Weeeeeeeeeeeeeeeesh !
Me voici de retour, pour vous jouer un mauvais tour ! Mais non, voyons, j'vous veux pas d'mal ! A moins que vous soyez mortes de rire à la fin de cet OS, héhé. Et attendez, un autre arrive à la suite ! Oui, je sais, vous m'aimez, ne dites pas l'contraire (j'regarde aaaaaaaaabsolument pas Gossip Girl, quelle idée saugrenue dis donc).
Bref ! Fidèles serviteurs (j'suis pas tombée sur la tête, don't worry, merci d'vous inquiéter de ma santé, z'êtes meugnons), je vous présente très solennellement un nouvel OS pour vous faire patienter de l'arrivée de mon dernier chapitre (petite larmichette), que j'ai tout de même commencé à écrire, hein (ou réécrire. Ou réréécrire. Ou… nan, 3 fois, ça suffit quand même). Cet OS, c'est pour ma Femme rien qu'à moi ! Si vous l'avez déjà lu, c'est normal, il est vieux (un an et… 28 jours quand même. Ou un truc dans c'genre, les maths et moi, ça fait quarante douze) et j'l'avais déjà posté sur sky. Mais ce que vous n'avez point lu, c'est la souiiiiite !
Donc installez-vous bien confortablement dans votre lit, sur votre chaise, accroché au plafond (chacun ses kiffes) et riez bien, petits Eucalyptus !
Bonne lecture & viel Spaß !
Punie. Elle était punie. Et ce, pour des broutilles. L'injustice qui faisait de ses parents des tortionnaires la fit soupirer de frustration. Elle croisa les bras sur sa poitrine et bouda à la manière d'une petite fille qu'elle était toujours au plus profond d'elle. Mais cette partie était tellement bien enfouie qu'elle souhaitait de tout cœur était considérée comme une femme. Ce que ses parents ne comprenaient pas.
Punie à bientôt 20 ans. Elle n'en revenait pas. Et tout ça pourquoi ? Parce qu'elle n'était pas rentrée à l'heure. Pour une fois qu'elle sortait, pour une fois que ses parents l'autorisaient ! Mais que pouvait-elle dire ? Que pouvait-elle faire ? Elle n'était pas capable d'élever la voix. Elle subissait sans rechigner les punitions plus qu'injustes que ses parents lui infligeaient sadiquement. Elle avait l'impression que sa mère ne l'avait enfantée que pour se débarrasser de certaines tâches ingrates – telles que le ménage – et avoir un esclave sur lequel elle aurait tous les droits.
Elle devait montrer l'exemple. Etre une fille modèle, avoir des notes excellentes qui lui ouvriraient les portes d'un avenir étincelant, pavé d'ambition toutes plus grandes les unes que les autres, vouée à un métier qui lui permettrait de vivre aisément et de se faire un nom dans un monde qui n'était pas le sien. Elle devait être une image modelée de la perfection telle que ses parents l'attendaient. Une femme ambitieuse, déterminée, farouche et sûre d'elle. Tout le contraire de ce qu'elle était vraiment.
Elle était soumise. Soumise à une vie morne où ses faits et gestes étaient déjà tracés. Pas moyen de dévier, elle n'en avait même pas l'ambition. Se lever le matin, se préparer, déjeuner, aller en cours, manger, rentrer, faire ses devoirs, passer l'aspirateur, sortir les poubelles, faire les poussières, laver la vaisselle, nourrir le poisson rouge, sortir le chien, se coucher. Et rebelote le lendemain matin. Toujours la même routine assommante. Toujours les mêmes obligations.
Et dans tout ça, quand pouvait-elle sourire, rire, s'amuser, vivre ? Jamais la douce caresse de la rébellion ne l'avait effleurée. Jamais le mot protestation ne lui était passé par la tête. Toujours cette effroyable soumission qui la menottait, lui apportant l'hypocrite illusion de la liberté. Mais elle n'était pas libre. Elle ne pouvait pas faire ce qu'elle souhaitait, elle ne pouvait pas aller où elle voulait, elle était punie.
Elle soupira et s'allongea sur son lit. Petit à petit, une drôle d'impression envahit son corps. Mais elle secoua la tête, la chassant sans vergognes. Cette prison dorée la bouffait et lui ôtait tout oxygène. Pourtant, elle n'élèverait pas la voix. Elle savait d'avance qu'elle ne serait pas entendue, et surtout que les conséquences risquaient d'être périlleuses pour sa pauvre liberté utopique. Elle se fondait alors dans la masse, bien qu'elle détestât ça. Comme tous ces pauvres petits gens insipides, elle se taisait et subissait.
Elle s'appelait Margaux, et petit à petit, elle se transformait en un imbécile mouton.
[ ... ]
_MARGAUUUUUUUUUUUUUUUUUX ! Faut sortir le chien !
_Oui maman... maugréa-t-elle.
_Et pas sur ce ton là, jeune fille !
Margaux ne répondit pas et attrapa la laisse du chien ; maudit chien qui lui bousillait la vie. Elle devait s'en occuper alors qu'il ne lui appartenait même pas, et c'était ce qui l'énervait le plus.
_Et tu me réponds quand je te parle ! s'énerva sa mère, choquée par le fait que la jeune femme ne pipât mot.
