Pirates des Caraïbes – Le droit de pacotille

I – Quel vent vous amène

Elisabeth vit le Hollandais Volant lever les voiles vers le large emportant Will Turner, son époux, par delà les mers et par delà la vie. Elle posa ses mains sur ses lèvres où elle s'imprégna du goût salé du dernier baisé de Will, vestige et souvenir du dernier baisé avant de nombreuses années. Elle ramassa ses bottes et observa le coffre où reposait le cœur de son bien aimé. Elle s'approcha et colla son oreille. Elle entendit le rythme calme et paisible du cœur de Will.

Un éclat vert brilla dans le ciel et le Hollandais Volant disparut, emportant son nouveau capitaine, Will Turner.

« Lui qui n'aimait pas les pirates ! » murmura Elisabeth en s'asseyant sur le sable blanc de la plage, des larmes perlant le long de ses joues. Elle laissa la tristesse l'envahir et songea aux années à venir, loin et si près de Will sans jamais pouvoir le toucher.

Elle se releva quelques heures plus tard pour rejoindre Port-Royal. Mais que l'attendait là-bas ? Son père, le gouverneur de Port-Royal était mort, tué par Cutler Beckett. Elle était la femme d'un capitaine pirate, elle-même Reine des Pirates grâce à la ruse de Jack Sparrow. Que devenaient les pirates ? Et la Compagnie des Indes continuaient-elles d'écumer les mers contre ses semblables ?

Elle arriva à Port-Royal et fit rapidement demi-tour. Le drapeau de la Compagnie des Indes flottait au dessus des bureaux du port et elle découvrit son portrait, ainsi que celui de Jack et de Barbossa, une forte récompense à la clef.

La vie sur terre n'était plus pour elle. Elle troqua ses habits contre des frusques mal lavées, coupa ses cheveux courts, coiffa sa tête d'un bandana, se couvrit le visage d'un peu de boue et embarqua sur un navire de commerce. Elle reprenait la mer, le seul endroit où elle serait le plus proche de Will.

Mais avant de quitter la terre, elle cacha précieusement le coffre contenant le cœur de son aimé. Partir en mer avec était folie. Son cœur se serra de ce séparer du cœur de son aimé. Il t'a toujours appartenu. Les dernières paroles de Will résonneraient à jamais dans son esprit et dans son cœur.

Elle croyait ne jamais revoir les capitaines Barbossa et Jack Sparrow. Leur rencontre se fit bien plus tôt qu'elle n'aurait pu le croire.

Le Concorde, navire de fret ralliant les Indes sous le pavillon de la Compagnie des Indes Orientales, naviguait depuis un mois quand une violente tempête éclata et souffla pendant des jours, éloignant le navire de sa route initiale. Elisabeth n'avait jamais souffert du mal de mer, mais cinq jours d'un ballottage incessant eurent raison de son estomac. Le sixième jour, le Concorde croisa la route d'un vaisseau aux voiles noires arborant le pavillon des pirates.

« Pirates ! Pirates ! »hurla le vigile en poste sur le grand mât.

« Je le reconnais, » marmonna un marin en se penchant au bastingage. « On raconte que ce vaisseau est maudit, commandé et dirigé par des morts-vivants ! »

Elisabeth éclata de rire et donna une grande bourrade au marin.

« Ce ne sont que des histoires de marins ivres ! » s'exclama-t-elle d'une voix roque. « Tu crois vraiment aux histoires de fantômes ? »

« Le Concorde est le navire le plus rapide de la Compagnie des Indes. Il a un vent de face, il ne pourra jamais nous rattraper ! » gronda le second en donnant les ordres aux matelots.

C'est mal connaître le Black Pearl, songea Elisabeth. Et tes marins et ton navire sont éprouvés par la tempête.

Elisabeth risqua un sourire quand elle entendit hurler « Aux armes » quelques minutes plus tard. La poudre mouillée rendant les canons et les armes à feux inutilisables, le Concorde dû attendre que le Black Pearl l'aborde pour commencer le combat.

Elisabeth, assise sur le bastingage du Concorde salua Barbossa, debout sur le gaillard arrière du Black Pearl, mangeant une pomme à la réussite de l'abordage et à son butin. Prêt à croquer sa pomme, le capitaine du Black Pearl s'arrêta en plein geste.

« Pintel ! » grogna Barbossa en se tournant vers le pirate.

« Oui, 'pitaine ? » répondit le marin en manoeuvrant le navire pour l'abordage.

