Salut tout le monde, voici une fiction de Tati 11 qui l'a entièrement écrite! Elle m'a donné l'autorisation de poster ici mais c'est à elle qu'on doit cette super histoire! Tout les personnages sont à J.K Rowling bien sur! Je pense que je posterais une à deux suites par semaines. Voilà déjà le premier chapitre et n'oubliez pas de mettre quelques comm...
Chapitre 1 : L'anniversaire
Sur
la lune couraient de sombres nuages ; aussi sombres que l'humeur du
jeune homme qui les contemplait depuis la fenêtre ouverte de sa
chambre.
Un profond désespoir l'habitait, Harry Potter
se sentait le plus isolé qu'il fût possible de l'être
devant l'imminence de son 17e anniversaire.
« Je vais
être majeur, et tout le monde s'en moque ! »,
murmura-t-il, en déglutissant péniblement.
Cet
instant qui, pour le commun des Moldus, aurait pu sembler excitant,
refroidissait considérablement l'esprit de ce garçon
aux cheveux en bataille. Ce soir, il quitterait la seule famille qui
l'ait- si mal – accueillie. Pour une fois, sa valise était
soigneusement bouclée. Plus aucun grimoire ou parchemin ne
traînait sur le sol ; sa chouette – la magnifique Hedwige,
blanche comme neige -, dormait sagement dans sa cage.
«
J'avais espéré au moins un signe… Quelque chose
qui… me parle de vous… cher Dumbledore ! »
Harry essuya
une larme furtive d'un revers de doigt sous ses lunettes et se
détourna de la fenêtre pour s'asseoir sur ce lit où
il ne dormirait plus jamais.
Au loin, un carillon égrena
les douze coups de minuit. Lentement, le jeune homme se redressa,
saisit sa valise d'une main, de l'autre la cage de l'oiseau qui
hulula faiblement sous la secousse. Se dirigeant vers la porte, il
posa la cage pour saisir la poignée et s'étonna en
voyant celle-ci s'incliner. Sa tante Pétunia, jetant un
regard effrayé derrière elle, s'engouffra dans la
pièce.
« Harry ! Tu m'en veux, n'est-ce pas ?
J'aurais dû, depuis longtemps, te dire… Te témoigner
plus… d'affection. Tu as les yeux de Lily, tu le sais sûrement.
Je ne l'aimais pas, c'est vrai, parce que… j'étais
jalouse ! Elle savait faire tant de chose, et moi pas. Ton oncle a
exigé que tout ce qui avait trait à des pouvoirs doive
être banni de cette maison. J'ai respecté sa volonté,
et je m'en excuse. Il ne faut pas qu'il sache, tiens ! »
Elle fourra un paquet grossièrement emballé dans la
main du jeune homme ahuri.
« Ouvre-le quand tu seras à
l'abri. Je suppose que tu sais où aller, et… »
Venant d'en bas, une voix tonna :
« Pétunia !
Que fabriques-tu là-haut ? Descends, ton émission
favorite va commencer. »
La tante, sursautant en ouvrant
des yeux paniqués, étreignit brièvement Harry.
« Prends soin de toi. Si tu as des ennuis, reviens, je
m'arrangerai. »
Elle disparut aussi vite qu'elle était
venue, laissant Harry complètement déboussolé.
Un instant plus tard, Harry se tenait dans l'entrée du
salon où ses parents d'accueil regardaient la télévision
en compagnie de l'énorme cousin Dudley avachi sur le divan.
L'entendant arriver, sa tante Pétunia se dressa d'un
bond.
« Tu pars… Vraiment ? »
Harry, une boule
étrangement dérangeante dans la gorge, se contenta
d'opiner.
« Qu'est-ce que tu racontes, Pétunia ?
Laisse cette vermine, et rassieds-toi ! »
Levant des yeux
embués sur son neveu, Pétunia baissa la tête et
retomba sur le divan.
« Bon débarras ! », rit
Dudley en se bourrant de chips tout en échangeant un regard de
connivence avec son père qui le lui rendit avec un grand
sourire.
Harry, haussant brièvement les épaules, se
tourna vers la sortie.
Seul, sur le trottoir, Harry s'assit
en posant ses bagages à côté de lui. Il sourit
tristement à sa chouette qui oscillait un peu sur son perchoir
:
« Tu crois que le Magicobus arrivera bientôt ? »
Un doux hululement lui répondit sans qu'Hedwige n'ouvre
les yeux. Harry soupira, prêt à prendre son mal en
patience. Deux minutes plus tard, le bus à double impériale
se matérialisant devant lui, le jeune homme rassembla son
paquetage pour se présenter à la porte.
«
Harry Potter ! s'exclama le jeune contrôleur boutonneux.
Quelle veine ! Vous souvenez-vous de moi ? »
Harry ne
pouvait pas ignorer ce garçon qui, par l'inefficacité
du ministère, s'était retrouvé à la
prison d'Azkaban. Heureusement, ce mauvais moment ne semblait pas
avoir affecté sa naturelle bonne humeur.
« Salut,
Stan ! Square Grimmaurd, s'il vous plaît. » Dit Harry
en grimpant.