Ce qui, à ses yeux, était une forme grave de rébellion et de trahison. Elle l'avait élevée, elle s'était tuée à la tâche pour elle, elle avait fait d'immenses et innombrables sacrifices pour elle, et voilà le remerciement. Mais avant que sa mère ne sortît son discours – erroné qui plus est –, Margaux lui coupa l'herbe sous le pied et répondit, lui donnant ainsi un calmant virtuel et invisible qui lui apporterait une légère amnistie et un peu de paix.
_Oui maman.
Et sans un mot de plus, Margaux enfila sa veste et sortit.
De l'air pur. Sans oppression, sans disputes, sans obligations. Comme elle en rêvait... Une main dans la poche d'un de ses bagguys – « quels sont ces pantalons immondes ? Je refuse que tu en achètes d'autres ! Ma fille ne s'habillera pas comme une pouilleuse, avec des sacs à patate qui coute la peau du cul ! » -, elle avança, tête baissée, son autre main tailladée par la laisse de ce chien impatient qui s'essoufflait comme un bœuf à force de tirer de toutes ses forces. Mais Margaux avait l'habitude, elle ne se laissait pas dicter sa conduite par un chien – surtout pas par un chien. Elle se laissait déjà trop faire par les autres. Elle n'aimait pas ça, mais elle ne savait comment changer. Elle était trop timide et naïve pour protester.
Soudain elle entendit de bruyants éclats de rire ainsi que de nombreux klaxons. Elle releva la tête et, curieuse, se dirigea vers les bruits, le chien sur ses talons. Elle arriva sur un pont mais ne put rien voir d'autre, une bande de garçons dégénérés lui fonçant dessus. Elle réussit à éviter cinq d'entre eux, dont un avec de fausses fesses en plastique sur l'arrière train. Elle sourit en comprenant le pourquoi de tout ce tohu-bohu. D'après ce qu'elle vit, il avait du montrer ses jolies fausses fesses aux voitures juste en dessous, d'où les klaxons, et ce petit jeu les avait bien amusé au vu des éclats de rire qui avaient bruyamment résonné. Margaux sourit devant leur idiotie, se disant qu'elle n'aurait jamais eu un tel cran. Mais malheureusement, alors qu'elle croyait avoir survécu au tsunami Je-suis-jeune-et-con-et-je-l'assume, elle se fit percuter de plein fouet par un sixième jeune homme.
_Aïeuuuuuh ! s'exclama-t-il en se frottant l'arrière-train. Je souuuuuuffre ! Va falloir m'amputer du derch, ch'uis sûr !
Et entre deux lamentations exhaustives, il se rendit compte que Margaux était toujours là, sonnée.
_Oups. 'Scuse, t'as rien ?
_Nan... J'crois ça va.
_T'es sûre, hein ? Que j'me lève pas d'main matin, réveillé par les keufs, parce que tu t'seras rendue compte que t'as perdu une jambe dans la collision ! Et tu m'feras un procès, et j'devrais aller en taule parce que j'aurais pas les 300 milliards de pépitos que tu m'demandes !
_Nan, rigola-t-elle. Ca va bien, t'en fais pas.
_Vrai de vrai ? J'ai pas confiance ! Tu t'sens d'attaque de courir ? enchaina-t-il à toute allure.
_Quoi ? s'exclama-t-elle, surprise, et déboussolée par ce qui était en train de se passer.
_C'est pas que, mais les keufs arrivent, et bien que moi j'portais pas d'fesses, j'suis quand même dans l'lot, pour une raison toute bête, alors vu que j'veux vraiment m'assurer que t'as rien, suis-moi ! débita-t-il à toute vitesse, sous l'air de plus en plus hébété de la jeune femme.
_Ah mais je, euh...
Mais Margaux n'eut pas le temps de finir sa phrase. Le jeune homme venait de lui attraper la main et la tirait à sa suite, sur les talons de ses amis. Arrivés dans un parking vide, ils s'arrêtèrent enfin, tous plus essoufflés les uns que les autres.
_Mon Dieu, Linke, la prochaine fois qu't'as une idée pareille, j'te tue ! s'exclama celui aux longs cheveux noirs en foudroyant du regard le porteur de fesses.
_Oh, pète un coup David, on a bien rigolé ! répliqua un brun pas rasé aux yeux bleu impressionnants.
_Les mecs, on est tellement forts qu'on en est invincibles ! Les keufs pourront même pas nous r'trouver, on est les beeeeesteuuuuuh ! s'écria un petit blond.
Ses amis sourirent devant son air extatique et hystérique. Mais lorsqu'il entendit une sirène, il s'immobilisa brusquement, le sang quitta son visage, et il cavala vers un arbre pour se cacher derrière, sous les rires des garçons.
_Reviens, Jan ! rigola un autre blond, mais plus grand cette fois-ci. Aie pas peur, ils sont pas là pour toi, ils emprisonnent pas les nains !
_Han méchaaaaaant ! ricana celui qui avait tiré Margaux.
_J'ai pas confiaaaaaaaaaaance ! cria ledit Jan.
A ce moment précis, celui prénommé bizarrement Linke explosa de rire. Ses amis se tournèrent vers lui, les sourcils froncés, attendant la raison d'un tel fou rire. Mais, trop occupé à essayer de respirer, il ne put que leur montrer son portable, et ils comprirent en un rien de temps.
