Bonjour (ou bonsoir) à toi !

Je sors de ma petite zone de confort en me lançant dans l'aventure d'une fiction autre que mes OS habituels.

NB : Il peut y avoir des scènes de sexe explicites au cours des chapitres.

Bonne lecture !

Phyllida Crane


LA TRAHISON DU SERPENT

27 Octobre 1943

Cette histoire remonte à plusieurs années déjà, dans le merveilleux château de Poudlard, collège pour les apprentis sorciers anglophones mais aussi foyer pour les fantômes qui le hantent. Chaque année, de nouveaux élèves arrivaient, avec l'envie d'apprendre la magie, tandis que d'autres repartaient la tête remplie de savoir pour affronter le monde extérieur.
Héléna Serdaigle les voyait défiler un à un, retenait chaque visage qu'elle croisait et discutait avec certains d'entre eux, mais un seul semblait retenir son attention : le mystérieux et intrépide Tom Elvis Jedusor. Ses cheveux bruns toujours bien coiffés, son teint pâle et son regard intense et profond aussi perturbant qu'attirant la rendait folle de lui.
Elle le suivait discrètement dans les couloirs, l'espionnait à travers les étagères de la bibliothèque ou à travers la serrure de la salle de bain des préfets.
En dix siècles pas une seule personne ne lui avait jamais fait cet effet, mais son adoration s'accompagnait de frustration. Etant le fantôme de Serdaigle et lui un élève de Serpentard, jamais elle n'avait réussi à le rencontrer, à échanger avec lui, pas même à le saluer, et sa timidité n'améliorait pas la chose.
Héléna se sentait prisonnière de son statut de fantôme de maison et n'acceptait toujours pas d'approcher l'entrée de la salle commune des Serpentard. Le baron sanglant se promenait souvent dans les cachots et elle refusait de le croiser. La vue de son sang sur les vêtements du baron l'horrifiait toujours autant et le souvenir de sa trahison envers sa mère s'intensifiait à chaque fois qu'elle pouvait l'apercevoir dans le château.
Heureusement que son ami Sir Nicholas lui tenait compagnie de temps à autre, il lui permettait de discuter de leurs anciennes vies et d'arpenter les couloirs à la recherche du jeune Tom sans être repérée.
Elle ne le supporterait pas si son secret devait être dévoilé, au grand jamais. Son amour lui redonnait vie en quelque sorte, il lui donnait l'envie de redevenir vivante, juste le temps d'un instant pour être auprès de son cher Tom.
Parfois elle le voyait accompagné de filles de son âge, souvent attroupées derrière lui en gloussant. Mais lorsqu'il étudiait seul dans une classe ou à la bibliothèque, sa beauté envoûtait le fantôme au plus profond de son âme et elle était obligée de se retirer dans un coin du château, seule, pour calmer ses ardeurs.
Elle ne sait comment cela se produisait mais elle ressentait de la chaleur au fond d'elle, alors que sa pâleur et sa transparence n'apportait que froideur aux yeux des autres.
Ce matin-là, elle savait qu'il se trouvait au cours de métamorphose du professeur Dumbledore, un homme charmant avec qui Héléna avait déjà eu plusieurs discussions. C'était un des seuls hommes qui ne la mettait pas mal à l'aise et elle lui était reconnaissante de la traiter en tant que femme et non en tant que fantôme.
La porte de la salle de classe s'ouvrit, laissant se déverser un flot d'élèves des maisons Poufsouffle et Serpentard. Héléna se cacha derrière une colonne et n'osa se montrer aux élèves, en quête de son aimé.
Mais il ne sortit pas tout de suite. Une fois le couloir vide elle put l'apercevoir, son sac en bandoulière taper contre sa cuisse alors qu'il marchait au pas pour rejoindre une autre salle de cours. Héléna l'observa s'éloigner, tout en sortant petit à petit de sa cachette.

- Une femme ne devrait pas se cacher de cette façon, ce n'est pas convenable.

Surprise, Héléna eut un sursaut et vit Dumbledore, droit devant elle, vêtu d'une cape pourpre, qui la regardait de ses pupilles rieuses.

