Disclaimer : Albator, Toshiro, Clio, Kei, Maji, Eméraldas, Warius Zéro, Tori-San et Mi-Kun, appartiennent à leur créateur, M. Leiji Matsumoto.
Bob l'Octodian, et son Metal Bloody Saloon appartiennent exclusivement à Aerandir Linaewen qui les a créés et je dois à son amitié de me permettre de les utiliser
Les autres personnages sont à bibi.
1.
Gambale s'était dématérialisée, son père complètement prostré, Galahane était revenue vers ceux de l'Arcadia qui la tenaient toujours en joue.
Elle s'assit alors délicatement sur une sorte de siège doré.
- Nous ne savions pas, pour la véritable nature des Carsinoés. Nous étions d'ailleurs nombreux, une majorité même, à être persuadés qu'elles nous avaient abandonnés ! Cette Dambale a répondu aux prières de mon père…
- Oui, qu'est-il arrivé à mon capitaine ? rugit Kréon. La Jurassienne qui nous accompagne a perdu le lien de son âme peu avant notre apparition.
- Que lui avez-vous fait ! glapit Toshiro.
- Séparer une âme de son corps, c'est impossible ! aboya Kei depuis la passerelle du cuirassé corsaire où elle suivait le face à face en direct, voyant et entendant tout.
- Je vous assure que les Carsinoés peuvent absolument tout, rétorqua la Carsinôme sur le simple ton de la constatation. Dambale vient de vous le prouver.
- Est-ce que le capitaine de l'Arcadia méritait vraiment ce châtiment ? s'enquit Clio. Est-ce qu'il a réellement perpétré ce forfait que vous lui reprochez ?
- Nous l'avons fait, répondit Kei. Ordres de notre roi qui voulait y établir une base de repli. Politique de la terre brûlée, c'était le cas de le dire. Nous avons largué toutes nos bombes incendiaires et les tirs de nos canons ont rasé tous les bâtiments. Lothar Grudge a richement félicité Albator pour cela !
- Des milliers d'entre nous ont péri ce jour-là, murmura Galahane.
- Mais aucun vaisseau n'a fui de votre colonie de Khatar ! protesta Kréon. Nous n'aurions pas manqué d'en voir, surtout un de cette taille !
- Nous nous étions réfugiés sous terre. Nous ne sommes partis qu'une fois que vous avez fait demi-tour.
- Et maintenant, vous cherchez un endroit où vous installer ? remarqua Fulker. Vous ne pouvez pas continuer à voler ainsi, à la merci de tous les Pirates, autres détrousseurs, sans compter les flottes de défense que votre taille terrorisera ! Vous n'avez pas d'armes !
- En nous déplaçant, nous changeons nos horizons, ce qui ne serait pas possible si nous établissons une nouvelle colonie. Quant à notre sécurité, elle est parfaite !
- Vous êtes totalement désarmés ! insista le préposé à la console de tirs de l'Arcadia.
- Non, voyez donc les portes que vous avez explosées pour fuir.
- Vous avez déjà posé des panneaux de protection ! réalisa Toshiro, estomaqué et admiratif.
- Non, répéta Galahane, c'est l'Arche qui se répare elle-même, elle est vivante ! Croyez-moi, nous ne pourrions être en plus parfaite sécurité !
- Un vaisseau qui panse ses propres plaies, c'est absolument hors du commun. Encore heureux que vous n'ayez aucune intention belliqueuses !
La Carsinôme ne put retenir un léger sourire.
A leur retour, les membres du commando de l'Arcadia étaient revenus dans la salle de réunion où se trouvait la jeune femme blonde qui le dirigeait désormais.
- Clio, toi qui es hypersensible, donne-moi ton avis sur ces Carsinômes. Comment devons-nous les cataloguer ?
- J'ai la certitude qu'ils sont à l'opposé de ce que les Carsinoés se sont révélées être. Ce sont les survivants d'un peuple pacifique, et ils le demeureront, en totale sécurité dans leur indestructible Arche ! S'ils n'étaient pas innocents, l'état de catalepsie, quasi, dans lequel l'a plongé la véritable nature de Dambale est éloquente – ils doivent être plus d'un dans son cas ! Les Carsinoés sont en revanche un essaim de guerrières folles et sans pitié, avides de nouveaux territoires et de pouvoirs.
- Et tant que l'Arche se déplacera, elles auront une porte ouverte sur notre monde ! aboya Kréon. Et je ne vois vraiment pas comment on pourrait s'opposer à elles ! Dambale a arraché l'âme d'un homme, elle peut certainement le faire à toute une population !
