Pour toi, je peindrai les murs en blanc.

Je ferai disparaitre tout ce rouge, ce rouge si profond et épais qui éclabousse les murs.

Je couperai les arbres, je trancherai la terre en deux, je détruirai tout, tout jusqu'à moi-même.

Pour toi, je peindrai ces murs affreux qui ont tout vu, tout vu de notre combat.

Ces murs qui ont vu ta mort, ces murs qui m'ont détruit plus que toutes les blessures, qui sont maintenant si rouges, si rouges.

La peinture coule à flot, une peinture si rouge, si rouge que je vois mes yeux, tes yeux, au fond, si profond.

Je vois la terre tranchée en deux, cette terre que je trancherai pour toi, ces vies que j'anéantirai, détruirai, déchirerai.

Je vois tout dans ce rouge, dans ces murs rouges, si rouges.

Je vois même ce monde, ce monde, toi, moi, nos yeux, en un, qui ne forment qu'un. Et la peinture coule à flot, à flot comme ton corps mort, qui saigne, saigne en une marrée rouge, si rouge, trop rouge, peut-être, comme mon âme, une âme si rouge, si morte.

Flammes, horreur, mort, sang, toi, nous, moi, peut-être toi et des millions d'autres comme nous qui meurent, brûlent, hurlent et pleurent.

Car tu étais tout, car mon âme est rouge, car maintenant tout n'est plus rien pour moi.

Pour toi, Edward, je peindrai les murs en blanc.