Merci à :
— Mon frère Thomas et ma mère Yvette, qui on coécrit avec moi, cette troisième partie.
— SWEETCANDY37, pour avoir traqué et relevée, de façon extrêmement minutieuse, toutes les petites fautes qui avaient échappée aux relectures.
— Homnorak, pour son travail de correction complémentaire et ses conseils .
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Les phrases encadrées par des doubles guillemets ("...") désigne les pensées des personnages.
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Le Prince et le Pirate
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Tome 3 : Voyage avec l'amour et la mort.
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CHAPITRE I
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Dans les souterrains du Centre – au dessus duquel la neige tombait à gros flocons - le Galaxy Express attendait sur la voie construite en urgence dans le tunnel de la route n°7. Les techniciens volontaires pour servir à bord des vaisseaux de l'escadre d'Albator finissaient d'y embarquer.
Un peu à l'écart, le professeur Procyon discutait avec trois des partants :
— Je compte sur vous Octant pour assister monsieur Oyama ... et encore merci de vous êtes porté volontaire !
Maetel se retint de sourire : '' Mais Octant n'aurait raté ça pour rien au monde, Professeur ''.
Le directeur du Centre consulta sa montre :
— Il est presque vingt-trois heures : il est temps pour vous de partir ! … Comme convenu, nos forces aériennes exécuteront un exercice de défense anti-spatiale... avec usage intensif de contre-mesures électroniques et lâché de leurres... Ça, plus la tempête de neige, devrait suffire à brouiller les écrans radars du vaisseau Illumidas.
— Au besoin nous activerons l'écran d'invisibilité, répondit Maetel. - ... mais je préférerais éviter, maintenant que les 'CCME' (1) ennemies sont capables de le 'casser'.
— Si vous suivez le plan de vol prévu, il ne devrait pas y avoir de problème !
— Dans ce cas, au revoir Professeur !
— Au revoir Maetel !...Au revoir Tochiro !(2)... Au revoir Octant !
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— Merci pour cette attention, Capitaine, dit la jeune femme en humant le parfum délicat de la rose.
Le jeune officier sourit : il avait enfin réussi à la surprendre et à piquer sa curiosité. Il retira sa veste d'uniforme et l'accrocha à une patère au-dessus de sa couchette.
. . .je ne connaissais pas cette essence...
— Je l'ai trouvée sur Euphor.
Il ne pouvait détacher son regard de la merveilleuse cascade blonde descendant jusqu'aux chevilles, et, plus encore, des formes sculpturales qu'il devinait sous le tissu immaculé de la robe. Un buste qui aurait mérité un beau et profond décolleté.
La femme en blanc replaça la fleur sur son lit de coton et referma l'étui :
— Je suis désolée de n'avoir quelque chose à vous offrir en retour...
— Mais j'en ai déjà eu un... D'un petit sourire en coin, il écarta les bras et promena son regard sur les murs et plafond de la cabine : - … il nous nous entoure complètement...
Lorsqu'il la vit rougir, il pensa : "J'en étais sûr":
. . .C'est toi qui étais derrière cette invitation à visiter le Death Shadow, affirma-t-il.
— Qu'est ce qui t... vous fait dire ça ?
— Le papier était à l'en-tête du constructeur, mais seul quelqu'un me connaissant bien aurait pu choisir un croiseur de bataille correspondant si bien à mes préférences...
La jolie blonde prit un air innocent :
— Alors cela ne peut être moi : je vous rappelle que je ne suis pas du métier... et je n'ai aucun intérêt ni action dans Oyama-Aerospace.
L'officier secoua la tête, amusé :
— J'ai d'abord pensé à Léotard (3)– qui a été la première à prendre le commandement d'un 'Admiral', mais, à l'époque cela faisait déjà trois mois qu'elle était partie vers Andromède pour la TLD de son Minotaur...
Elle croisa les bras en souriant :
— … Et vous en déduisez quoi ?
— … Que tu as rencontré Léotard lors d'une escale, que tu lui as demandé conseil, et, qu'ensuite, tu as fait des pieds et des mains pour qu'on m'envoie cette invitation avant tout le monde...
— Pas mal, mais cela aurait pu être votre autre consœur : Eméraldas.
— Eméraldas est dans la marine marchande...
Elle se mit à rire :
— Je suis démasquée !
L'entraînant vers le petit bar, il lui versa un verre :
— Je vous remercie, toi et Léotard : ce vaisseau est une réussite... rien à voir avec la déception que fut le dernier cuirassé (4) de Feydar Zone.
