Titre : Une vie dans le temps.
Auteur : Suzan
Avertissement : Ce texte mets en évidence de relations homosexuelles, il serait donc préférable au jeune public et aux homophobes de s'abstenir.
Résumé : Défi de Zaika : Harry est envoyé dans le passé pour sauvé l'avenir en tuant Tom Jedusor alors âgé de cinq ans. Seulement tout ne se passe pas comme prévu. Et il va découverte en découverte.
NDA : Bonjour à tous ! Me voilà de retour avec une nouvelle fiction, d'un genre spécial. J'ai demandé à Zaika un défi pour ce qui devait être un OS ou une fiction en deux chapitres. Aujourd'hui je prévoie plutôt une dizaine de chapitres. La majorité de la fiction a été écrite cet été. Elle est assez particulière, je ne saurai pas bien la classer mais j'avais envie de tenter cette aventure. J'espère que vous aussi ^^. J'attends vos commentaires avec impatience !
Bonne lecture !
Suzan.
NDA du 16 avril 2012 : Bonjour à toutes et à tous ! Après une certaine absence j'ai décidé de relire, de corriger et de réécrire cette fiction. Je ne pense pas rajouter de chapitres, juste faire en sorte que le tout soit plus cohérent, mieux construit et mieux écrit – enfin c'est le but fixé, après... XD. Je suis présentement en vacances, et en retombant sur mes premières fictions, j'ai eu envie d'y mettre un peu d'ordre. Si, si, les ménages de printemps ont du bon... XD Merci à tous les lecteurs qui ont pris le temps de lire, de commenter, d'ajouter en favoris... Je répondrai aux reviews, dès que j'aurais fini la relecture !
Sur ce, bonne lecture ou relecture !
Suzan.
CHAPITRE I : ALBUS DUMBLEDORE
Harry regarda par la fenêtre du bureau du plus illustre Mage Blanc de son époque. Feu Albus Dumbledore. Le parc de Poudlard paraissait morne et sans intérêt. Harry Potter y voyait une singulière métaphore au monde sorcier et à ses actuels problèmes avec un autre mage, tout aussi puissant que le premier.
Il se retourna vers le portrait de Dumbledore. Le bureau d'Albus n'avait pas tant changé depuis les années noires. Lui non plus, à vrai dire. Il est vrai que la mort conservait bien. Du haut de ses vingt deux ans, Harry Potter était las. Depuis ses dix sept ans, il cherchait les Horcruxes pour détruire Lord Voldemort. Malheureusement, après de savantes manœuvres comprenant politiques, pot de vins et espionnage, celui-ci avait réussi à mettre à jour les plans du camp adverse. Il avait donc regroupé les derniers objets dans un endroit que nul ne connaissait et sur lequel nul ne possédait de piste.
- Nous sommes dans une impasse Harry, déclara Dumbledore, désappointé.
- Je sais Albus, soupira le jeune homme en se plaçant face au portrait. J'essaie de trouver une solution... Mais pour le moment je n'en vois pas. La seule chance dans notre malheur est que Severus ait toujours été de notre côté et qu'il se débrouille pour que je puisse discuter avec vous.
Un silence s'étira entre l'ancien professeur et son élève. Albus releva la tête pour fixer Harry dans les yeux. Le jeune homme y lut une résignation terrible.
- J'ai pensé à quelque chose la dernière fois, avoua le directeur. Cela pourrait nous aider et empêcher Voldemort de nuire. Seulement... tu quitteras entièrement tous ceux que tu aimes. Hermione, Ron, Severus… Tu ne pourras revoir personne car tu changeras entièrement le futur.
- Que voulez-vous que je fasse ? demanda Harry, las.
- Remonter dans le passé, Harry. Eradiquer le mal avant qu'il ne prenne forme. Pour le moment je ne vois que cette solution. Et tu es le seul à pouvoir accomplir cela, tu es destiné à tuer Voldemort sous toutes ses formes…
Harry se plongea dans ses réflexions. Cela voulait dire abandonner ses amis, les Weasley, Remus et puis Severus… Surtout Severus en fait. A cette pensée le cœur d'Harry se déchira. Il faudrait qu'ils en parlent mais si c'était la seule solution alors... il le ferait. Peut être Severus serait-il plus heureux ? Peut être pourrait-il vraiment vivre son adolescence et sa vie d'adulte ?
