Disclaimer : Tous les personnages appartiennent à la BBC, j'ai fait de mon mieux pour ne pas les abîmer mais j'ai pas vraiment réussi. Seule l'histoire est de moi. L'univers appartient tout entier à la série Merlin.
Note : Reprise de la troisième saison en ayant inclus le modifications apportées par mes deux fics précédentes. (Balinor et Merlin et Hunith et Balinor)
Je remercie Bernie Calling, Ameliesky61 et Angelyoru pour leur gentil commentaire. :)
Voici les principaux changements apportés par ces fics, afin de ne pas être forcée de les lire ;)
B&M :
-Balinor n'a pas été tué dans l'épisode 213
-Arthur est au courant des pouvoirs de Morgane grâce à Gaius et Balinor.
-Arthur sait qu'à la mort de Balinor, Merlin héritera du don de dragonnier.
-Merlin a eu un "petit accident" lors de cet épisode, mais Sir Léon, Arthur, Balinor et Gaius l'ont sauvé à temps.
-Sir Léon, Arthur, et Gwen savent que Balinor est le père de Merlin.
H&B :
-Morgane sait que Morgause est sa demi-soeur, née d'un coup de foudre entre sa mère et un homme qui est mort avant qu'il ne puisse l'épouser.
-Gorlois était parfaitement au courant de ce fait.
-Viviane était une prêtresse de l'ancienne religion, mais y a renoncé par amour.
-Lorsque son amant est mort, elle a épousé son ami Gorlois, lui même soumis à une peine d'amour semblable. Malheureusement, Morgause est née durant une bataille, d'où l'absence de Gorlois et la présence de Viviane à Camelot, ce qui fait qu'Uther a fait disparaître l'enfant dans le but de sauver la face.
-Gaius a compris à mi-mots, mais ignore tous les bouts et aboutissants de leur relation.
-Arthur a moins d'à priori par rapport à la magie
-Les lecteurs savent comment Balinor et Hunith se sont rencontrés, sont tombés amoureux et se sont quittés avant la naissance de Merlin.
-Viviane et Gorlois (stérile) se sont servis d'Uther pour avoir un enfant, Morgane.
-Viviane est morte en couche.
-Gwen sait pour les pouvoirs de Morgane et la tentative de meurtre de Merlin sur elle.
-Gwen, Arthur et Merlin sont allés chercher Morgane à Cénistyr, un château de Cenred près de la frontière et près d'Ealdor. Ils ont retrouvé sa trace grâce à Kilgharrah. Balinor et Hunith les ont aidés.
Bonne lecture.
Ceci est une republication avec une remise en page et plusieurs corrections (des erreurs et des coquilles subsistaient) et un remaniement prévu sur les derniers chapitres publiés précédemment.
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Prologue
L'hiver s'était passé sans emporter son lot d'enfants. Pour une fois le village d'Ealdor avait été correctement approvisionné, grâce aux régulières visites de Balinor à Camelot. Sa présence au village avait aussi permis d'éviter les risques de raids. Le premier qui s'y était risqué avait fini le feu aux fesses et avait couru sur des kilomètres avant de se rendre compte que le dragon qui l'avait attaqué ne le poursuivait pas.
La cohabitation entre Hunith et Balinor s'était équilibrée au fur et à mesure des mois. Finalement à la sortie de cette rigoureuse saison, les deux ancien amoureux refilaient le parfait amour. Un amour différent de celui qu'ils avaient vécu ensemble il y a de cela vingt ans, car à présent, ils étaient différents de l'époque. Pourtant la même complicité et la même tendresse vivaient entre eux. L'enfant qu'ils avaient eu avait réussi à faire s'envoler les cendres d'amertume et de regrets qu'ils avaient cachés dans les méandres de leur mémoire et de leur coeur.
Plusieurs raisons avaient amené Balinor à rendre ses visites à Camelot régulières. D'abord le besoin de compléter leurs provisions, ensuite la nécessité de visiter Gaius pour des conseils propres à son métier et des médications. Et finalement surtout pour avoir des nouvelles de Merlin, prompt à délaisser sa plume. Uther aurait été ulcéré s'il avait su que le dragonnier revenait si souvent dans sa cité, mais les rencontres se faisaient à l'abri des regards dans les bois avoisinants. Arthur comme Morgane avaient souvent accompagné le jeune sorcier afin de lui poser de nombreuses questions sur l'ancien culte.
