Chapitre I. L'annonce du printemps
Il était quatre heures du matin lorsque Severus se réveilla en sursaut. Son subconscient, dépourvu d'originalité, lui repassait en boucle le même rêve depuis … depuis combien de temps déjà ?
Depuis combien de temps était-il sortie du coma dans lequel l'attaque du serpent de son ancien maitre l'avait plongé ? Ça devait faire deux mois maintenant et depuis deux mois le même rêve un peu trop tordu, même pour lui.
À quatre heures quatorze, après quelques minutes de méditation, Severus sortit de son lit pour aller se laver. Il prit quelques secondes pour se regarder dans le miroir et juger qu'il était plutôt présentable malgré les deux cicatrices en travers du cou. Pour finir il prit l'un de ses nombreux ensembles noirs dans son armoire et se dirigea vers son laboratoire. C'est ainsi que se déroulaient chaque fois les premières heures de la journée pour Severus Snape.
Il aimait cette routine qui lui rappelait que la guerre était finie, qu'il était en sécurité. Il passait des heures à travailler sur ses projets personnels même s'il devait toujours enseigner les potions à un tas de gamins qui n'en voient pas l'utilité. Était-ce une obligation après tout ? Pas vraiment mais une fois rétabli Severus était revenu à Poudlard pour enseigner car il n'avait aucun autre endroit où aller. Sa maison impasse du tisseur avait été détruite par les derniers mangemorts pourchassés. Une vengeance satisfaisante pour eux. Seulement, Severus n'avait que faire de cette vieille maison.
Vers sept heures du matin Severus reçut un hibou de Minerva qui le sommait de se présenter au petit déjeuner plutôt que de se terrer dans les cachots car elle devait faire une annonce qui concernait l'ensemble de l'école. Beaucoup plus magnanime depuis la fin de la guerre, il s'y rendit.
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Dans la grande salle l'agitation régnait mais Severus put remarquer le silence soudain qui provenait d'un petit groupe de Gryffondor lorsqu'il passa devant eux. Il s'agissait du petit groupe de septième année qui avait souhaité revenir à Poudlard après la guerre. Il était composé du célèbre et non moins détestable trio d'or, de la jeune Weasley, du bon à rien de Londubat et de quelques autres, tous membres de l'AD autrefois. Severus savait pertinemment ce qui provoquait ce silence. Potter leur avait sûrement raconté qu'il n'était pas ce qu'il prétendait être, qu'il n'était pas si mauvais. Cela le rendait fou de rage lorsqu'il pensait qu'il avait peut-être raconté les détails de sa vie intime. Lorsqu'il avait transmis ses souvenirs, il pensait mourir, il n'aurait ainsi pas eu à souffrir de la pitié des gens, mais il en avait été autrement. Severus n'était pas mort ce soir-là dans la cabane hurlante. Néanmoins, une partie de lui semblait avoir péri. La partie la plus noire et agressive de sa personne s'en était allée en même temps que ses souvenirs de Lily, comme si les transmettre à son fils lui avait permis de se libérer de son emprise morbide sur lui. Un raclement de gorge le fit sortir de ses pensées et il prit place à côté de la directrice.
« Chers élèves des quatre maisons, vous n'êtes pas sans savoir que dans deux semaines ce sera le premier jour du printemps. À cette occasion, l'ensemble du corps professoral et moi-même souhaitons organiser un bal du printemps durant lequel nous célébrerons le renouveau de la nature et de notre nouvelle vie, après la guerre. Il va sans dire que vous aurez besoin d'un partenaire pour danser, aussi bien que possible. ».
À la suite de cette annonce une profonde agitation régnait dans la grande salle, beaucoup se montraient enthousiastes d'autres semblaient chercher au fond d'eux-mêmes s'ils avaient un quelconque talent pour la danse, mais ce qui écoeura le plus Severus, c'était les regards coquins et les sourires en coins que se lançaient les élèves les plus âgés. Une sorte de parade qui signifiait : « toi et moi au bal et plus si affinité ? ». Severus fut également surpris de voir Hermione Granger, habituellement si sûre d'elle, s'enfoncer sur sa chaise, prête à disparaître sous la table.
Il détourna les yeux d'elle et en profita pour faire semblant d'être irrité par l'annonce de Minerva, alors qu'en réalité, il y était complètement indifférent.
« De quel droit parlez vous au nom du corps professoral sans nous avertir de vos projets Minerva ? demanda froidement Severus.
En fait, tu es le seul à ne pas être au courant, je préférais te mettre devant le fait presque accompli pour éviter à tes élèves de devoir supporter ta colère.
Je ne suis pas sûr que cela leur ai évité grand chose », trancha t'il avant de quitter la grande salle.
