Prologue
Albus Dumbledore sortit de sa transe et reprit difficilement pied dans la réalité. Il se laissa tomber dans un fauteuil et il porta son regard du côté de la fenêtre. C'était une catastrophe ! Cela ne pouvait pas finir comme ça ! D'abord la mort de Sirius Black à la fin de l'année scolaire, puis la sienne l'année suivante et même après ça, c'était loin d'être une réussite. C'était un euphémisme… Il fallait absolument changer les choses. Mais comment ? Bien sûr, il suffisait de changer un tout petit élément pour que tout soit différent. Mais lequel ! Son regard tomba sur le livre qu'il avait trouvé dans une salle vide de Poudlard qui lui était inconnue. Il y avait bien une raison pour que ce livre soit subitement apparu ! Le titre : Le Flokazng, l'épée d'Hécate ou le Graal des sorciers. Les lèvres de Dumbledore s'étirèrent doucement en un sourire. Et si c'était si simple…
Chapitre 1 : FEHU RAIDHO
Sirius maudit une fois de plus le professeur Dumbledore. Mais qu'est-ce qui lui avait pris de les envoyer en Mongolie à la recherche d'un truc qui n'existait probablement que dans l'esprit dérangé du directeur de Poudlard ? Et dans ces conditions surtout !
Deux jours seulement après que Harry soit retourné chez sa tante, et alors qu'ils venaient à peine d'installer le quartier général de l'Ordre du Phénix dans la maison où il avait grandi square Grimmaurd, le professeur Dumbledore les avait convoqués, Rémus et lui. Ils avaient retrouvé un Rogue en mauvais état et de fort méchante humeur. Encore pire que d'habitude et ce n'était pas peu dire quand on connaissait le bonhomme. Là, il avait fini par comprendre que Voldemort avait appris que Rogue le trahissait et qu'il avait voulu se venger. Donc, il fallait mettre Rogue en sécurité. Sirius se souvenait avoir demandé à Dumbledore en quoi cela le concernait et à voir la tête que faisait Rogue, celui-ci était horrifié que Dumbledore puisse seulement avoir pensé que cela pouvait le concerner. Bref, Dumbledore avait fini par leur dire, dans un charabia débité à une vitesse impressionnante qu'ils fallaient qu'ils aillent chercher Harry pour le protéger, alors qu'il avait insisté pour que Harry rentre chez lui à peine quelques jours plus tôt ! Puis qu'ils devaient rejoindre une auberge sorcière en pleine Mongolie et que là, ils devaient trouver le Flokazng ou quelque chose d'approchant. Le pire dans toute cette histoire, c'était qu'ils n'avaient pas eu le temps de dire quoi que ce soit qu'ils se trouvaient tous les quatre dans l'avion qui devait les mener à Oulan Bâtor, capitale de la Mongolie alors qu'ils ne savaient rien de l'objet qu'ils devaient chercher, rien de la Mongolie, pas plus la sorcière que la magique, et qu'ils avaient à peine eu le temps de prendre leurs bagages.
Le long voyage en avion lui avait permis de reprendre un peu ses esprits et de comprendre dans quelle galère il venait de se mettre. Les regards que se lançaient Rogue et Rémus laissaient deviner les problèmes futurs. Mais cela n'avait rien d'étonnant. Un passé qui ne passait pas, trop de non-dits tonitruants et c'était à lui de jouer les modérateurs ! C'était bien cela le pire ! On ne pouvait pas lui demander à lui d'être le responsable ! C'était contre nature ! Tout le monde savait bien qu'il était immature, irresponsable et que savait-il encore ? Il se rappelait encore l'air de MacGonagall quand ils étaient partis. Elle lui avait jeté un regard chargé de compassion. Elle compatissait parce qu'il allait devoir jouer l'adulte responsable ! Elle compatissait pour lui ! D'accord, elle l'avait toujours apprécié mais elle ne pouvait pas compatir pour lui sur ce sujet là alors qu'il avait passé toute sa jeunesse à la faire tourner en bourrique ! C'était impossible, c'était… un cauchemar !