— !.? Il passe pourtant pour être l'un des meilleurs ingénieurs ?
— Il l'est toujours ! … mais là il s'est loupé... et je le regrette, car les batailles à venir mobiliseront toutes nos réserves...
— Oui... Elle s'assombrit : - .. c'est également ce que pense Léotard... c'est pour ça que j'ai tenu à ce que tu aies ce vaisseau...
— Maya.. !
— … mais j'ai confiance : les Terriens ne se laisseront pas asservir par les Illumidas... et toi encore moins que quiconque, Albator !
Il vit briller dans son regard une détermination aussi forte que celle d'Eméraldas... Il posa son verre...
. . .!. ? Tu ne le finis pas ?
Il l'attrapa par les épaules, et , avant qu'elle ait eu le temps d'esquisser un geste, l'embrassa !
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— Oh, pardon, Capitaine ! fit Phénicia, qui venait de pénétrer en coup de vent dans la chambre, réveillant Albator en sursaut.
Confuse, elle voulut ressortir mais le Pirate l'arrêta d'une injonction :
— Attendez !.. maintenant que vous m'avez réveillé, dite-moi ce qui vous arrive, Princesse !
Elle se retourna, l'air affolé :
— Mon frère n'est plus dans sa chambre... et je ne sais pas non plus où est Alcor..
— !. ? Votre frère a déménagé à 'Notre Dame' et votre ami est à 'Camelot'...
— Où !.?
Il réajusta son haut de pyjama en velours noir et se leva :
— je vais vous y conduire...
Il lui tendit sa cape :
— Tenez, mettez-ça par dessus !
Emmitouflée dans le lourd vêtement trop grand pour elle, Phénicia sortit dans le couloir à la suite d'Albator. Tout deux se dirigèrent vers l'escalier, sous la lumière rouge de l'éclairage nocturne, presque sans bruit. Tout juste entendait-on le frottement de la cape sur le sol.
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Alors qu'ils passaient la porte du jardin principal du SSX-2, plongé dans une pénombre artificielle, la Princesse s'expliqua :
— J'ai fait un cauchemar qui ressemble à une de mes prémonition : j'étais souffrante, allongée sur un lit... quand une femme s'est approchée... et m'a achevée d'un tir en plein cœur...(5)
Elle passa sa main sous sa poitrine en frissonnant :
. . . … j'ai l'impression de sentir encore la brûlure du laser...
— Cette femme ?... Une Sylvidre ?
— Possible … Ce qui est sur c'est que ce n'est pas moi qui était visée : 'elles' étaient deux et parlaient d'un homme.
— Votre frère ? ou Alcor ?
Elle hocha la tête :
— Mes visions les ont presque toujours concernés..
Elle leva les yeux vers le leader des SSX :
. . . Je dois vous paraître folle d'avoir peur alors que somme tous à l'abri dans cette forteresse ?
D'un sourire il lui montra qu'il comprenait.
— Vous avez une idée de l'endroit où cela se passera ?
— Hélas non :... je voyais bien trop mal... j'avais même l'impression d'être...
Mais elle s'interrompit en voyant apparaître la silhouette imposante de l'édifice.
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— Ce n'était donc pas une blague... vous l'avez réellement à bord !. !. ! Dit-elle, stupéfaite, en découvrant tout un quartier médiéval avec ses ruelles étroites, le vaste parvis bordée de maisons à colombage et son pilori que dominait la façade de Notre-Dame avec ses tours, son porche, sa rosace, ses gargouilles...
— C'est la première fois que vous venez ici ?
Elle fit oui de la tête et expliqua que les absences de Vénusia et surtout d'Alcor l'avait angoissée au point de la faire littéralement camper au CIC de la station spatiale jusqu'à leur retour..
— C'est incroyable.. reprit-elle : - … comment avez-vous fait pour... ?
— Ce sont des répliques... de vieux décors de cinéma, récupéré dans le passé juste avant leur démolition.
Il lui désigna la tour droite, au sommet de laquelle un couple se détachait en ombre chinoise. Il lui tendit une paire de jumelles de vision nocturne. Phénicia les porta à ses yeux et reconnu avec soulagement Actarus, vêtu de l'ancien uniforme rouge d'Albator, et Vénusia, en robe clair et veste foncée. Soudain, elle détourna le regard en rougissant : son frère venait de dénuder les seins de sa compagne et les caressait, au grand ravissement de celle-ci.
— Ahum... si on allait voir Alcor maintenant !
