Il sent son esprit partir loin, à la dérive. Ses pensées s'effilochent sous la lame émoussée de l'ennui. Il sent ses yeux se clore lentement, doucement sous le poids du soleil qui filtre à travers les carreaux. Rien ne semble pouvoir le sortir de la torpeur dans laquelle il s'enlise. L'inactivité le pèse et les échecs répétés le las.
Le temps qui glisse sur lui ne le touche pas, ne modifie pas son corps déjà brisé. Mais les heures qui passe imprime sa marque sur son âme fragilisée. Son âme qui se tord comme l'or sous le poids des âges qui s'écoulent inexorablement. Elle ploie, sous les étapes de la vie qui imprime ses cicatrices dans le métal mou.
Et lui s'ennuie, il plonge plus profondément dans les ténèbres. Il s'enfonce dans les limbes dont il est revenu.
Assis sur son trône les yeux mi-clos il laisse un soupir retentir dans la grande salle froide et vide du manoir. Un soupir qui résonne, prend de l'ampleur dans le vide qui l'entoure, un écho qui vient s'échouer à ses oreilles et se meure sur ses lèvres.

C'est ironique, ironique à en rire, ironique à en pleurer. Voir le plus grand mage de tout les temps s'ennuyer comme un étudiant lors d'un cours inintéressant. Mais pourtant, pourtant il est là et s'ennuie profondément. Et ce sentiment qu'il ne connait plus l'inquiète. Il sait bien que son ennui n'est que la face émergé de l'iceberg qu'il traduit des choses bien plus profonde auxquelles il ne veut pas penser.

Il ne se reconnait plus, se perd et cherche à se retrouver. Pourquoi depuis son retour tout lui parait moins net, moins important. Il a l'impression de voir le monde à travers un filtre. Et tout cela l'intrigue, tout cela lui fait peur. Il n'aime pas l'inconnu, il ne veut pas ne pas comprendre ce qui lui arrive.
Il panique face à cet ennui qui l'étreint, il tente tout pour le chasser. Pour que ce sentiment quitte son corps. Pour qu'il redeviennent le grand homme qu'il avait toujours été, et non plut cette pale copie qui se sent si las. Si fatigué de tout.
Alors il s'occupe, il fait tout pour ne pas rester seul avec ses pensées. Il concocte des pièges, envoi ses hommes en missions, s'entoure de ses fidèles. Mais pourtant ce sentiment est toujours là et le ronge lentement, marque ses entrailles au fer rouge la nuit quand il lui arrive encore de pouvoir dormir. Il est là, toujours dans son esprit à se tailler une place parmi sa chair. Et rien ne l'empêche de croitre, il se nourrit de ses échecs, des trahisons et de ses angoisses.

Bellatrix entre et avec elle son ennui retourne se cacher dans une furtive fuite en avant. Dans la lueur sauvage qui luit dans ses yeux il retrouve l'étincelle qui habitent ses prunelles rouges. Il sent l'énergie lui revenir face à sa sauvagerie.

Mais il sait très bien que l'ennui est toujours là guettant le bon moment pour revenir.
Il est toujours là à déchirer son âme restante, à le bouffer aussi surement qu'Harry lui échappe.