Le chevalier avait pu observer à quel point la sorcière semblait boire ses paroles. Elle semblait toujours sur le qui-vive et perdue, mais elle s'épanouissait manifestement auprès de Gaius grâce aux leçons régulières qu'il lui donnait. Pourtant quelque chose clochait. Autant le prince écarquillait les yeux à chaque nouvelles explications contraires à ce que son père lui avait appris, autant Morgane ne semblait pas souvent étonnée et parfois même fronçait les sourcils, comme si elle avait du mal à confronter deux visions qui se chevauchaient mais pas de manière complète. Il lui arrivait dans ses occasions de l'interroger, perplexe, comme si elle pensait qu'il se trompait.
Balinor cessa son activité, c'est-à-dire de tailler la tête d'une poupée qu'il avait entamer pour l'anniversaire d'une fillette. Il n'avait pas l'habitude de ce genre d'ouvrage mais Hunith avait insisté. La plupart des enfants raffolait de ses animaux, mais la petite était restée particulièrement triste après la mort de son grand-père. Le vieux Balthazar les avait quitté, tout naturellement dans son sommeil peu de temps après la fête du solstice d'hiver et la fillette s'était convaincue que le vieil homme lui avait été enlevé parce qu'elle n'avait pas été assez sage pour que le soleil revienne.
Debout devant la fenêtre, appuyé contre la colonne et le regard au loin, Balinor ne se rendit pas compte tout de suite qu'Hunith l'observait de son fauteuil à bascule où elle faisait son raccommodage.
-Qu'y a-t'il ? fit-il lorsqu'il s'en rendit compte.
-Rien, mon ami, c'est plutôt à moi de te poser la question. Vous sembliez … ailleurs ? répondit-elle, en coupant un fil qui dépassait.
-Je pensais aux jeunes.
-Merlin et Arthur ? s'étonna-t-elle.
-Oui et non, c'est plutôt la jeune fille, Morgane qui m'inquiète. finit-il par répondre en prenant une chaise et s'asseyant en face de la femme qui le regardait tendrement.
-Pourquoi ? Elle semble aller mieux depuis son retour. Gaius vous a dit être satisfait de ses progrès non ?
-Oui, en effet. De surcroît, je ne suis pas rassuré en ce qui concerne les garçons. Cette guerre dure depuis près d'un an et Cenred, malgré ses pertes ne semble pas vouloir renoncer, soupira le dragonnier.
-Je ne comprend toujours pas ce qui l'a poussé à déclarer la guerre à Camelot. Il désire ce royaume, mais il n'est pas du genre à agir sans être sûr de sa victoire… réfléchit Hunith en laissant retomber doucement ses mains et son ouvrage sur ses genoux.
-Probablement à cause de la pupille d'Uther, répondit distraitement Balinor en reprenant son ouvrage.
-De Morgane ?
-Nous l'avons retrouvée à Cenistyr, un fief de Cenred. Il a dû craindre qu'Uther s'imagine qu'il était responsable de son enlèvement, expliqua l'homme.
-Ce qui est vrai, il a les même torts que Morgause puisqu'il l'a hébergée, répondit la femme en fronçant les sourcils.
-En provoquant la guerre, il prenait les devants par rapport à Uther. Simple jeu politique.
-Tous ces morts, … pour rien ? S'étouffa-t-elle.
-Pas forcément, Uther aurait en effet pu attaquer Cenred en représailles.
-Mais je croyais qU'Arthur avait expliqué que notre roi n'était pas au courant des actions de sa protégée ? s'étonna la femme, montrant son incompréhension.
-En effet, mais les réactions d'Uther sont imprévisibles. résuma-t'il, en soupirant.
