Disclaimer : Aucun des personnages mentionnés dans cette histoire ne m'appartiennent. Ils sont la propriété de Square Enix!

A/N : Me revoilà avec, encore, une autre fic! Cette fois, je me tiens à un one-shot et je me frotte à un nouveau genre: l'humour noir. C'est le genre d'humour que j'ai la plupart du temps et je pense donc que ça ne devrait pas me poser trop de soucis. (et encore, là ça reste à peu près gentil par rapport à ce que je peux dire parfois) Si vous n'êtes pas trop habitué à ce genre de blagues, gardez bien à l'esprit que ça reste toujours de l'ordre du second degré. Pour ceux qui, comme moi, en raffolent, je vous souhaite de prendre plaisir en lisant ceci! )

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L'art du suicide…

" J'en ai vraiment marre, vous savez. Ma femme me tape sur les nerfs, mes gosses sont infichus de comprendre ce qu'on leur raconte. Je voudrais bien m'en aller mais pas d'un seul coup, vous voyez? Tout doucement, histoire de peut-être rattraper le coup si jamais je venais à avoir un peu plus de chance. " Un homme rondelet, dans la trentaine, s'entretenait avec un jeune homme. Le trentenaire présentait déjà quelques signes de vieillesse : une calvitie naissante rendait le haut de son crâne quasiment visible et ses cheveux prenaient une couleur poivre et sel. Ses yeux étaient cernés, ses doigts boudinés et tremblotant tandis qu'il sortit une cigarette d'un paquet pour la porter à ses lèvres. " Ca ne vous dérange pas? " demanda l'homme en désignant le cylindre. Le jeune homme fit non de la tête.

Sur le bureau de celui que l'on aurait pu prendre pour un médecin reposait une plaque sur la quelle était gravée un nom : Miyamoto Riku. Le jeune homme, tout juste âgé de 24 ans, regardait son 'patient' d'un air détaché, son regard à demi voilé par de longues mèches argentées. " A ce que je vois, vous avez déjà la solution à votre problème. " dit Riku en regardant attentivement les bouffées de fumée s'échapper des narines de l'homme. " Le cancer, il n'y a rien de tel pour s'en aller à petit feu. "

" Le quoi?! " s'exclama l'homme en s'étouffant à moitié. Il se reprit avant de continuer. " M – Mais je vais souffrir! " s'indigna-t-il.

" Vous vous attendiez à quoi? " demanda le garçon aux cheveux platine, l'air étonné. " Les morts lentes, par définition, sont douloureuses. Si vous ne voulez rien sentir, jetez-vous sous un train. Je déconseille les bus, vous avez plus de chances de vous rater et là, je vous dit pas les dégâts. " Riku se mit à rire.

" Il n'y a vraiment pas d'autres solutions? " demanda l'homme, paniqué. " Mais je veux pas mourir comme ça! " Il tira nerveusement une longue taffe de sa cigarette.

" Soit c'est rapide, soit c'est douloureux. Le choix devrait être déjà fait, vous ne croyez pas? " demanda Riku, un sourcil haussé.

" Je ne veux ni l'un, ni l'autre. " s'entêta l'homme, les sourcils froncés.

" Dans ce cas, allez voir un médecin et demandez-lui des calmants. Oh, et arrêtez de fumer. C'est bien connu, le tabac tue. " dit le jeune homme d'un ton ironique. Son client se leva de sa chaise, le regarda d'un air suffisant et sortit en trombe du cabinet. " Les gens, de nos jours… On les conseille et voilà comment ils vous remercient : ils vous claquent la porte au nez. " Le garçon aux cheveux platine secoua tristement la tête et appuya sur l'une des touches de son téléphone. " Faites entrer le prochain. " dit-il dans le combiné.

Riku avait un métier pour le moins inhabituel et, surtout, non déclaré. Il se chargeait d'aider les personnes désespérées à mettre fin à leurs jours. Et, étonnamment, le business marchait plutôt bien. Certainement l'effet du bouche à oreille. Comment était-il venu à faire ce genre de boulot? C'était très simple, en réalité. Un soir où il rentrait de son véritable métier – bouquiniste – il s'était installé dans son fauteuil après une journée plutôt rude. Il s'était mis à regarder les informations où l'on mentionnait le sauvetage in extremis d'une femme qui avait tenté de mettre fin à ses jours. Et l'on voyait donc cette femme qui, comble de l'étonnement, était furieuse après son sauveur! " C'est de sa faute si elle a été sauvée. Elle n'avait qu'à mieux s'y prendre. " pensa Riku. Puis il se mit à réfléchir à divers moyens de se tuer sans laisser la moindre chance d'être secouru. Se rendant compte du nombre incroyable d'idées qui lui vinrent à l'esprit, il décida qu'il était trop égoïste de garder tant de génie pour lui seul. Il devait en faire profiter tous ces gens désespérés de ne pas pouvoir se suicider et être sûr de réussir. Et voilà comment avait ouvert ce cabinet spécial qui, après quelques semaines seulement, avait connu un franc succès auprès de la population. Vous vous dites certainement, maintenant, que Riku devait culpabiliser de voir tant de vies s'envoler 'grâce' à lui. Et bien non. Il jugeait rendre service à tous ces malheureux qui, parfois, le lui rendaient bien. L'un de ses tout premiers clients lui avait fait parvenir une somme conséquente suite au succès époustouflant de son suicide et cela avait permis à Riku d'ouvrir ce cabinet. Ah, comme cet homme devait être fier de lui…

Entra donc un nouveau patient. Celui-ci était tout chétif et fuyait le regard de Riku, qui émit une sorte de grognement à la vue de son client.