« N'est-ce pas Mademoiselle Swann qui nous salue ! »

Pintel se pencha sur le gouvernail et chercha Elisabeth. Il la reconnut et lui adressa de grand signe de la main. Il reçut la main de Barbossa à l'arrière du crâne et s'assomma sur la roue du gouvernail. Il se frotta le crâne.

« C'est pas 'moiselle Swann, Cap'taine, c'est M'dame Turner maintenant. Souv'nez-vous, vous les avez marié sur le Pearl pendant la grande bataille contre Davy Jones. »

Barbossa dévisagea Pintel. « Tu crois que je suis pas capable de me souvenir ! »

« Non, pitain', » fit Pintel en cessant de sourire. « Mais c'était très émouvant. Je me souviens ! »

Barbossa n'écoutait pas et se tourna vers Elisabeth, l'invitant à rejoindre son navire. Elle tira son couteau et coupa une corde. Une des voiles du Concorde s'écroula tandis qu'Elisabeth volait dans les airs et atterrit sur le pont avant du Black Pearl.

« M'dame Turner » fit Ragetti en la saluant avec peu d'élégance et tira sur un marin du Concorde qui s'écroula dans un gargouillis que couvrirent les canons en action.

« Bienvenue à bord du Black Pearl, » fit Barbossa en descendant du gaillard arrière. « Quel vent vous amène dans cette contrée des mers ? »

« Nous sommes recherchés par la Compagnie des Indes et il fait un sale temps pour vivre à terre. Où est Sparrow ? »

Les pirates retournèrent à leurs occupations, Barbossa fit demi-tour et remonta sur le pont.

« Vous lui avez encore volé son navire ? » s'exclama Elisabeth en gravissant les marches en bois à la suite du capitaine. « Barbossa vous êtes impossible ! »

« Ce n'est pas son navire ! » riposta Barbossa en se retournant brutalement.

« De toute manière, on ne sait pas vraiment à qui il appartient. Mais vous n'avez pas vendu votre âme à Davy Jones pour qu'il le renfloue. Cette… dette, vaux sûrement de contrat ! »

Barbossa la dévisagea de toute sa hauteur.

Elisabeth souleva les épaules et s'assit sur le rebord du pont. De toute manière, que lui importait le sort de Jack Sparrow capitaine sans navire. Elle préférait être dans les bonnes grâces de Barbossa.

« C'est vous le capitaine à bord ! »

Barbossa donna un ordre muet à Pintel qui s'éloigna du Concorde, éventré sur le flanc et prenant l'eau de toute part.

« Vous aussi vous êtes capitaine ! Pourquoi alors ne pas vous trouver un navire, un équipage et sillonner les mers au lieu de me casser les pieds sur Jack Sparrow. J'espère que mon chemin ne croisera plus jamais celui de cette fieffé canaille. »

C'était sans compter sur l'extraordinaire hasard de la vie. En route pour Tortuga, le Pearl croisa la route d'une barque. Ils hissèrent l'unique passager à son bord et Barbossa mordit à pleines dents dans sa pomme, descendit du gaillard arrière à grand pas mécontent et alla s'enfermer dans son bureau.

« Capitaine Jack Sparrow ! Comment réussissez-vous à toujours vous trouver dans des situations frisant le burlesque ? Les sept mers ne sont pas assez grandes qu'il faut que vous croisiez éternellement le chemin de vos ennemis jurés ? » fit Elisabeth, appuyée sur le bastingage en détaillant Jack. Il était fidèle à lui même, toujours aussi excentrique, négligé et peu lavé.

« M'dame Turner ! » s'exclama Jack en la saluant avec son tricorne. « Quel vent vous amène par ici ? »

« Et toi, Jack ? » gronda Barbossa en s'approchant de Jack qui se précipita auprès d'Elisabeth.

« Je présume le même vent qui t'a fait rencontrer le capitaine Swann. » murmura Sparrow.

Elisabeth et Barbossa jetèrent un regard étonné à Sparrow. Jack leva la tête vers le ciel où d'énormes nuages s'accumulaient. Un éclair zébra le ciel.

« Oh, oh !! Je crois que la voilà ! » fit Jack en se précipitant vers l'autre bord du bateau.

Elisabeth regarda Barbossa qui lui retourna son regard. Elle leva les yeux au ciel et un nouvel éclair éclaira le ciel gris.

« La voilà, la voilà ! » s'excita Jack en tendant sa main vers la mer.

« Qui ? » demanda Ragetti en s'approchant du bastingage, imités par Elisabeth et Barbossa.

« Elle ! » fit Jack, sérieux, tout sourire enfuis de son visage, en tendant sa main derrière le trio.

Ils se retournèrent, certain de ne pas apprécier la nouvelle venue.

A suivre