Voici la fic "une grenouille à sauver".

Les premiers chapitres racontent le tout début de l'histoire et sont donc centrés uniquement sur le couple Alice/Jasper.

La vie d'Alice au début de cette fic est trés dure, mais elle est hélas inspirée de faits réels que je cotoie dans ma vie professionelle.

C'est une histoire d'amour, mais il y aura aussi des rebondissements,bien que bien plus tard dans l'histoire.

Je publierai 2 fois par semaine.

Je laisse l'OS à sa place, et entame donc une nouvelle fic avec ce chapitre.

Merci infiniment à tous ceux et celles qui ont voté pour moi pour ce concours (que j'ai gagné, à ma grande surprise!). Il y avait nombre d'OS trés talentueux!

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Jasper PDV

Accueil des secondes.

Je suis professeur principal de la classe de seconde 3.

J'aime bien ça.

Enseigner est ma passion. Je la partage avec ma soeur et même si on vit désormais loin l'un de l'autre on se téléphone tous les jours et on parle souvent de notre métier. Rosalie me manque, mais je sais que ce n'est pas un hasard si je me retrouve à enseigner ici. Je dois avoir quelque chose à y faire!

Pour moi, chaque élève est un cas unique. Les guider vers le chemin de la réussite est ma fierté.

Parfois, certains élèves sont des défis.

Et ça me stimule encore plus. On en parle régulièrement avec mon copain Edward. Lui est prof de bio et nous avons la même vision de l'enseignement. Guider sans braquer, proposer et laisser disposer. Donner envie ,soif de connaissance. Lui est à Seattle mais là aussi on a de nombreux contacts téléphoniques. Il me manque, on a fait nos études ensemble, on était dans la même chambre à la fac: on a bien rit, on a refait le monde aussi.

Lui aussi je sais que son célibat lui pèse...

Cette année, la rentrée est encore plus importante, pour moi.

J'ai besoin de me changer les idées.

J'entretenais une relation amoureuse à distance avec Maria, une jeune femme rencontrée durant un voyage à ma famille, au Texas, depuis un an.

Mais je me suis aperçu qu'en fait elle était en couple avec un autre…

J'ai mit fin à cette relation qui n'en était pas une il y a 6 semaines et si j'ai eu mal sur le coup, plus dans mon narcissisme qu'autre chose d'ailleurs, je me rends compte que je ne l'aimais pas réellement. Il y avait surtout une attirance physique, et la volonté (illusoire) de ne pas être seul.

Je me retrouve seul, pour le coup, mais je préfère ça à me bercer d'illusions. J'ai 26 ans, et je sais que je trouverai la femme de ma vie un jour.

Et puis je vis avec Seth, mon chien qui est un compagnon formidable.

Mais quand même, cette année, je veux me donner à fond dans l'enseignement.

Je suis devant cette classe depuis 10 mns et j'ai déjà repéré un défi.

Pour une fois, c'est une fille.

Une petite chose minuscule, mais à coté de qui on ne risque pas de passer !

Elle est assise, seule, au fond de la classe.

Elle porte une tenue particulièrement excentrique.

Une jupe style tutu en tulle noire, courte et bouffante, un tee shirt troué noir aussi, des chaussettes montantes, une noire à pois gris et l'autre à rayures noire et grise. Et des docs bien sur ! Ses cheveux noirs sont ébouriffés dans tous les sens. Elle a une grosse tête de mort en argent autour du cou et un maquillage gothique, ses lèvres sont noires et ses yeux complètement charbonneux.

Malgré tout ça, elle est particulièrement belle.

Elle est assise, silencieuse, les bras croisés, un air boudeur sur le visage.

Mais ce sont ses yeux qui la trahissent.

Un véritable abîme de souffrance.

Je l'observe, du coin de l'œil.

Elle semble indifférente.

Et c'est le pire.

Les élèves qui sont dans la révolte et la colère sont avec nous, et plus facilement récupérables.

Mais elle, elle est déjà au-delà.

A la fin de ce premier cours, elle relève la tête et nos yeux se croisent.

Elle soutient mon regard quelques secondes avant de baisser les yeux, une expression de colère sur le visage.

Elle quitte la salle la première.

Je ne connais pas encore son nom.

Mais c'est un petit Lycée et pas mal de profs sont originaires de Forks même.