Il remercia doucement Dumbledore, lui dit qu'il y réfléchirait et viendrait lui remettre sa réponse dans un délai de trois jours. Enfin il salua le vénérable portrait, et prit la poudre de cheminette pour rejoindre le Manoir Prince. Quitte à affronter la terreur des cachots autant le faire dès que possible.
- J'ai dit NON ! Hurla son cher et tendre, projetant un éclair de magie qui alla briser les fioles qui les entourait. Harry n'insiste pas !
- Mais Severus cela pourrait permettre à beaucoup de gens de vivre leur vie ou de simplement rester en vie ! Argumenta le jeune homme, peu impressionné par la colère de son aîné. Severus, je pourrais réussir.
- C'est le « pourrais » qui me dérange Harry, soupira Severus Rogue.
- Severus je ne pourrais plus vivre et me regarder dans le miroir le matin en me disant que j'ai peut être loupé une occasion d'en finir avec tout ça.
- Pourquoi ce serait à toi de te sacrifier ? murmura son amant.
- Il parait que c'est ma destinée. J'ai du faire quelque chose de vraiment terrible dans une vie antérieure pour avoir un karma si pourri dans cette vie là.
Il fut vite emprisonné dans les bras de son amant.
- On ne peut pas fuir. Il faut affronter la réalité un jour ou l'autre, soupira-t-il dans l'étreinte.
- D'accord, mais accorde-nous encore trois jours, pria Severus.
- Oui mon amour.
Les trois jours s'écoulèrent à une vitesse folle et pourtant les deux amants prirent le temps de les savourer. Severus accompagna Harry dans son bureau. Ce dernier donna son accord quant à la mission qu'on lui confiait. Et même dans son tableau, les yeux de Dumbledore ne pétillaient plus.
L'ancien directeur décrit la position exacte du Retourneur de Temps dont ils auraient besoin à Severus et il alla le chercher dans la Salle sur demande.
- Harry maintenant que nous sommes seuls, écoute bien. Tom Jedusor est né le 31 décembre 1926. Pour le retrouver de façon certaine rends-toi à l'année 1931, il aura cinq ans et sera à l'orphelinat. Là tu pourras accomplir la tâche qui t'ait allouée...
Albus Dumbledore inspira profondément, comme effrayé par les paroles qu'il allait prononcer. Harry redoubla d'attention.
- Je ne sais pas comment la magie et l'histoire réagiront. Tu changeras les circonstances dans lesquelles doivent s'accomplir le grand dessein. C'est dangereux. Mais aucune solution n'a pu être trouvée ici. Pour réduire les risques prends la bague des Dumbledore, c'est une bague que l'on donnait aux amis de la famille. Au moins mon double ne te causera pas d'ennuis.
Harry prit la bague située derrière l'un des portraits du bureau qui lui laissa obligeamment le passage. Dumbledore reprit la parole :
- Tu changeras l'Histoire et ton âme sœur changera peut être. Accepte ta nouvelle vie Harry elle sera sans doute plus heureuse.
- Harry, Dumbledore, je l'ai, annonça Severus en entrant avec le Retourneur de temps.
Il avait parfaitement entendu les deux dernières phrases du portrait et espérait de toute son âme qu'on ne lui enlèverait pas son amour pour Harry. Il était la meilleure chose qui lui soit arrivé, dans cette vie ou dans une autre.
Harry se releva, salua Albus, embrassa Severus, lui dit de ne pas s'inquiéter, que tout irait bien et qu'il devait avoir confiance en ce que la vie leur réserverait.
Il s'avança dans le bureau, nerveux et régla le Retourneur de temps à la date que lui avait indiqué Dumbledore. Il disparut.