_Han nan, ça c'est salaud ! s'exclama David en voyant que Linke avait mis la sirène d'une voiture de police en fond sonore.
_Mais tellement booooooon ! rigola le mal-rasé.
_Normal que tu dises ça, Frank, t'es d'mèche avec Linke et ses conneries ! s'exclama le grand blond.
_Oh, sois pas jaloux mon Jurini, minauda Frank en s'approchant de lui, posant une main sur son torse.
_Woooh ! Me touche pas, ouais ! J'tiens pas à m'faire violer ! Et encore moins par un mec ! C'aurait été une autre demoiselle, pourquoi pas... sourit-il en déviant un regard innocent sur Margaux.
Cette dernière rougit, gênée, et ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais comme elle ne savait pas quoi, elle la referma. Ce petit jeu dura quelques secondes, le temps que le brun aux cheveux courts qui l'avait tirée daignât se rendre compte de la situation.
_Oh ! Voici ma pote Marguerite que j'ai percuté ta leure. Pour pas moisir en taule parce qu'elle m'aura intenté un sale procès, et que comme la justice allemande est pire que foireuse, bah j'l'ai kidnappée, histoire qu'elle dise à personne qui on est !
_T'es vraiment un boulet, Timo, soupira David.
_Heeeeeeeeeeey ! D'où t'oses concurrencer mon trône, sale Clodo ? Tu veux t'battre ?
_J'serais toi, j'dirais rien, c'pas moi qui m'travestis la nuit !
_Haaaaaan ! Sale traiiiitre ! C'était un secreeeeet ! s'exclama Linke, théâtralement choqué. Bah j'ai pas l'choix, maint'nant ch'uis obligé d'te tuer ! reprit-il sadiquement, des cornes de démon facilement imaginables greffées sur son front.
_STOP ! s'écria Frank le mal-rasé. La pauvre, elle va flipper sa race si vous continuez. Promis, aucun d'entre nous n'est un serial killer. Peut-être Juri, mais on n'est pas sûrs, donc j'serais toi, j'le frustrerai pas, mais j'm'approcherai pas trop non plus, lui chuchota-t-il en lançant un faux coup d'œil apeuré au blond.
_C'est vrai que tu t'appelles Marguerite ? demanda David en arquant un sourcil, la plaignant d'avance d'avoir des parents avec si peu de goût.
_Quoi ? Mais naaaan, rigola-t-elle. Mais vous y êtes presque. J'm'appelle Margaux, sourit-elle.
_Enchanté ! Moi c'est Juri, là t'as Frank, dit-il en montrant le mal-rasé, David, enchaina-t-il en pointant le garçon aux longs cheveux noirs, Timo, ton super sauveur de rien du tout parce que c'est lui qui t'a agressé...
_Heeeeeeeey ! l'interrompit Timo en boudant.
_Là-bas, celui qu'est décidé à s'marier à un arbre, enchaina Juri sans prêter la moindre attention à Timo, c'est Jan, et lui... Ch'ais pas, j'le connais pas, il a du s'taper l'incruste.
_Enculé, maugréa Linke. Moi c'est Linke.
_Linke ?
_Ouais. Cherche pas, c'mon nom de famille, c'pour ça.
_Euuh... Ok.
Gênée et extrêmement intimidée, elle baissa la tête, cherchant une soudaine occupation qui lui donnerait une certaine contenance. Doucement, elle sentit un léger manque. Elle regarda autour d'elle, cherchant la cause d'une telle sensation, puis se rendit compte que sa main était vide. Alors, horrifiée, elle releva brusquement la tête et laissa échapper un léger cri de détresse.
_Quoi, quoi, quoi ? s'exclama Timo. T'as mal, c'est ça ? T'as des séquelles ? Tu veux j'appelle une ambulance ? Pitié, j'te paie tous tes soins, mais t'préviens pas les keufs, hein !
_Nan, nan, c'pas ça, j'ai rien. Pour le moment...
_Qu'est ce qui t'arrive ? demanda Frank.
_Mon Dieu, j'vais m'faire tuer...
_Ah bah nan quand même pas ! Juri est heureux, répondit Linke.
_Gné ? C'est quoi le rapport ? demanda le jeune homme.
_Bah si t'es heureux, tu vas tuer personne. Aurais-tu oublié que t'es un psychopathe ?
_Tsss... Ta gueule Linke, retourne chez les clowns. J'me d'mande sérieusement comment tu fais pour avoir une copine...
_C'est parce qu'elle est aussi j'tée que lui ! répondit Jan en arrivant.
_Ah bah tiens ! T'as divorcé d'ton arbre, toi ? se moqua David.
Mais Jan ne répondit pas, les yeux rivés sur Margaux qui se triturait les mains, répétant inlassablement qu'elle avait signé son arrêt de mort.
_Bah explique ! On va pas t'laisser moururer quand même ! demanda Timo.
_J'ai perdu l'chien...
_ ! explosa Jan, rapidement tu par le regard noir de ses amis.
_Euuuh... Parce que t'avais un chien ?
_Boulet, Linke, bouleeeeet... soupira David en secouant la tête.
_Bah quoi ?...
_Nan mais là les mecs, vous vous rendez pas compte ! J'vais m'faire assassiner par mes parents ! Déjà qu'j'suis censée faire profil bas...