- Oh, c'est vous monsieur. J'ai cru que… Enfin…

Héléna cherchait des mots d'excuse mais Dumbledore mit fin à sa torture.

- Ne vous en fait pas, très chère, ce jeune Jedusor a beaucoup de qualité pour être apprécié par ses paires, mais un visage d'ange peut parfois cacher de terribles desseins. Je crois me rappeler que le professeur Picoverne a confisqué des chocogrenouilles à un élève ce matin. Si j'arrive à temps, je pourrais encore en goûter une. Bonne journée.

Dumbledore lui sourit et partit dans l'autre sens en chantonnant, laissant le fantôme seule avec elle-même.
Que voulait dire le professeur ? Avait-il deviné ses intentions pour lui donner cet avertissement ? Ses questionnements ne furent que de courtes durées car quelqu'un l'interpella.

- Miss Héléna, que faites-vous par ici ? Ce n'est pas souvent que l'on vous voit vagabonder dans le château.

Le baron sanglant venait de traverser un mur et d'apparaître juste à côté d'elle.

- Monsieur le baron, bafouilla-t-elle, veuillez m'excuser, on m'attend dans la salle commune.

- Mais enfin, qui pourrait bien vous y attendre, douce enfant, un élève ? Personne ne fait attention à nous dans ce château.

- Vous vous trompez, cher ami. Maintenant laissez-moi, j'ai à faire.

Héléna s'envola au-dessus d'elle et passa à travers murs et plafonds pour aller se réfugier dans la salle commune de Serdaigle. A cette heure, elle devrait normalement être totalement vide. Elle s'assit un instant dans le large fauteuil en face de la cheminée et posa ses mains sur son visage. Elle ne sentit rien, pas même le contact de ses paumes contre ses joues.
Elle soupira et se releva, errant dans la pièce telle une âme en peine. Et si le baron avait raison ? Que personne ne faisait attention à eux ? Peut-être qu'en fait personne ne les voyait… Mais cette pensée était stupide, elle parlait avec eux, avec le professeur Dumbledore, les vivants pouvaient les voir.
Elle reprit son courage entre ses mains et se dirigea vers la bibliothèque, là où devait étudier Tom. Elle le trouva entre deux piles de livres, soigneusement rangés, alors qu'il rédigeait un devoir sur un long parchemin. Elle entendait sa plume gratter frénétiquement le papier, la plume retentir contre le flacon d'encre. Sans s'en apercevoir, elle s'approchait doucement en flottant vers lui jusqu'à ce qu'il lève la tête et lui sourit.

- Bonjour, lui dit-il plein d'assurance. Vous voulez vous assoir ?

Il tira une chaise à côté de lui et fit signe à Héléna de venir s'assoir à côté de lui, mais elle resta figée. Elle ne savait que dire. Elle entrouvrit la bouche pour articuler un ou deux mots d'excuse mais rien ne sortit, pas même une syllabe.

- Désolé si je vous ai perturbé dans vos pensées…

- Ce n'est pas votre faute.

Tom lui sourit amicalement mais Héléna ne pouvait pas le regarder dans les yeux. Elle chercha du regard par où elle pouvait fuir.

- Veuillez m'excusez, je n'aurais pas dû vous déranger.

- Il n'y a pas de mal.

Tom lui sourit de nouveau et se replongea dans l'écriture de son devoir. Elle le regarda un instant puis traversa une bibliothèque et disparut. Elle se réfugia rapidement dans un endroit sombre du château et souffla. Si elle ne flottait pas dans les airs elle aurait pu sentir ses jambes trembler sous son poids.
Elle reprit doucement son calme et sa sérénité et arpenta les couloirs, tout en évitant un maximum de croiser qui que ce soit. Même de son vivant, Héléna n'avait jamais été très avenante et avait toujours fait en sorte d'être la plus discrète possible afin de ne pas être repérée ou critiquée.
Elle vit simplement une élève de Serdaigle qui la salua et le professeur Slughorn qui remontait des cachots pour se rendre au repas du soir dans la grande salle. Héléna continua sa déambulation, et tomba nez-à-nez avec Sir Nicholas. Elle sursauta mais Nicholas lui tendit son bras.