Hunith secoua la tête, comme pour chasser ses mauvaises pensées et soupira. Les combats s'étaient intensifiés, et Cenred, refusant de céder avait attaqué par le Nord, pour utiliser les larges plaines dégagées. La forêt d'Ascétyr était idéale pour des embuscades, mais pas vraiment pour des combats entre armées. De ce fait, Arthur avait dû se rendre avec Merlin jusque là pour mettre fin à cette débâcle. Elle n'aimait guère cela, même si elle avait la conviction qu'ils sauraient parfaitement se protéger l'un l'autre.
Elle sourit en voyant la concentration que son compagnon mettait à la réalisation de la petite tête fragile et se remit à son ouvrage, qui servirait à habiller la poupée. Dehors, le temps toujours froid sifflait contre les murs en pans de bois et se calmait au fur et à mesure des jours les ramenant peu à peu vers le printemps et la masse imposante de travail qu'il leur donnerait.
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Le soleil passa difficilement au travers des vitraux qui composaient les fenêtres de sa chambre, une épaisse couche de glace s'était déposée dessus pendant l'hiver et la température n'était pas encore assez élevée pour la faire disparaître… Morgane cligna des yeux difficilement, puis sortit sans hâte de son lit. Elle avait accepté une invitation de son tuteur pour le petit déjeuner.
Elle faisait tellement d'efforts pour sembler naturelle à ses cotés qu'il lui arrivait d'en pleurer de rage et de frustration dans son oreiller lorsqu'elle se retrouvait seule. Elle n'osait pas montrer à Gwen à quel point la présence d'Uther la rendait folle. Son père lui avait appris à être courageuse et fière de ce qu'elle était … céder devant quelqu'un, fut-ce une amie lui semblait une trahison.
Tous les deux jours environ, elle se rendait chez Gaius et celui-ci lui apprenait de la théorie sur l'ancienne religion, et lui montrait deux-trois sorts qu'elle apprenait. Elle s'exerçait ensuite lors de ses balades habituelles en forêt. Parfois, Arthur assistait à ses leçons et prenait de plus en plus conscience que la magie était une matière bien plus complexe que ce qui lui avait été enseigné.
Aux yeux d'Uther, sa pupille se rendait chez son vieil ami, pour y apprendre davantage sur l'art de la médecine. Elle avait feint un intérêt pour cette discipline en avouant à son protecteur combien elle s'était sentie inutile lors des diverses attaques de la cité. Le roi n'y avait vu qu'une preuve de plus de la bonté naturelle de la jeune fille et avait cédé aisément, tout à sa joie de l'avoir retrouvée.
Morgane bailla outrageusement et enfila une robe de chambre tandis que Gwen qui était entrée entretemps achevait de préparer son bain. Elle la vit vérifier la température de l'eau, y rajouter un peu d'eau froide puis la jeune servante se tourna vers elle et lui sourit. Morgane se dirigea vers son paravent, se déshabilla et enfila la fine chemise de coton qu'elle mettait pour ses ablutions. La jeune fille sortit alors et rejoignit la baignoire où elle se glissa rapidement. Elle sourit de plaisir en sentant la chaleur de l'eau se répandre sur son corps. Guenièvre avait tout juste eu le temps d'attraper ses cheveux désordonnées et des les attacher sur le haut de sa tête afin qu'elle ne les mouille pas.
La jeune fille lui apporta savon et brosse et puis la laissa se débrouiller comme habituellement. Elle rejoignit l'armoire de la jeune fille, et bavardant gaiement, s'enquit des envies vestimentaires de sa maîtresse.
-Que désirez-vous mettre aujourd'hui ? Une tenue plus décontractée pour aller chez Gaius, ou d'un peu plus recherchée pour déjeuner avec le roi ?
-Mmh, je n'ai pas de cours aujourd'hui, je me suis arrangée avec Gaius. Après le petit-déjeuner, je comptais descendre en ville, profiter du marché. Le marchand de tissus a enfin pu parvenir jusqu'à nos portes, je pensais que nous pourrions y trouver peut-être de quoi me renouveler pour le bal d'Imbolc (*)? fit la jeune fille en se passant le savon sur la peau de son bras diaphane et faisant fleurir un sourire mi-moqueur, mi-joyeux.
-Oh, voulez-vous que je vous accompagne ? Nous pourrions décider du modèle ensuite ? répondit la métisse en se tournant légèrement contrite.