_Hm, dur... commenta Juri en grimaçant.
_Moi j'propose qu'on s'y mette tous ensemble ! A sept y a franch'ment moyen on le r'trouve. Puis comme c'est un peu d'notre faute...
_Pardon ? fit David en regardant son meilleur ami.
_Hm, de ma faute... se reprit Timo.
_Nan mais c'est bon, vous m'devez rien, j'vais bien m'démerdez toute seule, pis au pire, c'pas grave, j'ai vu qu'il faisait de beaux cercueils maintenant...
_Déconne paaaaaaas ! rigola Linke. Allez les guys, es geht los ! Quoi ? demanda-t-il quelques secondes plus tard devant les têtes bizarres que firent ses amis.
_Plaque la. Arrête de voir ta meuf, j'te jure, c'atroce, tu d'viens comme elle ! T'étais assez bizarre comme ça, avant ! s'exclama Frank.
_Hého, j'vous merde bande de décérébré du zguègue ! J'vous signale que la vie d'Marguerite est entre nos mains, alors z'allez foutre la paix à ma chérie !
_Marguerite, pouffa Jan. Hm, désolé, reprit-il devant le regard noir de Timo.
Et c'est ainsi que cinq minutes plus tard, ils vagabondaient dans les rues, cherchant à chaque coin s'il n'y avait pas un chien, fouillant les bennes à ordure, sifflant, lançant d'alléchantes propositions qu'un chien ne pourrait pas comprendre pour la simple et bonne raison qu'il ne parlait pas. Lorsque cette information monta au cerveau de Frank, il chuchota quelques mots à l'oreille de Linke et ce dernier, en sauveur, se dévoua et se mit à aboyer, arguant qu'il fallait bien entrer en communication avec ce fameux « canidé servius perdicus » comme il se plaisait à l'appelait. Argument auquel avait répliqué Timo en laissant échapper qu'il avait déjà eu assez de séquelles en communiquant avec les extraterrestres. Le fou rire qui avait suivi permit à Margaux de respirer un peu plus librement, allégeant le poids qui reposait sur sa poitrine. Et, au fur et à mesure, le chien ne fut plus qu'un prétexte pour rigoler et faire des âneries en plein milieu de la rue.
_Hey ! J'vous parie Juri il est pas cap de sonner à la porte de c'te maison ! s'exclama Frank.
_Ah ouais ? Tu crois ça ? Rira bien que c'qui rigolera vers la fin sans passer par la case départ des pingouins !
Et, sûr de lui, le grand blond s'approcha de la porte d'entrée, monta l'allée fièrement, et grimpa les deux petites marches précédant la fameuse porte en lançant un regard à ses amis. Ces derniers, hilares, s'étaient plus ou moins bien cachés derrière une voiture, les yeux rivés sur Juri, dans l'attente du moment fatidique où son doigt se poserait sur la sonnette et appuierait sur le bouton. Alors qu'ils fixaient avidement la silhouette du blond, Linke sentit son portable vibrer.
_Bah, c'est Juri, déclara-t-il, étonné. Il m'envoie un mess. « J'ai peur, imaginez c'est des serial killer ! », lut-il en explosant de rire.
_T'as qu'à lui répondre qu'entre psychopathes, ils sont obligés d's'entendre, ricana David.
Lorsque Juri reçut ce message, il se retourna et leur fit un doigt d'honneur avant d'appuyer sur la sonnette et de prendre ses jambes à son cou. La scène dura en tout deux secondes et trois dixième. Juri quitta le perron et se propulsa sur le trottoir, courant à perdre haleine pour atteindre le coin de la rue. Ses amis le suivirent des yeux, d'abord étonnés, puis complètement morts de rire. Leur fou rire augmenta légèrement en voyant une vieille dame ouvrir la porte et regarder à droite et à gauche dans l'optique d'apercevoir celui qui venait de la déranger et ainsi donc de la forcer à quitter le petit confort douillet de son fauteuil et l'intrigue passionnante de son feuilleton. Puis, compatissants, ils quittèrent leur cachette et rejoignirent Juri.
_Ouah c'te rebelle ma parole ! se moqua Linke.
_T'étais beau, courant comme si t'avais le diable à tes trousses, les cheveux dans le vent, d'la bave de peur dégoulinant sur ton menton, ricana Frank.
_Oh, la ferme, se rembrunit Juri.
_Moi j'ai trouvé que t'as eu du cran, déclara Margaux.
_Ah, ah ! Z'avez entendu la dame ! C'est elle qu'a raison, parce qu'une femme a toujours raison ! sourit Juri, victorieux.
_Ouais, espèce de lèche-cul... marmonna Jan.
_Nan mais c'est pas une blague. J'aurais jamais eu le courage...
_Oh, déconne pas, dit Timo. Tout le monde l'a déjà fait !
_Pas moi...
_Tu rigoles ? Bah alors t'as déjà fait un autre truc con.
_Bah... Nan...
Choqués, les garçons fixèrent Margaux avec de grands yeux. Puis, voyant qu'elle ne mentait pas, ils s'entre-regardèrent et optèrent sans un mot pour une décision radicale.
_Suis-nous, dit Timo.
_Quoi ? Mais pour aller où ?
_Ton initiation commence petit Padawan, fit Linke doctement.
Et Margaux sourit lorsque Juri frappa l'arrière du crâne du plus grand.
