Le syndrome de Juliette

Tomber amoureuse de lui ça allait forcément faire mal. Il était condamner à disparaître, tôt ou tard. Il ne lui avait pas caché, tout le monde savait, mais elle l'aimait. Serrée dans ses bras, sa joue contre son torse elle entendait son cœur battre et l'aimait d'autant plus. Le paquet de café dans la cuisine, celui de cigarettes sur la table du salon, son parfum dans la salle de bain… Des petites choses qui lui rappelaient que son mari vivait avec elle. Oui, son mari. L'homme qu'elle aimait, qu'elle aime, plus que tout. Et un jour il lui annonça « Cette fois je n'en réchapperais pas. Je suis désolé. » Les larmes coulèrent et il les essuya, la réconfortant de son mieux, lui assurant que tout irait bien. Pendant des jours ce fut ainsi il la couvrait d'attentions, lui faisait l'amour avec tendresse, se dévouant à la faire sourire le plus possible.

Un jour (des semaines ou des mois ? Elle ne comptait plus) son bien-aimé mari ne pouvait plus quitter son lit et à peine tenir une conversation logique. Alors elle prit cette main pâle, autrefois si forte, entre les siennes et lui dit « Je suis désolée mon amour. Pardonne-moi mais j'ai le syndrome de Juliette. » L'homme ne répondit pas, son regard rubis voilé par la souffrance mais ses lèvres esquissèrent un, dernier, sourire. Elle s'allongea à ses côtés, posa sa tête contre son cœur e s'enveloppa de ses bras. Après un doux baiser sur les lèvres et un « Je t'aime Gilbert », la belle s'endormie. Aucun de deux ne se réveilla le lendemain matin, Gilbert avait cédé au lourd poids des années tandis que sa douce Alice avait bu un poison indolore pour le suivre. Roméo était parti et Juliette l'avait suivit.

Parce que tomber amoureuse de lui c'était prendre le risque de tomber avec lui mais l'amour est ce qu'il est : puissant, déboussolant, hypnotisant et finalement plus beau que le reste.

Juste un murmure dans cette chambre silencieuse « Je t'aime Alice »