Sirius se força à se calmer en se rendant compte qu'il devenait complètement hystérique. Mais c'était à cause de l'avion. Non pas celui qui les avait conduits de l'aéroport de Londres à celui d'Oulan Bâtor. Mais celui du vol intérieur reliant la capitale à la ville de Hatgal. Sirius ne connaissait pas grand chose aux avions moldus mais celui-là était vraiment une antiquité dont les morceaux semblaient tenir grâce à des bouts de ficelles et le pilote semblait plus imbibé qu'une vieille éponge. Sirius pensait qu'il n'avait jamais eu aussi peur de sa vie, et quand il disait cela, il ne parlait même pas du décollage ou de l'atterrissage ! Au moins, cela avait eu le mérite de faire taire Rogue et Rémus qui n'arrêtaient pas de se lancer des piques aussi incisives que des rasoirs. Il fallait reconnaître que les deux sorciers n'aimaient déjà pas voler avec des balais alors… Quant à Harry… Il avait dormi toute la durée du vol. C'était beau d'être jeune ! D'ailleurs, Harry était le seul à être enthousiaste pour ce voyage. Sirius se doutait que son filleul considérait n'importe quel endroit comme meilleur que chez sa tante où il se morfondait sur les événements du tournoi des trois sorciers. Et il osait penser que Harry était content d'être avec lui. C'était d'ailleurs bien la seule chose qui lui permettait de supporter ce voyage et qui expliquait qu'il n'avait pas encore fait demi-tour : le sourire de Harry à chaque fois qu'il croisait son regard. Harry valait bien quelques petits désagréments !
D'un certain côté, Sirius n'était pas mécontent d'être là. Il n'avait aucune envie de savoir ce qu'il serait devenu s'il avait dû rester enfermé dans sa maison de famille. Et au moins, les grandes steppes quasi désertiques de Mongolie le changeaient-elles des murs sombres d'Azkaban !
Après l'atterrissage à Hatgal, ils s'étaient retrouvés bien embêtés : plus d'avion, pas de train ni de taxi pour les conduire à destination et bien sûr, Dumbledore n'avait absolument pas prévu ce genre de problème ! Lui qui ne connaissait pourtant presque rien du monde moldu avait fini par trouver quelqu'un qui avait accepté de les prendre dans son camion et de les conduire jusqu'à Dzöölön, la ville la plus proche de leur lieu de destination. En même temps, que ce soit lui qui était parvenu à ce résultat n'avait rien d'étonnant. Personne ne connaissait rien à la Mongolie et il était le seul, à part Harry bien sûr, à essayer de faire quelques efforts.
Enfin, depuis ce moment, ils se trouvaient tous les quatre à l'arrière du camion avec les moutons et les chèvres que convoyait le camionneur. Sirius se rappelait avoir grogné en direction des bêtes et depuis, elles les évitaient avec grand soin. Comme quoi, cela pouvait servir d'avoir un animagus chien !
Le temps passait lentement. Ils avaient plus de cent cinquante kilomètres à faire sur des pistes caillouteuses et pleines de nids de poule, dans un vieux camion brinquebalant et au milieu des bêtes pour arriver à la ville de Dzöölön.
Harry s'était rendormi, appuyé contre son épaule et Rémus et Rogue avaient fini par l'imiter, probablement fatigués par la peur qu'ils avaient ressentie dans l'avion les menant à Hatgal. Sirius grimaça en imaginant la tête qu'ils feraient quand ils se réveilleraient et s'apercevraient qu'ils avaient dormi appuyés l'un contre l'autre. Sirius, lui, ne dormait pas. Depuis Azkaban, les insomnies étaient plus fréquentes que le sommeil et de toutes façons, il les préférait aux cauchemars. Il s'étonnait que Harry ait réussi à dormir. Sans doute n'avait-il pas pu fermer l'œil des quelques jours passés chez sa tante et cela, ajouté à la fatigue du voyage, avait fait le reste ! Sirius sourit et redressa délicatement Harry qui menaçait de tomber.