[ ... ]
_Attention au dessus de touaaaaaaaaaaaa !
_Quoi ? Quoi ? Quoi ?
_Un papillon, sourit Linke de toutes ses dents.
_T'es vraiment trop con, sale con, répliqua Juri en le fusillant du regard.
_Moi aussi je t'aime Jurini ! Veux-tu m'épouser ? Je te ferais faire le tour du monde pendant qu'tu m'feras à manger : du poulet farci et du poulet farlà. Je t'emmènerais chiner à Pékin ! Je te ferai l'amour 24/24h sans m'arrêter ! Je... Aïe ! Mais pourquoi tu m'tapes ? Ch'uis ton seul et unique prétendant ! Même les rats du laboratoire pharmaceutique veulent pas d'toi !
_Hm, et ta copine, elle veut d'toi p't-être ?
_Mais z'allez arrêter avec elle, oui ou merde ?
_Perso j'arrêterai quand elle aura décidé d'te larguer pour quelqu'un d'mieux, sourit Frank.
_Ah ouais ? Comme qui ? Toi ?
_Tout à fait mon p'tit pépère ! Quelqu'un d'aussi viril, beau et fort que moi ! T'as tout à m'envier, j'ai une grâce et un charme naturel qui fait que les femmes me tombent dans les bras. Pas vrai Margaux darling ?
_Quoi ? Tu m'as parlé ?
_Et vlaaaaaaaan ! Dans les dents ! s'exclama Linke en explosant d'rire. Et j'te préviens, tu t'approches de MA meuf, et t'as plus rien d'viril, le menaça-t-il ensuite en pointant un doigt inquiétant sur son torse.
_Nan mais sans dec, tu m'as parlé ?
_Rendors-toi Margaux, ils disent d'la merde, faudrait pas qu'ils abiment tes p'tites n'oreilles avec leur connerie.
_Hého, ch'uis pas une prude, Timo, j'te signale.
_Ouais, elles disent toutes ça...
_Nan Timo, d'habitude elles disent qu'elles le sont, et une fois au pieu, c'est LA où on s'rend compte qu'elles sont plus qu'hantées par le diable du sexe !
Tous s'arrêtèrent en plein milieu du trottoir et regardèrent Jan avec des yeux globuleux d'étonnement.
_Euh ... Quoi ?
_Jan... T'es plus puceau ? demanda David, plus choqué qu'étonné – mais le tout théâtralement, bien sûr.
_Qu-... BANDE D'ENCULEEEEEEEES ! Nan mais vous croyez quoi, là ?
_Haaaan !... Mais c'était ça alors la vieille qu'est sortie en douce d'ta chambre la s'maine dernière ! s'exclama Linke en une illumination.
_Quoi ? Mais nan mais pas du tout ! Mais j'vous jure que nan ! Y avait pas d'vieilles ! Et arrêtez d'dire d'la merde ! s'énerva le petit blond.
_Comment qu'il s'exciiiite !... commenta Juri.
_'Tention, c'comme ça qu'il mouille, se moqua Timo.
_Mais putain d'merde z'allez arrêter bande de gros cons ?
_Ouh là, mais c'est que le Jan est une espèce dangereuse ! rigola Frank.
_Oh, arrêtez les gars, z'êtes pas sympas avec lui, intervint Margaux.
_Ouais ! Bande de pauv' gays ! rajouta Jan. Tu m'crois moi et pas eux, hein ? demanda-t-il ensuite à Margaux.
_Mais bien sûr mon p'tit Minimoy !
_Gna, gna, gna. T'l'as payée combien pour qu'elle soit dans ton camp ? bouda David.
_Si tu savais mon pauv' vieux, si tu savais !...
_Attention au dessus de toi ! s'exclama alors Linke.
_Ouais, ça va, hein, tu nous l'as déjà faite celle-là, et elle pue ! répliqua Frank.
_Nan mais atten-...
SPLASH. Linke n'eut pas le temps de finir son avertissement qu'une crotte de moineau atterrit sur l'épaule de son ami. Ce dernier s'arrêta brusquement et leva tout doucement la tête. L'auteur de ce crime effroyable s'était envolé vers d'autres victimes. Puis, avec dégoût, Frank baissa la tête et regarda la déjection scintiller de blanc noirâtre sur son épaule. Réprimant un hoquet d'écœurement, il chercha dans sa poche et en retira un mouchoir en papier, sous l'hilarité intenable de ses amis qui rejouaient inlassablement la scène, Linke mettant ses dons de comédiens en scène pour reproduire l'expression d'étonnement du chanteur puis sa mimique de dégoût. Margaux, en jeune femme bien élevée, essayait tant bien que mal de se retenir de rire, mais la scène était plus que comique et l'hilarité de ses nouveaux amis contagieux.
_Le premier... commença Frank en serrant les dents, qui reparle de ça un jour, je jure devant Oui-Oui d'le balancer dans une mare de bouse de vache.
_Allez crotte de moineau ! Le prends pas si mal ! C'était super drôle, avoue ! rigola Juri en lui tapotant l'épaule – propre, de préférence.
_Comment tu m'as surnommé ?...
_Ouiiii ! Crotte de moineau, c'juste énorme ! s'extasia Jan.
_Hého, toi l'gnome puceau, ta gueule !