J'avise Tanya Denali :

« Tanya, tu sais qui est cette gamine, une gothique, toute petite avec des cheveux noirs dressés sur la tête et qui ressemble à un lutin ? »

Elle affiche une expression ironique :

« Oh ! Oui ! Elle est au Lycée ? Elle perd son temps ! C'est Alice Brandon, sa mère est une pute, même si ce n'est pas officiellement, et son beau-père fait du trafic de came. La gamine est montrée du doigt, du coup, comme tu peux imaginer ! Je ne la connais pas particulièrement, mais j'ai bien peur que son avenir soit tout tracé ! »

Je fronce les sourcils.

Aucun avenir n'est tout tracé !

Moi, mon père voulait que je devienne militaire, et je suis devenu prof d'histoire géo, comme je le voulais !

Tanya me laisse dubitatif, de plus en plus.

A la voir on pense qu'elle est une prof jeune, dynamique et sympa, mais je me rends compte qu'en fait elle est une véritable garce !

Mais maintenant que je connais le nom de cette gamine, je vais consulter son dossier.

Elle a 15 ans, depuis le mois de juin.

Ma gorge se serre en lisant le dossier plus en profondeur.

Sa mère, Victoria Brandon, exerce officiellement le métier d'hôtesse. Elle vit actuellement des allocations.

Alice lui a été retirée 5 fois par les services sociaux entre 3 mois et 10 ans.

Rendue au bout de quelques semaines, ou quelques mois.

A chaque fois pour suspicion de négligences.

Mais la gamine n'a jamais dénoncé sa mère.

Depuis 4 ans, la mère vit avec James Tracker, un repris de justice avec un lourd passé de toxicomane, qui a fait 5 ans de prison pour trafic de drogue .Il s'est mit en couple avec la mère d'Alice un mois après sa sortie de prison.

Ils vivent dans un mobil home, à la sortie de la ville.

Je regarde ses bulletins de notes. Ils ne sont pas si mauvais. Visiblement, Alice n'est pas bête, loin de là.

Beaucoup d'absences, par contre. Et les remarques des professeurs me font grimacer :

« Alice est en permanence épuisée, elle s'endort en classe, elle doit dormir la nuit ! »

« Alice n'a toujours pas de calculatrice »

« Alice ne peut pas faire sport avec des baskets trouées »

Des rapports de l'infirmière et de l'assistante sociale, attestant qu'Alice est anormalement petite et maigre. Suspicion de dénutrition. En clair : elle ne mange pas à sa faim.

Mais rien n'indique que cette gamine ait, ou soit en train, de sombrer dans la délinquance.

Je serre les poings.

Non, Mademoiselle Tanya Denali, Alice Brandon n'est pas condamnée à devenir une pute comme sa mère, et je vais tout faire pour que ça ne soit pas le cas !

La colère me donne la foi. Pour le peu que j'en sais, Alice est intelligente, volontaire. Elle peut s'en sortir !

Alice PDV

Le Lycée.

Pas de différences avec le collège.

Les mêmes élèves.

Un peu de sang neuf au niveau des profs.

Et un peu plus d'anonymat, j'espère.

Le bus scolaire m'arrête au dernier arrêt.

Mon sac n'est pas tellement lourd, mais les bretelles me font mal aux épaules.

Je m'engage dans le chemin pour arriver chez moi.

Je soupire en arrivant en vue du mobil home.

Il y a une voiture inconnue garée devant la porte.

Ma mère doit être en train de travailler.

Par contre la voiture de James n'est pas là.

Avec un peu de chance, si elle a finit avant qu'il ne rentre, ma mère me donnera l'argent de la passe et je pourrai m'acheter le matériel le plus urgent pour l'école.

Je m'assied sur une chaise de plastique et attends que le type se casse.

Je repense au prof d'histoire géo.

Encore un qui croit qu'il va sauver le monde, ça se voit.

Il va m'énerver, j'en suis sure.

Il est beau, gentil, intelligent. Il a tout pour lui. Et son accent du sud le rend encore plus sexy. Il doit venir du Texas, ou un état pas loin. C'est marrant cet accent trainant, ça lui donne un coté presque vieux jeu!

Je me demande s'il est marié.

Il doit avoir des gosses aux yeux bleus et aux boucles blondes, comme lui.

Je suis certaine qu'il a une vie parfaite.

Le genre que je n'aurai jamais.

Avec une vraie maison, un chien, des repas équilibrés à heure fixe, des livres et tout ce qu'il faut pour travailler.

Moi j'ai un mobil home pourri, une mère folle et un beau-père immonde.

Je veux juste me tirer de là.

Aller à LA. Le jour de mes 18 ans, je me barre.

Et je deviendrai costumière, à Hollywood.

J'ai des tonnes de croquis.

Et encore plus d'idées.

Et j'ai apprit à coudre, toute seule mais je sais coudre, c'est le plus important.