Sirius tourna son regard vers le paysage quasi désertique. Ici, les gens et les bêtes vivaient libres de toutes attaches, nomades dans ces terres sauvages… Peut-être que cela n'était pas si terrible finalement. Sirius porta un regard songeur sur leur petit groupe : un loup-garou, un ancien mangemort, un orphelin qui en avait trop vu, cible numéro un d'un sorcier psychopathe et un évadé de prison. Quelle fine équipe ! Et plus fine encore quand on ajoutait que c'était lui le responsable ! Cela promettait des temps intéressants…
Le camionneur se retourna et dans sa langue rauque et gutturale, lui annonça qu'ils étaient bientôt arrivés. Sirius le remercia d'un signe de tête. Merlin en soit remercié, les sorts de polyglotie existaient !
Sirius secoua doucement Harry pour le réveiller. L'adolescent s'étira puis ouvrit les yeux, l'air un peu perdu. Il lui sourit en croisant son regard.
Nous allons bientôt arriver.
Il jeta un coup d'œil vers Rémus et Rogue.
Tu crois qu'il faut les réveiller ? demanda-t-il d'un air malicieux.
Harry suivit son regard et il parut un peu confus.
On pourrait leur envoyer un mouton, proposa-t-il. Comme ça, ils ne pourraient pas être sûrs que nous les avons vus dans une telle position…
Sirius hocha la tête, amusé. Il fallait juste espérer que les instincts du loup étaient profondément enfouis. Il n'était pas certain que le camionneur apprécie que l'un de ses passagers se jette au cou de l'une de ses bêtes !
Finalement, ce fut une chèvre qui se chargea de réveiller les deux hommes. Du coin de l'œil, Sirius observa leur réveil et les têtes qu'ils firent. C'était toujours aussi instructif…
Nous n'allons pas tarder à arriver, dit-il quand il fut sûr qu'ils avaient eu le temps de s'éloigner l'un de l'autre. Il va falloir trouver un moyen de rejoindre notre destination.
Le camionneur les laissa dans le centre de la ville avant de poursuivre sa route.
Attendez-moi là, dit Sirius en se dirigeant vers ce qui devait être un bar.
Il jeta un regard d'excuse vers Harry en se promettant de faire le plus vite possible pour ne pas laisser le garçon seul avec les deux autres, et il entra dans une salle sombre et enfumée. Il se dirigea vers le comptoir et demanda s'il y avait un moyen de rejoindre le lac Mör. Aussitôt, toutes les conversations se turent et les regards se tournèrent vers Sirius qui commençait à se sentir mal à l'aise.
C'est un endroit maudit, étranger ! Personne ne va là-bas et personne ne prononce son nom, répondit le barman.
Décidément, pensa Sirius, ne pas prononcer le nom de ce qui faisait peur était une habitude !
Que voulez-vous faire là-bas, étranger ?
Je suis géologue et je voudrais étudier la roche des berges de ce lac. On raconte qu'elle est différente de toutes les roches connues…
Il s'agissait de l'identité que lui avait donnée Dumbledore pour les moldus et qui reposait sur une légende associée au lac où ils devaient se rendre.
Personne n'est jamais revenu de ce lac, étranger…
Bien. Dans ce cas, quelqu'un aurait-il un véhicule à nous louer ?
Personne ne louera car si vous allez là-bas, vous ne reviendrez pas et on ne récupèrera jamais nos biens !
Sirius se força à garder son calme mais intérieurement, il bouillait et maudissait Dumbledore. Non seulement il ne leur avait rien dit sur leur mission ni informé des dangers et des difficultés du voyage, mais en plus il ne leur avait absolument pas laissé le temps de se renseigner et de se préparer !
Très bien… Quelqu'un a un véhicule à vendre ?
