Aux portes de Luna
CHAPITRE 1
Il marchait d'un pas rapide et déterminé, les autres élèves qui partageaient avec lui le château le laissait passer, parfois se scindaient en deux groupes pour que rien ne puisse altérer sa marche. Des bruits courraient dans l'école, de sombres rumeurs que chacun avait à cœur de colporter, entre deux cours, au moment des repas sans jamais oser le regarder directement, ou dans les dortoirs, la nuit, avant de s'endormir, glaçant le sang de chacun.
Bien sûr, certains ne prenaient pas trop les racontars trop au sérieux, souvent des garçons, parfois quelques filles. " Il ne faut rien exagérer ! disaient ses personnes incrédules, c'est vrai qu'il a une allure inquiétante, hormis cela vous êtes bien naïfs". Ces rumeurs arrangeaient comme dérangeaient le concerné. Il aimait à savoir sa puissance s'asseoir petit à petit dans les cœurs de ses camarades, parce qu'un jour ils seront les premiers à répandre son nom, le nom qu'il s'était choisi l'année dernière. Ils seront les premiers à répandre comme une traînée de poudre ce qui les attendaient tous. Il réussirait là où d'autres avaient échoué lamentablement, ne prenant pas la mesure de leurs adversaires. Un jour, le monde serait sous sa coupe et sera régi selon ses propres règles, les règles des sorciers, la puissance devait régner et non se cacher comme des rats honteux d'être ce qu'elle est. La puissance est pure et ça personne ne l'avait compris, hormis lui. Néanmoins, il ne voulait pas aller trop vite en besogne. Il rentrait à peine en sixième année et il voulait finir ses études, commencer son grand dessein à la fin de sa septième année, mettant les pièces du puzzle en ordre, avec patience et minutie, afin de mettre en marche la machine implacable sans plus de prélude dès le premier jour de sa vie comme non-étudiant.
Mais pour que son plan qu'il avait commencé à élaborer depuis ses 11 ans fonctionne, il ne devait pas se faire trop remarquer pour l'instant. De ce fait, les rumeurs ne devaient pas devenir des soupçons aux yeux des professeurs. Il avait déjà échappé belle l'année dernière, lorsqu'il avait ouvert avec un peu trop d'empressement et d'excitation la chambre des secrets, étant l'héritier de Serpentard. Bien qu'habilement, il avait fait porter le chapeau au demi-géant d'Hagrid, Dumbledore l'avait dans le viseur, comme s'il avait tout deviné. Ce qui agaçait prodigieusement Tom Jedusor qui ne rêvait plus que d'une chose : le jour où l'homme, à ses pieds, le suppliera de l'épargner. Mais heureusement, hormis le professeur de métamorphose, tous les autres professeurs étaient sous sa coupe. Il savait y faire, c'était si simple de les charmer, de passer pour l'élève le plus délicieux qu'ils n'avaient jamais connu.
S'il continuait de la jouer fine et ne se laissait pas emporter par la joie d'être un descendant direct de Salazar Serpentard, son stratagème fonctionnerait à merveille et il remettrait un peu d'ordre dans ce Monde biaisé.
Il traversa un énième couloir et à son arrivée devant la salle de cours des potions, ses sbires se levèrent, le regardant avec déférence, le saluant pour ceux qui ne l'avaient pas encore vu de la journée, les filles surtout, ne partageant pas le même dortoir. Un jeune homme châtain, s'approcha de lui, tête baissée, dans le ton de la confidence, afin que nul autre que son interlocuteur n'entende ce qu'il avait à dire :
- Ca y est, ça a enfin porté ses fruits, Voldemort.
L'intéressé le regarda de biais, le regard dur. Il n'aimait pas qu'on l'appelle ainsi en plein milieu d'un couloir, ce nom ne devant pour l'heure n'être utilisé que dans des lieux clos où aucune oreille inopportune écouterait, comme dans la salle commune des serpentards ou dans son dortoir. Ce dernier releva la menace dans les yeux du sorcier et regarda le sol, confus.
- Bref, parle, dit Tom sèchement.
- C'est une femme très riche, une sang mêlée, dont son mari, moldu, rajouta-t-il sur un air dépité, aurait fait fortune durant la guerre mondiale, ce qui explique pourquoi elle possède de tels objets.
- Lesquels ? demanda le brun avec impatience. Non, ne dis rien, se ravisa-t-il mettant de côté la brûlure qui s'était instillé en lui par cette bonne nouvelle.
Alors brutalement, il lui prit le bras et l'entraîna avec lui dans les premiers toilettes pour garçon. Un première année qui se lavait les mains regarda les sixièmes années avec terreur. C'est bien, pensa Tom, il sait déjà à qui il a à faire.
- Va-t-en, lui intima-t-il.
Le petit garçon ne prit pas le temps de se sécher les mains, ni même les égoutter et partit sans demander son reste, courant maladroitement. Ce n'est qu'à ce moment qu'il lâcha son camarade avec plus de douceur. Ce dernier se mit en face de lui, un léger sourire sur les lèvres sachant que ce qu'il avait appris mettrait celui à qui il avait fait allégeance de bonne humeur. Il était déjà dans ses petits papiers mais il voulait garder ce rang toutes les années qui suivraient Poudlard, toute sa vie en somme. Isaak Lesmin savait choisir ses amis en somme, il avait compris très vite qu'il devait être de son côté plutôt que contre.
- La coupe et surtout la bague.
Tom ne retint pas un sourire habillé ses lèvres parfaitement dessinées.
