Premières Pensées de Polly
Auteur: Docteur Citrouille
Genre: Humour - Romance
Rating: Général
Disclaimer: Tout l'univers du Wizarding World appartient à son auteur J.K. Rowling ainsi qu'à la Warner Bros
Résumé: Septembre 1988. A 15 ans, Polly McBee n'a qu'une ambition : entrer dans l'équipe de Quidditch de Poufsouffle. Et ce n'est certainement pas cet idiot de Gryffondor, fraîchement promu capitaine, qui mettra la main sur le Vif d'Or cette année...
Chapitre 1 - Le Pays des Millions d'Années
Il faisait une chaleur épouvantable.
D'une main, je saisis ma lourde chevelure pour aérer mon cou tandis que de l'autre, je m'éventais le visage. Mon tee-shirt était déjà moite de transpiration et le soleil me brûlait les yeux.
Cependant, pour rien au monde je n'aurais voulu manquer un tel spectacle.
Devant le ciel azur se détachaient trois magnifiques triangles d'or : les pyramides de Khéops, de Khephren et de Mykérinos. La bouche grande ouverte, j'admirais la vue, écoutant à peine Selim, notre guide, nous expliquer que les pyramides étaient là depuis 4 500 ans et étaient considérées comme l'une des sept merveilles du monde.
— Reprenez en main votre tapis, miss Polly, il dérive ! m'enjoignit-il avec un sourire.
Sortant de mes rêveries, je guidai mon tapis volant près de celui de mes parents. J'eus un sourire un peu moqueur en voyant maman s'accrocher au bras de papa, tremblante de peur. Maman détestait voler.
Je pris l'appareil photo suspendu à mon cou et collai le viseur à mon œil, essayant de prendre l'immensité du désert nous entourant. Une épaisse fumée violette s'échappa de l'obturateur, me faisant tousser.
— Nous allons descendre par ici, annonça Selim en nous montrant une petite dune située en contrebas. Et nous ferons le reste à pied. Prêts ?
Selim se pencha en avant et son tapis fila en rase-mottes. Je fis de même, appréciant la petite bise me sifflant dans les oreilles. Derrière moi, j'entendis ma mère pousser des petits cris hystériques, priant pour que le cauchemar cesse.
Une fois arrivée à notre point de rendez-vous, je descendis à regret de mon tapis. Je le roulai avant de le redonner à Selim, qui m'octroya un petit clin d'œil :
— Quidditch ? demanda-t-il.
Je haussai les épaules : si seulement ! Hélas, toutes mes tentatives pour rentrer dans l'équipe de Poufsouffle depuis ma deuxième année s'étaient soldées par des échecs.
Mes parents nous rejoignirent : ma mère pâle, mon père essayant de la rassurer.
Nous poursuivîmes notre chemin à pied, afin de ne pas attirer l'attention des touristes moldus présents dans le secteur. Le trajet, bien que court, fut pénible : je sentis le sable s'infiltrer dans mes sandales, les bretelles de mon sac à dos me frottaient les épaules et j'étais aussi rouge qu'un crabe de feu.
— C'est immense ! s'exclama maman, regardant par-dessus ses lunettes de soleil.
Elle avait raison : plus nous approchions, plus les pyramides paraissaient gigantesques. Lorsque nous arrivâmes à la base de la plus monumentale, je posai timidement ma main sur le bloc de pierre pour apprécier la chaleur sous mes doigts.
— Par ici ! s'exclama Selim qui grimpait déjà.
Agile, je le suivis. Maman rouspéta : elle avait revêtu une courte robe en coton qui ne facilitait pas la montée. Papa l'aida en lui tenant la main et en lui indiquant où positionner ses pieds.
Arrivés à la septième rangée, Selim nous fit faire le tour, nous éloignant de l'entrée principale, celle réservée aux moldus. Il nous désigna une entrée creusée à même la roche et qui s'enfonçait dans les ténèbres.
— J'espère que vous n'avez pas peur du noir, dit-il. Nous allons descendre par là.
— Les moldus n'ont jamais découvert cette entrée ? s'étonna papa.
— Sortilège de brouillamini, expliqua Selim. Les moldus sont persuadés d'avoir fait le tour de la pyramide. Faites bien attention où vous mettez les pieds surtout.
