Tant de choses étaient arrivées en trop peu de temps pour que Cloud puisse se remettre de chaque épreuve pour faire face à la prochaine. Si bien qu'il ne put se remettre du tout. Là où Tifa ( ou encore Yuffie) avait réussi à garder la tête haute pour avancer, lui faisait du sur place le regard braqué sur un passé qu'il ne pourrait jamais revivre. C'était bien là, la raison qui l'avait poussé à reprendre la route : Il cherchait un moyen de retrouver cette vie perdue. Plus il sentait qu'il parvenait à s'en sortir, plus il prenait conscience qu'en réalité, c'était juste une illusion, une machination de son esprit pour le faire se sentir bien dans sa vie Alors il se sentait malheureux. Il n'était pas un héros, juste un homme accablé.
Il avait quitté le 7ème ciel pour faire le vide, oublier un peu de ses obligations, faire table rase de ses soucis. Il se rendait souvent dans la vieille église des taudis du secteur cinq. C'était un endroit calme, loin de toute l'agitation de la ville. Il n'y avait rien là, sauf des souvenirs. Parce que les souvenirs, c'était tout ce qu'il lui restait.
Personne ne venait plus là, Midgar était une ville fantôme maintenant et c'était encore pire sous l'ancienne plaque. Cependant, il aimait cela : il pouvait avoir l'endroit pour lui seul.
L'ancienne église tenait toujours droite, malgré ses nombreuses blessures, sur ses fondations. C'était le seul édifice qui semblait encore vivre ici. Et c'était ça qu'il voulait retrouver ce petit feu, cette étincelle d'existence qui lui rappelait cette marchande de fleurs.
Sa maison avait disparue, sa mère refusait de le recevoir, elle n'avait pas d'autre attache, juste ce lieu.
Alors il y allait, pour se reposer et penser à elle.
Il s'asseyait sur une vieille poutre de soutient, tombé il y a longtemps, et observait les pétales de fleurs flotter à la surface de l'eau clair. Elles tournaient, sans but précis au grès des remous causés par la brise. Celle ci s'infiltrait par l'énorme trou dans la pierre.
Quand il fermait les yeux, il pouvait clairement entendre sa voix s'adresser à lui. Elle lui demandait toujours la même chose « Comment vas tu ? ». Il ne lui répondait jamais, même si ce n'était que son imagination, il voulait continuer de croire qu'elle existait toujours et qu'elle s'inquiétait pour lui. Il l'imaginait parfois, quand il rouvrait les yeux, s'affairait près de l'autel. Elle déposait un peu d'engrais, enlevait les mauvaises herbes et chantonnait. Mais encore une fois, ce n'était que des images crées par son esprit et elle apparaissait telle qu'il se souvenait d'elle.
Parce que oui, elle n'était plus là et même si elle existait encore en lui, elle n'était plus une vie sur terre : Elle ne vieillirai pas, aurait vingt-deux ans pour toujours. Elle ne pourrait jamais se marier ni avoir d'enfant. Elle resterai un éclat de soleil dans son enfer.
Elle avait quitté ce monde il y a cinq ans, emportant avec elle son rire.
Il aurait tout donné pour la revoir en chair et en os, déambuler dans les rues de Kalm, un panier de fleurs fraîches au bras. Mais c'était beaucoup demander au monde que de la ramener.
Parfois il se sentait coupable de vivre, d'avoir une maison, des amis et un travail alors qu'elle n'avait plus rien. C'était dur lorsqu'il se rendait compte de cela. Ne devrait il pas être puni pour cela ? Bien qu'on lui ai sans cesse répété qu'il l'avait beaucoup trop été. Ce n'était pas suffisant pour lui, il ne pouvait pas l'accepter. Alors il venait ici, pour être plus léger en espérant qu'on lui pardonne, qu'elle lui pardonne.
Ce jour là, il lui sembla qu'un rayon de lumière réconfortant s'était posé sur lui pour l'aider à aller mieux. Il amena avec lui une odeur sucrée.
Il s'était levé pour gagner le centre de l'église, s'adressant à elle comme si elle était là, debout devant lui :
-Je t'attendais.