Il posa sa valise pour chercher la monnaie de sa
course qu'il régla avant de se charger et de se diriger vers
une banquette acceptable où il se posa. Deux seules personnes
employaient la ligne, cette nuit : c'était parfait. Leur
jetant un œil vague, Harry tressaillit en avisant une petite
boulotte qui somnolait le nez sur son opulente poitrine ; il aurait
juré que la fourrure qui lui ornait le sommet du crâne
l'avait dévisagé un bref instant. Etait-ce un animal…
vivant ? L'homme, par contre, n'éveilla pas sa naturelle
curiosité. Nul ne lui prêtant attention, Harry
s'installa, et regarda défiler le paysage avec, au cœur, un
douloureux pincement. Ernie Danlmur, le chauffeur, n'avait rien
perdu de sa spectaculaire façon de conduire. Harry faillit
regretter ce moyen de locomotion tant les changements de directions
brutaux malmenaient ses entrailles. Après plusieurs «
Bang ! » de déplacements vertigineux, il en vint à
remercier son oncle de l'avoir, une fois de plus, privé de
dîner ce soir-là, et c'est avec soulagement qu'il
entendit Stan crier :
« Harry Potter, votre arrêt ! »
Attrapant cage et valise, le passager courut vers la porte
ouverte.
« Merci ! » cria-t-il alors que la porte
déjà se refermait.
À nouveau seul, Harry
regarda le magicobus s'éloigner puis disparaître.
Soupirant, il s'orienta résolument vers la façade des
immeubles de ce quartier. C'était là, entre le N°11
et 13. Il battit des cils en se remémorant la formule jadis
lue sur un bout de papier écrit de la main de son mentor :
«
12, square Grimmaurd », souffla-t-il. »
Au même
instant la porte d'un immeuble crasseux se matérialisa. Sans
hésiter, Harry gravit les marches du perron et poussa la
poignée reptilienne, se retrouvant dans le même hall
poussiéreux et humide qu'il avait découvert deux ans
plus tôt. Cette atmosphère sinistre, loin de l'effrayer,
lui parut rassurante. Il avança sans faillir vers la porte du
bout qui s'ouvrit largement dès qu'il la poussa.
«
Surprise ! » s'écria joyeusement la bande réunie.
Ému, Harry contempla les hôtes présents. La
famille Weasley était largement représentée ;
Hermione Granger – son amie de toujours – se précipita
pour l'embrasser sur les joues, et Ron – son meilleur ami – lui
donna une accolade fougueuse :
« Tire pas cette tête
! Attends de voir les cadeaux qu'on t'a réservés !
»
Légèrement déboussolé par cet
accueil inattendu, Harry ne pouvait cependant détacher son
regard de Ginny, la soeur de Ron qui se tenait en retrait avec un
timide sourire aux lèvres. Que c'était bête !
Ils étaient tellement heureux ensemble, si peu de temps
auparavant ; maintenant…
« Bon anniversaire, Harry ! dit
Ginny en s'avançant pour l'embrasser rapidement sur la
joue. J'espère que la surprise te plaît ? »
Harry, trop ému, ne put que hocher la tête,
positivement. Mrs Weasley ne lui donna pas, du reste, l'occasion de
s'attendrir davantage. Le saisissant par la manche après
l'avoir débarrassé de la cage et de la valise, elle
l'entraîna vers le salon où un grand buffet les
attendait ainsi que d'autres membres de la réunion. Le jeune
homme eut droit aux accolades de certains professeurs de son école
dont, la nouvelle directrice, Mrs McGonagall en personne :
«
J'aimerais vous parler dès que possible, Potter ! »,
lui souffla-t-elle à l'oreille.
Suivirent les étreintes
de Hagrid – qui avait bien des difficultés à se
mouvoir dans cette pièce au plafond bas -, de Fleur Delacour –
rayonnante au bras d'un Bill affreusement balafré – et de
Tonks dont les cheveux roses contrastaient étrangement avec le
teint gris du professeur Lupin auquel elle s'agrippait comme à
une bouée de sauvetage.
Mrs Weasley faisant apparaître
un énorme gâteau d'anniversaire, tous entonnèrent
le chant de circonstance qui laissa Harry mi-embarrassé mi-
révolté.
« Merci ! Conclut-il assez
gauchement. Je ne m'attendais vraiment pas à une telle fête
; je… »
Hermione lui coupa la parole en lui prenant la
main pour le conduire vers la table où reposaient une quantité
impressionnante de lettres et paquets.
« Ils sont arrivés
via les Patronus des expéditeurs ! C'est un gage de
confiance indéfectible ! Tu peux les lire sans risque »
Devant cet étalage, Harry se pinça les lèvres
d'embarras. Par où commencer ? Il avança une main
hésitante au-dessus du tas et, sans le vouloir, celle-ci
s'arrêta sur une enveloppe en apparence banale. Il la saisit
et la déplia immédiatement, en lisant avidement le
contenu.
L'assemblée,
le dévisageant, s'interrogea sur la réaction du
garçon qui, à mesure de sa lecture, se décomposait.
« Non ! Cria Ginny. Si c'est de Celui-Dont-On-Ne-Peut…
- C'est de lui ? S'épouvanta Hermione. Jette-la au
feu.
- C'est de … C'est tellement… ! »
Sans
plus de commentaires, il empocha la lettre en affichant un grand
sourire qui rassura tout le monde. Enfin serein, il déballa
ses cadeaux. Outre le chandail de Mrs Weasley – assez réussi,
il est vrai -, un livre d'arithmancie d'Hermione – qu'il
n'ouvrirait probablement jamais -, la plumfol offerte par Ron
l'amusa beaucoup. Elle avait la particularité d'écrire
seule, sous la dictée de son possesseur mais, puisqu'elle
venait du magasin de Fred et Georges, elle traduisait instantanément
toute vérité en mensonge. Ainsi, quand Harry lui
commanda d'écrire « Merci, Ron pour ta bonne idée
», elle écrivit : « Tu ne t'es pas foulé,
Ron ! ». Le cadeau des jumeaux farceurs, par contre,
l'embarrassa profondément. De prime abord, il s'agissait
d'une simple paire de lunettes ; l'ennui, c'est que quand Harry
les chaussa, il demeura tellement pantois que ses amis s'intriguèrent
à nouveau. Très vite, Harry les ôta et les rangea
dans leur étui.