Excitée par l'appel de l'aventure, j'entrai dans la pyramide. Je posai une main contre la pierre rugueuse, le temps que ma vue s'accoutume à la pénombre. Nous marchâmes un petit moment dans un long corridor avant de déboucher sur un couloir ascendant, faiblement éclairé par les torches qui s'allumaient à notre passage. La montée ne fut pas évidente : le tunnel était si étroit que la pierre égratignait mes bras et mes jambes nues. La chaleur moite me collait à la peau et rendait la respiration difficile. Derrière moi, j'entendis les pas de ma mère se cogner aux graviers.
Nous arrivâmes au premier palier. Selim se tourna vers nous pour nous demander si tout allait bien.
— Super, fit mon père, essayant de reprendre son souffle. On en a encore pour longtemps ?
— Patience, répondit simplement notre guide.
Je profitai de cette courte pause pour dénicher dans mon sac ma bouteille d'eau fraîche, ensorcelée le matin même par maman. Puis nous continuâmes notre escalade, passant sous les voûtes de la grande galerie : j'essayai de ne pas penser aux tonnes de pierre qui se tenaient au-dessus de nos têtes et me concentrai plutôt sur mes pas. Je grimpai ainsi, m'aidai de la rambarde en bois qui m'écorchait parfois les mains.
Enfin, après un bon quart d'heure de marche, nous débouchâmes dans une imposante pièce en granit. Des torches éclairaient les murs dépourvus d'ornements et malmenés par les siècles. Au fond, une unique porte était gardée par deux géants en granit noir anthropomorphes, aux muscles saillants, habillés de pagnes et de sandales d'or, tenant chacun une lance. C'était surtout leurs têtes qui à la fois m'effrayaient et me fascinaient : chacun avait une tête de chacal qui nous observait, montrant les crocs.
Selim nous fit signe de rester derrière lui. Il s'inclina devant les gardiens du lieu. D'une voix douce, il prononça quelques mots dans un dialecte que je ne reconnus pas, mais que je supposai être de l'ancien égyptien. Les deux gardiens firent un pas sur le côté pour nous laisser passer.
— Surtout, ne croisez pas leurs regards, nous avertit Selim. Par ici !
Je le suivis, talonnée par mes parents. Je ne pus m'empêcher de frissonner en passant à côté des deux Anubis. Nous suivîmes un long couloir qui descendait en pente douce. Les flambeaux accrochés aux murs s'allumèrent à notre passage, dévoilant des fresques tous en symboles et couleurs.
— Qu'est-ce que ça dit ? demanda-je à mi-voix, émerveillée.
— Ce sont les incantations du Livre des Morts, répondit Selim sur le même ton. Comment le ba arrive dans l'au-delà et doit trouver son chemin jusqu'à la Nécropole des Dieux. Là, son cœur-haty sera pesé par les juges avant de monter dans la Barque Sacrée qui le mènera vers la Divine Résurrection.
Malgré la chaleur étouffante, j'eus un frisson. S'il voulait me faire peur, c'était réussi !
— Nous sommes arrivés.
Je baissai la tête pour ne pas me cogner au chambranle de la porte et retint un cri : là, sous mes yeux ébahis, s'entassaient pêle-mêle des meubles et des objets précieux. Des lits, des chars, des sièges, des armes, des coffres, des instruments de musique... Sur les murs, je déchiffrai également des peintures racontant la vie passée du mort : l'histoire d'une jeune femme qui servait le dieu Anubis. Grâce à la magie, elle mouvait sur les parois et me fit un clin d'œil tandis que je la dévisageais, charmée par sa beauté et son sourire.
— Ça alors ! s'exclama mon père, aussi abasourdi que moi. C'est stupéfiant !
— À qui appartient ce tombeau ? s'enquit ma mère, étudiant avec soin la paire de sandales tressées.
— Elle s'appelait Amunet. Elle était la Divine Adoratrice du dieu Anubis, gardienne de son cœur. Elle fut assassinée par les hommes de Pharaon lorsque celui-ci désira s'emparer du cœur du dieu à la tête de chacal. Le chef des Medjaÿs, Amenhotep, qui aimait Amunet par-dessus tout, cacha le cœur d'Anubis dans la momie de sa bien-aimée et scella le tombeau. Cette tombe a été découverte durant le siècle dernier par l'équipe du professeur d'archéomagie Cuthbert Binns. Malheureusement, la momie a été volée et personne ne sait ce qu'elle est devenue...
Je me tournai vers Selim surprise :
— Binns ? Le professeur Binns ?
— Vous le connaissez ? s'étonna notre guide.
J'échangeai un regard avec mon père.
— Oui. Son fantôme dispense les cours d'histoire de la magie à Poudlard.