Malédiction ! crièrent plusieurs clients.
Sirius finit par comprendre, entre deux cris, que les habitants de cet endroit considéraient qu'ils seraient maudits s'ils vendaient un véhicule à quelqu'un qui se rendait au lac Mör. Il soupira et s'étonna de parvenir à garder son calme. Décidément, Azkaban l'avait changé…
Sirius fit demi-tour, préférant éviter d'attirer davantage l'hostilité sur lui.
Eh ! Etranger ! entendit-il alors qu'il s'apprêtait à sortir.
Se fiant à son ouïe, Sirius se dirigea vers une table où se trouvait un vieil homme fumant une grosse pipe en terre, à peine discernable à cause de la fumée noire, puante et qui piquait les yeux, qui sortait de la pipe.
J'ai entendu que tu voulais aller au lac maudit.
Sirius hocha la tête, essayant en vain de distinguer le visage de son interlocuteur.
Alors prends cette carte ! Ce n'est pas très loin, en quelques heures à pied, tu y seras.
Sirius prit la carte, dessinée sur une peau de bête. Il voulut laisser quelques pièces de monnaies en remerciement mais l'homme les repoussa avec brusquerie.
Je ne veux pas de ton argent, étranger ! Si je le prends, je serais maudit ! Je te souhaite de réussir…
Sirius empocha la carte et commença à reculer vers la sortie. A ce moment, le vieil homme renversa la tête en arrière et éclata d'un rire sinistre, hurlant de rire à faire froid dans le dos : Maudit ! Maudit ! Maudit !
Pressant le pas, Sirius sortit du bar et put enfin respirer. Il sortit la carte et l'examina. La route n'avait pas l'air trop difficile. De toutes façons, ce n'était pas comme s'ils avaient le choix !
Où est le véhicule ? demanda Rogue en le voyant revenir.
Il n'y en a pas. Personne ne veut nous y conduire ni nous vendre une voiture. Il paraît que le lac est maudit.
Et comment sommes-nous censés y aller ? demanda Rogue d'une voix narquoise.
A pied. J'ai réussi à me procurer une carte.
Ce sera sans moi Black ! cracha l'ancien mangemort.
Primo, nous n'avons pas le choix ! Secundo, il n'y a pas de Black ici ! Et enfin, je te rappelle que des frères sont censés s'appeler par leur prénom !
Cela faisait en effet parti des identités que leur avait fournies Dumbledore avant leur départ. Pour tout le monde, sorciers comme moldus, il était censé être Sirius Castellan accompagné de son frère Séverus Castellan, de son meilleur ami Rémus Jendall et de son fils Harry Castellan. Au début, Sirius avait été embarrassé de devoir passer pour le père de Harry. Non pas parce qu'il n'aurait pas aimé que le garçon soit son fils mais parce que Harry était le fils de James. Et qu'il soit mort ne changeait rien à cela ! Harry avait un père et Sirius ne comptait pas prendre sa place ! Il n'en avait pas le droit… Il avait fini par en discuter avec Harry et le garçon l'avait rassuré en lui disant que cela ne le gênait pas de l'appeler papa et qu'il était sûr que son père n'y trouverait rien à redire. Harry était très mûr pour son âge sur certains sujets. Trop ! Et Sirius savait pourquoi…
En ce qui concernait Rémus, Dumbledore avait dit que c'était celui qui leur ressemblait le moins donc il valait mieux le faire passer pour un ami afin de rester les plus crédibles possibles. Ce qui impliquait donc que Séverus Rogue lui ressemblait. Sirius se rappelait avoir voulu s'insurger à cette idée mais Dumbledore ne lui en avait pas laissé le temps. Il ne leur avait laissé le temps de rien faire de toute façon. Comme si le fait qu'ils étaient tous les trois bruns étaient suffisant pour considérer qu'ils appartenaient à la même famille ! Enfin, cela ne servait à rien de s'énerver pour ce genre de détail, même si Sirius trouvait assez aberrant de passer pour le frère aîné de Rogue. Quoique… Il avait eu un petit frère dans le temps… Un petit frère qui était lui-aussi devenu un mangemort et qui avait fini par regretter son geste et avait voulu quitter le mage noir. La différence avec Rogue, c'était que ce dernier s'était montré assez intelligent pour rester en vie. Jusqu'à maintenant du moins !
