Chapitre 1 : CAUCHEMARS EN SERIE
Elle est là ; juste devant lui. Elle est magnifique, elle rayonne. Chaque parcelle de son corps l'illumine. Il fera tout pour elle. Elle est tout pour lui. Il l'a protégera jusqu'à la mort. Cette jeune femme n'a pas seize ans ; Ce n'est pas sa fille mais il pourrait être son père. Il n'a jamais été amoureux d'elle et ne le sera jamais; mais pourtant elle est sa force. Il ne sait pas pourquoi il l'observe, il ne sait pas pourquoi il ne peut détourner son regard d'elle. Tout ce qu'il peut dire c'est qu'elle est ici, qu'elle est entrée dans son rêve qui est le même chaque nuit et qui est le seul qu'il n'ait fait depuis bientôt quatorze ans.
Il n'a rien fait dans sa vie dont il puisse être fier. Il n'a pas vu cette jeune fille plus d'une dizaine de fois et pourtant, lorsqu'il ferme les yeux et qu'il l'a voit, il est heureux. La joie de vivre de l'enfant s'étend sur lui; elle le submerge. Comment fait-elle ? Elle doit être vraiment forte. Elle doit être dotée de pouvoirs dont il ignore l'existence. Il sait que la vie de la fille est loin d'être gaie. Il sait qu'elle doit se sentir seule. Seule au milieu de ses livres; seule au milieu de sa chambre; seule perdue dans sa vie tout comme lui. Pourtant elle sourit; elle danse au milieu de la petite pièce et il peut entendre le son de la musique qui l'entraîne ainsi que la voix du chanteur qui guide ses lèvres, il peut ressentir tout cela alors que la petite radio sur la commode n'est même pas allumée. Il faut dire que la pièce est loin d'être douillette. Le papier du mur est décollé, les couvertures sur le lit sont extrêmement usées.
On peut clairement voir les fissures sur le mur près de l'unique fenêtre de la chambre. Une petite lucarne ronde d'où pend un très ancien rideau bleuté. Il n'y a que la jeune fille pour ensoleiller cette chambre piteuse; une enfant certes mais un tel soleil! Elle a de longs cheveux bruns qui lui descendent jusqu'au milieu du dos et de magnifiques yeux verts dans lesquelles plus d'un homme pourrait se fondre. Malgré le vieux jean qu'elle porte et son sweat d'une marque très connue chez les moldus, on peut deviner que pour une fille de quinze et demi elle n'a rien d'une enfant.
Physiquement bien sur cela se voie tout de suite mais il est le seul à voir que malgré ses paroles et ses gestes parfois futiles, elle a trop souffert pour pouvoir un jour trouver l'insouciance des personnes de son âge ; et cela est du gâchis. Oui, son enfance lui a été enlevée par un homme qui le répugne, un homme qui lui a volé la vie qu'elle aurait du avoir, un homme qui n'est autre que lui-même. Mais cela n'empêche rien ; il est responsable de son malheur et le sait mais elle ignore totalement qu'elle est la seule source de bonheur, la seule chose qui le raccroche à la vie, l'espoir qu'un jour il puisse se racheter en l'aidant, en la guidant ou en la sauvant. La seule raison pour laquelle il vit, il en est persuadé, est pour veiller sur elle et tant qu'elle sera heureuse, tout ira bien et il pourra continuer à vivre comme si de rien n'était, comme si elle n'existait pas. C'est pour cela que toute les nuits il fait le même rêve, c'est pour cela qu'il la protège et c'est pour ça qu'il sera toujours là quand elle aura besoin de lui, comme un père qui aime sa fille ou comme un ange qui protège une âme.
Mais soudain l'endroit se trouble ; tout devient flou. Il ne sait plus où il est. Mais où peut-il donc se trouver ? Tout est tellement sombre qu'il ne distingue plus rien. Il ne comprend plus ; il a fait se rêve tellement de fois qu'il le connaît par cœur. Les moindres recoins de la chambre lui sont familiers mais là, il ne les reconnaît plus. Où est le lit ? Où est la commode ? Où est-elle ? ? Il a beau chercher la chercher du regard il ne la trouve pas. Tout est trop sombre : il faut absolument qu'il la retrouve, qu'il la cherche, qu'il la sauve. Et là un cri. Un cri qu'il a espéré toute sa vie ne jamais entendre.