" Pas encore vous… " marmonna le garçon aux cheveux platine et se frottant les tempes.

" B – Bonjour. " bégaya le timide en prenant place sur l'une des chaises, face au bureau du 'docteur'. Ce dernier prit un dossier dans l'un de ses tiroirs, l'ouvrit et raya une ligne supplémentaire d'une liste.

" Six tentatives de suicide ratées… Vous êtes certain de vouloir mourir? " demanda Riku, les sourcils froncés.

" Mais ce n'est pas de ma faute! " s'exclama l'homme désespéré. " C'est mon épouse! Elle me suit partout! La première fois, elle m'a suivi dans la cave et m'a vu préparer ma corde ; la seconde fois, elle a trouvé la boite de mort-aux-rats que j'avais cachée dans le fond du jardin ; la troisième fois – "

" Oui, oui, je sais tout ça. Je sais lire, merci. " le coupa froidement Riku en montrant la liste à son client. " Ce que je voudrais savoir, c'est comment elle a pu vous empêcher de vous ouvrir les veines dans les toilettes de votre bureau à l'autre bout de la ville. " dit le garçon, l'air sincèrement étonné. Soit cet homme y mettait de la mauvaise volonté, soit sa femme était une véritable acharnée.

" Elle a certainement trouvé la lame de rasoir dans mon portefeuille. Quand je suis arrivé à mon travail, elle avait disparu. " se plaignit l'homme en s'enfouissant le visage dans les mains.

" Et la tuer avant de vous suicider, vous y avez pensé? " demanda le jeune homme, accoudé à son bureau. Le simple fait de parler à ce type l'épuisait. Littéralement.

" M – Mais je – Je ne peux pas lui faire ça, voyons! C'est moi qui veux mourir! " s'indigna le patient. Il se mordit la lèvre en observant le rictus qui était apparu sur le visage de Riku.

" Oui, et en la laissant vivre, vous vous retirez toute chance de réussite. " fit remarquer le docteur. Il reprit son sérieux lorsqu'il vit la mine déconfite du désespéré. " Bon écoutez, vous n'êtes pas obligé d'aller aussi loin. " commença Riku. " Non seulement il est maladroit, mais en plus il est idiot. Qu'on m'aide, par pitié! " pensa-t-il. " Vous n'avez qu'à mettre des somnifères dans sa nourriture et quand les cachets feront effet, profitez-en pour passer à l'acte. "

" … " L'homme cligna des yeux plusieurs fois, puis ouvrit la bouche, un sourire étirant ses fines lèvres. " M – Merci, docteur! Vous êtes un génie! "

" Oh, ne dites pas ça. C'est simplement vous qui n'êtes pas très futé. " répondit le plus jeune en souriant, l'air tranquille. Son client sembla déstabilisé pendant un instant. " Bon, je vais devoir vous renvoyer. J'ai d'autres choses à faire. " le pressa le garçon aux yeux turquoise en désignant la porte.

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Riku avait rendez-vous ce soir là avec Kairi, l'une de ses meilleures amies. Elle était mariée à Tidus, une autre connaissance du garçon. Les deux compagnons s'étaient installés à la terrasse d'un petit restaurant de quartier fort convivial. Chaque semaine, Kairi et Riku se donnait rendez-vous au même endroit et ils profitaient de la soirée pour raconter leurs mésaventures et les bons moments des derniers jours. Inutile de dire que dans le cas de Riku, il s'agissait plutôt d'événements désagréables.

" Six fois et il n'a même pas réussi? " s'étonna la rousse, les yeux écarquillés. " Ce mec a vraiment un problème. " commenta-t-elle en sirotant un peu de son cocktail.

" J'espère qu'il ne se ratera pas la prochaine fois. J'en ai ma claque de le voir débarquer toutes les semaines. " dit amèrement le garçon en fronçant les sourcils. Kairi l'observa un instant.

" Dis moi, Riku. Il ne t'arrive jamais de penser à arrêter ce boulot? " questionna-t-elle. " Je veux dire, tu as déjà gagné assez d'argent pour vivre assez confortablement pendant un moment. "

" Je m'arrêterai quand j'en sentirai le besoin. " dit l'autre avant de boire une gorgée de son breuvage.

" En bref, quand les flics vont commencer à te chercher. " rétorqua la rousse, les sourcils froncés.

" Ne t'inquiète donc pas pour ça. Ils ne me trouveront jamais. " dit Riku, un sourire malicieux sur les lèvres.

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Pendant ce temps, ailleurs…

" Iwatari Riku, aussi appelé Miyamoto Riku. " dit un homme en affichant le portrait dudit garçon à l'aide d'un rétroprojecteur. " C'est sur lui que tu vas devoir enquêter. " continua-t-il en regardant son tout jeune employé, qui acquiesça d'un vif signe de tête. " Son cabinet se trouve en centre ville, juste à côté du centre commercial. Tu vas aller là-bas et te faire passer pour l'un de ses clients. "

" Et qu'est-ce que je dois lui demander? " questionna le jeune homme. Il avait des cheveux châtains clairs en bataille et de grands yeux bleus perçants et vifs. Malgré son âge, il avait encore un visage assez enfantin et son corps, dans sa généralité, n'était pas très musclé.

" Les gens qui vont le voir demandent des tuyaux pour se suicider. On a déjà recensé des dizaines de suicides sur les deux semaines précédentes. Et tous les proches des victimes affirment qu'elles se sont rendues dans ce cabinet peu de temps avant leur mort. Tu vas donc aller là-bas et ramener des preuves pour qu'on puisse le coffrer. " ordonna l'homme.