Je récupère les tissus là ou je peux, alors je me contente de faire des tenues à mon ours en peluche, et puis à moi aussi.

Mais un jour, un jour, je serai costumière, peut-être même pour Angelina Jolie.

Alors ce jour-là, j'enverrai de l'argent à ma mère, pour qu'elle arrête les passes et qu'elle vire James.

La porte s'ouvre et je sursaute.

Je reconnais le grand black qui sort : il vient de temps en temps. Mais il a changé de voiture…

Il me sourit. Il n'est pas méchant. Je suis même sure que quelque part il a une femme et des gosses.

Je souris aussi : j'ai apprit à ne jamais contrarier un client de ma mère.

Il doit être de bonne humeur et me demande comment ça va.

« Bien, merci, j'ai fait ma rentrée en seconde aujourd'hui ! »

Il me tapote la joue et vérifie que ma mère ne soit pas sortie :

« Tiens, voilà pour toi, ne dis rien à personne. J'imagine que ça doit pas toujours être facile pour toi ! »

Et il me donne 20 dollars.

J'en reviens pas.

Je le remercie, m'attendant presque à ce qu'il veuille un truc de moi.

Mais non. Il s'en va.

Je rentre dans le mobil home.

Ma mère fume et me regarde, indifférente :

« Alors, ça a été ? »

« Ouais, impec. J'ai la liste des trucs à acheter… »

« Y'en a beaucoup ? »

« Ben ouais quand même… »

« Fais voir ! »

Je lui tends la liste.

« Pffff, tout ça ? Mais ils croient quoi ? Que l'argent pousse sur les arbres ? »

Je ne dis rien.

Surtout, ne rien dire.

Ma mère a apprit à ses dépends qu'elle sort rarement victorieuse d'un conflit avec l'école. Alors maintenant elle fait tout pour qu'on se fasse pas remarquer.

Elle soupire et me tends des billets :

« Tiens, va t'acheter ce qu'il faut ! »

« Merci ! »

Je m'empare des 50 dollars qu'elle me tend, pose mon sac sur mon lit et prend une brioche dans le placard.

Je cours tout le long du chemin, espérant ne pas croiser James.

Mais c'est mon jour de chance et je rejoins la route sans encombre.

J'ai une demi heure de marche pour arriver au supermarché, mais je suis euphorique.

J'ai 70 dollars pour m'acheter mes fournitures ! Pour une fois je vais peut-être avoir tout ce qu'il me faut !

Je sursaute en entendant un klaxon.

C'est le shérif.

Il se gare sur le bas coté et je monte à coté de lui.

On se connaît bien, lui et moi…

« Bonjour Alice, ça va ? »

« Oui, et vous ? »

« Bien, très bien, tu vas ou ? »

« Au supermarché, acheter mes affaires d'école ! »

« C'est chouette quand ça sent le neuf, hein ? »

« Oui ! »

Il me dépose devant le magasin et, sans me regarder, me tend un billet.

« Tiens Alice, t'es une bonne gamine !allez, vas-y ! »

« Merci ! »

Il m'a donné 20 dollars, lui aussi. Ca lui arrive assez régulièrement, parce qu'il connaît ma mère et James. Mais le shérif Swan sait comment ne pas me vexer. Quand il me donne de l'argent, je n'ai pas le sentiment qu'il me fait la charité.

Non, il se fait plaisir à lui aussi et ne s'en cache pas.

Souvent, il m'a parlé de sa propre fille, qu'il ne voit qu'une fois par an. Elle a mon age, et elle s'appelle Bella. Qu'est ce que je peux envier cette fille…Bien sur il me parlait d'elle lors des interrogatoires, quand il essayait de me faire dire ce que James me faisait, ou ma mère.

Mais quand même.

Je sais qu'il aime sa fille, et puis moi aussi un peu. J'ai pas de père, mais si j'en avais un je voudrais que ce soit le shérif Swan. Quand je me barrerais d'ici, c'est le seul à qui je donnerai des nouvelles.

Je prends mon temps dans le rayon des fournitures.

Je choisis des cahiers simples. Parce que je vais les customiser avec des photos découpées dans des magazines.

Je craque sur un stylo plume trop beau.

Et je peux m'acheter une paire de baskets !

Je grimace en sortant du supermarché.

J'ai un peu trop flâné. Il est tard.

Et j'ai encore une longue route à faire.

Je m'engage sur la nationale, changeant sans cesse mon sac de main parce qu'il est franchement lourd.

Une voiture se gare à coté de moi, je tourne la tête, sure de voir le shérif Swan.

Mais non.