- Elle s'appelle Ellie Samander, rajouta Isaak, souriant à son tour, ayant l'impression de partager un réel moment de complicité avec celui qu'il respectait plus que tout sur cette planète. Elle vit à Manchester, ses passions sont le tricot et les courses hippiques. Tom tiqua. Cette femme lui déplaisait sous toutes les coutures, en plus de posséder dans ses mains des objets précieux qui lui appartenait, elle semblait avoir un penchant dégoûtant pour les moldus, ayant épousé un et adorant cette activité moldue. Isaak nota l'ennui profond de Tom mais le laissa réfléchir sans intervenir. 5 ans à ses côtés lui avait appris comment se comporter. Tom Jedusor était d'un tempérament froid, calculateur et très réfléchi.
- Je vais me rapprocher d'elle par ce biais, bien que ça m'en coûte. Ce ne sera pas la première fois que je me salis les mains pour la cause, dit-il.
Isaak hocha de la tête.
- Que puis-je faire pour t'aider ?
- Renseigne-toi sur les courses auxquelles elle assiste et s'il y en a durant les vacances de Noël. Allons y maintenant, le cours va commencer.
Ils se dirigèrent rapidement vers la porte de la salle de potion qui engloutissait les derniers élèves, quand tout d'un coup, il se cogna violemment. Choqué par ce heurt, le souffle coupé un millième de seconde, ne comprenant ce qu'il se passait, il faillit perdre l'équilibre mais se rattrapa prestement sur ses pieds. Un bruit de papiers se fracassant sur le sol se fit entendre. Lorsque sa vision revint presqu'immédiatement, une jeune femme blonde se tenait tout près de lui qui avait levé les bras, comme pour se retenir à lui, déséquilibrée également, mais elle ne l'avait pas fait. Elle regardait les cahiers affalés sur le sol avec un air étrange, comme si cela était fortement embêtant mais que ça ne la concernait pas. Isaak, qui avait avancé entre temps, commença à accourir vers lui.
- Va en cours, lui ordonna Tom.
Alors il partit le laissant en tête à tête avec cette fille qu'il n'avait jamais vu dans l'école. Pourtant, elle portait l'uniforme de l'école, était de Serdaigle, et semblait avoir son âge, 16 ans. Elle avait de très grands cheveux longs ondulés, une peau diaphane et des yeux bleus transparents qui regardaient sans réellement voir. Au départ, il voulait la mettre en garde, il n'était pas homme sur qui on se cognait malencontreusement dans les couloirs mais le fait qu'il ne sache pas qui elle était le rendait perplexe.
- Fais attention où tu marches, lui lança-t-il menaçant.
Ce n'est qu'alors qu'elle consentit à lever ses grands yeux bleus sur lui, des yeux lunaires. Elle le dévisagea avec des yeux ronds comme s'il avait menacé une autre personne, nullement concernée ou effrayée. Il fronça des sourcils face à son insolence qui ne semblait pas en être.
- Tu es nouvelle dans l'école ? l'interrogea-t-il.
- Non mais toi tu sembles l'être, dit-elle d'une voix fluette presque chantonnante et amicale. D'où tu viens, les garçons se coiffent-ils tous comme ça ?
Il resta perplexe ne sachant comment réagir. Il réfléchit vite, cette fille qu'il n'avait jamais vu ne l'avait jamais vu également.
- Cesse de te moquer de moi, dit-il en prenant sa baguette dans sa main. Tu ne sais pas à qui tu as à faire.
Elle regarda sa baguette mais s'en fichant comme de sa première chemise, s'accroupit pour ramasser ses cahiers.
- Non je ne sais pas qui tu es.
Elle se leva et le regarda à nouveau de cet air étrange.
- Je m'appelle Luna Lovegood. Je dois y aller, j'ai cours avec Rogue et je suis en retard.
Elle commença à partir, il voulut la retenir mais la seconde d'après elle avait disparu du couloir. Il n'y comprenait rien, et qui était ce professeur Rogue ? Il entra dans la salle de cours, s'excusant platement, son sourire angélique aux lèvres. Mais il savait qu'il pouvait arriver en retard à ce cours, le maître de potion, directeur de Serpentard, lui pardonnait tout car il était son élève favori, voyant en lui un grand avenir.
- Pardonnez Professeur Slughorn, mon retard est impardonnable.
- Mais enfin, que dites-vous, mister Jedusor ? surenchérit l'homme. Vous arrivez juste à temps pour le début du cours, installez-vous, je vous prie.
A la fin du cours, il attendit que tous ses camarades aient déserté la salle de cours afin de questionner le professeur, chose somme toute courante dans sa vie d'étudiant.
- Professeur Slughorn, je m'interroge, commença-t-il en s'avançant vers lui charmeur. Ce dernier lui fit un grand sourire.
- Pourtant, vous n'étiez pas en reste sur la potion des morts-vivants, vous aurez la note maximale Tom.
- Merci, professeur, mais je pensais à autre chose. Connaîtriez-vous un professeur Rogue ?
Slughorn se figea, cherchant visiblement dans sa tête.
- Non, du tout mon garçon, pourquoi cela ?
- C'était juste un nom sur lequel je suis tombé dans un livre de métamorphose, mentit allègrement le jeune homme.
Mais cette réponse n'était pas celle qu'espérait Tom Jedusor et le jeta dans les affres du mystère. Il interrogea durant la pause de midi ses alliés, mais personne n'a vu une fille correspondant à cette description. Il fut rassuré de constater qu'Isaak avait vu cette fille également, seulement de dos. Ainsi, ce n'était pas une vision.