- C'est plus que probable… admit Kei. Mais Carsinômes et Carsinoés ne sont plus vraiment de notre ressort, tant que ces dernières ne s'en prendront pas à nous.
La jeune femme se racla la gorge.
- Quand vous vous êtes enfoncés davantage dans l'Arche, je n'ai plus rien vu et entendu, parasitage. Est-ce que cette Carsinôme vous a permis de ramener… son corps ?
- C'était un horrible lieu que ce frigo démesuré, souffla Fulker, encore pâle au souvenir. Ils conservent les corps des suppliciés dans des cercueils de verre. Certains y reposent depuis plusieurs siècles.
- Oui, nous avons rapporté celui du capitaine, reprit Kréon. On l'a installé dans l'une des chambres de son appartement, verrouillée afin qu'au gré des promenades d'après repas, Alhannis ne puissent y être amené…
- Bien, je vais rapport à la générale Nhoor, conclut la blonde seconde de l'Arcadia. Je suppose qu'elle va demander à ce qu'on le place dans un caisson de cryogénisation.
- C'est hors de question ! s'emporta une Jurassienne devenue lumineuse. L'Arche est là et le vortex est ouvert, il faut laisser le temps à Albator de fusionner à nouveau avec son âme et de revenir.
Toshiro soupira.
- Clio, tu as peut-être des pouvoirs, inutiles en ces circonstances, mais Albator n'en a aucun !
- Il a déjà accompli des miracles, je suis sûre qu'il peut réaliser celui-là ! Il a la plus impérieuse des motivations au cœur : Alhannis.
- Pauvre gamin… Le cuirassé de Salmanille Khurskonde fait toujours vol, cahin-caha, vers des zones sûres. Chaque heure de gagnée est un plus. Alhannis reverra donc un jour sa mère. Mais, pour son père…
La Jurassienne se leva, tenant les plis de sa longue robe d'un vert émeraude.
- Je vais auprès de lui. Je ne peux rien d'autre que ma présence à ses côtés. Albator va devoir trouver en lui la force de revenir, il lui faut récupérer son âme et traverser le vortex. Il doit le faire, pour Alhannis, et pour la mère de celui-ci. Ils ont un bel avenir, je l'ai vu !
Clio posa ses mains sur les parois du cercueil de verre dont le couvercle avait été placé contre le mur, puis sa paume sur le front glacé de son ami qui ne respirait plus.
- Je ne peux pas ramener ce que je ne perçois plus, Albator. Tu vas devoir revenir seul. Moi, je ne bougerai pas d'ici jusqu'à ce que tu rouvres l'œil.
Et elle s'assit pour veiller.
Chapitre II2.
Un monde effiloché. Albator n'aurait pas pu mettre un autre mot sur l'environnement où il se trouvait.
Ce qui l'entourait était inconsistant à la vue mais solide sous les pieds ou sous les doigts, pour redevenir ensuite presque évanescent. Et ce milieu flou semblait partir en lambeaux dès qu'il bougeait, pour ensuite se reconstituer, en partie – comme une fumée qui se serait mue sous un souffle discontinu.
« Où est-ce que j'ai atterri, moi ? ».
L'espace autour du capitaine de l'Arcadia était rougeoyant, les formes noires, la chaleur écrasante, étouffante, mais hormis elle aucune sensation de soif, de faim ou encore de fatigue.
« Je préférais le refuge du Thanatos – tiens, il m'a fichu la paix depuis un bon moment, celui-là ! Bien que je ne sois pas très sûr de pouvoir me considérer comme encore en vie ! ».
- Le capitaine de l'Arcadia, avait annoncé une sorte de chambellan dans une livrée ivoire et azur avant de se retirer.
Sous la coupole de la salle ronde, Albator avait examiné les lieux, lumineux, aux matériaux nobles, mais dépouillés au possible.
Au sol, des panneaux avaient coulissé et deux personnes avaient été montées par des plateaux.
- Jéhobald, chef de cette communauté, et une de mes filles : Galahane.
- Je commande l'Arcadia, je suis Albator. Et vous êtes des Carsinômes… Vous vous baladez ?
- Avant, on parlait d'apatrides. Vu que nous avons perdu notre planète, nous pouvons être considérés comme aplanétoïdes… Nous avons besoin que vous soyez notre intermédiaire pour nous obtenir l'autorisation de passage, révéla alors Galahane.
- Albator, cette dégaine, vous ne disposiez pas d'un autre cuirassé ? souffla Jéhobald.