" Euh, d'accord. Je ferai de mon mieux. " dit le jeune homme en se levant et faisant le salut militaire à son supérieur.

" Non, Sora. Tu vas y aller et nous ramener des preuves. Tu n'as pas le droit à l'erreur. " dit froidement le supérieur du garçon dénommé Sora avant de laisser le policier seul, face au portait de Riku, projeté sur le mur blanc. Sora s'approcha de la paroi et lança un regard noir à l'homme qui y était affiché.

" Riku Iwatari… " murmura le jeune châtain. " Je vais t'envoyer derrière les barreaux et leur prouver à tous de quoi je suis capable! "

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Le lendemain fut aussi chaotique que la veille. Riku ne vit pas beaucoup de monde à la librairie de la journée et il dut lutter lorsqu'il vit l'affluence dans la salle d'attente de son cabinet. Il entra rapidement dans son bureau et fit entrer les patients. Après plusieurs heures de calvaire, le dernier entra enfin. Après avoir poussé un long soupir, Riku leva la tête et resta bouche bée devant celui qui allait devenir son prochain client.

" Il est bien jeune!! " pensèrent-ils à l'unisson. Sora, maintenant qu'il voyait Riku en personne, le trouvait bien moins âgé.

" Il y avait longtemps que je n'avais pas vu de gamin aussi mignon… Pas depuis Roxas en tout cas. " Riku fronça les sourcils. " Il a fallu que ce salaud d'Axel débarque. "

" Euh, excusez-moi… " demanda timidement Sora, osant à peine regarder l'autre garçon. Riku le regarda droit dans les yeux. " C'est bien vous Riku Miyamoto? " demanda-t-il d'une voix légèrement tremblotante. " Reste calme, Sora! Tu es en position de force là! Lui, il ignore qui tu es. Tout se passera bien. " Le jeune châtain prit de profondes inspirations pour calmer son cœur qui battait déjà rapidement.

" Tiens donc, ce nom me dit quelque chose. " dit le garçon aux cheveux platine en secouant lentement la tête. " Ah bien sûr, j'y suis! " ajouta-t-il en poussant légèrement sa plaque vers le client. Sora regarda l'objet, puis Riku, l'air confus. " Laisse tomber. " dit le plus âgé. " Encore un pas très futé. "

" J'aurais besoin de votre aide. " commença le jeune châtain. " Je – euh… " Il réfléchit un instant. " Je ne sais pas trop comment m'y prendre pour… Enfin, vous voyez de quoi je parle. " termina-t-il en haussant les épaules. " Je ne m'étais pas imaginé que ça puisse être aussi bizarre de dire que je veux me suicider alors que ce n'est pas le cas. " Le jeune châtain fut parcouru d'un frisson.

" Pour quelle raison? " demanda Riku, étonné. " Attends un peu. Si il est venu ici, c'est pour être conseillé, pas pour prendre le thé. Et puis pourquoi je m'en fais pour lui, d'abord?! "

" Ma – Ma copine m'a jeté pour un autre. Je l'aimais vraiment et j'ai beau essayer de l'oublier, il n'y a rien à faire. Je n'arrête pas de penser à elle alors que je sais bien qu'elle ne veut plus me voir. " dit le plus jeune, le visage enfoui dans les mains et faisant semblant de pleurer. " Ca va être trooooop facile. " se dit-il, content d'être si bon acteur.

" Ah bon? " demanda l'autre, une main sur la bouche. " Il suffirait qu'il se trouve quelqu'un d'autre, tout simplement. Et oh, quel heureux hasard! Je connais quelqu'un qui sera ravi de se proposer : moi. " se dit-il, un sourire malicieux sur les lèvres. " Très bien, je comprends parfaitement. Mais avant de te conseiller, j'ai besoin de te connaître davantage. "

" Pourquoi ça? " demanda Sora en relevant la tête. Il fronça les sourcils, certain d'avoir vu Riku sourire pendant une fraction de seconde.

" Il faut que je sache quel genre de personne tu es pour te conseiller la meilleure façon d'en finir. Il ne faut pas prendre le passage à l'acte à la légère. " Le garçon aux yeux turquoise ouvrit un calepin et prit un stylo. " Demain soir? "

" Quoi 'demain soir'? " demanda le châtain, la tête légèrement inclinée sur le côté.

" Il a beau être stupide, il est craquant quand il fait ça! " se dit l'autre garçon, luttant pour ne pas trahir ses véritables intentions. " Je t'invite à dîner, histoire de parler plus librement. Un cabinet, ce n'est pas l'endroit le plus engageant pour faire connaissance, tu ne trouves pas? "

" Euh, oui. C'est vrai. " admit Sora en se grattant la nuque. Il jeta un œil tout autour de lui. L'endroit restait assez modeste, dans l'ensemble. Rien à voir avec les cabinets de médecins. " Et pour vos honoraires? J'ai besoin de savoir à combien ça va me revenir pour dire de pouvoir tout vous régler avant de… "

" On en discutera plus tard. Pour l'instant, on va déjà bavarder un peu. " répondit Riku en écrivant sur un bout de papier, qu'il tendit ensuite à son patient.

" Le Blitz, à 20 heures? " lut le jeune châtain. " Il paraît que c'est plutôt bien comme endroit. Je n'y étais encore jamais allé. "

" Eh bien ce sera l'occasion! "

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Le lendemain, Sora arriva au Blitz un peu en avance et il décida de s'installer à une table et d'attendre son rendez-vous.