« Qu'est-ce que tu as vu, pour
tirer cette tête ? s'informa Ron »
Harry bredouilla
une vague réponse car jamais il n'oserait avouer qu'il
venait d'observer toute l'assemblée… en sous-vêtements
!
Mrs Weasley mit fin à son trouble en invitant tout le
monde à se servir au buffet. Dans une ambiance joyeuse, tous
se régalèrent de la variété des mets
présentés. La baguette de Molly avait dû chauffer
pour préparer un tel banquet. Il y avait de tout, pour tous
les goûts : du poulet rôti en passant par de succulentes
potées, des brochettes, des saucisses ainsi qu'une foule de
salades. L'heure avançant, la fatigue se fit ressentir et,
bientôt, les invités se dispersèrent au
compte-gouttes afin d'éviter d'alerter le voisinage moldu
par un départ massif. Les derniers à sortir furent
Tonks, Lupin et Mrs McGonagall qui n'avait cessé d'essayer
de s'isoler avec Harry pendant la soirée, sans en trouver
l'occasion. Dans le corridor où Harry raccompagnait ses
hôtes, elle se laissa distancer par le couple, et retint Harry
en arrière.
« Je suis venue spécialement pour
vous prier de revenir à l'école, Potter ! Votre
décision nous a…
- Je rentre ! Affirma Harry avec un
grand sourire. J'ai… beaucoup réfléchi. Merci de
vous être dérangée, professeur… Mme la
directrice. »
Mrs McGonagall parut surprise puis ravie.
Elle hocha la tête de satisfaction, tapota le bras du jeune
homme qui la reconduisit à l'entrée où Lupin
et Tonks patientaient. Après un geste d'adieu, Harry referma
la porte, et revint au salon où Ginny, sa mère et
Hermione, distribuaient des coups de baguette afin de rendre à
la pièce ordre et netteté tandis que Ron et son père
enfilaient rapidement les derniers vestiges du gâteau.
«
Alors Harry, demanda Mr Weasley en avalant sa bouchée, heureux
d'être ton propre maître ?
- Je ne sais pas…
enfin, oui, je crois ! Ne plus avoir à mettre les pieds chez
mon oncle est sans doute le plus grand changement satisfaisant pour
l'instant. Il désinfectera sûrement ma chambre de fond
en comble avant d'y caser le fourbi de big D.
- Tu vas vraiment
habiter tout seul, ici ? S'informa Hermione en regardant les murs
aux couleurs ternies.
- Tu devras faire des restaurations ! Je
connais d'excellents sorciers, très doués pour les
aménagements intérieurs.
- Merci, Mrs Weasley,
c'est une très bonne idée et… Merci aussi pour
cette fête.
- Puisque tout est pratiquement en ordre, ne
croyez-vous pas qu'il serait temps de monter ? Harry, j'ai pris
sur moi d'aménager quatre chambres en haut ; tu seras seul à
moins que tu ne préfères… »
Harry assura
que cela lui convenait tout en essayant d'attirer l'attention de
ses amis.
« Montez vous coucher ! dit Ginny à ses
parents. Nous rangerons facilement le reste. »
Les parents
ne se formalisèrent pas de ce brutal évincement, et
sortirent après avoir embrassé les quatre jeunes gens.
Dès que la porte se referma, Hermione fonça :
«
Cette lettre, c'était de qui ? »
Pressé par
le trio, Harry sortit le document un peu froissé qu'il
aplatit presque tendrement avant de le présenter aux yeux
avides de ses amis.
« Mon très cher Harry, si tu
lis ces mots, c'est que mon temps sur Terre est révolu. Ne
sois pas triste puisqu'il nous reste la possibilité de nous
entretenir via le tableau de mon bureau. Évidemment, cela
implique que tu doives revenir à Poudlard. Il est d'ailleurs
très important que tu achèves ce cycle ; tes
connaissances sont déjà étendues mais, pour le
travail qui t'attend, cette septième année est
indispensable. Sois très prudent dans tes déplacements
hors de l'école, et ne fais confiance qu'à tes plus
chers amis. À très bientôt, à Poudlard,
ton ancien directeur, et ami, Albus Dumbledore.
P.S : Je t'ai
laissé un petit cadeau d'anniversaire, à Poudlard. »
La lecture de cette lettre d'outre-tombe jeta un trouble
parmi les jeunes gens. Hermione et Ginny avaient des larmes dans les
yeux et le menton de Ron tremblait singulièrement.
«
Ben, mon vieux, souffla-t-il. Il savait donc…
- Manifestement,
oui ! Couina Hermione d'une voix altérée par
l'émotion. C'était un très grand sorcier. Il
a dû prévoir que…
- Rogue se retournerait contre
lui, ce traître ! Grinça Harry que cette seule évocation
du nom honni rendait furieux. Quand je l'aurai devant moi… C'est
lui qui me suppliera de l'épargner.
- Vas-tu obéir
à Dumbledore, Harry ?
- Évidemment, Ginny ! Sans
son soutien, je n'ai aucune idée sur la façon de
débusquer les Horcruxes et Voldemort.
- Je te jure que
j'ai essayé de traduire ces initiales, mais…
Hermione
fut interrompue par la voix de Molly qui leur criait de monter.
