A quatre pattes dans l'herbe verte, Robin observait une grosse sauterelle. Ses yeux verts, ronds d'émerveillement devant cet insecte, ne le quittaient pas et elle retenait son souffle, de peur de l'effrayer. Avec ses cheveux roux et son don pour la magie, hérités de sa mère, et sa passion pour l'aventure et le tir à l'arc, qu'elle tenait de son père, la petite était adorable mais...turbulente. Elle n'aimait rien de plus que faire l'école buissonnière pour explorer la forêt ou traîner sur la plage.

Les reflets du soleil miroitaient sur la peau de la sauterelle et devant un tel spectacle, Robin ne put s'empêcher de lâcher un petit "Waaah !" admiratif.

Son exclamation rompit le charme et l'insecte apeuré bondit hors de sa vue. La déception de l'enfant était perceptible. Elle se releva sans prendre la peine d'épousseter sa robe, maculée de boue et chercha des yeux son divertissement du moment. Renonçant à le retrouver , camouflé dans toutes ces herbes, la gamine s'assit contre un arbre et cueillit une pâquerette à côté d'elle.

Elle l'effeuillait distraitement quand une main apparut devant ses yeux. Et, dans sa paume, ouverte, la sauterelle de sa convoitise. La fillette poussa un cri de joie et releva les yeux jusqu'à croiser le regard de son sauveur. Son ami Neal lui souriait de toutes ses dents.

Elle l'avait rencontré quelques jours auparavant près du puits mais ils s'étaient immédiatement entendus comme larrons en foire. Ils observaient les "animaux" (principalement petits oiseaux, lézards, crabes et insectes), fabricaient des guirlandes de fleur et escaladaient les arbres. Il lui avait appris l'escrime avec un bâton et elle lui enseignait juste pour rire de petits sortilèges. Dans leurs jeux, ils étaient tour à tour chevaliers de la Table Ronde, hors-la-loi et magiciens de renom.

Ils s'offraient des cadeaux aussi. De petites pierres biscornues, des miettes de gâteaux et des rubans usés. La sauterelle était le plus beau présent que Neal lui ait fait, voilà pourquoi Robin était aussi éberluée.