Disclaimer : Lady Oscar est la propriété de Riyoko Ikeda et quand on voit les couples que je suis capable d'écrire, on peut en remercier le Seigneur tous les soirs.
Résumé : La magie de Pâques et son esprit n'atteignent pas uniquement les coeurs et les âmes des enfants. [Fic concours LOA Pâques 2019]
Note de l'auteur : Cette fanfiction était ma participation au concours de Pâques 2019 pour le forum Lady-Oscar André. Les conditions étaient: écrire en utilisant pour trame l'un des six sujets imposés par l'organisatrice, la fic devait être titrée et finie, possibilité de mélanger plusieurs sujets. Pour ma part, j'ai décidé pour ce concours de faire un recueil d'OS regroupant les six sujets.
Sujet 1: En mission avec ses soldats, Oscar est contrainte de trouver refuge chez une famille de paysans pour y passer la nuit. Les enfants de la famille apporteront un moment de répit dans leur vie en leur rappelant la joie de la fête de Pâques.
En attendant les cloches
Pax Aeterna
Le ciel avait revêtu un manteau épais et sombre qui se zébrait dans un bruit fracassant, perdant ses perles d'eau. Assise sur une chaise en bois peu confortable, Oscar soupira. Quelques heures auparavant, elle chevauchait avec une poignée d'hommes autour de l'île de la cité, afin d'assurer la sécurité des lieux avant la grande messe de Pâques. Leur retour avait été accueilli avec un orage aussi brutal que brusque, en pleine campagne, sur le retour vers Jarjayes. Certains de ses soldats avaient insisté pour la raccompagner. Depuis qu'ils avaient appris qu'elle était une femme, elle avait remarqué quelques changements pour la plupart d'entre eux. Notamment ce besoin de la raccompagner chez elle, alors qu'elle était parfaitement capable de le faire seule et de se défendre, si un manant la menaçait d'un élégamment rustre et cliché « La bourse ou la vie !». Cela l'irritait un peu mais au fond, elle trouvait cela un peu touchant, cette évolution délicate sans la formuler. Ils n'étaient plus qu'à quelques lieux de Jarjayes quand le temps se gâta.
- Commandant, là-bas, une ferme ! Avait lancé François Armand alors qu'ils tentaient de poursuivre avec prudence
Oscar avait alors ordonné qu'on la suive pour demander asile, le temps que le ciel se dégage. Cela faisait bientôt deux heures que la famille Pierrepont leur avait ouvert ses portes.
- Nous avons toujours une place en plus à notre table pour les protecteurs du pays ! Avait proclamé avec fierté Thomas Pierrepont, le patriarche de la fermette.
Thomas Pierrepont était un homme d'une quarantaine années qui en paraissait cinquante, les mains abîmées par une vie de labeur et pourtant, la chaleur de son sourire ne le quittait jamais. Depuis le décès de sa femme, emportée par une fièvre puerpérale après une fausse couche, il élevait seul ses trois enfants. L'aînée, Françoise, était une jeune fille douce et timide, qui rappelait à Oscar sa petite brise de printemps. Laurent, le cadet, était grand pour son âge et était l'un des enfants les plus sérieux que la jeune femme avait pu côtoyer. Enfin, la petite Marie, malgré la perte de sa mère, restait une bulle d'innocence face à laquelle Oscar ne pouvait que se sentir fondre. Elle priait le Ciel que l'enfant garde ce précieux trésor pendant encore longtemps, car une fois perdu, son absence pouvait se montrer pesante.
Les soldats Durant et Simon s'étaient proposés d'office pour aider le fermier avec ses tâches, afin de ne pas alourdir la routine du paysan plus que de raison. François, lui, s'était naturellement tourné vers les enfants. Oscar devait admettre qu'il avait le contact facile avec eux, les faisant rire et leur racontant des histoires de caserne. Quant à elle, elle attendait. Et elle perdait patience. Elle avait encore mille choses à faire, à penser ! Et elle se retrouvait coincée, à la merci du climat.
- Et c'est beau, Notre Dame, dedans ? Demanda Marie
- Oh oui ! Répondit François. C'est majestueux !
- Plus que Versailles ?