_J'm'en fous de c'que tu pourras dire ! Moi, personne m'a chié d'ssus !
_Allez Frankyky, boude pas ! le réconforta Linke. Moi j'propose on aille boire un verre pour se remettre de nos émotions fortes !
_Ah ouaiiiis ! Carrément ! s'exclama Timo avec enthousiasme. Après avoir foutu la trouille à Jan, avoir forcé Juri à sonner chez des tueurs de cornflakes, foutu la honte à David on l'traitant d'eunuque en plein milieu d'la rue...
_Devant des canons ! précisa Juri.
_Exact, et s'être foutu d'la gueule de Crotte de moineau !
_Ta gueule, répliqua Frank, blasé. J'te signale que toi tu t'es pris un poteau en pleine gueule, mouuuuhahahah !
_Ah, ah, trop drôle ! D'ailleurs c'était pas d'ma faute !
_Ah bah bien sûr, c'était celle de Ma...
_VIVE LE VENT, VIVE LE VENT, VIVE LE VENT D'HIVEEEEEEEER ! s'écria alors Timo en jetant le regard le plus noir qui fut à Jan pour le faire taire et l'empêcher de dire une embarrassante bêtise.
Bien sûr que non que ce n'était pas non plus de la faute de Margaux, mais il fallait bien avouer qu'il n'avait pas fait attention à la route, trop obnubilé par elle. Ce n'était pas tous les jours qu'il rencontrait une jeune femme aussi charmante et gentille qu'elle. Alors quand en plus, elle était tout sauf moche, il profitait de la vue. Mais jamais il ne lui viendrait à l'idée de jouer avec elle ou de lui faire le moindre mal. Il avait déjà donné dans ce domaine, il espérait toujours autant qu'elle ne souffrirait d'aucune séquelle suite à leur collision. Il maudissait cet épisode, et donc quelque part Linke pour avoir eu l'idée si stupide de montrer de fausses fesses aux automobilistes, mais en même temps il ne pouvait s'empêcher d'en être content. Car grâce à elle, il l'avait rencontrée.
_Bon ! Vous attendez quoi ? On y va oui ou merde ? demanda Juri.
_C'est parti ! s'exclama gaiement David.
[ ... ]
_Sans déconneeeeeeeeeeeer ?
_Mais chuuuut, fais encore plus de bruit ! le réprimanda Margaux en jetant des regards affolés autour de leur table.
Constatant que les autres clients ne leur prêtaient même pas attention, la jeune femme soupira et reporta son attention sur le sourire mi-espiègle, mi-choqué de Timo.
_Quoi ? C'est bon, tu vas t'en r'mettre !
_Nan, j'ai des doutes. Mais t'inquiète, t'as bien fait d'nous rencontrer ! On va t'initier à la bière ma chère !
_Prends tes dispositions : préviens les keufs de ton quartier, parce que combien d'fois on a négocié pour pas qu'ils nous enferment pour ébriété, lui chuchota Juri à l'oreille.
Bouche bée, Margaux le regarda. Dans quoi s'était-elle fourrée ?... Mais en voyant son air choqué, Frank rigola et la rassura.
_T'inquiète, t'as rien à craindre, on s'est jamais fait arrêté.
_Bien qu'on en ait fait des conneries, ricana Jan. La preuve ta leure, on a pas payé l'bus ! se vanta-t-il fièrement.
_Wouuuuh, c'te rebelle de ouf, se moqua Juri.
_Fuck off, on et ... euuuuh...
_Ca y est, c'en est trop pour son p'tit cerveau, rigola Timo.
_Hého, tu t'calmes, toi, le réprimanda Jan comme un grand-père sermonne un enfant.
_Mouuuuuhahahahah ! Genre c'est JAN qui dit ça, t'sais ! explosa Frank.
_Grave ! approuva Linke. Quoique, j'vois personne d'entre nous dire ça sérieusement, t'sais.
_Pas faux ! Nous on est plutôt du genre à s'faire engueuler parce qu'on paie rien, qu'on r'garde la télé jusqu'à pas d'heures, qu'on sèche tout c'qu'on peut, qu'on parle fort quitte à rendre sourd une sourde et... qu'on fout l'dawa, en un mot ! s'extasia Frank.
_Tout à fait ! acquiesça véhément Linke. Mais c'est pas d'notre faute, les règles sont trop faciles à transgresser.
_Tu trouves ?... souffla Margaux, ahurie.
_Ecoute, ma petite, déclara David en passant un bras derrière sa chaise, le posant sur le dossier avec une nonchalance déconcertante. Tu sais ce que signifie Revolution ?
Hochement de tête de la jeune femme.
_Et rébellion ? Faut pas t'laisser marcher sur les pieds. Tu récolteras que des mauvais trucs.
_Laisse la, Davi', intervint Timo. J'vais t'expliquer quelques trucs de bases, Margaux. Quand on t'attaque, tu contre-attaques.
_Arrête de r'garder Star Wars, mon pote, ricana Jan, mais ce dernier se tut rapidement devant le regard noir de Timo.
