Chapitre 1 : Raté.

Suivant son chemin, Jack Frost volait de pays en pays pour y faire tomber la neige. Filant dans les ruelles de la ville, son bâton libérait derrière lui son pouvoir. Un grand sourie narquois peint sur ses lèvres, le jeune esprit jonglait entre glace et flocons, embêtant les passants qui lançaient des bordées d'injures lorsqu'ils glissaient sur les plaque de verglas. Jack sauta de toits en toits et finit en haut du plus grand édifice de la ville.

-Ah…c'est génial ! fit-il en contemplant les bâtiments gelés qui s'étendaient sous lui.

Une fine couche de gèle et ne neige recouvrait les toits et parfois quelques vitres.

-Eh, vent du nord ! lança-t-il. On continu ?

Une forte bourrasque le fit découler à toute vitesse et le propulsa sur la route d'un autre royaume à mettre sous la neige, l'hiver touchant à sa fin dans celui-là.

Jack regarda le paysage défiler devant ses yeux avec émerveillement, mais ses pensées furent stoppées par le son des cloches d'une église qui sonnaient. Le jeune esprit centenaire les regarda bouger en rythme. Il balaya la nouvelle ville d'un air fatigué. Les toitures étaient pour la plupart d'un vert houx mais d'autres étaient d'un rouge semblable à celui des autres citées.

Il s'éloigna ensuite des cloches qui faisait un vrai boucan ! Il se retrouva dans une rue bondée de personnes qui ne le voyaient pas. Il y avait tellement de monde que Jack rentra dans quelqu'un…ou plutôt il le traversa. L'esprit grimaça et s'envola en donnant un coup sec dans le vide avec son bâton pour échapper à la foule du royaume d'Arendelle. Une fois en l'air, il soupira. Il avait fêté ses cent ans d'immortalité il y a quelques mois, cent ans d'invisibilité aux yeux du monde, cent ans d'ignorance et d'amnésie.

Jack chassa ses sombres penser en secouant la tête, inspira un bon coup puis laissa son pouvoir et ses sentiments s'exprimer dans la nuit noire.

Elsa regardait par la fenêtre dans la nuit noire. Les cloches sonnèrent minuit et la jeune femme vit les premiers flocons de l'hiver tomber du ciel. Elle soupira et ferma ses rideaux. La chambre n'étant plus éclairée par la lumière de la lune fut plongée dans l'obscurité.

Elsa se détourna de la fenêtre et chercha son lit à tâtons, puis se glissa sous ses couettes et soupira de nouveau, fixant un plafond qu'elle ne pouvait pas voir. Elle se laissa peu à peu glisser dans le monde des rêves, le seul endroit où selon elle, elle pouvait être elle-même.

Elsa fut réveillée par la tempête de neige qui se déroulait au dehors. Ce que la jeune femme ignorait c'était que c'était la manifestation de la colère et de la frustration de l'esprit de l'hiver. Elle se redressa dans son lit et jeta un regard agacé à la fenêtre en se passant la main dans les cheveux. Elle repoussa ses draps et se leva, puis elle alluma une bougie et s'arrêta devant la porte de sa chambre. Elle inspira et sortit. Pourquoi sortait-elle cette nuit ? Elle-même l'ignorait. Elle ne s'en était pas échappée depuis la mort de ses parents un an plus tôt. Pourtant elle était là, dans le couloir, ses cheveux détachés tombaient dans une cascade de mèches blondes ondulées sur ses épaules dénudés.

N'ayant pour seul vêtement que sa chemise de nuit et d'une cape très fine, la jeune femme n'avait pourtant pas froid. Elle descendit les escaliers, laissant ses pas la guider. Elle traversa quelques couloirs ornés de tableaux et arriva finalement dans un serre remplit de fleurs aux couleurs éclatantes. Mais une des nombreuses fenêtres de la serre était restée ouverte et la tempête de neige pénétrait avec fureur dans la pièce par cet accès.

Elsa avança d'un pas rapide pour se retrouver juste en dessous du blizzard, puis jeta un regard circulaire à la pièce, armée de sa petite bougie. Elle avisa une échelle et s'en saisit. Elle la plaça de manière à être la plus proche possible de la fenêtre. Elle posa ensuite sa bougie sur le sol et mit un pied sur le premier échelon. Mais le vent soufflait fort et l'échelle tanguait dangereusement, rendant impossible l'ascension sans un risque de se briser un membre si on tombait. Elsa hésita.