- Vous, vous êtes très peu familiarisés avec les Pirates !
- Nos ordinateurs compilent automatiquement toutes les infos des zones traversées, mais personnellement nous ne nous y plongeons guère, pour ne pas encombre inutilement l'esprit !
- Alors, durant ces vingt-quatre heures, vous n'avez glané aucun renseignement… ?
- Nous préférions vous observer ! Vous venez de parler de Pirates, et non de corsaires. Vous faisiez partie du premier groupe, par le passé, c'est donc ça ?
- Un passé qui n'a plus de raisons d'être.
- Quel bâtiment ?
- Je commandais le Deathsaber.
A l'unisson, Jéhobald et Galahane avait émis d'interminables hululement. Puis le leader en toge de brocard rouge avait écarté grand les bras en une pose grandiloquent et assez risible, mais le grand corsaire balafré n'avait eu aucune envie de rire !
- Carsinômes, ça ne me dit rien… Mais, est-ce votre seul nom ? interrogea-t-il, sur la défensive.
- Nous avons intégré cette Arche quand notre colonie sur Khatar fut détruite par un seul cuirassé Pirate ! éructa Jéhobald. Maintenant que nos déesses les Carsinoés punissent enfin cet être sanguinaire !
- Oui, j'ai fini le « travail » au sol, au corps à corps, reconnut l'ancien capitaine du Deathsaber. Aucun de vos civils n'a opposé de résistance. Ca a été bien trop facile, et j'ai été fabuleusement récompensé : deux esclaves et l'Arcadia !
Il fronça le sourcil.
- Qui sont ces Carsinoés ?
- Notre bras vengeur ! rugit encore le leader des Carsinômes.
Traversant le sol, la femme-papillon se matérialisa ensuite, sublime, envoûtante. Mais elle poussa un cri strident, sa trompe se déployant soudain, sur plusieurs mètres.
Albator eut la fugitive et atroce sensation qu'elle le coupait en de la tête aux pieds, la douleur l'envahit tout entier, puis il n'y eut plus rien.
Albator porta soudain machinalement la main à son épaule droite.
« Intacte, comme dans les rêves ! Bien qu'au vu des circonstances, ça ne m'aide guère, il n'y a rien de bien concret sur quoi tirer à tout va ! Sensation bizarre… J'ai récupéré mon épaule, mais je me sens incomplet… ».
Il soupira.
« Bon, alors, je fais quoi ? Je ne peux pas rester planté là pour l'éternité et je doute qu'on vienne me chercher cette fois ! ».
Le sol se durcissant à mesure qu'il avançait, il se dirigea vers une zone des lieux qui semblait plus lumineuse.
- Je ne devrais pas poser la question, la réponse risque de me déplaire, mais : il y a quelqu'un ici ! ?
Sa main se posant sur une masse plus sombre, elle se transforma en un cristal à plusieurs éclats. Une femme-papillon, toute dorée en sortit.
- Mauvaise question… J'ai déjà donné. Oublie ce que j'ai demandé !
- C'est toi qui a atomisé la colonie sur Khatar ?
- Oui. Et il semble bien que je vienne d'en payer le prix ! Avec le recul, je ne peux que le regretter, être horrifié par ce massacre gratuit auquel j'ai pris tant de plaisir à l'époque ! Alors, je suis condamné à une errance éternelle, pire que celle des survivants de l'Arche ?
- Je suis Amaltaïdès, l'âme des Carsinoés.
Albator bondit en arrière, portant machinalement les mains aux poignées de ses armes bien qu'il se doute qu'en dépit de leurs tirs redoutables elles devaient être quasi inoffensive pour Amaltaïdès.
- Je suis l'âme des Carsinoés, leur essence à l'état pur, le souvenir de ce qu'elles auraient dû rester si elles ne s'étaient pas détournées de mes enseignements pour céder aux plus bas instincts. Je ne te ferai aucun mal, jeune Humain, je suis toute aussi prisonnière que toi, bien plus que toi ! J'ai été confinée ici par Dambale et toutes les autres, je ne peux qu'assister aux méfaits qu'elles ourdissent et pour lesquelles elles ne vont plus tarder à passer à l'action !
- Spectateurs, oui je crains bien que ce soit tout ce qu'il nous reste, admit le capitaine de l'Arcadia avec une grimace de dépit.
- Parle pour moi, reprit Amaltaïdès en voletant gracieusement autour de lui. Toi, tu n'es que de passage !