Le voyage fut tout, sauf agréable. Harry garda le yeux fermés pour lutter contre la nausée qui l'envahissait. Lorsque le Retourneur arriva à la date fixée, il s'écroula dans le bureau qu'il venait de quitter devant un Armando Dippet plus que stupéfait de l'apparition d'un jeune homme en ces lieux. Il essaya d'abrutir de questions Harry, mais celui-ci, après s'être redressé, demanda poliment à voir le professeur de métamorphose, le professeur Dumbledore. Il fut escorté dans son bureau, et le directeur, discret quant aux affaires de ses professeurs, s'esquiva, la tête emplie de questions quant à la puissance magique de cette famille. Il finit par en conclure que Dumbledore devait avoir ses raisons et cela faisait un moment qu'il ne s'occupait plus des raisons de son professeur de métamorphose.
- Professeur Dumbledore ? demanda Harry d'un ton assuré.
- Oui, jeune homme, en personne, répondit un Albus plus jeune et roux.
Le jeune sorcier prit le temps de l'étudier quelques secondes tandis que son vis-à-vis réalisait la même expérience. Il ressentit une sensation proche de la tristesse en voyant dans le regard de son ancien directeur une lueur de méfiance. Il était devenu un parfait étranger.
- Je n'ai pas beaucoup de temps professeur, déclara-t-il abruptement. Excusez ma brutalité mais... il n'y a pas de bonnes façons de vous annoncer cela. Je m'appelle Harry Potter et je viens du futur.
- Pardon ?
Harry se rapprocha du professeur de métamorphose avec un doux sourire. S'il voulait des preuves...
- Vous vous appelez Albus Brian Wilfric Percival Dumbledore et vous devez avoir exactement cinquante ans cette année. Vous êtes un sorcier puissant, pur produit de la maison Gryffondor, même si le choixpeau avait hésité entre deux autres maisons, Serdaigle et Serpentard. Vous retirerez une grande fierté d'apparaître dans les chocogrenouilles. Plus de précisions ?
- Non merci, je pense me connaitre assez bien, sourit le professeur, en échafaudant intérieurement mille et une hypothèses.
Une pause suivie cette déclaration, le temps de la méditation d'Albus. Temps qu'Harry respecta, il était rare de réduire au silence le futur directeur de Poudlard.
- Vous êtes donc le descendant de la famille Potter ?
- Exact de James précisément. Le futur petit fils de l'actuel descendant de la lignée. Charlus doit être bien jeune à votre époque.
- Que puis-je faire pour vous ? Questionna Dumbledore. Car j'imagine bien que je ne vous ai pas envoyé vers mon moi plus jeune pour un simple échange de courtoisie...
- En fait, vous avez déjà fait ce qu'il fallait. Le fait de savoir que je suis ici rassurera le Dumbledore du futur quant à mon arrivée dans le passé.
- Je vous ai réellement envoyé dans le passé ? S'enquit le professeur, d'un air dubitatif.
- Exact et pour une excellente raison. Je devais vous contacter pour avoir un lien avec le monde de la magie. La mission pour laquelle je suis venu doit se dérouler dans le monde moldu.
- Bien., conclut Albus, d'un ton ferme.
Harry nota son regard. Il aurait exactement le même lorsqu'il s'occupait de régir l'Ordre du Phénix. Certaines choses ne changeaient pas, peu importe l'époque.
- Avez-vous réfléchi à une nouvelle identité ?
- J'espérerai que vous me couvriez. Armando Dippet semble croire que je suis un membre de votre famille, il serait judicieux de l'en persuader. Seule une famille de grand pouvoir expliquerait mon apparition dans son bureau.
- Vous serez donc Andreas Winston le filleul de ma défunte sœur. Je ne vous connaissais pas jusqu'à aujourd'hui. Vous veniez me voir pour me faire connaitre notre ascendance commune.
- Bien, professeur je vous remercie. Mais… Ne craignez-vous pas des questions ? Sortir un protégé de votre chapeau ainsi ? Je veux dire, à l'heure actuelle, je n'existe pas, et ne suis pas près d'exister...
- Il y a longtemps que j'ai passé le stade des présomptions, Mr. Potter. Et si vous saviez combien mes cousins lointains sont nombreux…
Un silence s'étira dans le bureau tandis que les deux parties réfléchissaient aux tenants et aboutissants de cette rencontre.
- Je peux vous poser une question ? Lança le jeune homme.
- Vous venez de le faire mais je vous en prie recommencez.
