Principes de vulgarisation historique, par Ronald B. Weasley

Résumé : Oncle Ron a toujours des histoires à raconter.

Disclaimer : l'univers d'Harry Potter appartient à J.K.R.


Jeanne d'Arc

« Oncle Ron ! Oncle Ron ! Raconte-nous une histoire ! »

Les enfants avaient accouru en entendant la chaise de leur oncle Ronald racler le vieux plancher inégal du Terrier. James, Albus et Lily, ainsi que leurs cousins Rose et Hugo, avaient déjà fini leurs desserts depuis longtemps, et ils étaient allés jouer ensemble dans la pièce d'à-côté en attendant que les adultes aient fini de boire leur café. Les tasses encore fumantes, la buée sur les vitres des fenêtres en ce froid jour de décembre, Ronald s'était levé afin de se verser un petit digestif – oh, mais un doigt ! Juste un doigt ! avait-il dit à sa femme Hermione devant son regard accusateur – et d'en ramener un à Harry – je ne travaille pas, demain ! avait dit Harry à son amie Hermione devant son regard accusateur.

Les enfants se retrouvèrent rapidement dans les jambes de Ron, des jambes revêtues d'un pantalon de velours côtelé de couleur marron que lui avait offert sa mère Molly. La famille Weasley et ses extensions étaient réunies au grand complet dans la salle à manger du Terrier, magiquement agrandie pour l'occasion, afin de fêter ensemble les fêtes de fin d'année.

« D'accord ! D'accord ! Mais ne dites pas à votre père que j'ai recommencé », répondit l'oncle Ronald, ajoutant la recommandation à voix basse à l'attention de James, Albus et Lily.

Les enfants approuvèrent silencieusement, leurs yeux grands ouverts, et suivirent Ron jusqu'à la pièce voisine où celui-ci prit place dans un fauteuil confortable, dans lequel tout votre corps pouvait s'enfoncer sans effort. Les enfants s'assirent autour de lui, formant un parfait petit arc de cercle.

Les yeux de Ronald se perdirent un instant dans le vague. Les enfants, émerveillés devant cette recherche d'inspiration subite, se taisaient toujours. Soudain, le regard de Ronald sembla se réveiller – sieste ou illumination ? Personne ne saurait jamais.

« Cette histoire commence il y a bien des années, mes enfants, bien des années. Notre jeune héros, Harold, était un paysan d'une contrée reculée, nommée Privet Drive. La famille d'Harold, des paysans assez aisés, possédaient une ferme nommée Magnolia Crescent, et Harold s'y montrait très dévoué, bien que ce dévouement fusse souvent contre son gré et ainsi, il passait ses journées à sortir et rentrer des vaches. Il n'était pas très doué aux choses de l'école et préférait le grand air. Par ailleurs, il était assez maigrelet, mais ne vous inquiétez pas, il s'est depuis bien remplumé.

Cependant, son pays courait un grand danger. Harold avait quatorze ans lorsque ce danger arriva, et il en fut un témoin direct. L'envahisseur machiavélique et diabolique avait pour plan de régner sur le monde. »

Les enfants poussèrent un soupir de fascination, tandis que Ronald s'interrompait pour laisser passer sa sœur Ginny dans la pièce. Celle-ci le regarda d'un air suspicieux.

« Que fais-tu, Ron ? Tu n'es pas encore en train de raconter tes histoires idiotes sur Harry aux enfants, si ? »

« Mais non, voyons ! Pourquoi toujours me soupçonner de tout ? Je leur racontais… La façon dont j'avais rencontré Hermione. »

Hermione étant un sujet intouchable, Ginny haussa les épaules et continua son chemin pour se rendre à la cuisine. De grands éclats de rires provinrent de la salle à manger.

