Chapitre inattendu, je sais. Je vais vous expliquer rapidement la raison de mon absence. Pendant 4 mois, j'ai fait un stage dans une cuisine d'un restaurant étoilé et je travaillais 12h par jour. Je n'avais pas le temps d'écrire et vraiment aucune volonté non plus. Ensuite, j'ai eu énormément de mal à trouver une idée. Enfin bref, me revoilà. J'espère que cette histoire vous plaira et que je suis pas trop rouillée.
Bonne lecture !
Mignon
Chapitre 1 :
Comme chaque jour, je m'impose l'épreuve du miroir. Je m'observe sous toutes les coutures. Certes ma poitrine a doublé de volume mais c'est vraiment le seul avantage. Mes bourrelets me soulèvent le cœur, mes vergetures me dégoûtent et mon visage gonflé me donne envie de pleurer. Je cesse cette torture et me dirige vers la cuisine pour me changer les idées. Je décide de changer mes habitudes alimentaires à partir de demain et me dirige vers le frigo, je sais qu'il me reste encore un dessert que j'ai apporté d'un de mes raids nocturnes à la cafétéria. Je ne sors plus de chez moi en plein jour. Tori m'a autorisée à travailler chez moi. Je dessine des designs pour les tatouages et elle vient faire le point une fois par semaine. Si ce n'était pour ma terrasse, je ne saurais pas à quoi ressemble la lueur du jour.
De temps à autre, je reçois la visite de mes amis. Je sais bien que je les ai déçus mais ils ne savent pas ce que j'ai traversé. Mes parents sont morts, sous mes yeux.
C'est arrivé il y a deux mois. Ils venaient me rendre visite, ici, chez les Audacieux, lorsqu'un des escaliers en métal s'est écroulé. Il y a eu énormément de morts ce jour-là…
J'attends mes parents dans la Fosse. Je ne les ai pas vus l'an dernier alors j'attends avec impatience leur venue. Christina était avec moi mais elle est partie avec sa sœur, Rose, pour faire un tour de l'enceinte. J'aperçois Uriah et Marlene qui se baladent main dans la main. Je leur rends leur sourire avant de reporter mon attention sur l'entrée de la Fosse. Et c'est à ce moment que mes parents apparaissent. Je n'avais pas vu mon père depuis ma cérémonie du Choix il y a deux ans. Il m'a tellement manqué. Ils commencent à descendre l'escalier en métal qui est devenu bancal au fil du temps. C'est à ce moment qu'un énorme crissement se fait entendre et que l'escalier se détache du mur. Tout se passe au ralenti. Les personnes s'agrippent aux rambardes mais rien n'empêche la structure de vaciller et de s'écraser au sol dans un nuage de poussière. La Fosse n'a alors jamais été aussi silencieuse. Lorsque la poussière se dissipe, tous le monde réagit. Certains appellent les médecins, d'autres tentent de soulever la structure métallique qui piège tant de personnes et enfin… ceux comme moi, courent à la recherche de leur famille.
Je les retrouve assez facilement car ils ont été éjectés de l'escalier. Ce que je redoutais s'est produit. Ils ne bougent pas.
« Maman ! Papa ! »
Je m'écroule près de leurs corps. Ils doivent être vivants, ils ne peuvent pas mourir.
« Non, s'il vous plaît ...N-Non… »
Je prends le corps inerte de ma mère dans mes bras et la serre fort contre moi. Je sens quelqu'un s'agenouiller à côté de moi puis poser sa main sur mon épaule.
« Tris…
-Tobias….aide-moi… »
Je n'oublierai jamais son regard ce jour-là. Il savait que c'était fini pour eux alors que je refusais d'y croire.
« Je suis vraiment désolé. »
J'embrasse le front de ma mère avant de libérer ce cri de douleur qui m'oppresse la poitrine.
Au début, je ne sortais pas de chez moi. Et ensuite, j'ai découvert à quel point la nourriture couvrait un manque. Je n'avais que ça pour me réconforter. Mes amis ont essayé de me hisser hors du trou mais en vain. Je ne voulais pas les voir. Ils ne comprenaient pas. Ils ne comprennent toujours pas. Personne ne peut savoir ce que je vis. Mes parents sont morts.
Je m'installe devant la télévision, un en-cas à portée de main, mon cahier de dessin sur les genoux. Je travaille sur un croquis d'un ange en pleurs. Pour être honnête, je pensais à me le faire tatouer. Le problème est que je voulais le faire sur ma cuisse mais avec le poids que j'ai pris, c'est impossible. Ça serait horrible. Je peaufine les détails de son visage en reproduisant l'expression que j'ai vu de nombreuses fois dans le miroir.