_On est constamment surveillés, dirigés dans une direction qui plait à ces messieurs d'en haut, et on a rien l'droit d'dire. Pourtant, on a quelque chose à dire. Et ils le savent très bien, c'est pour ça qu'on est muselés. Certes on n'est pas milliardaires, on n'a pas des milliers de relations qui feraient qu'on serait susceptibles de changer le monde en un tour de main. On a que des idéaux. Mais on a quand même une volonté, et cette volonté, on l'exorcise de la façon qu'on peut. C'est bien connu, les critiques passent beaucoup mieux quand elles sont parées d'humour. C'est pourquoi on fait autant de conneries. On en a marre de devoir marcher droit. C'est interdit d'enlever les panneaux de signalisation, tu crois que Juri s'est gêné ? C'est interdit de pisser sur des statues sacrées, Linke s'est pas fait prier. C'est interdit de fabriquer des bombes, Jan en a rien à foutre. On n'est pas des saints, mais on n'est pas des démons quand même. On a qu'une vie à vivre, tu devrais en prendre plus conscience, Margaux. Profite. Savoure les bonnes choses de la vie tant qu'il est encore temps. Et bois donc cette bière ! finit-il avec un sourire.
Subjuguée, Margaux le regarda de ses yeux marron teintés de vert. Jamais personne ne lui avait encore tenu un tel discours. Jamais personne ne lui avait encore autant ouvert les yeux. Digérant difficilement cette vérité, elle secoua la tête et attrapa le verre que lui tendait Timo. Puis, sous leurs regards curieux, elle avala une gorgée. Qu'elle faillit recracher face au goût infect de cet infâme breuvage. Les garçons éclatèrent de rire devant sa grimace de dégoût et burent à leur tour.
_Comment vous faites ? C'est dégueulasse, ce truc !
_Déconne paaaaaaaas ! s'offusqua Jan. C'est la boisson du bonheur !
_Les mecs, ça vous dit un p'tit défi ? demanda alors Frank.
_Un défi ? Quel genre de défi ? voulut savoir Linke.
_Héhé... Tu vois la fille, là-bas, assise au bar ?
_Ouuuuh... Canon, constata Juri.
_Exact. Je parie que Linke n'est pas cap d'aller la voir.
_Pfff ! Bien sûr que si ! Fingers in the nose, même, mon pote !
_Ah ouais ? sourit malicieusement Frank. Et d'la draguer pour avoir son numéro et plus si affinité ?
_Gloups... Nan, exagère pas... Ca, j'peux pas. Nina va m'tuer ...
_Mais elle est pas censée savoir, susurra David.
_Nan les guys, déconnez pas.
_Ouuuh... Linke serait-il une poule mouillée ? ricana Timo.
_Quoi ? Moi ? C'est c'qu'on va voir !
Et sur ce, Linke se leva brusquement, tira sur son col, lança à ses amis un regard empli de confiance, et se dirigea avec victoire vers la jeune femme. Ses amis l'observèrent silencieusement, ricanant sous cape, attendant le moment fatidique où il se ferait jeté.
_Vous croyez pas qu'ça craint un peu ?... demanda Margaux. Le pauvre, si sa copine l'apprend, ça risque de casser entre eux.
_Margaux, Margaux, Margaux, soupira Timo en se retournant vers elle. Elle risque pas d'le larguer si c'est ça qu'tu crains. Elle aurait même été la première à avoir c'te idée. Tu connais pas Nina, elle est handicapée d'la tête, j'te jure !
_Chut ! R'gardez, il lui parle ! les interrompit Jan.
_Oh, oui, Linke, embrasse-moi ! minauda Frank en prenant une voix de fille.
_Ta gueule, Ziegler. On sait tous que t'es secrètement amoureux d'lui, mais fais gaffe, Nina risque de t'péter la gueule, se moqua Juri.
_Ah, ah, se rembrunit le brun.
A ce moment Linke se retourna et leur fit un clin d'œil, pouce levé. Un homme s'assit nonchalamment à ses côtés et commanda un verre au barman. Linke lui lança un bref coup d'œil et reporta toute son attention sur la jeune femme. Clara.
_Dis-moi donc. Que fait une si jolie fille dans un bar aussi paumé, toute seule ?
_Qui te dit que je suis seule ?
_Ce petit air désespéré, comme si tu languissais auprès de ton prince charmant.
_Et qui te dit que je n'l'ai pas déjà trouvé ce fameux prince ?
_Oh c'est gentil, mais on s'connaît pas encore assez pour que tu croies que je suis ton prince.
_T'es comique, rigola-t-elle.
Linke sourit. Il venait de marquer un point. Il allait l'avoir son numéro, et il claquerait le bec de ses amis !
Ces derniers l'observaient, hallucinés et perplexes. Ca faisait déjà cinq bonnes minutes et Linke n'était toujours pas revenu. Ils se rembrunirent, ne pouvant croire en un possible charme du jeune homme. Ils avaient cru que tout était joué quand l'homme ténébreux s'était accoudé au bar avec son allure menaçante, son regard noir et ses mains énormes, mais ils s'étaient trompés.
Linke sourit, sortant son arme la plus ravageuse, et se rapprocha un peu plus de Clara. Cette dernière sourit à son tour, mais une lueur d'espièglerie emplissait ses yeux. D'une absolue assurance, Linke fut envahi par un léger doute.
_Trésor, l'ange démoniaque à côté de toi, c'est mon homme.