Un hurlement terrifié, un appel au secours. Il peut encore l'aider, il le sent. Ce n'est pas trop tard. Il court, il la cherche mais elle n'est plus là. Tout ce qu'il reste de son si beau rêve n'est qu'un rire. Un rire horrible, rauque et cruel celui qui annonce les pires horreurs, celui dont on a tant voulu ne plus jamais l'entendre et qui d'ailleurs depuis quatorze ans semblait ne plus jamais devoir revenir. Le rire de la mort et du malheur, celui du seigneur des ténèbres...
Et c'est sur ce que cette nuit là il se réveilla. Des gouttes de sueur perlant sur son front, un mal à l'avant-bras gauche impitoyable et espérant que cette sensation horrible de mal être allait bientôt cesser, le professeur Rogue se redressa. Il n'avait jamais eu aussi peur...
Loin de là, au 4 privet drive, quelqu'un d'autre se réveillait tout comme lui, au bout milieu de la nuit, hanté par le même rire mais par un cauchemar bien connu cette fois ci. En effet, depuis que Harry était rentré chez les Dursley cet été il n'avait pas passé une seule nuit sans penser au événements de la fin de l'année. Cela faisait déjà de nombreuses fois que le cadavre de Cédric Diggory et le retour de Voldemort lui infligeaient de terribles mal de tête. Il ne pouvait s'empêcher de croire que Cédric était mort à cause de lui ; et bien que ses amis les plus chers ne cessent de lui dire le contraire, il pensait aussi que le seigneur des ténèbres était revenu par sa faute. Ron avait beau lui écrire dans toutes ces lettres (qui étaient très nombreuses cet été-là) que "celui-dont-on-ne-devait-plus-prononcé-le-nom " aurait fait son retour avec ou sans son sang et qu'il ne devait pas culpabiliser pour ça, il ne pouvait s'empêcher de penser que Voldemort le possédait maintenant. Le monstre qui avait tué ses parents, qui avait fait plus de victimes que tous les mages noirs de l'histoire, avait aujourd'hui en lui une partie de Harry. En fait, il avait Harry.
Depuis le début de l'été il n'avait plus eu aucunes nouvelles du monde des sorciers. Il ne savait pas si le seigneur des ténèbres avait fait d'autres victimes et, en réalité, c'était peut-être mieux ainsi. Il y avait déjà beaucoup trop de cadavres qui hantaient ses nuits ; mieux valait ne pas en ajouter d'autres pour le moment. Il fallait qu'il pense à autre chose ; il se leva donc pour essuyer son front couvert de sueur et se rendit compte qu'un petit hibou gris s'agitait comme un fou juste derrière la fenêtre de sa chambre. Il se dépêcha d'aller lui ouvrir ; il ne fallait surtout pas que Coq réveille l'oncle Vernon avec ses piaillements hystériques. En effet, comme ci Harry n'avait pas assez de problèmes pour le moment, le cher mari de Pétunia avait décidé de l'obliger à rester dans sa chambre pendant toute la durée du séjour de la tante Marge.
Celle-ci était arrivée trois jours plus tôt et n'avait de cesse d'éviter Harry plus que la peste. Il s'était passé quelque chose lors de sa dernière visite. Quoi, elle ne le savait pas mais de toute façon elle n'avait pas l'intention de chercher. Harry était un enfant extrêmement machiavélique et il ne fallait surtout pas qu'il s'approche d'elle ou de son gros molosse adoré qu'elle avait encore ramené cette année. D'un côté cela le faisait sourire car moins il passait de temps avec sa chère famille mieux il se portait et oui, en ce moment, Harry devait se sentir bien. Ayant ouvert sa fenêtre, il se dirigea vers Coq qui était déjà entrain de se rassasier dans la cage vide d'Hedwige. Celle-ci était parti, il y avait déjà quatre jours pour rejoindre Hermione en Bulgarie où Vicktor Krum l'avait invité à passer une partie des vacances.