" Ce n'est pas un rendez-vous amoureux. Juste… Un suivi. Oui, c'est ça. Rien qu'un suivi. Et puis ce type est un criminel. Je ne dois pas me laisser avoir! " pensa le châtain en se donnant de petites tapes sur les joues, attirant par la même occasion les regards de quelques clients. Enfin, la porte du petit restaurant s'ouvrit et Riku fit son apparition. " Pile à l'heure. " remarqua Sora en jetant un rapide coup d'œil à sa montre. Le garçon aux cheveux platine chercha un moment parmi la foule et son regard se posa enfin sur celui de son rendez-vous. Contrairement à Sora, Riku ne voyait pas les choses de la même façon. Il allait discuter avec le garçon, en apprendre un peu plus sur lui et, mine de rien, le mettre de son côté. Ils deviendraient plus proches, Sora tomberait fou amoureux de lui et renoncerait au suicide. Le plan était parfait… Mis à part le fait que le jeune châtain cherchait, de son côté, à révéler les activités de Riku pour le faire jeter en prison.

" Bonsoir, Sora. " dit le plus âgé d'une voix suave. Il prit place en face de son client et le regarda droit dans les yeux. " Comment vas-tu aujourd'hui? "

" Aujourd'hui? " répéta le châtain. " Bah bien, comme hi – Comme il y a plusieurs mois de ça. C'est fou ce que mon humeur peut changer! " se corrigea-t-il à temps, se grattant nerveusement la nuque. " Il faut rester concentré. Il faut que je sois convainquant. " se dit-il.

" Tant mieux. " répondit sincèrement l'autre jeune homme. " Ok, si il a des passages où le moral est bon, tout n'est pas encore perdu. " pensa Riku. Il prit le menu et le parcourut du regard. " Tu as déjà commandé? "

" Quoi? Euh, non. " répondit timidement le châtain. Il agrippa le menu et observa les plats proposés. Le pauvre Sora était complètement paniqué. Il avait beau imaginer tout ce qu'il voulait, il avait plus l'impression de passer la soirée avec un amant plutôt qu'avec un docteur, ou un conseiller, ou un criminel. Tout sauf un petit ami, en somme.

" Je te conseille leur coq au vin. Il est délicieux. " lui conseilla l'homme. Riku jeta de brefs regards en direction de Sora, et il eut un petit sourire en voyant la détresse dans les yeux de son vis-à-vis. " Il est nerveux. Est-ce bon signe? " Sora posa le menu sur la table, près de son assiette. " Et comment! Il est écarlate. " songea le plus grand, son sourire s'étirant davantage.

" Je – Je te fais confiance dans ce cas… " bégaya Sora, dont les yeux étaient fixés sur cette intéressante assiette blanche.

" Confiance? On se connaît à peine. " rétorqua l'autre, les sourcils haussés. " Jusqu'à preuve du contraire, j'aurais pu te conseiller le pire plat de leur restaurant. Tu ne sais donc pas te décider tout seul? " Riku, à cet instant, avait envie de se donner des gifles. Son fichu caractère avait repris le dessus et il venait de se moquer ouvertement du châtain, qui le regardait d'un air blessé. Le plus grand sentit son cœur se serrer à cette vue, mais il était bien trop fier pour s'excuser. " C'est quelqu'un qui t'a proposé de te tuer? " demanda-t-il franchement. Sora fut prit au dépourvu et ne sut quoi répondre avant un bon moment.

" N – Non, c'est moi qui le voulait. " déclara-t-il.

Quelque chose clochait. L'argenté le savait. Ce type lui cachait quelque chose… " J'ai peut-être touché une corde sensible? " osa-t-il. Le silence de Sora fut assez évocateur. " Si ce côté de ta personnalité t'agace, il te suffit d'en changer et de commencer à faire tes propres choix. Si c'est quelqu'un qui t'a dit de te suicider, oublie ça. Et si c'était ton choix, oublie ça quand même. "

" Pardon? " demanda Sora, les sourcils froncés. " Mais tu es censé – "

" C'est stupide, enfin. " soupira Riku en secouant la tête. " Se tuer pour une autre personne, c'est vraiment grotesque et ce serait encore lui faire trop d'honneur. Plutôt que de te lamenter sur ton sort, prouve-lui que tu es capable de continuer sans elle. Ca lui rabattra le caquet une bonne fois pour toute. " expliqua-t-il, l'air sérieux.

" Tu dis ça à tous tes clients? " demanda le châtain, la tête inclinée sur le côté. " Etrange pour un criminel à l'origine de tant de suicides… "

" Seulement à certains. " répondit l'autre sans trop en dévoiler. " Et puis les suicidaires n'ont pas droit au paradis. " ajouta-t-il, espérant convaincre l'autre garçon une bonne fois pour toutes.

" Je – Je ne suis pas croyant. " dit Sora, les joues soudain écarlates. " Et même si c'était le cas, j'irais en enfer de toute façon. " Il leva les yeux et vit que son vis-à-vis le regardait étrangement. " Disons que si j'avais quelque chose à prouver, ce serait à lui, pas à elle. "

" Oh. " se contenta de dire le plus grand, faisant de son mieux pour ne pas trop exposer sa joie. " Et voilà un doute en moins. " pensa-t-il. Et ils passèrent le reste de la soirée à discuter de tout et de rien tout en mangeant. Riku avait raison : ce coq au vin était un vrai délice.

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Trois semaines. Trois semaines et le jeune châtain n'avait toujours aucune preuve contre Riku. Il s'était fait sermonner par son supérieur à plusieurs reprises, lui promettant à chaque fois qu'il était sûr de bientôt pouvoir coincer le criminel. C'était sa dernière chance.