- Je suis désolée de vous avoir fait peur, Miss. Voulez-vous m'accompagner à la grande salle ? Le repas y sera bientôt servi et nous pourrons ainsi discuter de choses et d'autres avec nos confrères.

- Pourquoi pas, Sir, allons-y.

Héléna passa son bras en-dessous de celui de son ami et se laissa guider jusqu'à la grande salle.

- Vous me semblez perturbée en ce moment, très chère, voulez-vous que nous en parlions ?

- C'est-à-dire que… Dans quelques jours ce sera l'anniversaire de ma mort et je ne me sens pas toujours très bien à cette date, mentit-elle.

- Mais bien sûr ! Le baron organise une petite fête dans les cachots en l'honneur du sien. Vous serez très certainement convié à le fêter en même temps.

Sir Nicholas lui esquissa un sourire qu'Héléna lui rendit par pure politesse.
Elle ne se souvenait que trop bien de son assassinat par le baron, au milieu de cette forêt en Albanie.
Elle se souvenait de son dernier souffle, fixant le baron en pleurs au-dessus d'elle se poignardant le cœur avec la même arme qui l'avait envoyé au trépas.
Elle se souvenait de la vie qui la quittait, de cette peur de ne jamais pouvoir revoir la lumière du jour, jusqu'à ce qu'elle ne se réveille, flottant au-dessus de leurs cadavres, le corps transparent et glacé sous le ciel noir de la nuit qui les avait regardé disparaitre.
Héléna retrouva ses pensées lorsqu'ils traversèrent ensemble le mur de la grande salle. Le moine gras faisait déjà des pitreries au milieu de la table des Poufsouffle et Sir Patrick, le chef du club des chasseurs sans tête, galopait à travers la salle en criant des insanités à ses congénères qui venaient de lui prendre sa tête.

- Cloportes ! Veracrasse ! Rendez-moi mon couvre-chef, marauds !

- Quel manque de savoir-vivre, s'indigna Sir Nicholas. Si je faisais parti de leur club cela ferait belle lurette que ces idioties ne se feraient plus.

- Je suis sûre que vous auriez fait un merveilleux chasseur, Sir, il n'en fait aucun doute.

- Merci bien, Miss, mais ceci n'est pas du goût de tout le monde. Je vous laisse, le professeur Cuthbert Binns m'a promis un débat sur les pratiques ancestrales de la magie à l'Antiquité.

Il s'inclina devant elle et s'en alla rejoindre le fantôme, qui flottait au-dessus de la table des professeurs.
Héléna s'envola vers la table de ses élèves mais resta en retrait malgré tout. La foule et les bruits n'étaient pas ce qu'elle préférait mais par courtoisie elle assistait à tous les dîners depuis qu'elle habitait ici. Son regard se perdit parmi les élèves qui mangeaient avec entrain, se servant de grosses cuisses de poulet ou des tranches généreuses de rosbif, négligeant les quelques plats de légumes disposés au milieu de tous ces mets délicieux. Elle arpentait les visages joyeux et rieurs des jeunes gens et son regard se posa soudainement sur l'un d'eux.
Tom la fixait.
Il ne voulait pas la gêner, elle le savait, il était trop bien élevé pour cela. Elle tenta de le fuir du regard mais ses yeux rencontrèrent les siens une deuxième fois. Il ne la quittait pas, se plongeant dans son regard, tentant de trouver quelque chose qu'elle gardait enfouit au fond d'elle. Héléna resta figée, comme paralysée par l'attention que lui vouait son aimé. La grande salle pourtant si bruyante habituellement devint silencieuse, les vivants et les fantômes bougeaient au ralenti autour d'elle.
Puis Tom détourna ses yeux vers ses camarades de Serpentard et engagea une conversation avec eux. Héléna revint petit à petit à la raison, posa une main sur sa poitrine et sortit discrètement de la grande salle, se dirigeant vers la tour de Serdaigle.

- Miss Héléna !, l'interpella une voix familière.

Héléna fit mine de ne pas avoir entendu le baron l'appeler et continua d'avancer.

- Mademoiselle, s'il vous plaît, permettez-moi de vous inviter à l'anniversaire de notre mort. C'est une date importante à ne pas oublier, il faut la commémorer ou elle finira par s'enfuir de nos mémoires.