-Elsa ? fit une voix derrière la jeune femme.

Anna ne parvenait pas à trouver le sommeil, l'esprit toujours hanté par la mort de ses parents. Bien qu'un an soit maintenant passé, elle y pensait avec autant d'horreur que lorsqu'on lui avait annoncé la nouvelle. Elle se torturait l'esprit lorsqu'elle entendit quelqu'un passer devant sa porte. Elle s'était levée en silence et avait fait de même en ouvrant la porte de sa chambre. Elle avait jeté un regard en bas des escaliers pour voir qui était-ce. Quelle avait été sa surprise lorsqu'elle avait reconnu les mèches blondes de sa sœur qui avait disparu dans un couloir, une bougie entre ses mains éternellement gantées. Anna s'était dépêchée de la suivre, mais l'avait perdue de vue durant quelques minutes. Ce n'est que lorsqu'elle avait remarqué la porte ouverte de la serre qu'elle avait retrouvé sa sœur qui s'apprêtait à grimper sur une échelle à l'équilibre instable. Anna ne savait toujours pas pourquoi, mais le nom de sa sœur avait franchi ses lèvre avant qu'elle n'ait pu réfléchir.

-Elsa?

La blonde fit volte-face, le regard froid, mais elle se radoucit un peu lorsqu'elle reconnue sa petite sœur. Néanmoins, elle ne pouvait s'empêcher d'être gênée et pour le cacher, elle adopta presque inconsciemment une expression froide. Les rousse eu un mouvement de recul en voyant cela mais se ravisa lorsqu'elle vit l'éclat de regret qui traversa les yeux bleu d'Elsa.

-Que fais-tu ? interrogea Anna.

Elsa leva la tête vers la fenêtre ouverte puis jeta un coup d'œil à sa sœur qui frissonnait devant l'assaut du blizzard. Anna suivit son regard et comprit.

-Tu veux que je tienne l'échelle ou que je grimpe ? demanda-t-elle sans détour.

Elsa la regarda, étonnée, puis observa l'échelle qui se balançait dangereusement sous l'assaut impitoyable du vent.

-Je monte, tu tiens ! répondit-elle tandis qu'Anna lui souriait franchement, toute contente que sa sœur accepte son aide.

La blonde s'écarta légèrement pour la laisser tenir l'échelle qui s'immobilisa après quelques instants de balancement. Elsa commença à monter prudemment, échelon après échelon. Anna la regardait faire, et se crispa d'un coup lorsqu'une bourrasque plus forte que les autres les frappa elle et sa sœur. L'échelle se pencha dangereusement malgré les efforts d'Anna pour la maintenir immobile. Elsa poussa un cri de surprise lorsqu'elle se sentit glisser, elle s'accrocha de toutes ses forces pour ne pas tomber. Puis une fois le danger passé, elle reprit sa progression, de manière encore plus prudente.

Anna était frigorifiée. Elle leva les yeux vers sa sœur et fronça légèrement les sourcils. Elsa n'avait même pas la chair de poule malgré le froid évident. Puis Elsa atteignit la fenêtre et la ferma d'un coup sec de ses mains gantées et Anna soupira de soulagement lorsqu'elle ne senti plus le vent lui fouetter la peau.

Elsa descendit rapidement et se retrouva devant sa sœur, un silence embarrassé s'installa entre elles.

-Eh bien, dit Elsa pour briser la glace, il se fait tard. On devrait peut être allé se coucher ?

-Oui…c'est vrai, répondit Anna d'une voix déçue.

Elsa se maudit intérieurement. Elle qui voulait s'excuser depuis toujours de la laisser toute seule. Maintenant qu'elle le pouvait, elle ne le faisait pas.

Anna se retourna et s'apprêta à s'en aller, la mine triste.

-Attend ! s'exclama Elsa sans réfléchir.

Anna se retourna instantanément, les yeux brillant d'espoir.

-J…Je voulais…, commença Elsa maladroite.