Hélas… cela déclencha l'effroyable sermon du
portrait de Mrs Black :
« ENCORE CETTE VERMINE CHEZ MOI !
Comment osez-vous souiller mon seuil avec du sang-de… »
Tout
s'arrêta brutalement alors que le quatuor arrivait dans le
hall pour voir le père de Ron, en pyjama à rayures,
refermer les tentures sur l'horrible tableau.
« Désolé,
Harry ! Nous ne sommes pas encore parvenu à l'enlever, cette
glu perpétuelle est tenace et…
- Ce n'est rien, Mr
Weasley, je finirai par… m'habituer. »
Néanmoins,
cet intermède affecta à nouveau l'humeur du jeune
homme. Ici avait vécu Sirius Black, son parrain tant aimé,
celui avec qui il aurait désiré vivre si cette
Bellatrix Lestrange – sa propre cousine – ne l'avait abattu
froidement lors d'un terrible duel. D'abord Sirius, à
présent Dumbledore ! Le poids de la solitude s'abattit sur
Harry dont le dos se voûta légèrement.
«
Hé ! Le secoua Hermione. Tu sembles oublier que nous
sommes-là, nous ! »
Sursautant, Harry bredouilla :
« Tu as étudié la Légilimancie pendant
les vacances ?
- Un peu, pour m'amuser ! Mais tu es tellement
transparent, parfois. Allez, on y va, sinon Mrs Black risque de se
réveiller avec les nouveaux cris de Mrs Weasley ! »
Le
moral un peu rehaussé, Harry approuva en esquissant un
sourire.
Une fois dans sa chambre, Harry goûta la solitude
après toutes ces effervescences. Hedwige, sagement dans sa
cage, ne s'éveilla pas au bruit qu'il fit en s'installant.
Ce renflement dans sa poche le tracassait. Qu'est-ce que Pétunia
lui avait donc confié ? Des factures en retard de paiement
pour son séjour chez elle ? Des lettres prouvant tous les
manquements de Harry dans ses devoirs familiaux, au fil des ans ?
À
l'abri… Oui ; le jeune homme éprouvait suffisamment de
quiétude pour se détendre ; donc, d'un geste
volontaire, il exhiba le paquet de sa tante, et le déballa.
Des lettres ! Une telle quantité qu'un instant la tête
lui tourna. Rapidement, il déplia les parchemins et lut
avidement.
« Vous ne respectez pas vos engagements !
-
Comment osez-vous traiter Harry de cette façon ?
- Si vous
refusez d'instruire cet enfant sur ces origines, je viendrai
personnellement vous en demander les raisons.
-Si vous m'y
obligez, la prochaine lettre vous explosera au visage.»
Toutes
étaient de Dumbledore. Le cœur de Harry se contracta
douloureusement.
Ainsi, sa tante, en dépit des
avertissements multiples, l'avait laissé dans l'ignorance.
Elle était jalouse des pouvoirs de Lily – de son propre aveu
– et sa rancœur retombait sur lui. S'il avait su, plus tôt,
sa destinée en aurait-elle été affectée ?
Abruti par toutes ces révélations, et les questions
qu'elles soulevaient, il mit longtemps à trouver le sommeil.
Quand, au matin, Harry gagna la cuisine, il se sentit un
peu gêné d'être le dernier à être
descendu. Mrs Weasley se précipita aussitôt sur lui :
«
Assieds-toi, mon chéri ! As-tu bien dormi ? Que désires-tu,
des œufs, des flakes, des toasts ? »
Harry optant pour des
œufs, il s'assit à la table où les autres papotaient
avec animation.
« Tu seras ravissante en or pâle !
Insistait Fleur devant une Ginny fermée. Bien sûr,
Gabrielle aurait désiré du rose, mais…
- Avec mes
cheveux carotte, cela aurait fait tache, je suppose ! Pourquoi pas du
bleu ? Sa tignasse blonde s'en accordera autant que la mienne, non
?
- Du bleu… réfléchit Fleur en papillonnant de
ses longs cils, pourquoi pas ? C'est une excellente idée !
Je vais immédiatement communiquer le changement à ma
mère, elle sera ravie. »
Fleur se leva
précipitamment pour s'éclipser vers l'étage,
suivie de l'œil attendri de Molly.
« Cette Fleur…
Comment ai-je pu… »
Mrs Weasley secoua brièvement
la tête, et revint poser son regard sur Harry pour, très
vite, d'un coup de baguette, commander aux œufs de se briser au
dessus de la poêle chauffée.
« Leurs noces
seront célébrées dans trois jours ! Soupira
Molly. Je ne sais pas où je vais trouver le temps de planifier
les derniers détails. Tous ces invités et…
- Les
parents de Fleur se sont montrés d'une extrême
générosité, releva le père de Ron. Si tu
consentais à…
- Comment veux-tu que je leur délègue
ces formalités ? Heureusement que nos lois imposent aux filles
de suivre leur mari, autrement nous aurions été obligés
de transplaner jusque-là ; Tu nous imagines, tous, en France ?
»
Harry s'évada de ces considérations
protocolaires lorsqu'il croisa le regard de Ginny. Le pincement
désagréable qu'il ressentit au creux de la poitrine
le contraignit à se plonger vivement dans le bol de café
que lui avait servi machinalement Mrs Weasley. Il engloutit son petit
déjeuner, emmuré dans le chaos de ses idées, ne
prêtant qu'une oreille éteinte au ronronnement des
autres convives. Ce ne fut qu'au coup de pied que lui décrocha
Hermione que Harry sortit de ses tumultes internes :
« Hein
? Que…
- Mrs Weasley te demande si, oui ou non, tu rentres au
Terrier avec les autres, murmura très vite la jeune fille.