" Et zut. " marmonna Sora en sortant du commissariat. La situation se compliquait de plus en plus. D'un côté, il était sur le point de perdre son travail, et de l'autre, il y avait Riku, qu'il devait faire arrêter mais avec qui le jeune châtain s'était facilement lié d'amitié. Sora sursauta lorsqu'il sentit son téléphone vibrer dans la poche de son pantalon.

" A – Allo? " dit-il, la voix légèrement tremblotante. Il savait déjà qui l'appelait grâce à la sonnerie qu'il avait choisie, et il était nerveux à chaque fois qu'il recevait un de ses appels.

" Salut! Ca te dit de se voir ce soir? " dit-on à l'autre bout du fil, sans hésitation. Le châtain se sentit rougir.

" Euh ok, Riku. " répondit-il en riant nerveusement. Oui, il allait certainement perdre son travail si ça continuait comme ça.

" Génial! On se donne rendez-vous à l'endroit et à l'heure habituels. A tout à l'heure! " Et l'autre jeune homme raccrocha précipitamment. Riku se tourna et grommela. " Rosie, ne me faites pas répéter, s'il vous plaît. Vous savez que j'ai horreur de ça. " dit-il en se frottant les tempes.

" M – Mais vous ne pouvez pas fermer le cabinet comme ça, du jour au lendemain! " s'exclama la vieille secrétaire en remontant ses lunettes rondes. L'affolement faisait tomber son chignon sur le côté, lui donnant un air foldingue.

" Bien sûr que si. " s'entêta le plus jeune, les bras croisés. Il vit la vieille dame se mordre la lèvre, les sourcils froncés.

" Il est hors de question que j'aille leur annoncer la nouvelle… " déclara-t-elle avant de s'enfermer dans son bureau. Riku regarda la porte pendant un instant avant de soupirer longuement.

" Vieille pimbêche. " marmonna-t-il. " Pour la peine, elle pourra dire adieu à sa prime, tiens. " pensa-t-il en se dirigeant dans la salle d'attente. Lorsqu'il ouvrit la porte, les clients levèrent la tête et le regardèrent fixement. " Bien, mesdames et messieurs – et demoiselles " ajouta-t-il en remarquant que certaines filles étaient plus jeunes que lui. " Vous pouvez rentrer chez vous, ce cabinet est officiellement fermé. Et c'est définitif. "

" Quoi?! Mais vous ne pouvez pas faire ça! " s'exclama un homme en se levant de son siège. " Nous avons besoin de vous, de vos conseils! " Riku soupira une seconde fois.

" Eh bien il faudra vous débrouiller. Faites u peu preuve d'imagination! " s'indigna l'argenté, les sourcils froncés. " Zut alors, ce n'est pas moi qui cherche à me tuer, et j'ai plus d'idées que vous. Si c'est pas un comble… " grommela-t-il. " Ecoutez, si vous voulez des idées, soit vous vous creusez la cervelle et vous utilisez ce qu'on appelle communément votre 'imagination', soit vous allez sur le net. Je suis certain qu'il doit y avoir des tas de sites intéressants à ce sujet. " expliqua-t-il. Il vit certains clients abandonner et quitter la salle tandis que d'autres, plus têtus, insistèrent encore.

" Et si ça n'est pas possible? " demanda une femme, l'air désespéré.

" Eh bien allez demander une jolie blouse blanche à l'hôpital psychiatrique. Il paraît qu'elles sont douces et chaudes. Même que si vous avez de la chance, ils vous offriront une jolie chambre pour vous seuls. Pas de colocataire, c'est plutôt intéressant, non? "

Les rares personnes qui étaient restées lui jetèrent un regard mauvais puis sortirent. Enfin, le local était vide. " Bien, il ne reste plus que Rosie, maintenant. " ajouta Riku en se dirigeant vers le bureau de la secrétaire. Il frappa à la porte et entra sans attendre de réponse. C'était son cabinet, après tout. " Je suis venu vous dire que j'ai fait votre travail à votre place et que, de ce fait, votre prime de départ sera considérablement réduite. Ah, et merci quand même pour vos bons et loyaux services. "

" Vous baissez ma prime?! " s'exclama la femme, furieuse. " Vous n'avez pas le droit de faire ça! " s'indigna-t-elle.

" Tout comme ce cabinet n'était pas censé exister. C'est ça l'avantage du travail au noir. On fixe les salaires comme on le veut et personne ne peut rien dire, au risque de se retrouver dans la mouise jusqu'au cou. N'est-ce pas formidable? " dit l'argenté, le sourire aux lèvres. Il ferma la porte, ignorant les protestations de Rosie, qui menaçait de donner son adresse à la police. " Elle croyait vraiment que j'allais donner ma véritable adresse? Déjà que mon nom est un faux… " pensa-t-il. Il vida son bureau et rentra chez lui, la banquette arrière de sa voiture recouverte de toutes les affaires qu'il avait retirées. Il rangerait tout le lendemain. Pour l'instant, il devait se préparer pour son rendez-vous avec Sora. Et cette pensée suffit à le mettre d'humeur encore meilleure.

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" Tu as l'air bien content, ce soir. " remarqua le jeune châtain, les sourcils haussés. " Tu as eu beaucoup de clients, aujourd'hui? "

" Au contraire. Ils sont tous rentrés chez eux. " déclara fièrement l'argenté, le sourire aux lèvres. Sora inclina la tête sur le côté, l'air songeur.