- Ah ça, il faudrait le demander au commandant. Elle a travaillé pour le roi et la reine, tu sais !
Les yeux bleus de Marie pétillaient.
- Comme j'aimerais assister à la messe de Pâques à Notre-Dame ! Pâques, c'est ma fête préférée !
- Ah bon ?
- François Armand a bien de la patience. Pensa distraitement Oscar
- Parce que Pâques rend les gens heureux ! Les gens, ils étaient tristes que Jésus soit mort, alors Dieu, il a séché leurs larmes !
Oscar jouait avec une mèche de ses cheveux.
- J'aimerais bien que Dieu me rende ma maman. Mais monsieur le curé m'a dit que s'il a rappelé Maman à lui, eh bien, je ne devais pas pleurer.
Cette fois-ci, Oscar ne put retenir un soupir de malaise. Encore un nouveau grief à ajouter à sa liste de choses à reprocher aux ecclésiastiques ! Ah, si seulement les prêtres avaient encore l'innocence d'âme de Marie ! Désormais, Pâques, pour eux, c'était juste une occasion de vendre des indulgences à des gens impressionnables et fortunés, sur lesquels le sermon avait eu un effet saisissant. Pâques, c'était faire l'étalage de leurs extravagances alors que le carême s'achevait enfin, la fin d'un long deuil de leur exubérance, et cet étalage de mauvais goût, Oscar se retrouvait forcer de le protéger de certains indignés qui avaient pourtant la raison de leur côté. La sécurité de Notre-Dame, des différentes églises de Paris, était devenue pour elle une corvée hypocrite. Et si maintenant, en plus, les religieux se permettaient de briser les rêves inoffensifs, découlant d'une logique pas si idiote, d'une enfant si jeune et endeuillée par la perte de sa mère, où allait-on ?
- Et tu aimes Pâques pour d'autres raisons ? Poursuivit François
- A Pâques, tout le monde semble content ! Les gens sont plus gentils. Monsieur le curé dit qu'ils sont contents parce qu'ils partagent la joie de Dieu. Moi, je trouve ça bien, que les gens soient heureux. J'aimerais que ça soit Pâques tous les jours, comme ça, les gens souriraient tout le temps et il n'y aurait plus de guerre.
Oscar ne put s'empêcher de sourire avec douceur. Oh oui, sur bien des points, Marie lui rappelait Rosalie, même si elle avait connu la jeune femme alors que la vie tentait son existence d'aigreur. Elle devait admettre que son discours, certes enfantin, avait apaisé son agitation.
- Et vous, vous fêterez Pâques chez vous ?
- Hélas non, on a besoin de nous pour assurer la protection pendant la messe de demain.
La petite eut une moue attristée l'espace d'une seconde avant qu'une idée ne traverse son cerveau. Elle fila voir son père et si Oscar ne pouvait pas comprendre l'échange, elle ne pouvait que constater la mine amusée du père, qui arriva avec un panier rempli d'oeufs.
- Ce sont des œufs saints ! Annonça la petite fille. Nos poules ont pondu plein d'oeufs hier !
Elle piocha dans le panier et en offrit un à chaque soldat. En tendant le sien à Oscar, elle lui dit :
- Monsieur le curé m'a dit que les œufs pondus le vendredi saint étaient des œufs bénis ! Il faut le garder précieusement ! Il porte bonheur !
Alors qu'elle prenait l'oeuf, un souvenir rejaillit dans la mémoire de la jeune femme. Elle se revoyait enfant, avec André, excités, parce qu'une poule avait pondu un œuf le jour de la crucifixion du Christ. Sa mère lui avait alors raconté que cet œuf portait bonheur, car il annonçait la résurrection de Jésus. Oui, Pâques, c'était avant tout une fête de la joie, du partage, de la famille. Dans son amertume d'adulte, Oscar l'avait complètement oublié.
- Après mes obligations, je rentrerai à la maison. Se promit-elle.
Elle lisait déjà la surprise et la joie de ses parents. Elle n'oublierait pas d'envoyer quelques cadeaux aux Pierrepont, surtout à Marie. Du haut de ces cinq ans, elle lui avait rappelé une vérité essentielle :
Il fallait toujours garder en soi une part de l'enfant que l'on avait été.
FIN
