Ne prend pas en compte le dernier échange d'Haytham et Charles dans AC Forsaken.

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New York, 16 Septembre 1781.

« Je peux me défendre seul, Master Kenway.

—Tu dois rester en vie, Charles.

—Je ne fuirai pas devant ce chien enragé !

—Ce chien enragé est mon fils. Ma faute, mon erreur. Il me revient de le tuer. Je te le dis pour la dernière fois, Charles, va te mettre à l'abri. »

Mon second resta immobile et m'étudia comme s'il pouvait deviner mes pensées. Le temps avait fait son œuvre sur lui, comme il l'avait fait sur moi. Le crin noir de ses cheveux s'était enfui, les yeux liquides étaient cernés et veinés de rouge. Qu'était devenu le jeune homme enthousiaste qui m'avait accueilli sur les quais de Boston trente ans auparavant ? Il s'était fait amer, agressif, avare. Nous avions tous cédé sous le poids des années, sous le calme trompeur qui avait suivi la déroute des Assassins d'Achilles. Nous nous étions embourgeoisés, pour certains. D'autres s'étaient laissés grignoter par l'envie et le pouvoir.

Tout ce que j'avais toujours détesté chez mes frères, je l'avais absorbé et reproduit, à l'identique. Le confort, la facilité, la délégation. Ma vengeance contre Reginald m'avait vidé de mes forces et de mes principes. Moi qui m'enorgueillissais d'être le seul encore fidèle à mon credo… Je tuais avec la même légèreté dans les gestes que Braddock assassinant des femmes et des enfants. J'avais honte.

« Je vous le dis une dernière fois, Général Lee. Quittez New York. Faites-vous discret. Quand toute menace sera écartée, je vous recontacterai. »

Charles ne put retenir un grognement, se calma enfin et chuchota un « faites attention à vous, Haytham » que j'entendis à peine. Je grinçai des dents à la tension dans sa posture, à l'intonation plaintive de sa voix. Fallait-il qu'un Assassin nourri par la vengeance apparaisse et nous tuent tous jusqu'au dernier pour que nous redevenions les frères unis du passé ? « Puisse le Père de la Sagesse nous guider », murmurai-je autant pour Charles que pour moi-même.

Je vérifiai une dernière fois mes lames d'Assassin —celle que j'avais dérobée à Miko il y a si longtemps et celle de mon père rescapée des flammes de Queen Anne's Square— testai l'équilibre de mon épée, réajustai mon tricorne et ma cape, et sortit. Le feu de l'enfer pleuvait sur New York, le feu des canons déclenché par mon propre fils. L'heure était venue de l'affronter.


Haytham, Y U HURT ME FEELS SO MUCH ?