Le regard de Selim s'éclaira :
— Quelle chance d'avoir un si éminent professeur en face de soi ! J'imagine qu'il vous apprend plein de choses fabuleuses ! Il est une célébrité ici, en Égypte.
Parlions-nous du même Binns ? De ce professeur ennuyant au possible, qui nous assommait avec ses batailles sur les ogres et les gobelins ?
Selim nous invita à poursuivre notre exploration. Nous passâmes dans la salle suivante, la chambre funéraire. Là, au centre, se tenait le catafalque de la Divine Adoratrice, gardée des quatre côtés par quatre déesses. Hélas, le coffre en granit ne contenait aucun sarcophage ni aucune momie, à mon grand regret. La lueur des flambeaux donnait un aspect irréel à la scène, illuminant les reliefs dorés et projetant des ombres menaçantes aux murs.
Ce fut à cet instant précis, dans ce tombeau moite et étouffant, sous les regards souriants des divinités égyptiennes, que je formulai le vœu de devenir un jour une archéomage, afin de découvrir à mon tour les richesses de l'Histoire...
oOo oOo oOo
Dans la fraîcheur de l'hôtel, je me prélassai à l'ombre des palmiers. Le Riad, isolé du bruit et de la chaleur, était un petit coin de paradis tranquille.
Au rez-de-chaussée était disposée la salle à manger aux confortables banquettes munies d'épais coussins. En son centre, le patio était décoré de mosaïque délicate et agrémentée d'un petit bassin ainsi que d'une végétation luxuriante qui offrait un peu d'ombre. Puis, élevées sur quatre étages, les chambres, que parcouraient de longues galeries.
Je vis maman passer sa tête par la balustrade. Elle me demanda si j'avais vu papa.
— Aucune idée.
Elle grommela et retourna dans la chambre pour finir de boucler les valises : notre retour en Angleterre par Portoloin était prévu pour la fin de la journée.
J'entendis alors un crépitement ; curieuse, je levai la tête pour voir Selim tapoter du bout de sa baguette un vieux transistor. Notre guide était très sympathique, se démenant pour nous faire découvrir son merveilleux pays. Surtout, il était un fan inconditionnel de Quidditch, supportant avec ferveur l'équipe nationale. D'ailleurs, ce soir avait lieu la finale de la coupe d'Afrique, opposant l'Égypte au Maroc, que je ne pourrais, hélas, suivre.
— Polly ! m'appela de nouveau maman. Tu es prête ?
Je chaussai à la hâte ma paire de sandales et me levai d'un bond : maman voulait faire un dernier tour au souk. Je comptais bien trouver un petit cadeau à offrir à mes amies.
— Selim, vous n'auriez pas vu mon mari ? demanda maman, posant sur sa tête un large chapeau en paille.
— Il fait une sieste, Mrs McBee. Ne le dérangez pas : je lui dirais que vous êtes au souk.
— Merci. Allons-y, ma poupette.
Le Riad était situé au cœur même du Caravansérail, situé en bordure du Caire, à l'abri des moldus un peu trop curieux. C'était un grand bâtiment carré aux murs couleurs miel et percé d'une multitude de petites fenêtres qui laissaient entrer la lumière.
Je foulai du pied d'épais tapis multicolores, admirant les étals proposant différents produits qui embaumaient l'air : épices, fruit frais, boissons rafraîchissantes, petits pains feuilletés, olives, houmous, kafta, kebab... Les odeurs entêtantes me mirent l'eau à la bouche et je fus tentée plusieurs fois de goûter à tout ce que les commerçants me proposaient.
— Tu ne mangeras pas ce soir ! me houspilla maman en me voyant tendre la main vers une assiette de cornes de gazelle.
Il y avait également des marchands de tapis, de baguettes magiques, de chaudrons. Des apothicaires vendaient leurs potions, des guérisseurs négociaient des amulettes magiques, une animalerie proposait l'adoption de faucons, d'ibis ou de chat, une librairie bazardait les derniers best-sellers en format papyrus. Maman eut la surprise d'y trouver l'un de ses premiers romans en vente.
— Un deben pour ton avenir, ma petite ? m'interpella une femme drapée de pourpre et portant de l'or à ses oreilles, son nez et son cou.
Je rougis face à l'intensité de son regard d'ébène surligné de khôl. Elle tendit sa main couverte de henné vers moi.
— N'es-tu pas curieuse ? Ne veux-tu pas savoir ce que l'avenir te réserve ?
— Je préfère avoir la surprise, répondis-je.