" Pourquoi ça? Ils ont trouvé un meilleur conseiller? " demanda-t-il. " Si c'est le cas, il faudra mettre d'autres personnes sur le coup. " pensa-t-il. " Tant qu'on me laisse m'occuper de Riku, il ne risque rien… Je veux dire, il ne risque pas de nous échapper! " Le châtain secoua la tête.

" J'arrête, c'est tout. " répondit l'autre. Il croisa les mains et posa le menton dessus, regardant attentivement Sora. Ce dernier cligna des yeux plusieurs fois, ne sachant pas trop quoi dire.

" Arrêté? Ton cabinet est fermé? " questionna-t-il. L'argenté fit signe que oui, son sourire s'élargissant. " Pendant combien de temps? "

" C'est définitif. " l'informa Riku avant de boire une gorgée d'eau. " J'en ai assez. "

" Je vois… " dit tout bas le jeune châtain. " Voilà qui change nos plans… " pensa-t-il en se mettant à déchirer sa serviette en papier. Il sursauta lorsque Riku tendit la main et la posa sur la sienne. Sora leva les yeux et se rendit compte que son ami ne le regardait pas. " Dis-moi, Riku… Pourquoi tu faisais ce genre de travail? " demanda soudainement Sora. Cette question lui revenait souvent à l'esprit et il avait préféré attendre d'être un peu plus proche de Riku pour la lui poser.

" Pourquoi? " répéta le plus grand, levant les yeux vers son interlocuteur, dont les joues se mirent à rougir lorsque leurs regards se croisèrent. " Je voulais me sentir utile. " confia-t-il en haussant les épaules.

" Mais il y a des tas d'autres façons de faire ça! " s'indigna Sora, qui fit la moue. " Tu te rends compte que ta façon de te rendre utile a tué des gens? " demanda-t-il prudemment. Il sentit Riku resserrer son étreinte sur sa main mais il ne fit rien pour la retirer.

" Je ne leur demandais pas de venir. " dit sincèrement le plus grand. En y réfléchissant, Sora se disait qu'il n'avait pas tout à fait tort. Mais il ne pouvait pas nier la part de responsabilité qu'avait Riku dans tout ça. " Certes, je les ai peut-être conseillé et poussé à aller jusqu'au bout, mais si ça n'était pas moi, ça aurait été quelqu'un d'autre. Au final, ça revient au même. " L'argenté leva soudainement les yeux et pâlit. L'un de ses anciens clients était là, et pas n'importe lequel. Riku en déduit que l'homme avait encore manqué son suicide. Le désespéré le vit et marcha droit vers leur table.

" Riku? Quelque chose ne va pas? " demanda le châtain, voyant la triste mine de son ami. Il sursauta lorsqu'un homme vint se poster à leur table, se mit à pleurer à chaudes larmes et parla à Riku.

" Je n'y arriverai jamais! Elle a encore réussi à m'empêcher de mourir. Par pitié, il faut que vous m'aidiez encore une fois! " gémit l'homme en se mettant à genoux à côté de la chaise de Riku et en agrippant le bas de sa veste.

" Mais lâchez-moi donc. " marmonna l'argenté, les dents serrées. " Nous sommes dans un lieu public, je n'ai pas besoin que – "

" Juste un dernier conseil, je vous en supplie!!! " insista l'homme. Riku leva les yeux vers Sora, qui avait l'air passablement gêné. Le garçon aux cheveux platine tourna à nouveau la tête vers l'homme. " Espèce d'imbécile, tu gâches mon rendez-vous! Pourquoi tu te rates à chaque fois? " Riku porta une main à son visage et se pinça le haut du nez.

" Vous voulez un conseil? Très bien. " déclara-t-il, l'air franchement agacé. L'homme leva les yeux et lui sourit, reconnaissant. " Laissez tomber ou demandez le divorce. C'est moi que vous allez finir par rendre dingue à force! " s'exclama-t-il. Le désespéré le regarda, bouche bée. " Et lâchez-moi, bon sang! " ajouta-t-il en donnant des tapes sur les mains de son ancien client, qui finit par lâcher prise. L'homme n'en dit pas plus et sortit du restaurant, la tête baissée. " Désolé. " dit sèchement le jeune homme en reportant son attention sur son ami.

" Ce n'est pas grave. " admit Sora en se grattant la nuque. Il avait sa preuve à présent, et il aurait très bien pu faire arrêter Riku suite à ça. Il lui suffirait de demander aux clients de témoigner. Pourtant, il n'en fit rien.

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" Comme ça tu n'as toujours aucune preuve? " demanda l'officier, clairement mécontent. Sora se tenait debout, face à son bureau.

" N – Non. Et il a cessé ses activités. Définitivement. " expliqua le jeune châtain, la tête baissée.

" Définitivement? " répéta l'officier. Le châtain le vit faire une sorte de grimace censée ressembler à un sourire. " Et à quoi cela devait-il servi, à ton avis, que tu mènes une enquête pendant tout ce temps? "

" A l'arrêter. " reconnut le jeune homme. Il serra les poings et ferma les yeux, s'attendant au pire.