« Bon, les enfants, reprenons. Où en étais-je ?... ah ! Oui, le Grand Mal. Le Mal dont on ne doit pas prononcer le nom. Eh bien, il arriva, les enfants… Il débarqua juste devant Harold ! Un Harold innocent, naïf, encore puceau à l'époque – vous verrez que ce détail a toute son importance dans la suite du récit… »

« Je te demande pardon ? » s'exclama Harry qui venait de poser un pied dans le salon. « Ron, qu'est-ce que tu racontes encore aux enfants ? Et pourquoi parles-tu d'être – bordel, Ron, les enfants ne connaissent même pas encore ce mot ! »

« Papa ! Tu dois pas être là ! » s'écria Albus. « Ça veut dire quoi, puceau ? »

« Oh l'autre, il sait pas ce que veut dire puceau ! » se moqua James.

Harry fut pris d'un frisson d'horreur. « Comment ça, James, tu sais ce que ça veut dire ? »

James se redressa, comme fier de lui. « Ben oui, on en a parlé l'autre jour à l'école. C'est quand quelqu'un est comme une petite puce. Les puces, c'est petit, ça saute partout, c'est bête – en fait, c'est quand quelqu'un est un peu niais. »

Ron riait grassement dans sa barbe. « Justement, on peut pas dire que ça saute beaucoup, au contraire… »

Harry l'interrompit d'une voix courroucée. « Non, James, c'est exactement ça ! C'est quand on est niais, quand on croit un peu tout ce qu'on nous dit. Maintenant les enfants, venez avec moi, Ron a fini son histoire… »

De grands cris de dénégation accompagnèrent cette affirmation.

« Mais non papa, ça venait de commencer ! » « Oncle Harry, laisse-nous écouter ! » « Allez, papa ! Sois gentil ! »

Ces cris eurent raison de la volonté d'Harry, qui en un soupir concéda à Ron le droit de finir son histoire, à condition que lui-même reste l'écouter afin de contrôler tout éventuel dérapage.

« Très bien, reste, si tu veux… Tu verras que mon histoire est très intéressante. Alors ! J'en étais… Au Grand Mal qui débarque devant Harold. Ca fiche une trouille à Harold, bien sûr, il était pas encore très doué, et vous vous imaginez pas facilement, comme ça, mais le Grand Mal, c'était plus puissant que tout ce que vous pouvez croire ! Et le problème, le voilà : Harold, ç'avait été le seul à le voir arriver, ce mal. Alors quand il commence à raconter son histoire, quelques gens seulement le croient. De très braves gens, ça oui ! Ses amis les plus proches, dont un brave écuyer du saint prénom de Ronan, l'épaulaient, afin que le pauvre petit ne perde pas les pédales. Mais quand Harry…old, Quand Harold essayait de raconter à quiconque ce qu'il avait vu, ceux qui l'écoutaient et qui ne le connaissaient pas disaient qu'il entendait des voix, qu'il était fou, que c'était un mécréant qui ne croyait pas en ce que nous disait notre Ministre de la Magie de l'époque, monsieur Caramel, qui nous assurait que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il arrive à se faire croire de quelques personnes en se rendant dans une cour ou deux, s'allie quelques capitaines… Ses mésaventures durent un an, un an s'apparentant à une réelle traversée de royaume, en terrain ennemi. Une infâme créature aimant le rose et les chats essaya même de l'exorciser, sans succès. »

« Ron ! Viens boire ton digestif ! Comme tu mettais du temps, je te l'ai servi ! » appela Hermione de la salle à manger.

Ron manqua de se lever sur-le-champ puis se rassagit. « Bon, les enfants, je vais écourter un peu mon histoire. Au bout d'un certain temps, Harold réussit à convaincre des gens très importants, grâce à une rencontre avec un dauphin – une affaire un peu compliquée. Après ça, l'époque était assez disposée à entendre parler d'un prophète. Enfin, ce qu'il faut que vous reteniez, c'est que grâce à lui, tout le monde partit en guerre contre le Grand Mal dont on ne doit pas prononcer le nom, et il se fit surnommer le Puceau de Privet Drive. »

Harry manqua de s'étrangler et le saisit pour le traîner jusqu'à la salle à manger en marmonnant qu'il avait deux mots à lui dire.

« Je vous raconterai la suite, les enfants ! » s'écria Ron en disparaissant à l'angle de la porte. « Je reviendrai ! Vous connaîtrez l'Histoire ! La vraie ! »