La sonnette me sort de ma transe. Qui viendrait à cette heure-ci ?
J'entrouvre la porte pour voir qui peut me déranger.
« Oui ?
-Je peux entrer ? »
J'observe Tori quelques secondes avant de la laisser entrer. Elle dépose sa veste sur le canapé puis s'assied.
« Tu veux boire quelque chose ?
-Non, merci. »
Je m'installe à côté d'elle, en gardant mes distances.
« Je peux faire quelque chose pour toi ? D'habitude, tu ne viens que le mercredi.
-Je sais… La question est plutôt, je peux faire quelque chose pour toi ?
-Comment ça ?
-Ecoute Tris, je m'inquiète énormément pour toi.
-Tu ne devrais pas, je vais bien.
-Non, Tris. Tu ne vas pas bien. La Tris qui est arrivée ici il y a deux ans ne se serraient jamais laisser abattre comme ça. Elle aurait pleuré ses parents et ensuite, elle serait ressortie plus forte de cette épreuve. Tu t'es laissée écrasée et ce n'est pas une attitude d'Audacieuse. »
Je baisse la tête en retenant mes larmes.
« Tu devrais y aller je pense. »
Elle se lève en soupirant.
« Tu devrais réfléchir à ça.
-Merci Tori, mais tout va bien. »
Elle secoue la tête et sort.
J'aime beaucoup Tori mais je déteste quand elle commence à agir comme les autres, c'est-à-dire se mêler de ma vie privée. Elle est ma patronne dans un premier temps, son job est de s'assurer que je fasse mon boulot et rien d'autre.
Je continue mon dessin en essayant d'oublier l'interruption de Tori. J'ajoute les derniers détails avant de sourire. Il est enfin fini. Ca fait quelque temps que je travaille dessus. Je l'avais même laissé de côté pendant une semaine parce que je n'arrivais pas à avancer.
Je déchire la page et la place sur ma cuisse, pour avoir une petite idée de ce que ça donnerait. Et comme je le pensais, ça ne va pas.
Et bien sûr, juste quand tout ne va pas, quelqu'un d'autre sonne à ma porte.
« Quoi ?! , crié-je.
-Je peux entrer, c'est Tobias. »
Je soupire en me regardant. Il est hors de question qu'il ne me voit en short et débardeur.
« Attends. »
J'enfile un jogging et un pull avant de lui ouvrir la porte.
« Qu'est-ce que tu fais là ?
-Tori m'a appelé. »
Je baisse la tête en refermant la porte. Depuis la fin de mon initiation, Tobias et moi sommes devenus très proches. Et même si j'en suis venue à développer des sentiments pour lui, je ne lui en ferrais jamais part. Non seulement pour conserver notre amitié mais aussi pour ne pas m'immiscer dans son couple avec Gwen. Ils sont ensemble depuis plus d'un an maintenant et je les trouve très beaux ensembles, à mon plus grand désespoir. Mais je relativise comme je peux. Avant, j'étais trop maigre, toute plate, terne… jamais il ne se serait intéressé à moi et maintenant, je ne ressemble à rien, donc aucun risque.
« Tu n'avais pas à te déplacer pour rien.
-Tu sais que j'habite au bout de couloir, non ? Et tu n'es pas rien. Viens ! »
Il me guide vers le canapé et s'installe.
« De quoi as-tu parlé avec Tori ? Du travail ?
-Non… elle a juste dit qu'elle s'inquiétait et c'est tout…
-J'aime pas quand tu me mens.
-Je ne mens pas ! J'ai juste…omis quelques détails.
-Tris…
-Quoi ? Je sais que je devrais me ressaisir et oublier mes parents mais c'est trop dur…
-Attends ! Personne ne t'a dit d'oublier tes parents ! C'est impossible ! Tu étais là quand c'est arrivé et moi aussi, je sais ce que c'était.
« Non, tu ne sais pas… », murmuré-je.
Il me prend les mains.
« As-tu déjà oublié que j'étais là quand mon père a battu ma mère à mort ? Et je n'avais que 6 ans. Est-ce que je me suis laissé morfondre ? Bien sûr que non, Marcus ne l'aurait jamais autorisé. J'ai dû prendre sur moi et avancer. Encore aujourd'hui je pense à elle mais je ne reste pas enfermer dans mon appartement. Elle aurait voulu que je vive ma vie à fond et c'est ce que j'essaie de faire.
-J'aurais l'impression de les oublier.