La femme ne se laissa pas démonter. Elle se tourna vers son petit étal pour prendre un pendentif retenu par un long collier en perle qu'elle me présenta : il s'agissait d'un morceau de pierre bleu taillé en forme d'œil.
— C'est l'œil d'Oudjat, fabriqué dans un lapis-lazuli. Fais un vœu : lorsqu'il se réalisera, il se brisera.
Refuser un tel cadeau aurait été malvenu : Selim m'avait prévenue qu'il ne fallait jamais contrarier une voyante égyptienne. Je fouillai dans les poches de mon short pour dénicher une poignée de deben, que je posai dans la paume de sa main.
— Polly ! Tu viens ?
— J'arrive maman !
La femme accrocha autour de mon cou le collier avant de se détourner de moi pour accoster une autre touriste. J'en profitai pour admirer le pendentif : peut-être fusse l'effet de mon imagination, mais je crus voir l'Oudjat me faire un clin d'œil.
Au hasard de mes découvertes, je trouvai des menus cadeaux pour mes deux meilleures amies : du papyrus relié en un petit carnet avec une belle plume d'ibis pour Rose, un joli bracelet argenté en forme d'Ankh pour Tonks. Maman dénicha un flacon de parfum en grès bleu et un plat en céramique couleur crème, où des poissons peints évoluaient au milieu de roseau et de lotus.
Une fois revenues à l'hôtel, une bonne odeur d'agneau grillé me fit saliver ; je laissai mes achats dans la chambre que j'occupais puis descendis en toute hâte dans la salle à manger.
Durant la saison estivale, on croisait toute sorte de vacanciers dans le Riad : un jeune couple de sorciers allemands qui passait son temps à se disputer, un vieux professeur ronchon qui mangeait toujours tout seul, trois sorcières qui venaient du Pérou, une famille italienne avec leurs trois jeunes enfants extrêmement bruyants. Mon père, déjà attablé, sirotait avec délectation son verre de Karkadeh, une boisson à base d'hibiscus. Je me laissai tomber à côté de lui pour lui montrer le pendentif de la voyante.
— Elle m'a dit qu'il me porterait chance, dis-je. Tu crois qu'elle a dit vrai ?
Papa fronça les sourcils :
— L'Égypte est un pays tellement magique que ça ne m'étonnerait pas ! Tu as fait ton vœu ?
— Non, pas encore.
Je serrai l'œil dans ma main et chuchotai :
— Je souhaite être prise dans l'équipe de Quidditch de Poufsouffle...
Papa ricana : je lui tirai la langue.
— Franchement, tu croyais quoi ? maugréai-je. Que je demanderais d'avoir des bonnes notes toute l'année ?
Maman nous rejoignit peu de temps après, nous informant qu'elle avait réussi à fermer les valises.
— La prochaine fois Polly, tu éviteras de prendre des pulls !
— J'ai lu que parfois, le temps était exécrable en Égypte, rétorquai-je.
— En plein mois de juillet ? Tu t'attendais à ce qu'il neige ?
Le service fut annoncé, m'évitant de répondre. Les plats passèrent de table en table au moyen de la magie. Je me servis de brochettes d'agneau parfumées aux herbes et au cumin ; maman soupira lorsque j'entamai ma cinquième brochette.
Quand le dernier gâteau au miel disparut, je me laissai aller sur la banquette avec un soupir de contentement. Du thé à la menthe fut proposé pour aider à la digestion, mais papa, jetant un regard à sa montre, décréta qu'il était temps de partir, ou nous raterions notre Portoloin.
Nous remerciâmes vivement nos hôtes pour leur accueil chaleureux, en particulier Selim, que nous quittions à regret.
— Vous serez toujours les bienvenus ici, dit-il en nous serrant la main. Que l'œil d'Horus soit sur vous !
D'un coup de baguette magique, papa rapetissa nos bagages, qu'il rangea dans sa poche, tandis que maman sortit de son sac à main un tube de rouge à lèvres. Je posai mon doigt dessus, attendant le départ. Papa, l'œil fixé sur sa montre, fit le décompte :
— Trois... deux... un...
J'eus tout juste le temps de faire un signe à Selim : un crochet invisible m'agrippa le nombril pour m'entraîner dans un maelström de couleurs. Je fermai les yeux, nauséeuse : les brochettes d'agneau me remontèrent à la gorge.
Soudain, mes pieds se posèrent de nouveau sur la terre ferme. Surprise de l'arrivée, je trébuchai et m'étalai sans grâce sur l'herbe mouillée.
— Polly, enfin ! Regarde un peu où tu mets les pieds !
