Blabla inutile : mon OTP concernant Haikyuu! devient enfin réalité ! J'ai eu du mal à m'y mettre, mais j'ai finalement tout écrit d'une traite...
Le titre vient du dixième poème de Vingt poèmes d'amour, de Pablo Neruda.
Bonne lecture.
Les astres grelottent dans le lointain alors que sonnent les dernières heures de la journée, et les pieds de Koushi s'enfoncent agréablement dans la neige fraîche qui recouvre délicatement l'asphalte s'étendant face à lui.
Le crépuscule s'est abandonné en portes d'argent derrière lui avant que la blancheur immaculée du ciel ne tombe sur la ville ; ses yeux scrutent l'étendue pâle de l'horizon qui semble marcher à ses côtés, un léger vent sec courant le long de sa joue, et son cœur s'emballe quand des flocons se faufilent entre son écharpe et le col de son manteau, taquins, établissant ainsi un contact glacial avec la peau tiède qui se meut sous les couches de tissu.
L'odeur du froid monte doucement et frappe contre son nez avec affection et légèreté ; il a l'impression d'accueillir une vieille amie qu'il ne peut voir que quelques mois par an, de façon furtive et déconnectée. Ses chaussures glissent dans le mélange fragile mais aucun bruit réel ne se répercute contre les sillons noirs du goudron ; vêtue de sa robe de larmes cristallisées, la ville se retrouve immobile, plongée dans un grand brouillard de calme et de solitude.
Koushi respire l'air ambiant qui lui monte à la tête ; grisé, enivré, il ne fait même pas attention aux pétales d'or qui chancellent et roulent sur ses épaules. La tempête de particules blanches s'éteint peu à peu, résignée à s'endormir entre les branches cireuses des arbres, retroussant ses jupons pour se cacher derrière les racines de l'hiver, et ses yeux se ferment à la manière de la lumière s'étant confiée au ciel crépusculaire, sa place laissée à la nuit et aux vapeurs de la lune.
Quelque chose grandit en lui tel un songe liquide — une absence, une solitude, il n'en est pas vraiment sûr et préfère s'épargner des tergiversations stupides en cette soirée paisible, mais force est de constater qu'enfouir ses pensées les plus destructrices au fond de son cerveau n'est pas la plus saine des idées. Le sable peut éteindre le feu mais un foyer réside encore parfois — et le gravier réduit en poussière qui s'étale en couches épaisses sur sa brûlure amère apaise mais n'évacue pas pour autant la douleur diffuse et continue qui s'échappe de cette plaie à vif.
Un instant et le monde semble se dissoudre en poudre nébuleuse — un obstacle et il s'arrête, ouvre grand les yeux et reste muet.
Daichi lui sourit, les joues rougies par le contact obstiné du froid, et la teinte se dilue en de multiples éclats de rose et d'écarlate, petites lumières incandescentes dansant sur sa peau dorée. Ses lèvres sont hantées par l'ombre de la glace mais une chaleur spécifique à Daichi se dégage de lui, un sentiment propre à ces matins d'été figés entre deux modes d'existence. Koushi aimerait simplement arrêter les secondes et attraper entre ses doigts pâles les graines de temps qui fuient, perdues à jamais entre les lignes vertigineuses de blanc et de gel, entre les rares herbes jaunies qui sortent le bout de leur tête hors des sommets blanchis.
Dans les plis de la nuit, ses doigts se perdent sur l'immensité de la peau de Daichi, traçant chaque contour, chaque sourire - et il se sent vivre, heureux que la solitude se dissipe pour quelques heures lorsque Daichi est aux alentours.
Leurs mains se trouvent dans la nuit enneigée alors que les ténèbres qui le hantent finissent par s'évanouir dans la brume argentée qui s'élève vers un ciel opaque de pureté.
