Titre : Il se fait tard - Prologue
Fandom : Glee
Personnages : Klaine, Rory, mention de Rachel, Mercedes, etc
Genre : futur, sorte de AU (car Rory est enfant lorsque Kurt et Blaine sont adultes)
Commentaires : c'est fait pour être du fluff complet ou presque, ça n'a pas de prétention autre que de me faire plaisir avec Klaine et Rory
Il se faisait tard. En vérité, il était dix heures du matin, par un beau dimanche froid mais ensoleillé, la neige scintillant de milliers de paillettes qui crisseraient merveilleusement si on marchait dessus. Mais, pour Kurt, il se faisait tard. Dans sa vie. Il pouvait pourtant se targuer d'être encore jeune, il n'avait que vingt-huit ans. Vraiment, il avait encore de belles années devant lui. Par ailleurs, il avait eu la chance de faire carrière tôt.
A dix-neuf ans, il était monté à New-York avec Blaine et Rachel, et ils avaient pris un appartement ensemble. Après quelques petits boulots de-ci de-là, Rachel avait décroché un rôle dans une comédie musicale. Pas Broadway, mais une petite compagnie qui jouissait d'une bonne réputation. C'était une aubaine. Et peu après, Broadway la repéra. Ainsi entama-t-elle les représentations du Fantôme de l'Opéra.
Kurt ne tarda pas à la rattraper en étant engagé quelques mois plus tard dans Hairspray, alors que Blaine chantait dans des petits cabarets. Lorsqu'il fut à son tour pris à Broadway, dans un théâtre qui l'engagea pour Mary Poppins, les trois colocataires firent une fête immense, et ils eurent beaucoup de mal à se convaincre qu'ils ne rêvaient pas.
La vie continua cependant, avec son lot de rêves, de représentations, de critiques de journaux, de mésaventures et de découragement passagers. Mais ils tenaient bon, et quelques années plus tard, Rachel emménagea avec son petit ami, tandis que Kurt et Blaine achetèrent une maison où ils construisirent un nid douillet. Ils n'y étaient pas beaucoup dans les premiers temps, mais ils se forcèrent à garder une part de réalité dans leur vie et s'autorisaient des vacances, au calme, à ne rien faire d'autre que de se préoccuper d'eux.
Dire qu'ils ignoraient le reste du monde aurait été faux cependant. Ils continuaient à fréquenter leurs amis aussi souvent que possible, rendaient visite à leurs familles.
A bien y réfléchir, la vie de Kurt avait été pavée de bonheur. Evidemment, pas depuis sa naissance il gardait encore de mauvais souvenirs de sa scolarité, mais à partir du lycée, ça avait commencé à aller mieux. Et ça n'avait pas changé de sens. Mais il sentait qu'il était temps qu'il y rajoute un petit quelque chose qui renforcerait davantage cette félicité.
Blaine et lui avaient plus d'une fois parlé d'enfants. Ils en avaient tous deux envie, bien que Blaine semblait le plus enthousiaste. Au début de leurs carrières, il n'en était évidemment pas question. Ils n'en avaient ni envie ni la possibilité. Puis, peu à peu, ils avaient abordés le sujet comme une éventualité proche. Ils repoussaient l'échéance, car ils voulaient être sûrs de choisir le meilleur moment pour se lancer dans cette nouvelle aventure. Mais ils n'avaient fait que repousser l'instant et voilà que Kurt en arrivait à se demander depuis combien d'années ils souhaitaient avoir un enfant. Lorsqu'on en vient à se demander le nombre sans arriver à le définir tout à fait, c'est que ça fait probablement trop longtemps que ça dure.
Kurt se surprenait, ces derniers temps, à s'imaginer expliquer tout un tas de choses à son enfant. Dans toutes sortes de situation, comme par exemple lorsqu'il se nettoyait le visage le soir, il se voyait dire :
« Tu vois, il faut d'abord utiliser le lait, que tu frottes bien sur ton visage, et après tu prends la lotion tonique pour t'hydrater la peau et la laisser belle et nette. »
Lorsqu'il achetait des vêtements, il s'imaginait dire :
« Avant de te dire que ce vêtement ne ressemble à rien, essaye-le ou feuillette un magazine. Ce n'est pas ce mannequin en plastique qui saura te dire si ça te va, c'est ton reflet ou Frida Gustavsson (dans le cas où il parlerait à une petite fille)/ Andrej Pejic (dans le cas où il parlerait à un petit garçon) »
Il s'était beaucoup demandé s'il préfèrerait avoir un garçon ou une fille. Blaine comme lui n'étaient pas fixé sur la question. Evidemment, Kurt imaginait le rêve d'avoir une petite fille avec laquelle partager sa passion pour les tiares ou Patti Lupone. Mais s'il avait un garçon, pourquoi ne pourrait-il pas lui faire partager ses goûts en matière de mode ou lui enseigner le chant ? Donc non, il ne savait pas.