Sirius remit son sac sur le dos. Pour ne pas attirer l'attention des moldus, ils n'avaient pas totalement rapetissé leurs affaires. Par contre, ils avaient appliqué à chaque sac un sortilège d'allègement.
Allez, en route ! s'exclama Sirius du ton le plus enjoué qu'il put trouver en incitant Harry à marcher d'une légère pression sur l'épaule.
Parce que tu crois que je vais faire je ne sais combien de kilomètres à pieds ! Sirius ! cracha Rogue.
Ecoute Séverus, si tu as une autre idée, je suis parfaitement prêt à t'écouter et à la prendre en considération. Seulement, comme je doute que ce soit le cas… Et si tu as des motifs de plaintes, adresse-toi à Dumbledore ! C'est lui le responsable.
Rogue se tut donc et leur emboîta le pas dans un silence qui marquait sa mauvaise humeur.
Pour essayer d'animer un peu plus la marche, Sirius entreprit de raconter à Harry quelques anecdotes de la vie trépidante des maraudeurs pendant leurs années à Poudlard. Ce n'était évidemment pas une bonne idée, il s'en rendit très vite compte en sentant les regards furieux que lui lançaient à tour de rôle Rogue et Rémus dans son dos. Trop de sujets à éviter… mais Sirius haussa les épaules, Harry avait le droit de connaître ses parents.
Ils marchaient depuis de longues heures déjà et le jour commençait à tomber. La fatigue se faisait sentir et Sirius commençait à se demander s'il ne s'était pas trompé de chemin. A moins que ce ne soit la carte qui était mensongère… Après tout, le vieil homme qui la lui avait donnée ne lui inspirait aucune confiance ! Sirius s'arrêta une nouvelle fois pour consulter la carte. Apparemment, ils suivaient la bonne direction.
Tu nous as perdus, je suppose ! persifla Rogue.
Sirius fit mine de n'avoir pas entendu. Il n'avait ni le temps ni l'énergie de se disputer avec Rogue. Sirius poussa un soupir en se rendant compte qu'il commençait à devenir raisonnable. Finalement, les miracles existaient !
Ça va aller Harry ? demanda-t-il. Tu crois que tu peux repartir ?
Ça ira, sourit bravement le garçon.
C'est ton loup-garou qui ne va pas pouvoir repartir ! siffla Rogue.
Sirius se retourna vers son ami et constata que Rogue n'avait pas tort. Rémus avait vraiment l'air à bout de souffle. Cela n'avait rien d'étonnant, la dernière pleine lune datait d'à peine quelques jours.
Alors loup-garou, on n'est pas en forme ! se moqua Rogue.
Peut-être que tu as raté la potion tue-loup, répliqua immédiatement Rémus. A moins que tu n'aies délibérément mis quelque chose de mauvais dedans…
Ce n'est pas moi la bête sanguinaire !
Ah oui ? C'est sans doute moi qui aie le bras marqué…
Sirius ferma les yeux, excédé, puis se retourna brutalement :
Vous avez fini tous les deux ! Vous n'avez pas honte de vous comporter de cette manière devant Harry ? Je croyais que les professeurs devaient montrer l'exemple…
Rogue et Rémus ouvrirent la bouche pour répliquer mais Sirius ne leur en laissa pas le temps.
Et vous vous rendez compte qu'avec vos conneries, je suis obligé de jouer les arbitres et les modérateurs ! Moi ! Vous ne trouvez pas qu'il y a quelque chose qui cloche ! Maintenant, on y va et je ne veux plus entendre un mot ! Si vous avez encore assez d'énergie pour vous insulter, vous en aurez encore assez pour marcher !