Et c'est alors qu'une ombre s'abattit sur la grande carrure soudain très frêle de Linke. Il leva de petits yeux apeurés et vit l'homme, précédemment accoudé au bar derrière lui, frappant ses poings les uns contre les autres, le regard meurtrier. Linke déglutit difficilement et se retint d'appeler ses amis au secours, se doutant que sa voix étranglée montrerait sa peur intérieure.
_Euuuh... Bonjour, dit-il, crispé, sa voix montant sensiblement dans les aigus. Je... J'vais vous laisser, hein...
Et sans attendre de réponse, il prit ses jambes à son cou et sortit du café, délaissant ses amis qui éclatèrent de rire.
[ ... ]
_Arrête, j'arrive plus à respirer ! s'exclama Jan tellement il riait.
_Il va faire pipi dans sa culotte, se moqua Frank.
_Bande de pauvres trou du cul, répliqua sombrement Linke. Il aurait pu m'tuer, bande de cassos ! Et même pas vous m'aurez sauvé la vie ! Mais j'vous aime plus quoi !
_Parce que tu nous aimais avant ? s'étonna David.
_Nan.
_Pfff... J'me disais bien.
_Allez, souriiiiiis ! lui dit Juri.
_Nan. Rats.
_Ah, ah, c'que t'es drôle, soupira le blond.
_J'habite là, les mecs, les interrompit Margaux en s'arrêtant devant un portail blanc fermé.
Les garçons cessèrent de rire et s'arrêtèrent. Margaux les regarda, un petit sourire triste aux lèvres.
_Et c'est ainsi que se termine le périlleux voyage de la princesse Marguerite, escortée par ses preux chevaliers pour la protéger des dangers du monde aux monstres monstrueux ! Et... Aïeuuuuuh ! Mais pourquoi qu'tu m'as tapé ! s'exclama Linke en se frottant l'arrière du crâne, lançant un regard meurtrier à Juri.
_Bah Jan voulait l'faire mais il est trop p'tit, il a pas pu atteindre ta tête, alors il m'a demandé d'te donner un coup et voilà le résultat.
_Ah ouais et il t'dit saute, saute ?
_Bah nan. Mais comme j'étais d'accord avec lui sur le fait qu'tu dises d'la merde, j'ai accepté d'te frapper. Pis j'aime bien ça, sourit Juri de toutes ses dents.
_C'une histoire de blond, commenta doctement David.
_Ouais, surtout de psychopathes, maugréa Linke sombrement. Ch'uis sûr j'ai un traumatisme crânien là !
_Les mecs ! s'écria Timo. Vos gueules !
Et le silence fut. Rapidement brisé par un jappement. Tous tournèrent la tête vers Jan, mais celui-là leva les bras en l'air, signe de son innocence. Puis ils virent arriver un petit chien. Margaux poussa un énorme soupir de soulagement et attrapa l'animal dans ses bras.
_Ah bah voilà ! Un cleb's revient toujours chez lui, commenta Timo.
_Putain ça veut dire qu'on l'a cherché pour rien ? s'énerva Linke.
_Parce que t'appelles ça chercher ? se moqua Margaux.
_Ouais... Pas faux. Pis dis donc ! J'te permets pas, toi ! Ouah elle s'rebelle la fleur !
_La fleur ? rigola la jeune fille.
_Bah ouais. Marguerite, c'une fleur.
_En tout cas, t'as bien raison ! Rebelle-toi un peu plus souvent, sourit Timo en faisant un clin d'œil à Margaux.
La jeune femme sourit et les salua avant d'ouvrir le portail.
_Oh... J'ai été contente de vous rencontrer.
_Oh mais très chère ! Si tu crois qu'on va t'laisser ! Imagine un jour t'as des séquelles ! Nan, c'impossible, j'peux pas t'lâcher, j'veux être sûr que t'iras bien.
Margaux rigola, une étincelle au fond des yeux. Elle donna son numéro aux garçons puis avança, traversant l'allée menant à sa porte d'entrée. Elle se retourna une dernière fois, le chien toujours dans les bras, et leur fit un signe avant d'ouvrir la porte d'entrée. Ses yeux accrochèrent ceux de Timo et, de mauvaise grâce, elle s'efforça de se retourner et de rompre le lien entre eux. Puis, une fois rentrée et la porte refermée, elle s'adossa à cette dernière et poussa un profond soupir. Quelle journée... indescriptible. Mais plus qu'enrichissante. En une simple journée, elle avait fait la connaissance de six garçons hors du commun, qui, elle le savait au plus profond d'elle, aussi sûr qu'était le fait que le soleil se lèverait demain matin, iront loin. Leurs idéaux, leurs propos, leurs visions de la vie, tout ceci l'avait investie pour ne plus en sortir. Elle aussi voulait avoir son mot à dire. Elle aussi voulait servir la cause de l'humanité. Elle aussi voulait que les choses bougent.
Ses traits se durcirent. La voix de la rébellion l'avait enfin effleurée. Elle ne se laisserait plus marcher sur les pieds. Elle imposerait son point de vue et élèverait la voix. Parce que désormais, elle savait qu'une catégorie de gens envahissait le monde, qu'elle n'était plus seule, et que des marginaux se cachaient un peu partout. Mais surtout, elle avait pris conscience qu'il existait des Révolutionnaires.
Et qu'elle avait décidée d'en faire partie.
A suiiiiivre *musique qui fait genre peur, mais qui, en fait, fait trop pas peur*