Celle-ci avait l'air enchanté du voyage qu'elle préparait quand elle avait écrit à Harry au début du mois de juillet. Etonnement, Ron parlait beaucoup d'elle dans ses lettres. Bien qu'il ne cesse de la critiquer et de l'accuser de pacte avec l'ennemi (le coup du bal ne devait toujours pas être passé),le jeune rouquin avait fait d'elle leur sujet principal de conversation. Harry pensait déceler là un peu plus que de l'amitié mais puisque ses deux amis semblaient ne pas s'en rendre compte, il ne disait rien. Et cela ne paressait pas très important. De plus les deux jeunes gens ne cessaient de se disputer mutuellement. Non, vraiment, il se faisait de ces idées ! D'ailleurs Hermione devait sûrement sortir avec Krum à l'heure qu'il est. En chassant ses pensées il détacha le petit paquet et la lettre accroché à la pâte de Coquecigrue. Il ouvrit proprement la petite boite qui contenait un petit morceau de carton brillamment décoré : Bon pour un mois au Terrier dans la chambre orange Vue imprenable sur gnomes de jardin et petit homme roux extrêmement ennuyeux. Réveil à quatre heure du matin par goule très affectueuse et frères jumeaux totalement déjantés. Peureux et bulgares s'abstenir.
Harry jeta le paquet sur son lit et commença à rire. A rire comme il ne l'avait pas fait depuis déjà longtemps. Ah oui ! Ron lui manqué beaucoup et il avait hâte de pouvoir utilisé son original cadeau d'anniversaire. En espérant que ce ne serait pas le dernier et qu'il puisse un jour avoir seize ans. Il entreprit l'ouverture de la lettre de son ami et se mit à lire à voix basse :
Cher Harry,
Comment vas-tu ? J'espère que tu ne fais plus les cauchemars dont tu m'as parlé dans ta lettre précédente.
Il lâcha son regard de la lettre et observa sa chambre ; le rire qui l'avait réveillé n'était pas très loin.
Comment te traitent tes moldus ? Oh ! Je n'oublie pas l'essentiel : JOYEUX ANNIVERSAIRE !!!! Maman n'a pas voulu nous laisser sortir à cause de tu sais qui alors je n'ai pas pu t'acheter de cadeau ; de toute façon je n'aurais pas pu... Ginny dit que c'est l'intention qui compte alors voilà. C'est elle qui a fait les dessins et qui a retiré les insultes sur les Bulgares. Elle a dit que cela ne se faisait pas sur une carte d'anniversaire
etc... Tu connais ma sœur. J'espère que tu vas pouvoir venir à la maison le plus vite possible. Les moldus sont malades de te laisser enfermer. Mais ils verront quand tu seras au deuxième cycle. La gazette du sorcier ne parle pas du retour de toi. Fudge a du faire taire l'affaire car je peux te dire que mon père a du boulot. Il part le matin nous ne sommes même pas réveillés et il rentre le soir nous avons déjà dîner. Ce qui est bien c'est que Percy part avec lui...Tu me croiras si tu veux mais le ministère a trouvé que notre cher Wistily s'était bien occupé des affaires de Croupton durant son absence et ils l'ont promu à la direction du département de la coopération magique internationale. Bien sur il ne travail que dans les bureaux mais ils doivent avoir un côté mazot là-bas. Tu verrais comme maman est fière. C'est encore plus dur pour Fred et Georges qui veulent toujours ouvrir leur boutique. Mais maintenant elle les laisse faire tant qu'ils ne lui demandent rien. Et ils se débrouillent ! Fiches de commandes et tout le tralala ; je me demande où ils ont trouvé l'argent. Verpey les a peut-être remboursés finalement. D'ailleurs ils m'ont offert une robe de soirée magnifique.