Sirius se retourna rageusement et, une main sur l'épaule de Harry, reprit la marche sans vérifier que les deux autres les suivaient. Ils restèrent tous silencieux pendant quelques minutes.
Je ne savais pas que tu… commença Harry.
… pouvais avoir de l'autorité sur eux et être aussi raisonnable ? proposa Sirius.
Harry hocha la tête.
A vrai dire, moi non plus…
Sirius encouragea Harry d'un sourire et étouffa un soupir. La situation entre Rémus et Rogue s'était encore dégradée. Et il en était responsable. Encore une fois ! Il n'aurait jamais dû les faire boire square Grimmaurd et se mettre à déblatérer sur leurs souvenirs de jeunesse. C'était le meilleur moyen de faire ressortir les vieilles rancœurs et les regrets du passé. Et cela n'avait pas raté ! Pour sa défense, il avait autant bu que les deux autres. Enfin, c'était plutôt minable comme excuse. Il vaudrait mieux qu'il évite l'alcool désormais. En même temps, ce serait sans doute moins difficile maintenant qu'il était loin de l'atmosphère lugubre du square Grimmaurd et de ses souvenirs familiaux…
Harry avait du mal à comprendre ce qu'il se passait entre Rémus et le professeur Rogue mais il n'était pas fâché d'avoir quitté Privet Drive et d'être avec Sirius. Même s'il en avait marre de marcher, même s'ils étaient probablement perdus et si Rémus et Rogue se comportaient de manière plus immature que lui avec Malefoy. Pourtant, quand Rémus avait été professeur à Poudlard, ils s'étaient comportés de manière plus responsable. Ou alors, ils avaient été plus subtils ! Quant à Sirius… même Hermione n'aurait pas pu critiquer son attitude ! Harry sourit. En fait, il était plus heureux qu'il ne l'avait été depuis longtemps. Ce voyage lui changeait agréablement les idées et il était avec son parrain. C'était tout ce qui comptait ! En tout cas, depuis son départ, il n'avait plus une seule fois rêvé du retour de Voldemort et de la mort de Cédric.
Sirius s'arrêta une nouvelle fois. Il essayait manifestement de se repérer mais la brume ne facilitait pas les choses. Et la nuit s'était presque totalement installée en plus. Sirius lança le sortilège Lumos puis, une fois de plus celui Pointe au Nord. Mais il devait y avoir des perturbations dans la magie car le sortilège ne cessait de changer de directions, comme l'aiguille d'une boussole derrière laquelle on aurait collé un aimant.
Tu devrais allumer ta baguette Harry, dit Sirius.
Je peux ?
Dumbledore ne t'a rien dit ? s'étonna son parrain.
Je n'ai pas vraiment eu le temps de discuter avec lui.
C'est vrai…
Harry se rappelait avoir vu, en tout et pour tout, le professeur Dumbledore pendant exactement une minute et quarante-cinq secondes, temps qu'il lui avait fallu pour lui dire qu'il allait partir en Mongolie avec Sirius, Rémus et Rogue dès le lendemain. Ensuite, avant qu'il n'ait pu poser la moindre question, Dumbledore avait transplané.
Vous cherchez l'auberge du Dragon des Steppes ?
Harry releva la tête au son de cette voix. Devant eux était brusquement apparue une silhouette humaine juchée sur ce qui ressemblait à un cheval mais qui n'en était manifestement pas un vu comme l'animal était nimbé de magie. Harry s'attarda sur la silhouette. Mais il était difficile de distinguer quoi que ce soit, emmitouflée qu'elle était dans sa cape, sa capuche et un masque lui cachant le visage. Seuls ses yeux gris vert étaient visibles à travers la brume et les vêtements qui s'y fondaient.
C'est exact, fini par répondre Sirius qui ne parvenait apparemment pas lui non plus à détacher son regard de l'apparition.
Alors suivez-moi.