" Je dirais même : à l'arrêter avant qu'on ne puisse plus avoir aucune preuve, triple idiot!! " tonna l'homme, au bord de la crise de nerf. " Qu'est-ce qu'on va faire maintenant qu'il a cessé ses activités, hein?! "

" Je suis désolé. " murmura Sora, sans jamais regarder son supérieur. C'était vraiment minable pour une première enquête…

" Finalement si, je sais ce que je vais faire. " L'officier se leva et fouilla les poches de Sora, dans lesquelles il trouva son insigne de policier. Il la lui prit, leva la corbeille à papier pour la montrer au châtain et y jeta le badge. " On n'a pas besoin d'un incapable comme toi ici. Si tu n'es pas capable de travailler sans qu'on t'aide, ce n'est pas ici qu'il fallait t'adresser. " Et sur ces mots, Sora fut mis à la porte sans ménagement sous les rires moqueurs de ses ex-collègues. Le jeune châtain se mordit la lèvre et s'éloigna, les mains dans les poches. Finalement, Riku avait raison : il était incapable de prendre des initiatives de lui-même…

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Riku ferma la boutique et se rendit chez lui, l'air ravi. Il avait fini plus tôt et il n'avait plus à aller voir toutes ces personnes déprimantes. Enfin, il aurait une véritable soirée, chez lui, à ne rien faire. Il allait certainement regarder tous ces films qu'il avait achetés sans jamais avoir le temps d'en regarder un seul. Du moins, c'était ce qu'il avait prévu. En rentrant chez lui, il passa à côté d'une taverne, où il ne vit qu'une seule personne, assise au comptoir. " Vraiment, les poivrots n'ont pas d'heure quand il s'agit de picoler. C'est dégoûtant. " pensa Riku en regardant sa montre. Il était à peine quatre heures de l'après-midi. Puis il stoppa net en voyant la silhouette se redresser, tandis que le barman lui parlait. " Ces cheveux… " Ni une ni deux, l'argenté entra et remarqua qu'il ne s'était pas trompé. Il ne savait pas s'il devait s'en réjouir ou s'en attrister. Là était assis Sora, dans un triste état. L'alcool avait, de toute évidence, de très mauvais effets sur lui. Il était clair qu'il n'avait pas l'habitude de boire.

" Sora, qu'est-ce que tu fabriques ici? Tu as vu dans quel état tu es? " questionna Riku.

" Je sais plus. " répondit l'autre, sa voix pâteuse. L'argenté fit une grimace, l'odeur de liqueur agressant son odorat.

" Bon écoute, tu ne vas pas rester ici, ok? Je crois que tu as assez bu comme ça. " L'argenté fouilla dans ses poches et en sortit son portefeuille. Il vit le barman lui indiquer que Sora avait déjà payé. Le plus grand aida son ami à se lever et ils se dirigèrent vers la sortie du bar. " Où est-ce que tu habites? " demanda Riku lorsqu'ils furent dehors.

" 'Sais plus. 'Sais pas où je suis… " admit le plus jeune en regardant autour de lui. Il était complètement perdu.

" Une chance que je sois passé, alors. Qu'est-ce que tu aurais fait si tu avais dû repartir tout seul? " questionna le plus grand en avançant lentement afin que son ami ne tombe pas. Il avait décidé de l'emmener chez lui. Une chance que son appartement était près de l'endroit où ils se trouvaient. Une fois arrivés à destination, l'argenté aida son ami à retirer son manteau avant d'ôter le sien. Riku se rendit ensuite dans la cuisine, où il prépara de quoi rendre Sora sobre. Pendant ce temps, le plus jeune s'assit sur le canapé et admira le salon de Riku. Il était bien fourni et décoré avec goût. Il n'y avait rien de bien tape à l'œil ni de trop discret. Le parfait salon, en somme. Il tourna la tête lorsqu'il entendit son ami revenir et fit une grimace. Il avait la tête qui tournait.

" Tiens, bois ça. Ca te fera le plus grand bien. " dit le plus âgé en tendant une tasse à son ami qui la prit et le remercia. Riku s'assit à ses côtés et le regarda attentivement. Même dans cet état, il ne pouvait s'empêcher de trouver le jeune châtain irrésistible. " Bien, qu'est-ce qui t'a mis dans un état pareil? " demanda-t-il enfin, la tête légèrement inclinée sur le côté. Sora poussa un soupir.

" Des tas de choses… " commença-t-il en se mordant la lèvre inférieure. Il leva brusquement la tête lorsqu'il sentit Riku poser une main sur son épaule et l'encourager à continuer. Cependant, le garçon aux cheveux platine fronça les sourcils en voyant le châtain paniquer et se mettre à pleurer à chaudes larmes.

" Sora, qu'est-ce qu'il y a? " demanda-t-il, sincèrement inquiet. Il s'étonnait lui-même. Riku, celui qui se moquait de ceux en détresse et qui gardait un cœur de pierre, était inquiet pour quelqu'un. Jamais il n'aurait pensé s'attacher autant au châtain…

" On m'a viré, traité d'incapable et le pire dans tout ça, c'est que je t'ai menti! " s'exclama Sora, secoué de sanglots. Le plus grand fronça les sourcils.

" Menti? " répéta-t-il. Sora acquiesça d'un signe de tête.

" J'étais censé enquêter sur toi et rassembler des preuves pour te faire arrêter. " expliqua le plus jeune, à présent un peu calmé. " L'un de mes supérieurs m'avait dit que tu rencontrais des personnes suicidaires et les conseillais. Et moi, je devais me faire passer pour l'une de ces personnes pour qu'on puisse te jeter en prison. " Sur ces mots, il se tut et continua à pleurer en silence. Il se sentait moins bizarre tout à coup, les effets de l'alcool passés après sa petite crise de larmes.

" Je vois. " déclara l'autre en regardant le sol. " C'est pour ça qu'il me semblait un peu étrange, par rapport aux autres clients. Il n'avait pas cette volonté. " pensa-t-il.