-Hum, c'est ce que j'avais prévu, et puis, il faut que tu viennes pour choisir ton tissu… fit-elle en pinçant les lèvres de manière ludique, les yeux brillants de malice.
-Mon tissu, madame ?
-Hé bien, je ne peux aller à une fête aussi prestigieuse sans une suivante qui n'égale mon élégance, n,est-ce pas ?
-Vous voulez dire… fit la servant en lâchant les portes de l'armoire et en s'approchant de la baignoire.
-Oui, Gwen, que je t'offre une robe, je veux que tu sois très jolie …acheva la brune en lui souriant.
-Oh, ma Dame, mais je ne mérite pas… répondit la jeune suivante en portant sa main sur son coeur sous le coup de l'émotion.
-Gwen, arrête de me donner du ma Dame en privé, ne sommes-nous pas amies ? acheva Morgane en lui souriant, avant de poursuivre gentiment : Crois-moi, avec une telle tenue, j'en connais certain qui risque d'y perdre les yeux…
-Morgane ?
-Oh s'il te plaît, je vois comment Arthur te regarde, je ne suis pas idiote. Par contre, méfie-toi, car bien que je ne désapprouve pas, … Après tout tu es un bien meilleur choix pour lui que lui pour toi, mais Uther risque de ne pas du tout apprécier.
-Ce n'est pas possible. répondit Guenièvre en secouant la tête.
-Pour le moment, mais … heureusement Uther ne sera pas toujours roi, brrr.
Morgane avait brusquement frissonné à cette pensée et Gwen s'empressa de venir lui tendre une serviette pour qu'elle puisse sortir et se sécher, pensant qu'elle avait froid. La brune rejoignit son paravent et indiqua les vêtements qu'elle désirait mettre pour son rendez-vous avec Uther.
En dehors de la répulsion naturelle qu'elle ressentait pour lui, se mélangeait dans son coeur de nombreux sentiments contradictoires à son égard. Il l'aimait manifestement beaucoup, et elle avait du mal à ne pas céder à ses envies de l'aimer en retour. Il se comportait avec elle comme s'il eut été son père, et en dehors de ses préjugés sur la magie, elle avait toujours reconnu qu'il était un homme tout-à-fait honorable. Son père ne l'aurait pas pris pour ami sinon, n'est-ce pas ?
En tant que roi, il était souvent juste, même s'il avait des difficultés à montrer sa compassion. Il était étrange de voir qu'il puisse être compatissant, seulement il estimait que si l'homme pouvait l'être, c'était une faiblesse en tant que roi. Ces étranges théories qui, selon elle, montraient de lui une facette cruelle, étaient bien souvent absurdes mais enfoncées dans son esprit, probablement durant sa propre enfance ou de part ses expériences plus nombreuses des guerres.
Gwen l'aida à fermer sa robe et puis elle se laissa installer devant sa coiffeuse, tandis qu'elle se faisait coiffer, maquiller et qu'on lui plaçait ses bijoux. Elle bailla à nouveau, arrachant un sourire à son amie, qui ignorait que sa nuit avait été bien plus courte que prévue.
Il n'y avait pas que Gaius qui se chargeait de son éducation. Une fois par semaine, elle retrouvait Morgause à la lisière des bois, via un passage souterrain. Jusqu'à présent, elle avait eu la chance de ne tomber sur aucun garde, mais elle savait que c'était un jeu dangereux. Cette nouvelle soeur est un cadeau pour elle, et bien que ses enseignements soient parfois différents de ceux de Balinor, elle arrivait tant bien que mal à apprécier ce lien qui enfin lui permettait d'apprendre qui était sa mère.
Gwen attira son attention en lui demandant son avis sur son aspect. Elle s'examina et sourit satisfaite. Elle partit alors rejoindre Uther avant d'être réellement très en retard. Gwen se mit alors à ranger les vêtements qui étaient propres et à mettre de coté ceux qui avaient besoin d'être lavés ou d'être reprisés. Elle finit bientôt par quitter elle aussi la pièce, afin de s'acquitter de ses autres tâches, comme vider la baignoire, apporter le linge à la buanderie et ainsi de suite. C'était une nouvelle journée semblable à tant d'autres, mais qui promettait de très joyeuses perspectives.