-
Je… Je ne crois pas, non ! J'aimerais…
- Rester seul un
moment ! Compléta Molly, compatissante. Il est vrai qu'avec
les préparatifs de mariage, nous allons tous être
débordés, et toi… chamboulé ! Il vaut mieux
que tu restes ici, au calme. C'est ce que nous avions prévu,
n'est-ce pas, Arthur. »
Mr Weasley, absorbé
jusqu'alors par la Gazette du Sorcier, releva brusquement la tête
pour approuver vivement, malgré un air de profonde
incompréhension.
« Néanmoins, poursuivit sa
femme, nous avons pensé qu'un peu de compagnie te serait
salutaire. Aussi, si Hermione le désire, elle pourra rester
avec toi jusqu'à ce que nous venions vous chercher pour les
noces. Qu'en dites-vous ? »
Cette déclaration ne
passa pas sans effet : Hermione sursauta, Ron tourna un visage ahuri
vers sa mère et Ginny fronça méchamment les
sourcils. Harry, lui, se tassa sur son siège :
« Je
crois pouvoir me débrouiller sans l'aide de personne.
-
Molly n'a pas tord, Harry. Cette maison est si pleine de souvenirs
! À deux, ce sera plus facile à supporter. Vous êtes
des adultes, à présent ; donc, suffisamment mûrs
pour connaître… »
Hermione et Harry échangèrent
un bref regard embarrassé puis Harry toussota :
« À
moins que cela ne t'ennuie, Hermione, je serai content que tu
restes. »
D'un même mouvement, Ron et Ginny se
repoussèrent leur chaise pour rapidement quitter les lieux, la
mine aussi boudeuse l'un que l'autre.
« Qu'est-ce qui
leur prend ? Souffla Harry, médusé. »
Un
petit sourire flotta sur les lèvres d'Hermione qui reprit la
lecture de sa propre édition de la Gazette du Sorcier.
Lorsque la porte du hall se referma sur le dernier Weasley,
Hermione se tourna vers Harry.
« J'espère que tu
as compris ?
- Euh… Que Ron et Ginny nous font la tête
parce que nous n'allons pas avec eux ?
- C'est ça, rit
le jeune fille, et autre chose aussi : nous ne pouvions pas les
accompagner ; c'est une histoire de famille ! Molly est très
diplomate, elle n'a pas voulu nous le dire directement, mais elle
va avoir suffisamment de travail sans deux hôtes
supplémentaires qui…
- Ne sont pas de leur famille !
Opina Harry, à moitié satisfait. Mais pourquoi… »
Ils avaient rejoint la cuisine où Hermione s'empressa de
lui fourrer sous le nez un article qui lui coupa sa question.
« La librairie Fleury et Bott ravagée par les flammes ! Un feu résistant à l'Aguamenti a complètement détruit cette librairie bien connue du chemin de Traverse. Heureusement, aucune victime n'est à déplorer mais la perte matérielle est telle que l'on se demande où nos chers étudiants vont pouvoir se procurer les livres nécessaires à leur instruction. Des mesures exceptionnelles seront mises en place a assuré le ministre Scrimgeour afin que la rentrée scolaire se passe au mieux. Suite en page 5 »
Harry
feuilleta le journal pour y lire avidement la suite, puis le referma.
« Pas un mot sur l'enquête ! J'ai épluché
tous les articles depuis le début des vacances et je n'y ai
relevé que de très vagues allusions à la
poursuite de Rogue. Tu crois qu'ils le cherchent vraiment ?
-
Oui ! Un crime pareil ne peut rester impuni. Malheureusement… Tu
étais le seul témoin, et tout le monde connaît
ton aversion pour Rogue, donc…
- On ne me croit pas ?
S'étrangla Harry. C'est ça que tu essaies de me
dire ? Ils ont pourtant eu la preuve que j'ai toujours, toujours,
dit la vérité ! Déjà au retour de
Voldemort, on m'a fait passer pour un menteur ; j'aurais cru
obtenir plus de crédit cette fois. Et puis, s'il n'avait
rien à se reprocher, pourquoi a-t-il disparu de la circulation
?
- Cela prouve que ton témoignage a quand même du
poids ! Il n'a certainement pas envie de voir Azkaban de plus près.
- Il y serait pourtant en excellente compagnie, d'autant que la
plupart des détraqueurs ont déserté les rangs. »
Rageur, Harry expédia le journal dans un coin. Hermione,
voyant son humeur, se mordit la lèvre à la recherche
d'une diversion :
« Nous sommes très contents de
ta décision de terminer tes études. Tu y reprendras les
cours de l'A.D, n'est-ce pas ? Je suis persuadée que de
nombreux élèves voudront y participer, surtout après
ce combat qui… »
La jeune fille, navrée, constata
sa maladresse : Harry paraissait encore plus furieux. D'un
haussement d'épaules, il sortit sans un mot.
Harry
resta enfermé dans sa chambre le reste de la matinée.
Ce n'est qu'au grattement timide à sa porte qu'il
émergea de ses pensées.
« Je peux entrer ?
demanda Hermione de l'autre côté.
- Bien sûr
que tu peux ! »
Passant la tête dans l'ouverture,
Hermione s'avança :
« Je nous ai préparé
à déjeuner. Veux-tu… ? »
D'un sourire
amer, Harry se leva de son lit pour suivre la jeune fille dans
l'escalier.