-Bien sûr que non. La, tu ne fais qu'oublier l'ancienne Tris, celle qui a sauté la première, qui a foutu une raclée à Molly, qui a pris la place d'Al et qui a finit première. Regarde, après la mort d'Al, tu as continué à travailler pour finir l'initiation et pourtant, ça t'arrive de penser à lui. Je me trompe ?
-Non…
-Alors, où est passé cette Tris ?
-Elle est caché dans ce corps… »
Je m'arrête avant de me dégrader verbalement. Il n'aime pas ça et me réprimande à chaque fois. Il me regarde quelques secondes avant de poser les yeux sur mon croquis.
« Hey, tu l'as fini ?
-Oui, il y a quelques minutes.
-C'est magnifique. Tu comptes te le faire tatouer finalement ?
-Hum… non. Je ne pense pas.
-Pourquoi pas ?
-Je ne sais pas où le mettre.
-Sur ton dos ? Ou tu m'avais parlé de ta cuisse !
-Je sais mais je ne pense pas que ça rendrait bien avec mon poids actuel… »
Je baisse les yeux pour ne pas voir sa réaction.
« Tris… Tu passes une mauvaise période…
-Je ferrais mieux de partir d'ici. Tori a raison, je n'ai plus un gramme d'Audacieuse en moi.
-Allez, maintenant ça suffit ! On va faire quelque chose ! Je ne supporte plus de te voir t'éteindre comme ça.
-Faire quoi ?
-Va mettre des vêtements adaptés pour une séance de sport !
-Du sport ?
-Oui, tu dois te défouler ! »
Je l'observe quelques secondes puis la main qu'il m'offre. C'est ma chance maintenant. Je souris avant de glisser ma main dans la sienne.
« Allons-y »
Je me change à la vitesse de la lumière, mon débardeur est serré au niveau de mon ventre et mon pantalon aussi mais j'essaie de ne pas y penser.
Par contre, je n'avais pas pensé au fait que pour aller à la salle d'entraînement, je dois passer par la Fosse.
Je prends une grande inspiration en fermant la porte et regarde Tobias.
« Ca va aller ! », m'assure-t-il.
Nous n'avons fait que quelques pas que nous voyons Gwen apparaître au bout du couloir. Elle porte deux sacs de courses en main et nous sourit.
« Bonjour Tris ! Comment tu vas ?
-Ca va…
-Je l'emmène à la salle d'entraînement pour taper dans un sac.
-C'est une bonne idée. Ça te fera du bien, je pense.
-Merci Gwen. »
Elle me prend dans ses bras rapidement puis se dirige vers Tobias. Je tourne la tête pour ne pas la voir l'embrasser. Je sais qu'ils sont adorables ensembles et qu'elle a toujours été gentille avec moi sans être jalouse de mon amitié avec Tobias.
« Allez vous défouler un peu tout les deux. Je vous invite tout les deux ce soir pour dîner.
-Oh non, je ne veux pas m'imposer dans votre soirée.
-Tu ne t'imposes pas du tout, on n'avait rien de prévu à la base.
-Non, je ne peux vraiment pas...
-D'accord, c'est pas gave. Une prochaine fois alors. »
Elle sourit puis entre dans son appartement alors que nous reprenons notre chemin.
« Tu as vraiment de la chance de l'avoir.
-Oui, on me le dit souvent. »
Lorsque nous arrivons devant la salle d'entraînement, nous entendons la voix d'Eric avant le bruit des pistolets. Il doit sûrement être de très mauvaise humeur aujourd'hui. Mais ces bruits veulent dire que les novices sont là soit une bonne vingtaine de personnes. Que vont-ils dire en voyant une Audacieuse grosse ?
« Arrête Tris ! Si ces novices osent dire quelque chose, je les mets dehors avant même qu'ils ne puissent dire pardon.
-Parfois, j'oublie que tu es devenu Leader.
-Je sais, peu de leader sont aussi sexy que moi.
-Je ne dirais pas ça… Il y a Eric. »
Il pose la main sur son cœur en faisant mine d'être vexé.
« Je vois, eh bien tu pourras demander à Eric de t'aider alors. »
Il fait un pas en arrière mais je le tire par la main.
« Allez gros bébé, tu sais que je plaisante ! », rigolé-je.
Je m'attendais à une de ces réponses débiles mais il ne fait que sourire.
« Quoi ?
-C'est agréable de t'entendre rire à nouveau. »
Il m'ouvre les portes de la salle, l'odeur de sueur et de métal me frappe de plein fouet.
Je suis de retour à la maison.