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Les gardes ouvrirent les portes devant Morgane, la laissant pénétrer dans la salle à manger royale et s'installer sur le siège en bout de table en face d'Uther. Arthur, étant absent du fait de la campagne contre Cenred, laissait sa place habituelle à la gauche du roi libre, ce qui déséquilibrait la table. Aussi les serviteurs l'avaient changée de place et disposée en face du roi. Cela l'éloignait et rendait plus difficile la conversation, mais elle ne s'en plaignait pas.
-Alors, Morgane, que comptez-vous faire aujourd'hui ? Peut-être des cours auprès de Gaius ? Cela lui doit faire plaisir d'avoir vos visites régulières. Le serviteur d'Arthur, Merlin c'est cela ?, est parti aussi pour lutter contre ce félon. fit-il en portant des raisins à sa bouche, appréciant la qualité des fruits qu'on lui avait apporté.
-En réalité, je n'ai pas de cours aujourd'hui, les marchands de tissu venant du Sud sont arrivés en ville et je comptais me rendre au marché avec ma suivante. répondit-elle en portant sa coupe de jus aux lèvres.
Elle le sirota un peu, alors qu'Uther souriait et riait légèrement.
-Alors vous avez décider d'aller vider nos caisses ? finit-il par répondre en portant sa propre coupe remplie de vin à sa bouche.
-Juste de quoi me faire une robe pour les célébrations prochaines, sur ma cagnotte. Et je voulais en offrir une à ma servante. Elle est si bonne envers moi, je voudrais lui faire plaisir, sourit-elle doucement.
-Ma foi, si cela vous tient à coeur… je ne peux vous en empêcher. Cela dit, passez à la trésorerie, je vous les offre, après cette année de guerre, je pense que vous méritez bien ce plaisir, répliqua le roi en déposant la coupe et reportant son intérêt vers un morceau de pain frais.
La jeune fille sourit largement et sincèrement. Parfois Uther faisait preuve de tellement de bonté envers elle, qu'elle ne comprenait pourquoi il se montrait si dur avec son propre fils. Était-ce uniquement dû au fait qu'il était l'unique héritier du royaume, ou au fait qu'elle était une fille ?
-Pensez-vous que la guerre durera encore longtemps ?
-Non, Ils ont reculés jusqu'aux plaines du Nord, s'il recule encore, Cenred risque de se frotter aux royaume d'Odin et de Bayard. Or ce sont nos alliés. Le problème de Cenred, c'est qu'il manque totalement d'imagination, il a procédé de la même manière lors de nos dernières guerres.
-Vraiment ?
-Systématiquement… Cet homme est non seulement un lâche, mais il manque aussi cruellement d'intelligence, il a eu beaucoup de chance de naître riche, et à cette position. Cela dit, il est suffisamment intelligent pour ne pas m'attaquer de front d'ordinaire. Il devait probablement être conscient que Morgause vous avait enlevée et espérait prendre l'initiative pour avoir plus de chance.
-Morgause se serait alliée à Cenred … alors ? hésita la jeune brune, se sentant en terrain dangereux.
-Peut-être pas, elle peut très bien l'utiliser… mais il n'était clairement pas innocent dans cette affaire. Ne vous inquiétez pas, très chère. Sous peu Arthur sera rentré et nous pourrons fêter sa victoire et Imbolc ! fit l'homme aux tempes grises pour clore le sujet.
Morgane hocha faiblement la tête, essayant de prendre une expression rassurée et acheva son repas en silence. Elle courut ensuite rejoindre Guenièvre, qui voyant sa pâleur, la prit dans ses bras pour la rasséréner, et lui promit de servir lors de leur prochain tête à tête. Lorsque Morgane se sentit mieux, elles partirent au marché, prêtes à s'amuser.
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Gaius observa depuis son laboratoire, les deux jeunes filles traverser la cour et disparaître hors de sa vue. Morgane semblait s'être épanouie lors de ses leçons et son entrain était revenu, mais sa méfiance remontait immédiatement à la surface dès qu'elle se trouvait en présence du roi. Ça s'était un peu empiré avec le départ des garçons le mois dernier.