« Excuse-moi, Hermione. Je ne suis pas de
très bonne compagnie, ces temps-ci.
- On aurait les nerfs
à vif pour moins que ça ! Un bon repas, te changera les
idées. Enfin… quand je dis bon, j'espère surtout
qu'il sera mangeable. »
Harry n'eut pas longtemps à
s'interroger sur les talents culinaires de son amie. Il écarquilla
les yeux devant la sorte de ragoût qui dégageait une
odeur étrange dans la marmite posée sur l'antique
cuisinière.
« C'est raté ! Incroyable, non
? Moi qui réussis des potions complexes, je suis incapable de
faire un simple hachis Parmentier !
- Parce que c'est censé
en être un ?
- Oh, ça va, ne rigole pas ! »
D'un coup de baguette, Hermione volatilisa la mixture, et fit
apparaître des sandwiches qui, s'ils étaient
légèrement baveux, n'en furent pas moins comestibles.
Hermione, voulant distraire Harry, lui raconta ses vacances avec
ses parents. Elle revenait d'un safari photo au Kenya où
elle s'était beaucoup plue.
« Et toi, chez les
Dursley ? Pas trop dur ?
- La routine. Je me demande encore
pourquoi ma tante a tenu à m'embrasser avant que je parte.
- Le remords ? Après toutes ces années, tu es le
seul lien qui la rattache à sa sœur. »
Changeant
brusquement de sujet, elle dit :
« Pour cet après-midi,
que dirais-tu de faire un peu de ménage ? Molly a paré
au plus pressé, mais il y a encore de nombreuses pièces
à nettoyer. »
Ne sachant pas trop à quoi
s'occuper, Harry accepta. Pourtant, quand il la vit se diriger vers
la porte menant à la chaudière, il fronça les
sourcils.
« À quoi bon ? Cette pièce était
le repaire de Kreattur ; il est inutile de…
- Au contraire !
Toutes les cochonneries qu'il y a accumulées doivent
pulluler de microbes. »
Résigné, Harry suivit
Hermione qui poussa résolument la porte délabrée.
Tout était exactement dans le même état
détestable qu'ils avaient entrevu le jour où Hermione
avait décidé d'offrir un cadeau à l'elfe de
maison. Le sac-poubelle brandi d'une main, l'autre agitant sa
baguette, Hermione commença à débarrasser.
Harry, l'imitant, sortit sa baguette, commandant aux rognures de
fromage pourri et autres détritus de se loger dans le sac. Un
étrange ballet d'immondices dansa dans cette petite pièce
qui, peu à peu, s'assainit au grand plaisir de Pattenrond,
le chat orange d'Hermione, qui ne cessait de sauter après
ces étranges jouets mobiles. Soudain, un objet déplacé
par Hermione, attira l'attention de Harry qui l'attrapa au
passage, mieux que du vif d'or d'un match de Quidditch. Il le
prit et le manipula sous tous les angles alors que la jeune fille
l'observait, la mine intriguée.
« Qu'est-ce
qu'il y a, Harry ? Nous avons déjà vu ce médaillon,
il refusait de s'ouvrir, rappelle-toi !
-Je m'en souviens !
Mais, à l'époque, je n'y avais pas prêté
attention. Regarde ! La marque des Serpentards ! »
Hermione
cessa d'agiter sa baguette pour se précipiter sur le
médaillon, provoquant la chute des nombreux objets en
suspension qui faillirent assommer le pauvre Pattenrond.
«
Oui, dit-elle d'une petite voix, c'est bien un serpent, ce qui ne
signifie pas nécessairement que…
- Mais si ! C'était
tellement évident : Regulus Alphard Black ! R.A.B ! C'est
lui qui a volé l'Horcruxe. Dire qu'on l'avait vu ; si je
m'en étais souvenu quand Dumbledore a émis la
possibilité que le médaillon renfermait ce fragment
d'âme, rien ne serait arrivé. Il serait encore vivant,
et…
- Nous ne savions pas, Harry ! Dumbledore lui-même,
ne le savait probablement pas.
- J'aurais dû m'en
souvenir quand il m'en a parlé. J'aurais dû ! C'est
tellement bête ! »
Mâchoires crispées,
Harry tenta de contrôler la fureur mêlée de
chagrin qui l'envahissait. Il serrait tellement fort le médaillon
qu'Hermione craignit qu'il ne se blesse. D'un geste de baguette
au-dessus de la tête du garçon, elle l'apaisa.
«
Merci, souffla Harry plus détendu, c'est quoi, ce sort ?
Stress out ! Pouffa Hermione. Je l'ai étudié
spécialement pour des cas semblables. Que vas-tu faire de ce
truc ? Je suppose qu'il est illusoire d'essayer de l'ouvrir, à
qui pourrions-nous le confier pour le détruire ?
- À
personne. Dumbledore m'a stipulé de ne parler à
personne – en dehors de mes amis – de ce qu'il avait découvert
au sujet des Horcruxes.
- La situation est… différente !
Il est mort, Harry ; ta promesse…
- Tient toujours !
répliqua-t-il en force. S'il désirait conserver le
secret… C'est qu'il avait ses raisons. Je n'ai pas la moindre
idée de ce que nous devons faire de ce médaillon ;
j'espère qu'une conversation avec son tableau m'éclairera.
»
Là-dessus, Harry empocha le bijou, et reprit
l'assainissement des lieux. Hermione, lui coulant un œil en coin,
le seconda dans ces travaux.
