Titre : Films d'horreur (à la sauce Varia)
Auteur : Anders Andrew
Genres : Horreur - Humour
Rating : on va dire T. Après tout, nous parlons d'horreur !
Principe : chaque chapitre est sensé se rapporter à un film d'horreur. Mais je préviens, ce sera nettement sur le ton de l'humour. Après tout, nous sommes dans Reborn!
Chapitre 1 - ça (adaptation de Stephen King)
Un enfant en ciré jaune courrait après un bateau en papier qui voguait dans les eaux tumultueuses du caniveau inondé par une pluie diluvienne qui créait d'immenses flaques dans lesquelles les bottes en caoutchouc du petit garçon plongeaient sans retenue, éclaboussant la route et le trottoir.
- Va petit bateau, va sur les flots !, encourageait joyeusement l'enfant.
C'est alors que le bateau approcha dangereusement d'une évacuation vers les égouts.
- Nooon !, se désespéra le gosse, accélérant pour chercher à le rattraper.
L'embarcation tournoya une ou deux fois avant de sombrer définitivement et de disparaître dans la gueule noire.
Le garçonnet jura et vînt s'accroupir face à l'ouverture, grimaçant de dépit. Il allait se
redresser quand il aperçu une drôle de lueur dans l'obscurité. Il se pencha à nouveau.
- Hello !
Le gamin sursauta de stupeur et tomba sur les fesses.
- Oh oh, je t'ai fait peur ?
L'enfant écarquilla les yeux. C'était comme dans un conte de fée. Dans l'égout se tenait un clown, un vrai. Avec un nez rouge, des touffes marrantes de chaque côté de son crâne chauve, le visage peint en blanc et un sourire peint par dessus le sien. Il tenait à la main une flopée de ballons. Et dans l'autre, son bateau.
- Tu veux ton bateau ? fit le clown, toujours souriant.
Le môme sourit à son tour, il ne pût s'en empêcher. Le sourire du clown avait quelque chose de communicatif.
- Un peu que je le veux, dit-il en s'agenouillant devant le trou.
Il tendit une main hésitante, mais se reprit :
- Mon Papa m'a dit de ne jamais rien accepter d'un inconnu.
- Ton Papa a parfaitement raison, admit le clown du fond de son égout, toujours souriant, les yeux étrangement brillants. C'est pourquoi je vais me présenter. Je suis Gripsou le clown cabriolant ! Voilà, nous ne sommes plus des étrangers maintenant.
- C'est vrai, acquiesça le gamin en fronçant le nez pour chasser une goutte de pluie.
Le clown agita le bateau en papier journal.
- Tu veux ton bateau ? Tu sais, il y a un cirque ici, en bas. Avec des ballons et des manèges. Tu veux un ballon ?
- Est-ce qu'ils flottent ?, demanda l'enfant.
- S'ils flottent ? Oui, répondit gravement Gripsou.
Le môme tendit la main vers le bateau dans celle du clown.
Celui-ci changea d'expression.
- Ils flottent. Et bientôt tu flotteras aussi !,hurla-t-il en dévoilant une triple rangée de crocs jaunâtres acérés comme des lames de dix.
Il attrapa le bras du mioche de sa main libre - il avait lâché les ballons.
Hélas pour lui...
- HAAAAAAAAAAAAAAA !!!!, cria le clown démoniaque. Lâche-moi, lâche-moi, LÂCHE-MOI !
L'enfant lui avait déjà planté ses dents de lait dans la main.
- Mon b'teau !, marmonna le petit garçon en refermant les mâchoires sur la pauvre main du clown qui hurlait à s'en péter les cordes vocales.
D'ailleurs son cri ressemblait de plus en plus à celui d'un castrat.
Les petites dents dépassaient de la chair, comme autant de perles.
Le clown balança le bateau de papier sur la route, et le garçonnet le relâcha. Il alla ramasser son jouet.
Se retournant, il constata qu'il ne restait plus aucune trace du clown.
Un large sourire ensanglanté s'étalant sur ses lèvres fines, Belphégor s'éloigna, le bateau à la main, tandis que la pluie cessait doucement et que quelques rayons de soleil timides venaient se refléter sur son ciré jaune.