" On m'a renvoyé parce que je ne t'ai pas dénoncé. J'aurais très bien pu le faire, j'avais assez de preuves, mais je n'ai pas pu. Je suis vraiment désolé de ne rien t'avoir dit… " murmura le plus jeune avant de se mordre la lèvre. Il fit pour se lever mais Riku le fit s'asseoir à nouveau. Quand Sora leva les yeux vers lui, il fut surpris de le voir sourire.

" Je ne peux plus te laisser partir d'ici vivant. Tu t'en rends bien compte, n'est-ce pas? " demanda calmement ce dernier. Le châtain pâlit dangereusement et sentit les mains de l'argenté se poser sur ses poignets, puis remonter jusqu'à ses épaules avant de revenir à leur position d'origine. " Je plaisante. " ajouta le plus grand lorsqu'il remarqua l'air paniqué qu'avait pris Sora. " Je ne t'en veux pas. " admit-il en souriant tristement.

" … " L'autre garçon se contenta de le regarder. Pourquoi Riku avait-il l'air aussi déçu s'il ne lui en voulait pas?

" En fait, moi aussi je t'ai menti. " continua l'argenté. " Quand je t'ai dit que ces rendez-vous serviraient à te conseiller. " Il baissa les yeux, ne remarquant pas que suite à cette déclaration, la bouche du châtain s'ouvrit et se ferma à plusieurs reprises.

" Ils servaient à quoi, alors? " demanda l'autre, une once d'espoir dans la voix. Il n'était pas tout à fait sûr de savoir ce qu'il espérait au juste, mais il sentait que ça deviendrait clair, selon la tournure que prendraient les choses.

" Je voulais simplement mieux te connaître. " Riku prit le visage de Sora entre ses mains. " J'avais aussi espoir de te faire changer d'avis et remplacer celui qui t'avait blessé. "

" Qu – Attends. " balbutia le jeune châtain, ses joues devenues écarlates. " C'était seulement pour me faire oublier mon soi-disant petit ami? " demanda-t-il. L'autre garçon fit oui de la tête. " Je vois. " finit-il, l'air sincèrement déçu. Pour une fois qu'il avait peut-être trouvé une personne avec qui il s'entendait à merveille… Pourtant, s'il avait été plus attentif, il se serait rendu compte qu'il n'avait pas à être aussi abattu.

" Tu n'en as pas, hein? " demanda Riku, fixant son ami du regard. Ce dernier fit non de la tête. " Ok. "

" Qu – " commença le plus jeune, levant les yeux lorsqu'il sentit Riku le faire lever la tête un peu plus. Il écarquilla les yeux quand des lèvres douces et chaudes vinrent caresser les siennes, avant de se poser plus franchement, plus fermement. Au départ surpris, Sora s'adapta rapidement et prit la lèvre inférieure de Riku entre les siennes. C'est alors qu'il sentit le bout de la langue de son ami lécher sa lèvre supérieure, testant ses limites. Sora entrouvrit les mâchoires et le laissa explorer sa bouche, ne laissant échapper aucun endroit. Le châtain poussa un petit soupir de contentement.

" Et si – " commença Riku en se reculant un peu, à bout de souffle. " Et si on reprenait depuis le début? " questionna-t-il, un sourire aux lèvres. Le jeune châtain haussa un sourcil en inclinant la tête sur le côté. " Sans mensonges. " précisa-t-il.

" Ah euh, oui. Bien sûr. " répondit l'autre, les joues écarlates à la fois à cause de la honte et de la gêne. Il vit Riku lui tendre la main.

" Je suis Riku Iwatari et je suis bouquiniste. " commença l'argenté. Sora se mit à rire doucement.

" Sora Miyano, ex-officier de policier. " répondit-il en serrant la main de l'autre garçon.

" Tu me plais beaucoup, Sora. Je te propose un marché : on va au resto un de ces soirs, rien que nous deux. Après ça, on s'embrasse près d'une cheminée après avoir dégusté un bon vin et, si ça te convient jusque là, on peut terminer notre rendez-vous dans mon lit. " dit franchement Riku. Sora, qui buvait une gorgée du breuvage préparé par l'argenté, s'étouffa et en recracha le contenu sur son ami.

" Dé – Désolé! " s'excusa le plus jeune, paniqué. Il sortit un mouchoir propre de sa poche et essuya le pull de Riku. " Mais c'est de ta faute aussi! " ajouta-t-il, les sourcils froncés. Il leva les yeux vers son ami quand celui-ci prit sa main dans la sienne, l'empêchant de continuer à frotter le tissu.

" Idiot et incapable de se tenir. Je me demande vraiment ce que je te trouve. " dit le plus grand, un sourire moqueur sur les lèvres. Sora s'apprêtait à lui répondre mais il n'y pensa plus lorsqu'il vit l'autre retirer son pull, révélant son torse et ses bras musclé. Il resta bouche bée, incapable de prononcer un seul mot.

" Alors? " demanda l'argenté en fermant la bouche de Sora. " On passe à la troisième étape? " demanda-t-il en affichant un sourire charmeur et en regardant Sora comme s'il était prêt à le dévorer à l'instant même.

" … " Ce dernier secoua la tête et repoussa la main de Riku. " Je croyais qu'on commençait par un dîner? " questionna-t-il, les sourcils haussés. Il se mit à rire face à l'air incrédule qu'affichait le plus grand. " Tu me croyais vraiment aussi bête que ça? " demanda-t-il en souriant. " C'est bien ça le début, non? " Riku fronça les sourcils et fit la moue.

" Finalement, je ne sais pas si je te préfère bête ou plus malin que tu ne l'es… " marmonna-t-il.

En tout cas, une chose était sûre : il l'adorait. Et si la façon dont Sora le regardait n'était pas anodine, c'était réciproque.

Fin…

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