- J'ai déjà entendu ça…
- Le Thanatos, oui, je sais. Je suis énergie pure, intemporelle, je suis un concentré de connaissances qui ne me servent à rien, et j'ai bien trop rarement des visiteurs. Ils ont beau être condamné pour l'éternité, leur corps dépourvu d'âme finit toujours par s'étioler.
- Un corps sans son âme, c'est cela mon impression de vide ?
- Oui. Dambale l'a enfermée dans un cocon d'énergie et quand ton corps lâchera, le froid ne le conservera pas éternellement, le cocon se rompra et ton âme sera broyée par cet environnement.
- Génial… Ca va prendre combien de temps ?
Les paupières lourdement fardées de l'âme des Carsinoés battirent, avec surprise, stupéfaction même.
- Quoi, tu n'as aucune motivation pour tout tenter, rejoindre ton monde, personne ne t'y attend donc ?
- Alhannis… Mais je crains d'être bien insignifiant face aux mystères et règles de fonctionnement de cet espèce d'entre-mondes !
Amaltaïdès eut alors un petit rire.
- Au contraire, Dambale a agit dans la précipitation vengeresse, sans te sonder. Si elle avait, elle aurait réalisé tout comme moi que tu es une des rares créatures mortelles à pouvoir la contrer.
- C'est impossible…
- Si les tiens n'avaient pas effacé le souvenir d'un des tiens sur la fresque généalogique d'Heiligenstadt, ils auraient conservé en archive le fait qu'un de tes ancêtres, roux aux yeux bleus, était d'essence semi-surnaturelle. Mais si le chromosome doré ne s'est pas transmis de génération en génération, son souffle, son pouvoir, demeure en toi. Il te fera découvrir d'autres mondes, le moment venu. Il va te falloir assembler une arme contre Dambale et ses sœurs. Mais pour commencer, tu dois rentrer chez toi.
- Comment ? Je n'ai même pas d'ailes ! Et avec cette chaleur, je serai complètement déshydraté d'ici la nuit, pour autant qu'il y ait une nuit !
- Je te guiderai, à défaut de pouvoir t'aider. Récupère ton âme et réenvole-toi pour ton destin !
- Il y a vraiment un espoir ? insista le grand corsaire balafré.
- Il y en a toujours un !
1.
Dambale s'étant dématérialisée après sa prophétie, son père complètement prostré, Galahane était revenue vers ceux de l'Arcadia qui la tenaient toujours en joue.
Elle s'assit alors délicatement sur une sorte de siège doré. Du cube près d'elle sortit un hanap transparent empli d'un liquide d'un bleu sombre.
- Nous ne savions pas, pour la véritable nature des Carsinoés. Nous étions d'ailleurs nombreux, une majorité même, à être persuadés qu'elles nous avaient abandonnés ! Cette Dambale a répondu aux prières de mon père…
- Oui, qu'est-il arrivé à mon capitaine ? rugit Kréon. La Jurassienne qui nous accompagne a perdu le lien de son âme peut avant notre apparition.
- Que lui avez-vous fait ! glapit Toshiro.
- Séparer une âme de son corps, c'est impossible ! aboya Kei depuis la passerelle du cuirassé corsaire où elle suivait le face à face en direct, voyant et entendant tout.
- Je vous assure que les Carsinoés peuvent absolument tout, rétorqua la Carsinôme sur le simple ton de la constatation. Dambale vient de vous le prouver.
- Est-ce que le capitaine de l'Arcadia méritait vraiment ce châtiment ? s'enquit Clio. Est-ce qu'il a réellement ce forfait que vous lui reprochez ?
- Nous l'avons fait, répondit Kei. Ordres de notre roi qui voulait y établir une base de repli. Politique de la terre brûlée, c'était le cas de le dire. Nous avons largué toutes nos bombes incendiaires et les tirs de nos canons ont rasé tous les bâtiments. Lothar Grudge a richement félicité Albator pour cela !
- Des milliers d'entre nous ont péri ce jour-là, murmura Galahane.
- Mais aucun vaisseau n'a fuit de votre colonie de Khatar ! protesta Kréon. Nous n'aurions pas manqué d'en voir, surtout un de cette taille !
- Nous nous étions réfugiés sur terre. Nous ne sommes partis qu'une fois que vous avez fait demi-tour.
- Et maintenant, vous cherchez un endroit où vous installer ? remarqua Fulker. Vous ne pouvez pas continuer à voler ainsi, à la merci de tous les Pirates, autres détrousseurs, sans compter les flottes de défense que votre taille terrorisera ! Vous n'avez pas d'armes !