Les six premiers mois, Arthur avait été forcé de rester dans la cité, car entre la guerre et la reconstruction de la cité après les dégâts causés par le dragon. Uther avait préféré mettre son fils à l'abri et le charger se la reconstruction, tandis qu'il envoyait le reste de son armée se battre.
Merlin avait beaucoup apprécié qu'Arthur ait cette tâche, cela l'avait dispensé de chasse et des corvées liées aux écuries. De surcroît il avait pu satisfaire sa curiosité sans borne auprès des différents corps de métiers chargés des réparations et des constructions.
Gaius reprit ses préparations, ses stocks étaient quasiment renouvelés, Merlin l'ayant grandement aidé avant de partir heureusement. Par contre, il serait temps qu'il revienne, il avait fait le ménage régulièrement, mais il fallait bien dire qu'il n'était pas aussi efficace que le jeune garçon. Il grimaça en sentant les muscles de son dos se tordre de douleur et s'assit péniblement.
Le jeune sorcier ne serait pas content en voyant le laboratoire. Peut-être pourrait-il demander à Morgane si Gwen ne verrait pas d'inconvénient à venir l'aider avant son retour. Nul doute que Merlin apprécierait.
Il soupira en repensant à la jeune fille à qui il dispensait son enseignement. Elle posait beaucoup de questions, en particulier sur sa mère … Il n'avait pas pu se résoudre à lui raconter les circonstances entourant la naissance de Morgause. Il savait que Viviane était une ancienne prêtresse, qu'elle avait renoncé à sa position par amour pour un inconnu, et ,lorsque celui-ci s'était fait tué, avait épousé son ami d'enfance. Lui le savait, car il avait appris la magie auprès de prêtresses en son temps, et que l'histoire choquait beaucoup parmi elles.
Uther savait juste que l'enfant n'aurait pas pu être celui de son ami Gorlois. Mais il lui avait intimé de ne rien lui dire, de ne pas détruire l'image de sa mère. Pourtant cela aurait pu l'éclairer … Mmh Viviane était une femme extraordinaire, et la vérité ne la dévaluait pas. Il était dommage qu'elle n'ait pas survécu à sa seconde grossesse. Peut-être que si le couple ne s'était pas retiré sur leurs terres… Difficile à dire. La précipitation autour de sa conception et de sa grossesse avait été étrange, mais il avait compris que Viviane n'avait pas voulu accoucher à Camelot, après la perte de sa première fille.
Uther avait toujours eu des réactions étranges par rapport à Morgane. Il s'était soulé de manière terrible lorsqu'il avait appris la naissance de sa pupille et la mort de sa mère. Il avait régulièrement invité la petite au château, malgré la rivalité qui s'était assez vite installée entre les enfants. Arthur avait peut-être été jaloux de l'attention qu'Uther portait à sa filleule, là où Uther restait plus strict et fermé avec lui.
Gaius avait toujours vu dans cette attitude un moyen pour Uther de se protéger, du fait de la ressemblance d'Arthur avec sa mère, de se laisser aller en public avec son propre enfant. C'était également un moyen pour Uther d'élever son fils dans son futur rôle de successeur, de le préparer à ses futures fonctions.
Il re soupira et se résolut à aller faire un tour dehors, étant donné que ses affaires étaient en ordre. peut-être croiserait-il les jeunes filles sur le marché ? Il avait entendu des servantes parler d'un marchand de tissu, nul doute, que cela avait dû attirer pas mal de jeunes filles.
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Des rires résonnaient sur les murs de l'appartement. Morgane s'était trouvée un très beau tissu en taffetas vert d'eau qui se mariait à la perfection avec la nuance de ces yeux. Sa servante avait retrouvé des chutes de sa robe vert foncées et pourrait agrémenter sa robe de rubans qui s'harmoniseraient. Elles avaient étalés différents modèles sur la table et tournaient autour, choisissant le modèle de la robe, la forme des manches, de la ceinture, et de tous les petits détails qui pourraient l'agrémenter. Une fois que Gwen aurait fini de faire la robe, elle irait directement chez les brodeuses qui la décoreraient de fils d'argent et de pierres semi-précieuses.
