierai sans doute jamais.
C'était un mois de décembre particulièrement froid et la neige recouvrait toutes les parcelles visibles de la terre. Il était minuit passée. Vader en Moeder venaient à peine de se coucher. Les murs de notre ferme étaient fins et nos chambres – celle de nos parents et la nôtre, celle des enfants – étaient côte à côte, ce qui nous permettait d'entendre précisément l'instant où, laissant aller leur corps fatigué sur la couchette dure et inhospitalière, nos parents s'endormaient, blottis l'un contre l'autre pour se tenir plus chaud. La ferme n'était jamais silencieuse. Entre la plainte du lit dont les lattes grincent sous le poids du corps qui se tourne, le vent du Nord qui fait trembler le toit, le meuglement d'une vache dans la grange et les respirations profondes de ma sœur et de mon petit frère dans notre couchette, il n'y avait que rarement un instant propice à l'assoupissement, une accalmie assez longue pour pouvoir sombrer dans les limbes du sommeil.
Néanmoins, je connaissais tous ces bruits familiers et je n'avais jamais ressenti une quelconque difficulté à m'endormir avec eux. Je ne savais toujours pas ce que je fichais debout à cette heure et étais sûr que je serai exténué quand nos parents viendraient nous lever à six heures.
Puis il y avait eu des voix.
J'avais crû avoir rêvé quand, tendant l'oreille, je n'avais entendu rien plus que le souffle du vent sur le toit. Mais ces voix étaient revenues, suivies d'un coup de feu, très distinct dans le lointain. Je m'étais levé précipitamment, grimaçant au contact froid du sol sur mes pieds et m'étais hissé sur la pointe de ceux-ci pour contempler ce qui se passait par la fenêtre. J'avais une vue sur l'avant de la ferme. Des traces de pas fraiches dans la neige s'arrêtaient sous le porche. J'avais plissé les yeux pour tenter de discerner à qui elles appartenaient, mais sans succès. Un inconnu se dressait là, au beau milieu de la nuit, dans un froid sibérien. Soudain, je l'avais entendu converser j'avais alors redoublé d'attention et, les yeux écarquillés par la surprise, m'étais précipité dans la chambre de mes parents pour la trouver vide. Je ne les avais pas entendus descendre pourtant ! Un autre coup de feu m'avait fait hurler. J'étais retourné dans ma chambre et m'étais jeté sur ma petite sœur en la secouant.
-Louise ! Sta op ! Sta op !
Elle avait fini par ouvrir les yeux. Je l'avais forcée à se mettre debout, toute endormie qu'elle était puis étais retourné à la fenêtre. Ma mère était dehors, le corps courbé par le froid, tenant une lampe à huile. Sa lumière éclairait la taille et le buste de l'inconnu. Il portait de beaux vêtements aux ornements rares et sûrement très chers. Un reflet avait attiré mon attention, j'avais plissé les yeux avant de m'exclamer :
-Un fusil !
Et ce n'était que là que j'avais vu la tâche pourpre sur la neige. Les larmes de ma mère dont le visage était tordu par le chagrin. Les pieds d'un corps couché à ses côtés. Ça ne pouvait être que Vader. Et le liquide pourpre, son sang. Je m'étais figé.
Un autre coup de feu. Ma sœur avait hurlé de stupeur. Et dehors, Moeder était tombée à son tour. La lampe s'était brisée dans sa chute et la flamme s'était éteinte. J'étais pétrifié.
-Broertje ! Qu'est-ce que c'était ?
Louise avait secoué mon bras. J'étais resté amorphe et vide. Mon cerveau s'était arrêté. C'était à peine si je savais respirer. Vader en Moeder avaient été tués par cet inconnu. Je m'étais retourné vers ma petite sœur, le cœur battant, les yeux écarquillés.
-Vader en Moeder zijn dood...avais-je murmuré.
-Wat ? avait-elle répondu, effrayée.
La porte de notre chambre s'était ouverte brusquement, nous faisant sursauter tous les deux. Louise s'était cachée derrière moi, pendant que moi, j'observais avec la plus grande appréhension l'inconnu au fusil.
-Pays-Bas et Belgique ? avait-il demandé avec un accent qui n'était pas de chez nous.
J'avais acquiescé. Il s'était approché de nous, avait inspecté la pièce du regard puis avait dit :
-Où est Luxembourg ?
Louise avait alors fait ce qu'il y avait de plus stupide à faire dans ce genre de situation elle avait couru vers la couchette, s'était saisi maladroitement de notre petit frère et l'avait tenu contre son buste. L'inconnu s'était avancé vers elle, pendant qu'elle reculait.
-Damisela, donne-moi cet enfant, avait-il ordonné.
-Non ! avait-elle courageusement – mais vainement – protesté.
Elle avait fini par toucher le mur et se retrouver piégée dans un coin de la pièce. L'inconnu s'était arrêté près d'elle, une main tendue vers notre frère, une autre non loin de son fusil.
-Damisela, avait-il insisté en avançant d'un pas menaçant.
Poussant un cri, je m'étais jeté sur son arme et avais tenté de lui voler en tirant frénétiquement dessus. Dans un geste de violence inouïe, l'inconnu m'avait assené un coup de crosse sec sur le front qui m'avait fait tomber. Je m'étais mis à saigner, étourdi.
-Perdón, je ne voulais pas en arriver là, avait-il grommelé.
Il avait alors pris Luxemburg. Louise était tétanisée et s'était laissée glisser contre le mur jusqu'au sol. L'inconnu avait soupiré en caressant le visage de notre petit frère. Ce geste m'avait rendu malade.
-Celui-ci est mort, avait-il dit.