- Comment avez-vous su que je ne mentais pas ?
- Personne ne connait mon âge exact, avoua-t-il dans un sourire coquet. J'ai dû moi-même vous l'avouez. Avez-vous tout ce qu'il vous faut pour effectuer votre mission ?
- Pas exactement, il me faudrait des papiers, un compte à Gringotts…Tout ce qui est nécessaire à un sorcier Lambda.
- Sauf que vous serez en relation avec des moldus, ce que le sorcier Lambda évite à tous prix. Enfin, pas d'inquiétude, les Dumbledore sont suffisamment connus pour leurs excentricités… c'est l'avantage de passer pour un fou, les gens ne cherchent pas les raisons de votre comportement. Je me chargerais des détails. Si vous pouviez me tenir au courant par hibou…
Ils réglèrent ainsi d'une série de détails et convinrent d'un rendez-vous pour qu'Albus puisse lui fournir ce dont il avait besoin. Enfin Harry sourit, salua son hôte et emprunta un passage secret pour sortir de l'école, laissant Albus Dumbledore dans l'une des plus profondes méditations qu'il ait connu, dans cette vie et dans l'autre.
Il arriva dans une ruelle adjacente à la rue passante où se trouvait l'orphelinat. Il se cacha dans un recoin et métamorphosa sa tenue pour qu'elle corresponde à la mode de l'époque. La ruelle était sombre et sale, mais l'immeuble de l'orphelinat paraissait totalement insalubre. Il le serait d'autant plus six ans plus tard.
Harry soupira, et décida d'entrer pour commencer sa mission. Tuer le mage noir à l'état d'enfant allait lui donner quelques difficultés, il le savait. Il lui faudrait des renseignements. Autant commencer son enquête par le début.
Il entra dans le bâtiment après avoir gravi un perron. Il se retrouva face à un comptoir, où une jeune femme qui réprimandait deux enfants lui demanda ce qu'il faisait là.
- Je voudrais voir la gérante, s'il vous plait, Miss, demanda-t-il d'une voix polie.
Son interlocutrice le regarda un moment, avant d'acquiescer, et de le sommer d'attendre devant le comptoir. Harry fit sagement ce qu'elle demandait, lorsque la chance lui sourit. Il avisa une affichette.
« Cherche personne pour s'occuper de la cuisine durant l'absence de M…. ».
- Bonjour Mrs., salua Harry heureux d'avoir choisi des vêtements passe partout, devant la brusque apparition de l'intendante.
- Vous êtes ? S'enquit-elle d'une voix impérieuse.
- Andreas Winston, Mrs. Je viens pour l'annonce que vous avez passée afin de remplacer votre cuisinière.
- Bien. Suivez-moi.
Harry la suivit dans un couloir biscornu. Ils entrèrent dans un petit bureau aménagé, où elle le fit asseoir.
- Je suis Mrs. Coles. Avez-vous des références ?
Harry vérifia que personne ne pouvait le voir par la fenêtre, sortit sa baguette et entra dans l'esprit de Mrs. Coles. Il implanta quelques souvenirs en gommant celui où il avait sorti sa baguette. Il effaça enfin toutes les traces de sa magie et attendit qu'elle reprenne ses esprits.
- Bien Mr. Winston, vous êtes engagé. Vous commencerez ce soir pour le repas.
En sortant du bureau, Harry secoua la tête. Il n'aimait pas user de son pouvoir magique sur des innocents, mais il ne voyait pas comment il aurait pu faire autrement… Le voilà engagé comme cuisinier, lui qui n'y connaissait rien ou pas grand-chose !
L'intendante sortit derrière lui et le somma de la suivre. Une habitude dans cette maison apparemment. Mrs. Coles s'arrêta devant une porte et lui présenta son lieu de travail. Elle débita ensuite un long discours qu'elle avait l'air de connaitre par cœur :
- Vous êtes pensionnaire au même titre que les demoiselles qui veillent sur les enfants. Vous serez logé dans l'aile des garçons. Vous connaissez déjà les modalités de votre fonction, trois repas par jours pour cinquante personnes. Miss Elizabeth vous montrera un marché où réaliser vos courses puisque vous ne connaissez pas ce quartier. Vous aurez un budget alloué mensuellement. A ne surtout pas dépasser, Mr. Winston j'insiste.