Elles avaient passés un après-midi absolument enchanteur et La brune avait fait un subtil clin d'oeil à sa confidente lorsque le vieux médecin qui les avait croisées lui avait demandé si Gwen pourrait passer à l'occasion l'aider. La jeune métisse avait secoué la tête de désapprobation, imaginant l'état de la pièce mais accepta, se rendant bien compte que le vieil homme devait éprouver des difficultés à tenir propre ses quartiers.
-Voilà, donc on pourrait rajouter un ruban ici le long de l'encolure et ce serait parfait. Tu ne crois pas que ça risque d'être un peu provoquant ?
-Mmh, c'est un peu osé, certes. Mais vous ferez tourner toutes les têtes comme à votre habitude, répondit Gwen en se mordant la lèvre puis en faisant un clin d'oeil à sa maîtresse.
-Tu me flattes, gloussa Morgane.
Gwen rougit légèrement et acheva de faire ses annotations, avant de replier l'ensemble dans son panier, elle se mettrait à l'ouvrage dès qu'elle serait chez elle.
-Guenièvre ? l'interpella la jeune Dame.
-Oui, ma Dame ? répondit distraitement la jeune servante.
-Où vas-tu ? Nous n'avons pas encore choisi ce que nous allions faire de ces tissus ? fit-elle en souriant et en désignant deux magnifiques tissus, un rose poudré en coton, et l'autre dans un tissu voilé légèrement plus clair.
-Oh, je pensais y réfléchir plus tard, votre robe est plus urgente que …
-Voyons, il nous les faut toutes les deux pour dans deux semaines, n'est-ce pas ?, la coupa Morgane
-Mais la votre doit être brodée après sa conception. répliqua justement la jeune fille aux yeux noisettes.
-Ainsi que la tienne. Je comptais confier le travail à une autre couturière, tu connais le travail d'Edythe ? Elle n'est pas aussi douée que toi, as des doigts en or, j'aimerais bien être aussi douée, mais ce n'est pas mon cas. Toujours est-il que c'est un cadeau, tu ne vas pas la faire toi-même, non ?
Gwen hocha la tête, sans s'en rendre compte et laissa Morgane sortir d'autres modèles.
-Tu vois, je voyais quelque chose comme ceci … Oh tu vas être tellement jolie … on pourrait peut-être coudre des petites fleurs blanches et roses dessus ? avec une rose en tissu dans les cheveux, tu seras sublime.
Gwen acquiesça tout en élargissant un peu plus les yeux. Elle se laissa porter par l'enthousiasme de sa maîtresse et lorsqu'elle gagna sa petite maison, elle se mit aussitôt à l'ouvrage. Quel projet enthousiasmant … Presque autant que lorsque pour aider Arthur pendant la reconstruction, elles avaient préparé et fourni tout le matériel de lingerie pour que les gens puissent ré-emménager rapidement. La plupart avait brûlé durant l'incendie, malheureusement.
Morgane avait regardé sa suivante partir les étoiles pleins les yeux, et bien qu'elle eut voulu l'empêcher de prendre les tissus avec elles, pour les confier le lendemain à l'autre couturière, Gwen les avait pris et manifestement comptait s'y mettre tout de suite.
Elle avait souri à son enthousiasme et puis c'était rapidement rhabillée pour enfiler ensuite une cape chaude et discrète et se faufiler dans les couloirs rejoindre sa soeur. Bien qu'elle l'ait vue hier, Morgause avait insisté pour la revoir ce soir.
Elle arriva à échapper aux diverses patrouilles en se cachant régulièrement derrière diverses caches qui se présentait à elle. À présent, elle avait pris l'habitude de ce genre de sortie, bien qu'au début la sorcière se soit sentie apeurée et nerveuse. Morgane rejoignit alors calmement le passage secret qui la mènerait hors de la cité. Elle déboucha devant des chênes majestueux, qui resplendissait sous la lumière de la lune, et tourna vers la droite pour rejoindre un bosquet éloigné.