Il s'était ensuite dirigé vers notre couchette, y avait délicatement placé Luxemburg et l'avait recouvert de draps, faute de linceul. Il avait marmonné « Qué tristeza la muerte súbita del bebé …». Puis, il s'était redressé, avait dévisagé tour à tour ma sœur sanglotant puis moi, le front en sang et avait dit :
-Je suis Antonio Fernandez Carriedo. À partir d'aujourd'hui, vous êtes sous domination espagnole.
Antonio's POV
J'ouvris doucement la porte de la chambre de Belgique et de Pays-Bas. Il était dix heures, et j'avais besoin d'Anthonij dans les plantations de tomates.
-¡Holaaaaa~ !
Un coussin vola dans ma direction, je l'évitai de justesse et au bruit de briques cassées qu'il fit en percutant le sol, je fus soulagé d'avoir eu de bons réflexes. Je croisai les yeux verts d'Anthonij qui pestait en néerlandais, assis dans le lit.
-Anthonij, j'ai besoin de toi dans les plantations de tomates.
Le blond pesta davantage dans sa langue mais finit par se lever. Il se saisit des cordons de son pantalon pyjama et se mit à les défaire. Puis, en tenant les bords, il tourna la tête vers moi :
-Tu comptes rester là longtemps à me mater l'hispanique ? grommela-t-il.
J'haussai les sourcils puis me mis à sourire.
-¡Por supuesto que no! m'exclamai-je.
Je remarquai alors l'emplacement vide dans le lit aux côtés d'Anthonij.
-Où est Louise ? demandai-je doucement.
-Weet niet, sûrement à trainer avec ce Lovino Vargas.
-Ah ! Bueno. Si tu la croises, dis-lui que je la cherche.
-En waarom ?
Il y avait comme une menace dans sa question. Je lui souris et lui dis, mon ton se voulant rassurant :
-J'aurais besoin d'elle pour préparer les friandises que je sers ce soir.
-Qu'est-ce qu'il y a, ce soir ?
-Une petite soirée entre amis. Francis, Feliciano et Ludwig sont invités. Je t'en avais parlé.
Je pivotai sur mes talons, et m'apprêtai à partir.
-Si, durant la soirée toi et ta sœur vous sentiriez l'envie de nous rejoindre… commençai-je.
-Nee, me coupa-t-il simplement.
J'haussai les épaules et partis rejoindre Lovino. Je fus quelque peu surpris lorsque je le trouvais seul.
-¡Hola Lovino! ¿Cómo esta?
Le garçon reposait à l'ombre d'un oranger. Et au regard amer qu'il me lança, je devinais que je l'avais interrompu dans sa siesta.
-Espèce de bâtard ! Tu ne voyais donc pas que je dormais ? rétorqua-t-il.
-Sí sí, mais je voulais te demander si tu n'avais pas vue Belgique ?
L'Italien haussa un sourcil.
-Louise ? Non, pas depuis ce matin. J'étais d'ailleurs étonné qu'elle se lève si tôt.
Je me grattai le menton pensivement.
-Ça ne lui ressemble pas de disparaître de la sorte, ça ne me dit rien qui vaille…
-Heh ? C'est quoi cette face d'idiot inquiet que tu me fais ? Louise est assez grande pour se débrouiller, putain !
-Sí, pero …
-No « ma » ! Si elle est partie, elle reviendra. Et maintenant, laisse-moi dormir !
Il me fit dos et se coucha contre l'écorce de l'arbre.
-Lovino, l'appelai-je. Il se retourna d'un seul coup.
-Santa Madre di Dio ! Qu'est-ce que tu veux encore ?
-Tu ne devrais pas être dans les plantations de tomate depuis une heure ? demandai-je nerveusement.
Il n'était pas rare que mon Lovino jure, mais lorsqu'il le faisait dans sa langue, c'est qu'il devait être particulièrement énervé. Et en effet, il se leva, s'approcha de moi l'air menaçant et me colla son pied à l'arrière-train en hurlant :
-Dopo un sonnellino !
Vocabulaire :
• Néerlandais
Natuurlijk : Naturellement / Bien sûr / Evidemment
Nog ? : Encore ?
Sta op ! : Debout !
Vader en Moeder : Père et Mère
Luxemburg : Luxembourg
Ook : Aussi
Broertje : Frérot
Vader en Moeder zijn dood : Père et Mère sont morts
Wat : Quoi
Weet niet : Sais pas.
En waarom ? : Et pourquoi ?
Nee : Non
• Espagnol :
Damisela : Demoiselle / Damoiselle
Perdón : Pardon / Désolé
Bueno : Bien
¡Hola ! : Salut ! / Bonjour !
¡Por supuesto que no! : Bien que sûr que non !
¿Cómo esta? : Comment ça va ?
Siesta : Sieste
Sí : Oui
Pero : Mais
Qué tristeza la muerte súbita del bebé: Quelle tristesse la mort subite du nourrisson
• Italien
No « ma »: Pas de « mais »
Santa Madre di Dio: Sainte Mère de Dieu
Dopo un sonnellino: Après la sieste
Petites notes :
La Belgique est un pays qui peut parler aussi bien Français que Néerlandais.
Anthonij Van de Velde et Louise Verheyen ne sont pas les vrais noms humains de Pays-Bas et Belgique dans Hetalia, mais étant donné qu'ils n'en n'ont pas du tout (ou pas encore) dans l'anime/manga, j'ai dû leur en inventer un !
J'espère que tout était clair, c'est la première fois que j'écris une fiction sur Hetalia ! Si une ou deux choses ne sont pas totalement claires pour vous, n'hésitez pas un m'envoyer un message avec vos questions et j'y répondrai ! Merci d'avoir lu, R&R s'il-vous plait !
Chapitre 2 à venir ~
PS : Je travaille à la traduction anglaise / Working on english translation right now.