Ils passèrent plus d'une
heure dans l'ancien antre de Kreattur avant de se décider à
explorer d'autres recoins insalubres. La pièce où
Sirius avait caché Buck, l'hippogriffe, avait aussi grand
besoin d'un récurage en profondeur. Sacs-poubelles et
baguettes entrèrent à nouveau en lice. Tête et
nez protégés de foulards, les deux amis parvinrent à
redonner à cet endroit un semblant de netteté.
Pénétrant le grenier, le chat en tête, Harry
se figea immédiatement en remarquant le manège de
l'animal. Dos hérissé, babines retroussées,
Pattenrond fixait un amas de couvertures en crachant de fureur.
«
Qu'est-ce quez c'est que ça ? »
Harry désigna
les couvertures emmêlées.
« Quelqu'un a
dormi ici ! S'effara Hermione en secouant la tête
d'incompréhension.
- Malefoy ! Rugit Harry en récoltant
un cheveu blond très pâle. Il est venu, il a dormi là
! Ce traître de Rogue l'a introduit ici pour le cacher des
Aurors. Nom de nom ! Pourquoi n'a-t-on pas bouclé cette
maison en sachant que Rogue en connaissait la formule ?
- L'Ordre
du Phénix ayant déménagé, personne n'aura
eu l'idée de modifier le mot de passe. Ils se sont installés
puis…
- Ils ont fui, tout lâche qu'ils sont ! »
Hermione lui saisit brutalement la manche et le tira en arrière.
« Il… Il faut partir, Harry ! S'ils sont venus, ils
peuvent revenir.
- Qu'ils viennent ! Cria Harry, les traits
illuminés d'une joie sauvage. Je les attends.
- Nous ne
sommes que deux. S'ils débarquent en force, nous ne ferons
pas le poids. »
Se rappelant soudain son dernier combat,
Harry tressaillit sous la voix de la raison.
« Viens !
dit-il en entraînant Hermione dans l'escalier. Nous devons
contacter Mr Weasley. »
Ils passaient devant le portrait de
Phineas Nigellus quand Hermione freina en se plantant face à
l'ancien directeur de Poudlard qui dormait profondément dans
son cadre. Harry, sourcils froncés d'impatience, tenta de
l'arracher à sa fascination.
«
Tu as déjà vu cette tête, viens !
- Attends !
Mr Weasley est probablement très occupé, on pourrait
peut-être contacter McGonagall grâce à… »
Son menton désignait le portrait. Harry hésita un
peu puis s'éclaircit la gorge :
« Excusez-moi,
professeur ! »
Il dû s'y reprendre à trois
fois avant que l'autre ne daigne ouvrir un œil assez fâché
:
« Qu'est-ce que vous me voulez ? »
«
Vous serait-il possible de délivrer un message à la
directrice, Mrs McGonagall, s'il vous plaît ? dit très
vite Hermione.
- Nous n'obéissons pas aux élèves
! Seuls les directeurs ont le droit de se servir des tableaux, et…
- C'est une urgence ! Si la directrice refuse d'entendre le
message, vous n'aurez rien à vous reprocher ! Assura Harry.
»
L'ancien directeur tergiversa puis consentit à
écouter la supplique. Anxieux, Harry et Hermione stationnèrent
devant le portrait déserté. Heureusement, il ne fallut
que quelques minutes à Phinéas pour réintégrer
son cadre.
« Elle désire vous parler de vive voix,
dans la cheminée du salon. »
« Merci ! Merci
beaucoup, lança Hermione en bousculant Harry »
Quand
ils déboulèrent dans la vaste pièce, la tête
de la directrice se dessinait déjà dans les flammes du
foyer.
« Pas de panique, mes enfants ! dit-elle en les
apercevant. Nous savons que Drago Malefoy et le professeur Rogue se
sont, en effet, réfugiés un moment dans cette maison.
- Mais, lança Harry, vous n'avez…
- Du calme,
Potter ! Toutes les sécurités ont été
mises en place pour qu'aucun indésirable ne puisse entrer
sans y être convié. Même, je dis « même
», si le professeur Rogue a donné cette adresse à
Vous-Savez-Qui, ni lui, ni ses sbires ne pourront s'en servir.
J'aurais dû vous prévenir de cette mesure ; j'ignorais
que vous alliez rester sur place. Arthur disait…
- Les Weasley
ont trop à faire pour s'encombrer de nous, plaida Hermione.
Nous les rejoindrons pour le mariage de Fleur et Bill. »
Les
traits de Minerva McGonagall parurent soucieux un instant, puis
s'éclairèrent :
« Tout est en ordre, dans
ce cas. Ne quittez cette maison sous aucun prétexte et
avertissez-moi au besoin. À bientôt ! »
La
silhouette s'effaça, laissant les jeunes gens inutilement
attentifs devant l'âtre redevenu normal.
Soupirant,
Hermione se redressa :
« Puisque nous sommes coincés
ici, je te propose de continuer à explorer TA maison ! »
Suivant la jeune fille, Harry se sentait curieusement tiraillé
entre deux sentiments. Depuis qu'il avait appris qu'il était
sorcier, il rêvait de quitter les Dursley et maintenant que
c'était enfin réalisé, il s'étonnait
lui-même d'éprouver une sorte de regret à
l'idée qu'il ne les reverrait sans doute jamais. Peut-être
aussi parce que ce foyer où il avait été si mal
aimé représentait néanmoins une protection qui,
aujourd'hui, avait irrémédiablement disparu.