Stupéfaite, je reconnais mon professeur d'histoire géo !

Il sort de sa voiture.

Il me regarde, droit dans les yeux.

Je reste sur mes gardes, bien que je ne lise dans son regard que de la franchise et de la patience.

« Bonjour Alice, tu me reconnais ? »

« Oui ! »

« Tu veux que je t'amène ? Tu as l'air chargée ! »

J'ai envie de dire non.

Parce que je ne veux pas qu'il voit dans quoi je vis.

Mais mon sac est lourd.

Et puis, j'ai ma fierté.

Mais mon sac est lourd.

Et la route est longue.

Et mon sac est vraiment trés lourd...

Alors je hausse l'épaule :

« Ouais, merci… »

Je monte dans sa voiture.

C'est un BMW noire.

Elle est propre.

Ca me change de l'épave de James, qui pue le chien mouillé et qui est une vraie poubelle.

Il conduit bien. Souplement.

Ca sent bon dans sa voiture.

C'est son parfum j'en suis sure.

Une odeur masculine et envoûtante.

« Tu habites ou, Alice ? »

Je sors de ma transe :

« Oh …à environ 3 Kms plus bas, il y a une intersection avec un chemin, vous n'aurez qu'à me laisser là ! »

« Très bien ! »

Je reste silencieuse.

« Tu as fait de bons achats ? »

« Oui, très bien ! »

Mon cœur bat.

Je ne sais pas pourquoi.

Je regarde un peu l'habitacle.

C'est beau, le luxe.

Ca me fait envie.

Je déteste la saleté et le désordre.

Alors je rajoute ça à ma liste.

Quand je serai costumière à Hollywood, je m'achèterai un BMW noire.

Exactement comme celle-là.

Un rapide coup d'œil à l'arrière me permet de voir qu'il n'y a pas de sièges enfants.

Je caresse le cuir du fauteuil du bout du doigt.

Il met la radio et un air de jazz retentit.

Je ne me sens pas bien.

J'ai hâte d'arriver.

Je ne peux pas m'empêcher de regarder ses mains.

Il a de jolies mains, larges, fortes, mais de longs doigts fins.

Ses mains ne sont pas abîmées, ses ongles sont nets, propres.

Je me secoue quand il ralentit :

« C'est là, Alice ? »

« Oui, merci ! »

Je sors en trombe et me retourne, le regarde droit dans les yeux :

« Merci ! »

Il me sourit et ma bouche de vient sèche :

« De rien, et à demain ! »

Je me dirige vers le mobil home.

James est là mais heureusement il ne me voit pas entrer.

Je dépose mon sac de courses sous mon lit.

Je reste dans ma chambre, sortant mes cahiers et autres affaires un par un.

Je décore mes cahiers.

Je colle des photos, drôles ou pas, dessus.

Le plus beau, décoré dans des tons de rouge et vert, arbore des photos d'arbres et, au centre, un gros cœur rouge.

Ce sera celui d'histoire géo.

Ma mère et James s'engueulent.

Mais je fais le vide dans ma tête.

Quand le calme se fait, vers 23h00, je sors sur la pointe des pieds et me dirige vers le placard des provisions.

Je prends ce que je trouve : du pain de mie, de la confiture d'orange, une banane et du chocolat.

Je mange assise en tailleur sur mon lit.

Puis je prends une douche, le plus silencieusement possible.

Je prépare ma tenue pour le lendemain.

Un slim noir, un long tee shirt à rayures grises et rouges. Mes docks. Mon collier tête de mort.

Je charge mon sac à os.

Puis je m'allonge.

Ca a été mon jour de chance.

Le client de maman m'a donné de l'argent, elle aussi, et le shérif Swan également. J'ai pu m'acheter tout ce qu'il faut pour le Lycée.

Je n'ai presque pas vu James, et il m'a donné seulement une gifle ce matin.

Je n'ai pas eu à faire le trajet de retour à pied.

Mon cœur s'emballe et je cesse de penser à ce trajet là.

Mais quand je ferme les yeux, cherchant le sommeil, l'image du prof d'histoire géo me revient.

Ses boucles blondes, ses yeux bleus, si brillants, si gentils. Sa bouche bien dessinée.

Et ses doigts.

Ses magnifiques mains.

Je ne tiens plus et glisse ma main entre mes cuisses.

Je me caresse lentement , avec application, et quand l'orgasme me délivre, je mords l'oreiller en imaginant les longs doigts de mon prof, à la place des miens, sur mon intimité brûlante.

Je déglutis.

Les larmes me brûlent les yeux.

Mais je ne pleure pas.

Je ne pleure jamais.