Lorsqu'elle y parvint, Morgause y était déjà. Cette fois-ci, il n'y avait rien, aucun des objets habituels que sa soeur amenait pour leur séance d'exercices et d'entraînements. Sa soeur était assise au milieu d'un cercle formé par un mélange de cendre, de craie et d'une poudre bleue qu'elle lui avait déjà vue utiliser. Morgane inclina la tête pour la saluer, s'agenouilla près d'elle et l'embrassa avant de s'asseoir dans le cercle en face de sa soeur.
-Ma soeur, aujourd'hui est venu le temps pour moi de te faire partager une partie de notre histoire, de l'histoire de notre peuple. J'en suis navrée, mais je pense qu'il est plus simple pour moi de te montrer des souvenirs de l'époque de la Purge que de te la raconter, pour la simple raison qu'il m'est difficile d'en parler.
-Pourquoi ?
-Tu sais que tu dois te méfier d'Uther, il est important que tu saches pourquoi.
Morgane ouvrit les yeux un peu plus, et finit par hocher la tête lentement… Voilà une expérience dont elle devrait se méfier. C'était exactement le genre de situation où sa conscience risquait d'être tiraillée.
Morgause prit ses mains dans les siennes, et lui conseilla de fermer les yeux. Elle se mit à réciter une incantation et la jeune sorcière sentit sa magie se réveiller et couler dans ses veines, enflammant ses sens. Soudain l'incantation devint une mélopée et elle sentit une magie différente, plus froide, moins colorée rencontrer la sienne et la pénétrer au niveau des mains. La vitesse de cet écoulement s'intensifia et bientôt elle se sentit entièrement prise dans la magie de sa soeur et une série d'images coula en elle et se grava dans sa mémoire. Elle hurla soudain et l'expérience s'arrêta. Son corps bascula en avant, et elle sentit les mains de la sorcière blonde caresser ses cheveux et son dos.
Doucement elle reprit sa respiration, ses yeux encore sous le choc de ce qu'elle avait vu. Elle savait que ces images avaient été réelles, que cela s'était réellement passé, et à vrai dire, elle n'aurait jamais pu croire Morgause si elle le lui avait simplement raconté… Elle expira bruyamment et mit sa main sur son corps battant. Elle lutta contre les pleurs qui lui montaient aux yeux, incapable de se dire qu'Uther ait réellement pu commettre ses horreurs. Une brusque nausée s'empara d'elle et elle courut vomir dans le buisson voisin.
-Com… comment a-t'il … , C'était horrible…balbutia-t-elle lorsqu'elle fut remise.
-La purge a été une période terrible. Uther a essayé de nous anéantir, Morgane, et il n'en a éprouvé aucun remord ! Ses crimes n'ont pas été punis et notre peuple en porte toujours le deuil.
-Mais le tuer, ce serait nous abaisser au même niveau.
-Mmh certainement, mais on peut peut-être le contraindre à éprouver des remords ?
-Comment cela ?
-Je connais un moyen pour que ses démons remontent à la surface et lui torture l'esprit. Ainsi il pourrait payer pour ses crimes.
Morgause s'était mise à sourire d'une manière assez noire, mais Morgane pencha la tête pour lui indiquer son accord… Uther ne pouvait rester impuni pour les atrocités qu'il avait commise, et nul autre que lui n'en subirait les conséquences.
À suivre
(*) : Imbolc : fête religieuse celtique irlandaise, qui était célébrée le 1er février de notre calendrier, soit au début du mois d'anagantios selon le calendrier de Coligny dans la mythologie celtique. C'est la fête sur laquelle les sources littéraires médiévales sont les plus faibles.
Le sens du nom est « lustration », il s'agit donc d'une purification qui prend place à la fin de l'hiver. [source : Wikipédia]
Avis : Le prologue fait environ 5000 mots, je tâcherai de garder cette constance pour les prochains chapitres, ce qui fait que les épisodes seront constitués de 6 parties. Je remanierai plus en profondeur à partir de l'interlude entre l'épisode 3 et 4. J'espère que mes anciens lecteurs prendront plaisir de cette reprise, et que les nouveaux seront content de cette suite. :)
Voilà, j'espère que ça vous a plu. Vous êtes libres de commenter ou pas. Cela dit, ça me ferait plaisir.
À la semaine prochaine.