Mais ce qu'il savait, c'était qu'il avait de plus en plus envie de faire entrer un petit être dans sa vie. Il savait que Blaine rêvait de la même chose, et il serait un merveilleux père. Il pouvait très bien faire une pause dans sa carrière, ils avaient de l'argent de côté, ils avaient la place d'accueillir d'autres membres dans leur famille, tout collait. C'était décidé, dès que Blaine serait rentré, il lui en parlerait. Il était parti tôt ce matin là pour assister à une sorte de visites de sites dont s'occupaient certaines associations dont il faisait partie et devait visiter des maisons de retraites ou quelque chose dans ce genre-là. Kurt le faisait aussi, parfois. Il avait promis de ne pas rentrer trop tard, et Kurt ne s'en formalisait pas, nombreux étaient les week-ends où ils travaillaient, si bien qu'ils ne connaissaient plus la même définition du terme « week-end » que celle de la plupart des gens. Pour eux, gens du show-biz, le week-end n'était que des jours de la semaine potentiellement salariés. Mais là, il avait envie que Blaine rentre. Il avait envie de lui faire part de toutes ses réflexions, et il était tellement excité à cette idée qu'il ne tenait pas en place. Il lui vint à l'esprit de téléphoner à Rachel, Mercedes ou ses parents pour leur annoncer qu'il avait pris la décision d'adopter un enfant, mais ça n'avait pas beaucoup de sens de leur en parler avant d'en parler à Blaine.
Une crainte, probablement gratuite, le gagna. Et si Blaine avait changé d'avis ? Et s'il pensait qu'il était finalement trop tard pour eux ? Et s'il pensait que leurs carrières étaient trop importantes ? Kurt secoua la tête. Il se donna même une petite claque du bout des doigts sur la joue pour la forme. Il était ridicule, il s'en rendait compte. Blaine voulait des enfants. C'était une certitude. Ensuite… peut-être qu'effectivement, il ne serait pas d'accord pour le faire maintenant, peut-être qu'il avait d'autres projets (même si ç'eut été peu probable qu'il n'en eût pas parlé à Kurt).
Cela lui donna tout de même un peu le cafard et il se dit qu'il pourrait aller rendre visite à Rachel qui habitait à quarante minutes de route, puis abandonna. Non, s'il allait la voir, il verrait aussi sa merveilleuse petite fille de deux ans, et ça ne lui remonterait pas le moral, même si la petite était tout aussi adorable et agaçante que sa mère. Beaucoup d'autres de ses amis avaient des enfants, donc il élimina mentalement les gens à aller voir, et finit par penser à une amie et récente collègue dans Mamma Mia, Savannah, célibataire sans enfant. Après un petit coup de fil, il passa la voir pour déjeuner et passer une partie de l'après-midi ensemble.
Il rentra chez lui assez tôt pour ne pas rater le retour de Blaine. Celui-ci arriva une demi-heure après, et Kurt se félicita de son timing. Il décida de ne pas lui sauter dessus pour le bombarder d'idées diverses et variées sur les prénoms du bébé et la couleur des murs de sa chambre, et l'attendit tranquillement dans le salon, un livre entre les mains. Blaine ne serait pas dupe et saurait qu'il n'avait pas passé l'après-midi à lire, et Kurt le savait, mais il fit mine de malgré tout.
C'était son plan, en tous cas, mais quand il vit Blaine dans l'encadrement de la porte du salon, il posa son livre sur la table basse. Il se passait quelque chose. Blaine avait le poing serré, posé contre sa bouche, il avait les yeux humides et il semblait sur le point de pleurer à tout moment. Kurt, alarmé, se jeta sur lui pour lui demander ce qu'il y avait. Il se rendit enfin compte que, plutôt que triste, Blaine avait l'air ému. Et c'est la voix tremblante que son conjoint parvint à lui dire :
« Je l'ai vu…
-Vu qui, chéri ? demanda Kurt qui s'inquiétait un peu quand même.
-… notre fils. »