Elle s'arrêta et se tourna vers le baron.

- Si cela ne vous ennuie pas, je préférerais le fêter seule, dit-elle sèchement. Je n'ai pas pour habitude de partager votre allégresse pour cet anniversaire, vous devriez vous en souvenir.

- Comme il vous plaira. Passez une agréable fin de soirée.

Héléna reprit sa route et s'arrêta dans l'alcôve d'une tour, regardant la lune éclairer la vaste étendue que recouvrait la forêt interdite. Elle ne ressemblait pas à la forêt albanaise qu'elle avait connue, mais elle aimait bien le bruit que faisait le vent dans les arbres.

- Je ne vous dérange pas ?

Surprise, elle tourna la tête et répondit d'une voix timide.

- Non, cher ami, aucunement.

Tom vint se poster à côté d'elle, les mains croisées dans le dos, regardant à son tour la forêt.

- J'aime regarder la forêt le soir, lui confia-t-il. Elle est tellement attirante mais en même temps effrayante. Vous est-il déjà arrivé d'y aller vous y promener la nuit ?

Sa voix grave avait toujours ce côté déterminé. Héléna adorait l'entendre parler ainsi.

- A vrai dire, non. Mais il m'est arrivé de parcourir de nombreuses forêts lorsque j'étais jeune, répondit-elle rêveuse. Cela remonte à de nombreux siècles mais je m'en souviens comme si c'était hier…

Elle se tût brusquement. Jamais elle n'avait eu autant de faciliter à parler à un élève, et encore moins avec lui. Elle se ravisa et reprit une voix plus solennelle.

- Je vous prie de m'excuser pour cet après-midi, monsieur, je ne voulais pas vous déranger pendant votre devoir.

- Ce n'est pas très grave. Le professeur Binns nous a demandé d'écrire deux parchemins sur l'importance du secret de notre monde aux moldus, quelque chose d'assez facile, à vrai dire.

- Vous êtes quelqu'un de très érudit, monsieur, rien ne paraît difficile à vos yeux.

- Vous me flattez, miss, mais il est vrai que, comparé à mes nombreux camarades, je suis le plus intelligent.

Héléna ne sut que répondre. Elle ne savait pas comment réagir, si elle devait approuver cette remarque, le féliciter ou l'encourager à s'en aller.

- Vous devriez aller vous coucher, l'heure est déjà passée depuis longtemps. Si on vous surprend dans les couloirs vous aurez de graves ennuis.

- Il n'y a aucuns soucis, je suis préfet. Je trouverais toujours un quelconque argument pour défendre ma cause. Mais vous avez raison, passez une bonne nuit, miss Héléna.

- Vous de même, monsieur.

- Appelez-moi Tom.

Il lui fit son sourire le plus ravageur et s'en alla, la laissant songer à ses derniers mots face à la forêt interdite. Appelez-moi Tom… Même le professeur Dumbledore ne lui avait demandé de l'appeler par son prénom.
Tom… Ce nom résonnait encore et encore dans sa tête. Un semblant de chaleur montait en elle, mais elle ne savait pas d'où elle venait. Héléna remonta un pan de sa robe et commença à caresser son intimité, timidement, doucement, passionnément. Elle ne sentait rien, pas même le toucher de sa propre main sur son sexe. Mais elle imaginait ce qu'on pouvait ressentir. Elle gémit une première fois, puis une deuxième.
Tom… Son corps s'arquait dans les airs. Elle intensifiait ses caresses, son plaisir montait de plus en plus.
Tom… Elle sentait des vapeurs lui monter à la tête mais elle s'arrêta, honteuse. Elle remit sa robe en place ainsi que les quelques mèches de cheveux qui s'étaient défaites puis s'en alla errer dans le château, telle une âme en peine.
La nuit allait être longue avant de pouvoir revoir son aimé, mais elle patienterait, comme elle l'avait toujours fait.


Fin du premier chapitre...

Et voilà, j'espère qu'il t'a plu !

N'hésite pas à laisser une petite review, ça me permettra d'améliorer mes histoires ;)

Phyllida Crane