Alors qu'ils s'éloignaient, elle songea :
" Tout de même... la lutiner ici !... Quasimodo n'aurait jamais osé ! " (6 )
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Poursuivant leur marche, ils longèrent à présent les murailles du Louvre médiéval.. puis celles de la Bastille avec son pont-levis abaissé sur les rives d'un canal figurant la Seine.
— Encore des décors !... Mais vous en avez combien ?
— Une centaine.
Devant sa surprise, le Pirate lui donna des détails : -
. . . A l'origine, c'était pour un milliardaire excentrique, passionné de vieux cinéma.
— Ah !.. et il n'en voulait plus ?
— Non, ses héritiers !... résultat : ils nous sont resté sur les bras...
— Oh... Le coup dur !
— Pas tant que ça : il avait versé une confortable avance, ce qui fait que cela a tout même été une bonne affaire pour nous..
Elle pouffa de rire :
— En somme, il vous a payé pour décorer votre repaire !
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Arrivé en vue du château du roi Arthur, l'Euphorienne s'exclama :
— Whahoouu !... Qu'est-ce qu'il est beau !
Le Pirate approuva d'un signe de tête :
Passant successivement le pont-levis, la grand-porte et la cour, ils pénétrèrent dans le corps principal, dont l'intérieur était en harmonie avec l'extérieur.
— Ça alors !. ?... Moi qui croyais que les grand décors de cinéma n'étaient que des coquilles vides ?
— C'est vrai... mais nous avons reconstitué le reste... en partie grâce aux décors de scènes d'intérieur..
Entrant dans une autre salle, ils virent descendre en cahotant d'un escalier, un robot à chenilles du Queen Eméraldas, tenant entre ces pinces des sous-vêtements et une combinaison rouge bien connue...
— Eméraldas loge aussi ici !. ? Demanda Phénicia.
— ?. ! Oui !
La jeune femme pâlit, le souvenir de la nuit précédant l'invasion lui revint en mémoire : elle se rua dans l'escalier..
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" Alcor m'aime... et Emeraldas est bien trop loyale... et puis : ce n'était qu'un rêve !"(7) se résonnait-elle en escaladant quatre-à-quatre les marches.
Elle fonça dans le premier couloir qu'elle rencontra, pour s'arrêter devant une grande porte surmontée d'un écriteau indiquant : 'Chambre du Roi'. Elle entra sans bruit dans la pièce obscure. La lumière filtrant par la porte entrebâillée lui permit tout juste de distinguer une grande forme allongée sur un lit à baldaquin. Y avait-il là un occupant, ou deux ? " Non-non, je me fais des idées ! " … Tenaillée par le doute elle s'avança jusqu'au lit et tira doucement le drap... La Princesse se pencha et reconnu Alcor dormant du sommeil du juste... et seul !
" Idiote !".
Tendrement, elle effleura de sa main la tignasse du Terrien. Dans un grognement, Alcor ouvrit les yeux... et, nu, se dressa d'un bond sur le lit, provoquant un recul de l'Euphorienne.
— How !.. la frousse ... Pardon Phénicia, mais, avec cette cape... j't'ai prise pour le fantôme de Véga...
— Qu-quoi !. !. ! .. s'exclama-t-elle, indignée... mais elle n'eut le temps d'ajouter rien d'autre : d'une main il l'attira à lui et emprisonna ses lèvres dans les siennes simultanément de son autre main, il lui ôta sa cape et fit sauter les boutons sa chemise de nuit. Elle voulut crier qu'elle n'était pas venue pour ça... avant de se raviser : " Mais, que dis-je ... je n'attend que ça ! "... Elle bomba le torse... mais devant sa réaction initiale, Alcor avait déjà relâché son étreinte.
— Pardon Phény... j'ai cru que...
— … et tu as bien fait !
Elle le chevaucha, lui pris les mains et les pressa contre ses seins :
" Y-a pas de raison que Vénusia soit la seule à s'amuser ! ".
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Albator ordonna à l'ordinateur de la base de verrouiller la porte de façon à ce qu'elle ne puisse être ouverte que de l'intérieur.
" Profitez-en bien, mes amis.. Dieu seul sait ce qui nous attend ".
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(1) Contre Contre Mesures Électroniques.
(2) Tochiro et son ancêtre partage le même prénom.
(3) 'Albator 84', ep.1 et 2.
(4) 'Albator 84', ep.12.
(5) 'Aigle & Corneille', ch.21.
(6) Jeune extra-terrestre élevée au Japon, Phénicia avait une vision un peut brouillée de la littérature Française.
(7) 'La Sorcière Rouge', ch.5.