Elle prit le temps de le regarder dans les yeux pour être sûre qu'elle s'était bien fait comprendre. Harry acquiesça, un peu dérouté par ce geste.
- L'établissement ne fonctionne que grâce à une discipline rigoureuse et au bon cœur de nos donatrices. Malheureusement les temps sont durs même pour les gens riches et nous avons de plus en plus d'orphelins confiés à notre garde. Ici garçons et filles sont acceptés. On leur donne une éducation, du moins savent-ils en majorité parler et compter.
Ils entrèrent dans une cour qui contenait une quarantaine d'enfants et une dizaine d'adultes. Ces derniers surveillaient les enfants ou vaquaient à leur tâche. L'intendante qui était également la directrice de l'établissement, frappa dans ses mains et le présenta.
- Voici, Mr. Winston. Notre nouveau cuisinier. Je vous prie de bien l'accueillir. Miss Elizabeth vous serez son aide pour le marché demain matin. Magdeleine, notre cuisinière, part demain en attendant elle vous aidera.
Sur ce, elle rentra dans le bâtiment, le laissant la proie des regards. Ses collègues vinrent se présenter. Une dizaine de personnes en tout : Magdeleine la cuisinière, Elizabeth qui était une sorte de femme de ménage à qui l'on confiait toutes les tâches pénibles. Jane et Helen étaient des aides qui devaient garder l'établissement salubre, tâche digne d'Hercule et difficilement réalisable à deux avec quarante enfants. Trois jeunes femmes se présentèrent comme des institutrices, mais elles essayaient surtout de maintenir un peu d'ordre et de discipline selon Harry. Miss Jones, Mason et Livingston se présentèrent et échangèrent avec lui quelques paroles avant de reprendre leur travail. Une lingère et une aide cuisinière marmonnèrent leurs noms avant de s'en aller. Enfin il reçu une ferme poignée de mains du seul autre homme de l'équipe, le concierge William, accessoirement le mari de Jane.
- Je suis ravi de ne plus être le seul homme de cette maison. Maintenant à vous également le plaisir de porter le bois !
Harry lui sourit, avant d'être interpellé par l'actuelle cuisinière.
- Mr. Winston, suivez-moi. On commence la préparation du repas tôt si on ne veut pas le servir à une heure indécente.
Il avait oublié que l'électricité n'était pas encore courante, et que d'ici ce merveilleux temps, il allait devoir se coucher avec les poules. Perspective qui, comme on se doute, l'enchanta au plus haut point.
- Vous vous donnez trop de mal, Mr. Winston, le réprimanda Magdeleine. Il n'est pas nécessaire d'éplucher les pommes de terre. Les enfants le feront s'ils en ont envie. En revanche il est absolument nécessaire de les faire cuire maintenant. Là, dit-elle en reprenant le seau qu'il venait d'éplucher, nous en avons assez pour nous.
- Alors on n'épluche pas les pommes de terre des enfants ? Même des plus petits ? S'enquit Harry, curieux.
- Ici nous accueillons les enfants de la naissance à dix ans, expliqua Magdeleine. Il est difficile de fournir à manger pour tous selon leur besoin... Il faut faire de son mieux.
- Qu'adviennent les enfants une fois qu'ils sont grands ?
- Ensuite ils sont placés dans un autre établissement si aucune famille n'a voulu d'eux, lui répondit la cuisinière en lançant les pommes de terre dans l'eau. Ce qui arrive souvent. Certains deviennent les instituteurs comme Miss Jones.
- Mais vous ne savez pas ce qu'il advient de la majorité.
-En effet, c'est pourquoi on essaie le moins possible de s'attacher. Pour les pommes de terre, les plus grands aideront les plus petits. On leur enseigne la solidarité dès que possible.
Harry se retrouva débarrasser des sacs de pommes de terre, principal composant du dîner. Il s'étira, courbaturé d'avoir passé ce temps sur une chaise dans une position inconfortable. Il observa l'office. Trois grands fourneaux, un garde-manger attenant, un gigantesque vaisselier fait de bric et de broc, une table leur permettant de cuisiner, et cloués au mur, la majorité des ustensiles nécessaires. Le tout donnait une sensation de bizarrerie, de s'être trouvé dans une cuisine en folie.