Je lançai un regard noir à ma mère, tout en frottant mes genoux pleins de terre. Nous étions entourés de champ à perte de vue. Levant mon nez vers le ciel gris, je reçus les premières gouttes de pluie. Aucun doute, nous étions en Angleterre.
— Où sommes-nous exactement ? demanda maman en agitant au-dessus de nos têtes sa baguette pour faire apparaître un grand parapluie.
Je priai pour qu'aucun moldu curieux ne se décide à venir jeter un œil à son champ : la découverte de trois sorciers en tenue estivale, couverts de boue et fleurant encore le soleil égyptien, aurait jeté un froid.
Papa, qui marmonnait à sa baguette tout en essayant de retrouver notre chemin, finit par nous annoncer que nous étions quelque part dans le Surrey. Je claquai des dents quand il me présenta son bras pour un transplanage d'escorte et un formidable éternuement me prit quand nous arrivâmes devant la porte de la maison.
— A tes souhaits, ma poupette.
oOo oOo oOo
Du soleil d'Égypte aux nuages de Londres, la météo me fut néfaste : je finis par tomber malade et gardai le lit pendant une semaine entière, entourée d'un cimetière de mouchoirs usagés.
Mon écharpe turquoise ne me quitta pas d'une laine : après trois semaines de séparation, j'étais aussi heureuse qu'elle de la retrouver. D'une main, je la caressai, tout en écoutant la pluie s'abattre sur ma fenêtre. J'avais remonté ma couverture jusqu'à mon menton, incapable de m'intéresser à quoi que ce soit. Même lire relevait être de la torture.
J'entendis du bruit derrière la porte, qui s'ouvrit sur ma mère :
— Tu vas mieux, ma poupette ?
Un puissant éternuement me saisit. J'avais la gorge en feu, le nez pris, du coton dans les oreilles, les yeux cernés — mais mon bronzage tenait bon. J'eus un pauvre sourire en voyant ma mère m'apporter le petit-déjeuner. Je me redressai avec difficulté, mes muscles gémissants de douleur, pour me caler contre mon oreiller. Maman posa le plateau sur mes jambes, je regardai sans envie la tasse de thé, le croissant et la grappe de raisin. Elle caressa mes cheveux qui avaient bien besoin d'un coup de peigne avant de pincer le bout de mon nez rougi :
— J'aérerai ta chambre quand tu prendras ta douche, m'annonça-t-elle. Tu ne voudras pas regarder un peu la télé pour te changer les idées ?
— Je songeais plutôt à mourir en silence, soupirai-je avec fatalité.
— Ce n'est qu'une angine, ma poupette, tu t'en remettras. En attendant...
Un hululement lui coupa la parole et nous tournâmes toutes les deux la tête vers ma fenêtre : un hibou nous dévisageait de ses grands yeux ambrés. J'entrevis une enveloppe attachée à sa patte. Maman se leva pour lui ouvrir : sans prendre la peine d'entrer, le volatile s'ébroua et tendit sa patte. Aussitôt déchargé de sa mission, il reprit son envol, emporté par les bourrasques de vent. Je tendis ma main pour recevoir ma précieuse lettre, remède bien plus efficace que n'importe quelle potion.
Miss Polly McBee
7 Hill Street
Mayfair, Londres
— Tu as l'air d'aller mieux, se moqua maman en me voyant sourire. Nous irons sur le Chemin de Traverse quand tu iras mieux. En attendant, mange un peu et va prendre ta douche.
Je posai ma lettre de Poudlard sur ma table de chevet puis me débarrassai de mes couvertures, mon écharpe s'enroulant amoureusement autour de mon cou. Je quittai la chaleur de mon lit, ne pouvant m'empêcher de sourire largement en songeant à mon prochain retour à Poudlard...
Bienvenue dans ce nouveau tome des aventures de Polly! Je suis tellement, mais tellement heureuse de vous retrouver!
J'espère que cette nouvelle année à Poudlard va vous plaire: en tout cas, j'ai pris plaisir à retrouver Polly pour une toute nouvelle histoire. Des anciens reviendront, des nouveaux se présenteront: cette 5ème année sera autant explosive que les prochaines/précédentes!
En tout, il faudra compter une douzaine de chapitres (un par mois). J'escomptes bien poster le prochain dans deux semaines.
Un grand merci à vous tous, mes chers lecteurs: c'est grâce à vous que Polly vit! Je vous dédie donc à tous cette fanfiction.
Et un autre grand merci à ma beta de toujours, AppleCherry Pie.
A très bientôt!
Votre Citrouille