La
bibliothèque des Black attirait Hermione mieux que la flamme
d'une chandelle pour un papillon de nuit. Quand Harry comprit où
elle les emmenait, il ne put s'empêcher de râler :
«
Des livres ! Enfin, Hermione, tu n'en es jamais dégoûtée
?
- C'est la source du savoir ! Comment veux-tu apprendre sans
lire ? »
Ils y passèrent des heures, palpitantes
pour l'une et tellement assommantes pour l'autre qu'il finit
par s'endormir sur un volume d'histoire de la Magie jusqu'au
moment où Hermione constatant l'avancée de la nuit,
le secoua.
Le dîner fut mieux réussi que le
déjeuner, il est vrai qu'Hermione ravala sa fierté en
se contentant de réchauffer un des plats laissé à
leur intention par Mrs Weasley. Après une partie d'échecs
qu'emporta facilement Harry, les jeunes gens montèrent se
coucher.
Harry ne cessait de se tourner dans son lit humide.
Il avait découvert le médaillon des Serpentard, et ne
savait pas quoi en faire. Mille suggestions l'assaillirent, le
privant de sommeil. Il restait un mois avant la rentrée ;
trente longs jours sans pouvoir se confier à son mentor. Les
images tragiques qu'il enfouissait dans son esprit depuis un
certain soir ressurgirent en force. Pourquoi Dumbledore l'avait-il
saucissonné sous sa cape d'invisibilité ? Le
jugeait-il si peu habile pour résister aux Mangemorts ?
Tristement, Harry revécu ces instants terribles. Rogue !
Comment un être aussi doué que Dumbledore n'avait-il
pas vu à qui il avait affaire en réalité.
N'avouait-il pas, lui-même, une certaine propension à
l'erreur depuis que son âge avançait ? Était-ce
la vieillesse qui était la cause de sa mort ou… la jeunesse
de son élève favori ? Et ce Regulus Alphard Black !
N'aurait-il pu laisser des instructions à ceux qui
reprendraient la lutte après lui ? Le sommeil le fuyant
toujours, Harry se redressa en saisissant sa baguette qu'il gardait
sous son oreiller.
« Lumos », murmura-t-il.
Aussitôt, une lueur naquit au bout de la baguette,
éclairant cette pièce nue défraîchie.
«
Accio médaillon ! »
Sortant de la poche de son jean,
le médaillon des Serpentard vint se loger dans la paume
ouverte. Ça aussi, c'était un avantage de la majorité
; Harry pouvait désormais s'adonner à la magie sans
encourir de sanction auprès du ministère. Il examina à
nouveau le médaillon ouvragé, souvenir de Mérope
Gaunt, la mère de Tom Jedusor, alias Voldemort. Oui, c'était
bien celui qu'il avait entrevu dans la pensine de Dumbledore
lorsque ce dernier lui avait montré le souvenir d'une elfe
de maison nommée Hokey. Encore une victime innocente tombée
en disgrâce suite aux agissements de cet être abominable.
Profondément réfléchi, Harry manipula le lourd
bijou d'or avec précaution. L'ouvrir ! Il fallait l'ouvrir
pour détruire ce qu'il renfermait. Que devait-il faire ? Le
jeter au feu ? Le soumettre à un sort ? Se pinçant les
lèvres, le jeune homme se concentra :
« Alohomora !
Souffla-t-il en agitant sa baguette au-dessus du bijou. »
Hélas, il ne lui fallut guère de temps pour se
rendre compte de son échec. Si le couteau reçu de son
parrain n'avait pas fondu dans une serrure, peut-être que…
Brusquement, la révélation se fit. Harry, ahuri, laissa
échapper un grand cri de victoire.
CRAC ! Hermione, en
pyjama, transplana dans sa chambre, baguette brandie.
«
Pourquoi cries-tu ainsi ? Qu'y a-t-il ? »
Un peu confus,
Harry ne savait par où commencer, regardant tour à tour
le médaillon et la jeune fille en émoi.
« Je
sais ! Je suis sûr de pouvoir l'ouvrir !
- Mais… C'est
peut-être très dangereux, Harry ! Il vaut mieux attendre
l'avis d'un expert, et…
- Tu connais beaucoup d'expert en
Horcruxe, toi ? Parce que moi, pas ! Je vais l'ouvrir, et…
Tenons-nous prêts à intervenir si cette… chose
attaque. »
Hermione pointa aussitôt sa baguette qui
trembla légèrement dans sa main.
« Tu comptes
t'y prendre comment ?
- Comme pour la chambre des Secrets ! Je
vais utiliser le Fourche Lang. »
Harry sortit de son lit,
posa le bijou au centre de la pièce puis, concentré, il
fixa le médaillon ; de ses lèvres jaillit un sifflement
proche de celui d'un serpent.
« Ouvre-toi ! »
D'un
coup de baguette, il déclencha le minuscule fermoir qui, cette
fois, n'opposa aucune résistance. Hermione et Harry, les
yeux écarquillés, virent alors s'élever une
fumée grisâtre qui se tordit sur elle-même en
prenant lentement la forme d'un visage. Un instant, Harry, croisant
le regard aveugle de cette chose horrible, eut l'impression de
contempler sa propre mort puis, d'un coup, l'apparition
s'évanouit laissant les jeunes gens ébahis.
«
Tu crois que… c'est terminé ? demanda timidement Hermione.
- Je, je l'espère, bafouilla Harry en reprenant le
médaillon qui ferma d'un coup sec. S'il est bien évaporé,
nous voilà débarrassé d'un autre Horcruxe.
-
Il en reste quatre, selon ce que Dumbledore pensait avoir compris. »
Harry approuva gravement.