- La décoration serait à revoir, murmura Harry pour lui-même en sortant les épluchures de la cuisine.
Au moment où il passait la porte, l'aide cuisinière arriva affolée, comme s'étant souvenu à la dernière minute de quelque chose.
- Mary, enfin te voilà ! Mr. Winston, un instant, voici Mary. Elle est sensée nous aider en cuisine mais passe beaucoup trop de temps dans la lingerie. Vous arriverez peut être mieux que moi à en tirer quelque chose.
Harry salua et sortit pour mettre ses épluchures dans la rue. Apparemment c'est comme cela que tout le monde faisait. Les ordures devaient être ramassées par la suite, car sinon la rue aurait été bien plus sale. Quoique.
Harry soupira. Il n'imaginait pas un jour que la question des poubelles lui poserait tant de problèmes. Il n'avait plus qu'à observer, quel genre d'homme paraitrait-il s'il demandait comment était ramassé les poubelles ?
Il envisagea un instant la question avant de rentrer. Une chose est sûre : après son rendez vous avec Dumbledore il irait sur le chemin de Traverse afin de trouver un bon livre sur les sorts ménagers…
Harry s'allongea dans le lit. Il était logé et nourri. Son salaire était maigre mais suffisant pour un jeune homme célibataire. De toute façon, il espérait pouvoir retrouver la communauté sorcière assez vite.
Il avait analysé la situation pendant le dîner. Celui-ci se passait dans un réfectoire qui servait aussi aux leçons dans la journée. L'immeuble en lui-même n'était pas si grand, comparé à Poudlard... Mais tout comparé à Poudlard paraissait petit et sale.
L'immeuble avait de belles proportions et abritait une quarantaine d'enfants… et seulement trois femmes de ménage. L'établissement ne fonctionnait que sur la polyvalence des adultes, sinon leur nombre aurait entravé sa bonne marche depuis longtemps. Les adultes mangeaient sur une estrade comme à Poudlard et surveillaient les enfants. Les plus jeunes étaient proches d'eux.
Il avait pu apercevoir Tom Jedusor. Entouré, et ce détail le surprit. Une petite fille, qui d'après ce qu'il avait pu tirer de Miss Jones, s'appelait Adeline était à son côté. Miss Jones était la seule qui connaissait tous les enfants par leur prénom. Peut être parce qu'elle avait été des leurs ?
Il avait appris ce qu'il avait pu de Tom. Enfant réservé, que l'on ne remarquait pas, que l'on n'entendait pas… Mais comme le précisa Miss Jones : « Je ne peux vous en dire plus, nous n'avons pas le temps de nous intéresser à chaque enfant. On essaie de leur expliquer leur situation dès que nous les recevons. Vous n'avez pas encore vu les nourrissons. Il y a une aile qui s'en occupe de l'autre côté de la rue, dès qu'ils sont propres et en âge de marcher et de parler, ils viennent ici. »
Il l'avait chaleureusement remercié et avait continué à discuter sur la vie à l'orphelinat en tant qu'enfant et en tant qu'éducateur. Il apprit ainsi que Miss Jones enseignait aux plus jeunes : leur apprendre l'alphabet, compter, parfois lire. Mais c'était rare, elle avait peu d'enfants lettrés. Et lorsqu'ils avaient appris, les livres qu'elle mettait à leur disposition étaient en nombre insuffisant pour les combler. Elle essayait de faire de son mieux.
Harry sortit du dîner et de sa vaisselle avec une migraine impressionnante. Et sa journée n'était pas finie. Il avait convenu de voir Dumbledore le soir même au Chaudron Baveur. Son livre sur les sorts ménagers ne serait pas pour tout de suite malheureusement. C'est pourquoi, il lança un bref Récurvite dans la pièce où il était logé. Attenante à l'étage des garçons, elle était à peine plus grande que le placard à balais moyen, mais on avait pu y caser, un lit, une armoire et un bureau. Il n'avait pas besoin de plus. Miss Jones lui avait même indiqué la pièce d'eau commune.