Enfin quand tu vois le torchon que j'avais avant, toute nouveauté ne peut être que superbe. L'ancien bout de tissu de robe de fille sert pour nettoyer la cage d'Errol. Il n'en sort plus ; il est trop vieux. Ginny est vachement triste. Elle essaye de le faire sortir mais rien ni fait. Cela me fait vraiment de la peine de la voir comme ça. Elle me fait penser à moi et croutârd, enfin, avant que je découvre qu'il était un animagi, un traître et un mangemort la routine quoi. Envoies-moi une courte réponse par Coq pour me dire quand tu as l'intention d'arriver. Hermione nous rejoindra le 10 août à son retour de Bulgarie...
A bientôt et ne pense pas trop à tu-sais-quoi.
RON
Harry ne pouvait sortir de sa chambre pour demander aux Dursley alors il écrivit son problème à Ron. Il attacha le message à la pâte de Coq et alla ouvrir la fenêtre. Au moment même où le petit hibou s'envola Hedwige entra, elle était suivie d'une jolie chouette brune qui semblait prendre très à cœur la mission qui lui avait été confiée. Pour faire plaisir à cette dernière, il détacha en premier la lettre qu'elle tenait dans son bec, la ficelle avait du s'arracher pendant le voyage. Il n'y trouva qu'un court message qui lui mit tout de même du bôme au cœur.
Harry j'espère que tu vas bien et que tu n'as pas trop de mauvaises pensées en ce moment. Je te souhaite un joyeux anniversaire et je te promets que nous nous reverrons bientôt à Poudlard. Sniffle.
Harry vit la chouette s'envoler quand il attrapa le message et le paquet que lui tendait Hedwige. Quand il l'ouvrit, une belle amulette tomba sur le sol. Il la ramassa et vu que c'était une pierre violette accroché comme pendentif à une fine chaîne en argent. Le bijou ne ressemblait pas à un collier de jeune fille et il semblait venir de loin. Harry prit la lettre où il était maintenant persuadé de trouver une explication d'Hermione.
Harry,
J'ai bien ressue ta lettre et je trouve impensable que les Dursley puissent te garder enfermer dans ta chambre pendant la durée de séjour de cette répugnante femme que tu as fait gonfler comme un ballon il y a deux ans. Si tu n'avais pas été un sorcier, j'aurais prévenu les services sociaux moldus pour cruauté envers mineur. Ron m'a raconté tout ce qui c'est passé depuis que je suis partie
" Trahir mes meilleurs amis dans un pays de traîtres et de mauvais joueurs de quidditch ! ! " Je ne sais pas quelle mouche l'a piqué mais j'espère qu'il se sera calmé avant que j'arrive au Terrier. J'ai vraiment hâte de vous revoir et je commence à avoir le mal du pays. On est peut-être en pleine été mais chez Vicktor il fait un de ces froids ! Ses parents sont toujours absents et ils nous laissent à manger des viandes bizarre avec des sauces extrêmement épicées. J'ai appris pleins de choses sur les us et coutumes de la Bulgarie et j'ai refait entièrement mon devoir d'histoire de la magie en y incluant des événements s'étant déroulés ici. Tu dois sûrement te demander à quoi sert cette pierre. Il paraîtrait qu'il s'agit d'une protection contre les ennemis. Ton ange gardien serait appelé à veiller sur toi dès que tu es en danger. Je pense que nous aurons l'occasion de la tester cette année. Oh mon dieu ! J'ai failli oublier le plus important : JOYEUX ANNIVERSAIRE ! Fais bien attention à toi et évite de te faire tuer avant la fin des vacances. A bientôt chez Ron,
Hermione.
Harry ferma la cage d'Hedwige avant de ranger ses lettres sous la cachette de son plancher. Il mit l'amulette autours de son cou et pria intérieurement pour qu'il n'ait pas besoin de tester son efficacité. Puis il se recoucha et sombra dans un sommeil sans rêves, mais sans cauchemars non plus.