-Tu ne voudrais pas qu'on aille s'assoir ? l'interrompit timidement Anna.

La futur reine acquiesça en silence et suivit sa sœur. Elles s'assirent autour d'une table dans la serre, se faisant face.

-Je voulais m'excuser, dit finalement Elsa.

-Ce n'est pas la peine, tu sais…

-Si ça l'est ! Coupa Elsa. Je…tu viens me voir et moi je te renvoie à chaque fois ! Alors ne dis pas que tout va bien !

-Tu as raison, répondit Anna. Cependant, là c'est toi qui m'as retenue et on est toutes les deux réuni !

Anna sourit et Elsa lui répondit de la même manière.

-J'aimerais tellement que soit toujours ainsi… dit rêveusement Anna.

-Moi aussi…mais c'est impossible.

-Pourquoi ?! S'exclama Anna.

-C'est impossible c'est tout ! répondit la blonde en haussant légèrement la voix.

En dessous de la table, Elsa se tordait es mains avec culpabilité mais Anna ne le voyait pas. Tout ce qu'elle voyait c'était le visage et les yeux impassibles de sa sœur qui la repoussaient une fois de plus.

-A quoi cela sert-il de t'excuser si c'est pour me rejeter une fois de plus ensuite ? dit amèrement Anna.

La remarque de sa sœur s'enfonça dans le cœur d'Elsa comme un couteau. Et la jeune femme eut toutes les peines du monde à cacher sa peine et sa souffrance tandis qu'Anna se levait et partait rapidement.

Le cœur lourd, Elsa se leva aussi après quelques instants. Son regard se posa sur les accoudoirs de son siège qu'elle avait serrés jusqu'à en avoir mal aux doigts. Une fine pellicule de neige les recouvrait là où elle avait posé ses mains. La peur remplaça instantanément la tristesse dans son cœur et sur son visage se peignait ses émotions.

La jeune femme rejeta d'un coup le siège et partie en courant vers sa chambre, abandonnant sa bougie sur la table. Les mains plaquées sur sa poitrine, elle traversa les couloirs à toute vitesse. Et au moment où elle arrivait en haut des escaliers, elle se prit les pieds dans sa chemise de nuit et tomba de tout son long sur le sol, sa cheville se tordant sur le coup.

Elle n'avait pas dut être très discrète en tombant, car presque tout de suite, la porte de la chambre de sa sœur s'ouvrit et Anna en sortit. Elle vit Elsa qui se massait douloureusement la cheville et voulut accourir pour l'aider, mais Elsa l'arrêta dans son élan.

-Non ! lança-t-elle.

Anna se figea en entendant le ton de sa sœur. Froid, sans émotion, autant dire glacial. Elsa se releva le plus rapidement qu'elle put et se dirigea en boitant vers sa propre chambre. Elle passa à côté d'Anna sans lui accorder un regard.

Dès qu'elle eut refermé la porte, Elsa laissa libre court à ses émotions et la glace se propagea à vitesse grand V dans la pièce. Elle resta immobile, la main contre la porte, la glace traversant son gant, le regard fixé sur la poigné de la porte.

Ses larmes gelaient avant de se briser sur le sol. Elle regrettait, elle se détestait, se haïssait pour sa faiblesse envers ses pouvoirs, pour son attitude envers sa sœur.

Cette dernière était d'ailleurs dans la même position qu'elle. Une main sur la porte, le regard fixant la poigné. Elle avait suivi sa sœur avant d'être interrompu par cette porte. Elle regrettait ce qu'elle avait dit à Elsa. Elle se souvenait de son regard, malgré ses efforts pour le cacher, lorsqu'elle l'avait entendue. Blessé, brisé, douleur, chagrin, regret. Tous ces sentiments mêlés à une colère indescriptible. Mais Anna n'avait pas eu l'impression que cette colère soit dirigée vers elle. Elle ne savait pas pourquoi mais l'espace d'un instant, elle avait pensée qu'Elsa se haïssait. Mais pourquoi se haïr ? Que s'était-il passé pour qu'elle pense comme ça ?

Anna soupira et se détacha de la porte pour retourner se coucher bien qu'elle doutait de parvenir à dormir après ce qui c'était passé. Elsa fit de même.

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