Avant de se rendre à son rendez-vous, il s'allongea un peu et réfléchit à sa nouvelle situation. Il en profita pour lancer un sort afin de révéler quelle quantité de sorciers était en présence. Cinq d'après le sort, en le comptant lui-même. Il devrait concocter une potion pour connaitre leur identité.
Néanmoins en sortant de sa chambre il croisa Mary qui tentait désespérément de faire léviter une pile de linge dans ses bras. Il passa sans bruit. Une de moins.
- Bonsoir professeur, salua Harry en s'asseyant à une table.
- Bonsoir Andreas, répondit Albus Dumbledore, camouflé une fois n'est pas coutume dans une large cape noire. Voici votre besace. Elle contient des vêtements moldus et de l'argent, ainsi que des papiers d'identité.
- Merci, professeur.
- Ce n'est pas tout : je vous ai crée une identité au Ministère. Vos buses et aspics, ainsi que vos papiers d'identité sorciers sont dans votre coffre à Gringotts. Vous êtes le filleul d'une famille puissante, c'est pourquoi vous avez fait vos études avec un précepteur. Sa lettre de recommandation est à l'intérieur du dossier qui se trouve dans votre coffre. La seule inconnue a été de savoir si vous aviez une maison ?
- J'en… « ai une » faillit répondre Harry, avant de se rendre compte, qu'avant d'emménager au Square Grimmaurd ou au Manoir Prince, il faudrait du temps. Il se reprit : Il serait en effet étrange que je ne possède pas de Manoir comme tous les protégés de famille noble sorcière.
- En effet, voici donc les clefs d'un Manoir de la famille Dumbledore. Si mes souvenirs sont bons, il se trouve au sud de l'Ecosse. La clef est un portoloin qui vous y amènera, le code est « Home sweet home ». Enfin toute votre biographie se trouve dans votre besace. Pour le moment vous êtes en voyage d'études. Quelle est votre spécialité ?
- Celle qui vous siéra… J'ai néanmoins une prédilection pour les potions, sourit Harry. Cela expliquerait assez bien le voyage.
- En effet, vous passerez vos degrés à votre retour… Combien en avez-vous dans le futur ?
- Dans le futur, j'ai obtenu les cinq.
- Ah, je suis désolé, mais pour le moment il n'y en a que quatre.
Harry sourit et prit le temps de boire un peu de sa bièraubeurre.
- Vous êtes incroyable Albus, aussi minutieux et efficace que d'habitude.
- Ah, parce que je fais ça souvent ? Riposta Albus Dumbledore malicieux. Quelle relation entretenons-nous dans le futur ?
- Nous sommes amis. Et le veritaserum que vous avez glissé dans mon verre ne m'en fera pas dire plus, vous m'avez immunisé contre lors de ma septième année à Poudlard.
- Certes… déclara Albus Dumbledore, je perds aujourd'hui.
- Votre thème favori était de m'interroger sur mes lectures, raconta Harry dans un sourire nostalgique, et sur ce que j'en pensais. Je vous ai berné sur un manuel de potions, très instructif !
Les deux hommes se regardèrent un instant. Harry se prépara à partir et prit le sac.
- Faites-vous confiance, Albus, si vous n'avez pas confiance en moi, déclara-t-il en déposant la bague aux armoiries de Dumbledore sur la table. Le professeur, surpris, leva les yeux mais Harry avait déjà repris la parole : Je vous recontacterai bientôt.
Et il sortit rejoindre sa chambre. Il espérait que demain soit un jour meilleur, comme le prétendait le dicton. Il eut des difficultés à retrouver son chemin dans la nuit, mais son errance lui permit d'échafauder un plan : demain il irait sur le chemin de Traverse, mais pas seul.
Le lendemain Magdeleine les quitta de bon matin. Il sourit en refermant la porte de la malle-poste sur elle. Il comprenait pourquoi on l'avait reçu si facilement, on n'espérait plus de remplaçant.
Et comme dans toutes les missions qu'Albus Dumbledore avait confiées à Harry Potter, ce dernier mit son grain de sel dans l'histoire.
A suivre...