L'apparition fit tourner sa monture et s'enfonça dans la brume. Interdits par cette étrange personne, ils restèrent quelques secondes immobiles avant de se lancer à la poursuite de leur guide pour ne pas le perdre.
La brume était de plus en plus épaisse et Harry avait attrapé, sans honte, la main de son parrain pour ne pas risquer d'être séparé de lui. Bien souvent leur guide n'était plus visible et ils ne parvenaient à le suivre qu'en se fiant au bruit des sabots de sa monture.
Harry ne savait pas depuis combien de temps ils marchaient dans cette brume à couper au couteau quand même les bruits de sabots disparurent. Sirius et Harry s'arrêtèrent, tendant l'oreille pour essayer de discerner quelque chose, et Rémus et Rogue vinrent bientôt les tamponner.
Qu'est-ce qui se passe ? demanda Rémus.
Je crois qu'on a perdu notre guide, répondit Sirius.
Merveilleux ! ironisa Rogue. Et bien, au lieu de mourir de la main du Seigneur des Ténèbres, je vais mourir avec vous… dans cette brume maudite. Vous parlez d'une amélioration !
Plains-toi à Dumbledore, répondit machinalement Sirius.
Harry ne prêtait pas attention aux disputes des trois adultes. Il regardait la brume devant lui, cherchant vainement à voir à travers. Elle était étrange. Un peu comme un rideau. Une pensée lui traversa soudain l'esprit. L'auberge qu'ils cherchaient était une auberge magique. Il était donc normal qu'elle soit protégée de la curiosité des moldus par des sortilèges et des enchantements. Harry lâcha la main de son parrain et s'avança droit devant lui sur quelques pas. Il s'arrêta, émerveillé, quand la brume s'évanouit brusquement. Hermione aurait été fière de lui !
Harry ! entendit-il Sirius l'appeler d'une voix inquiète.
Venez me rejoindre !
Les trois hommes apparurent bientôt à ses côtés. Harry leur sourit. Ils étaient arrivés…
Devant eux s'étendait un lac dans lequel miroitaient la lune et les étoiles. La faible brise ridait à peine la surface de l'eau et l'air embaumait les plantes aromatiques. Le silence de la nuit n'était troublé que par les cris ponctuels d'oiseaux de nuit ou de d'autres petits animaux nocturnes. Au bord du lac se dressait une grande bâtisse dans les tons ocre, brique et brun. Le dessin d'un énorme dragon chinois de couleur sable se déplaçait sur les murs, dardant parfois sur eux ses impressionnants yeux jaunes.
Je crois que nous sommes arrivés, dit Harry.
Sirius et Rémus lui sourirent et Harry eut même l'impression que le professeur Rogue se détendait !
Ils reprirent leur route vers la bâtisse. La porte s'ouvrit sur une femme d'allure imposante. Ses cheveux gris étaient serrés dans un chignon strict grâce à une résille de perles noires. Elle portait plusieurs épaisseurs de robes dans un dégradé allant du noir au violet foncé et, par-dessus, un tablier en dentelle noir et un châle de couleur sombre. Elle était manifestement d'un certain âge et avait un air sévère qui rappela le professeur McGonagall à Harry.
Je suis madame Cornette, la propriétaire de cette auberge. Je suppose que vous êtes messieurs Castellan et Jendall…
Sirius hocha la tête.
Vous êtes venus à pied ? s'étonna la femme.
Re hochement de la tête de la part de Sirius.
Pourquoi n'avez-vous pas pris les portauloins ? Vous êtes le genre sportif de l'extrême ou…
Je vais tuer Dumbledore, lâcha Rémus d'une voix lasse.
Tu attendras ton tour ! répliqua Rogue.
Et bien entrez, dit la femme en s'écartant de la porte.
Pour les noms des chapitres, j'utilise des noms de runes et/ou d'oghams qui sont censés être en rapport avec les contenus des chapitres. Si quelqu'un a le courage de chercher les définitions des runes et des oghams…
