SCARIFICATION ET LIBERTE
Que savez-vous de ce que je pense vraiment ? Vous y croyez vraiment vous à mes sourires, à ma bêtise et ma bonne humeur quotidienne ? Vous êtes si crédules et pitoyables, vous osez vous considérer comme mes « amis » ! Allez tous pourrir en enfer, tous autant que vous êtes ! Dans mon cœur se trouve le néant, ce trou noir qui dévore peu à peu mon être de l'intérieur, plus envie de rien ! Pas de but ou de vérité ! Juste le vide sidéral que vous niez avec véhémence, préférant vous voilez la face et ne voir que mes rires et ma joie factice !
… Si vous saviez à quel point je n'ai même plus la force de haïr vos silences et votre aveuglement. Je suis tout simplement fatigué de vous suivre, de vous supportez, de me retenir de vomir et de hurler quand je vois cette amitié qui n'a aucun sens, cette affection vide de contenu, cet amour qui n'en a que le mot. Je suis fatigué de voir que malgré vos déclarations de destins soudés, de mourir quand on sera aussi vieux qu'un chêne centenaire, vous ne voyez pas ma détresse, mes cris de rage silencieux, mes larmes invisibles d'amertume, mon envie simple d'en finir maintenant, peu importe mon jeune âge.
Je suis fatigué de constater encore une fois que vous n'avez pas vu ces stries sur ma peau, ces lignes si droites et profondes, toutes plus ou moins rouge, toutes plus ou moins cicatrisés ou sanglantes. Elles sont les preuves de votre imbécilité et de ma faiblesse, de mon incapacité à me défendre et à être quelqu'un. Je suis si insignifiant sous mes airs ronflants et grande gueule, mes mots ne sont que du vent, je ne peux rien faire pour m'en sortir alors je plonge, je plonge dans les ténèbres grandissantes de mon cœur, me noyant dans cet acide qui me soulage de temps en temps.
Si vous saviez la jouissance que me procure les lames, le sentiment d'exister et d'être vivant. Je ne me suis jamais senti aussi libre que depuis que je me coupe, traçant des tranchées sanglantes dans mes bras dans le vain espoir de vivre encore un peu, d'oublier que je ne fais que survivre à vos côtés. Bien sûr mes hurlements et mes larmes ne s'éteignent pas, mais pendant quelques instants je suis bien, tout simplement, détaché de ce monde pourri, l'âme au paradis.
L'atterrissage est toujours dur mais je ne regrette pas de l'avoir fait, parfois quand je suis vraiment au bout du rouleau je le fais, un peu comme un junkie avec sa dose. Je crois que je suis devenu dépendant de cette douleur qui chasse celle dont mon cœur est habité, je n'en ai rien à faire de mourir : rien ne me retient ici, absolument rien, j'ai juste peur de l'oublie qu'elle procure pour vraiment sauter le pas, alors en attendant, je prend plaisir à ma façon avant d'avoir le courage de faire le saut de l'ange.
Vous croyez me connaître mais vous êtes dans le faux, vous ne savez pas qu'avec une existence comme la mienne, la scarification est la porte de sortie la plus facile. Vous ne vous arrêtez qu'aux masques alors le jour où je mourrais, quand vous verrez derrière ce masque, vous comprendrez que pendant tout ce temps, ce n'était qu'un étranger qu'il y avait derrière. Et vous savez quoi ? Je n'en ai rien à faire, je décide de faire l'égoïste et de ne penser qu'à moi, qu'à ces tentatives vaines de vivre encore un peu… avant de dormir pour l'éternité.
