Merlin ~
Revelationis (Part I)
La panique faisait trembler chacun de ses membres. Ses yeux bleus acier affolés roulaient dans leurs orbites mais ils ne pouvaient échapper à aucuns des détails de la scène effroyable qui s'étendait devant lui.
- Pour l'amour de Dieu, Merlin ! Fais quelque chose !
Les mains de ce dernier sursautèrent à l'appel, envoyant quelques gouttes précieuses bordeaux s'écraser sur la toile de son pantalon. Cela était bien la dernière des préoccupations du jeune valet car ses genoux posés sur le plancher en étaient déjà presque imbibés... Et puis il y avait Genièvre...
Gwen dont la vie s'en échappait à chaque seconde par de multiples blessures contre lesquelles on ne pouvait rien.
Gwen dont l'hémoglobine mouillait le sol de dalles froides et se répandait jusqu'aux genoux de Merlin.
Gwen étendue devant lui, prise d'abominables convulsions dues à la perte violente de tout ce sang alors que lui en avait les doigts couverts à force de tenter de comprimer les entailles afin que l'hémorragie s'arrête.
Mais ça ne fonctionnait pas.
Et Gaïus n'était pas là.
Il n'y avait que lui et le désarroi qui venait en réponse à cet effroyable carnage rouge.
Ils allaient la perdre.
- Merlin !
La panique dans la voix d'Arthur le sortit de sa léthargie horrifiée. Le brun releva brusquement la tête pour rencontrer les pupilles cobalts du Prince entrecoupées par quelques mèches ambrées. Hélas, il ne pouvait exaucer le vœu de l'hériter Pendragon sans se trahir et dévoiler son don. Autrement dit, il devait laisser mourir la jeune femme.
En était-il seulement capable ?
Son cœur était sur le point de se briser. Tout n'était qu'une question de minutes, voir de secondes.
- Je... je ne peux rien faire, avoua Merlin de sa voix serrée par le chagrin qui commençait à monter en lui. Je suis désolé.
Désemparé, Arthur le regarda tel un enfant perdu. Et son valet ne pouvait que le contempler, impuissant devant l'intolérable réalité. Celle-ci même qui obligeait le prince à perdre son grand amour...
- Non, souffla-t-il.
Il reporta son attention sur le corps qui avait cessé de bouger : Genièvre venait de sombrer dans l'inconscience.
- Non, répéta-t-il avec plus de force, cela ne se peut pas...
Fébrilement, il apposa ses mains sur les joues de Gwen, comme si seulement ce geste pouvait la réveiller.
- Arthur, tenta d'apaiser le jeune sorcier, mais aucun autre mot de réconfort ne venait.
A chaque seconde, sa culpabilité augmentait, tel un vil serpent qui enserrait son estomac, lui faisant remonter un goût de bile dans la bouche.
Et dire qu'il aurait pu stopper toute cette souffrance, là, maintenant. Il n'avait qu'un sort à prononcer. Mais le fils d'Uther était là et refusait de quitter sa bonne amie agonisante et qui succomberait sous peu.
Il examina successivement le visage de la fidèle servante et celui du Prince.
Merlin était au pied du mur.
Sa décision fut prise lorsqu'il vit les larmes de sel effleurer les paupières d'Arthur et que la respiration de Guenièvre ralentit soudainement.
Alors, Merlin avança une de ses mains vers le corps de la femme étendue entre les bras de cet homme de sang royal, inspira et ses pupilles prirent en une fraction de seconde une incroyable lueur dorée sous le regard médusé du futur Souverain de Camelot.
[ à suivre... ?]
|°~~~~°~~~~ °|Valou-chan|°~~~~°~~~~ °|