- En nous déplaçant, nous changeons nos horizons, ce qui ne serait pas possible si nous établissions une nouvelle colonie. Quant à notre sécurité, elle est parfaite !
- Vous êtes totalement désarmés ! insista le préposé à la console de tirs de l'Arcadia.
- Non, voyez donc les portes que vous avez explosées pour fuir.
- Vous avez déjà posé des panneaux de protection ! réalisa Toshiro, estomaqué et admiratif.
- Non, répéta Galahane, c'est l'Arche qui se répare elle-même, elle est vivante ! Croyez-moi, nous ne pourrions être en plus parfaite sécurité !
- Un vaisseau qui panse ses propres plaies, c'est absolument hors du commun. Encore heureux que vous n'ayez aucune intention belliqueuses !
La Carsinôme ne put retenir un léger sourire.
A leur retour, les membres du commando de l'Arcadia étaient revenus dans la salle de réunion où se trouvait la jeune femme blonde qui le dirigeait désormais.
- Clio, toi qui es hypersensible, donne-moi ton avis sur ces Carsinômes. Comment devons-nous les cataloguer ?
- J'ai la certitude qu'ils sont à l'opposé de ce que les Carsinoés se sont révélées être. Ce sont les survivants d'un peuple pacifique, et ils le demeureront, en totale sécurité dans leur indestructible Arche ! S'ils n'étaient pas innocents, l'état de catalepsie, quasi, dans lequel l'a plongé la véritable nature de Dambale est éloquente – ils doivent être plus d'un dans son cas ! Les Carsinoés sont en revanche un essaim de guerrières folles et sans pitié, avides de nouveaux territoires et de pouvoirs.
- Et tant que l'Arche se déplacera, elles auront une porte ouverte sur notre monde ! aboya Kréon. Et je ne vois vraiment pas comment on pourrait s'opposer à elles ! Dambale a arraché l'âme d'un homme, elle peut certainement le faire à toute une population !
- C'est plus que probable… admit Kei. Mais Carsinômes et Carsinoés ne sont plus vraiment de notre ressort, tant que ces dernières ne s'en prendront pas à nous.
La jeune femme se racla la gorge.
- Quand vous vous êtes enfoncés davantage dans l'Arche, je n'ai plus rien vu et entendu, parasitage. Est-ce que cette Carsinôme vous a permis de ramener… son corps ?
- C'était un horrible lieu que ce frigo démesuré, souffla Fulker, encore pâle au souvenir. Ils conservent les corps des suppliciés dans des cercueils de verre. Certains y reposent depuis plusieurs siècles.
- Oui, nous avons rapporté celui du capitaine, reprit Kréon. On l'a installé dans l'une des chambres de son appartement, verrouillée afin qu'au gré des promenades d'après repas, Alhannis ne puissent y être amené…
- Bien, je vais rapport à la générale Nhoor, conclut la blonde seconde de l'Arcadia. Je suppose qu'elle va demander à ce qu'on le place dans un caisson de cryogénisation.
- C'est hors de question ! s'emporta une Jurassienne devenue lumineuse. L'Arche est là et le vortex est ouvert, il faut laisser le temps à Albator de fusionner à nouveau avec son âme et de revenir.
Toshiro soupira.
- Clio, tu as peut-être des pouvoirs, inutiles en ces circonstances, mais Albator n'en a aucun !
- Il a déjà accompli des miracles, je suis sûre qu'il peut réaliser celui-là ! Il a la plus impérieuse des motivations au cœur : Alhannis.
- Pauvre gamin… Le cuirassé de Salmanille Khurskonde fait toujours vol, cahin-caha, vers des zones sûres. Chaque heure de gagnée est un plus. Alhannis reverra donc un jour sa mère. Mais, pour son père…
La Jurassienne se leva, tenant les plis de sa longue robe d'un vert émeraude.
- Je vais auprès de lui. Je ne peux rien d'autre que ma présence à ses côtés. Albator va devoir trouver en lui la force de revenir, il lui faut récupérer son âme et traverser le vortex. Il doit le faire, pour Alhannis, et pour la mère de celui-ci. Ils ont un bel avenir, je l'ai vu !
Clio posa ses mains sur les parois du cercueil de verre dont le couvercle avait été placé contre le mur, puis sa paume sur le front glacé de son ami qui ne respirait plus.
- Je ne peux pas ramener ce que je ne perçois plus, Albator. Tu vas devoir revenir seul. Moi, je ne bougerai pas d'ici jusqu'à ce que tu rouvres l'œil.
Et elle s'assit pour veiller.
