Tout n'était que feu, son corps entier la brûlait, ses muscles tendus à l'extrême. Respirer devenait de plus en plus difficile, tout comme garder pied avec la réalité. Bella voulait juste que ça s'arrête, que le mal qui la ravageait de l'intérieur cesse. Il le fallait, jamais elle ne tiendrait plus longtemps. Elle pouvait entendre les mots qu'il lui murmurait, le chemin glacé que ses doigts traçaient sur sa peau. C'était trop. Beaucoup trop pour la faible humaine qu'elle était. Elle allait mourir, elle le savait. Ce qu'elle était en train de vivre signerait l'arrêt de son cœur. Soudainement tout s'amplifia sans qu'elle n'y puisse rien. Un sorte de cri glissa de ses lèvres entrouvertes. Et le cœur d'Isabella Swan s'arrêta.

Des gémissements inhumains tirèrent Bella de son rêve torride. Ses entrailles étaient toujours parcourus de fourmillements mais elle devait découvrir la source de ces sons. Retranché dans un coin de sa chambre, Edward la fixait le visage déformé par la douleur. Quand il remarqua qu'elle était réveillée il détourna les yeux. Il ne pouvait plus affronter son regard. Tout ça était de sa faute. Il lui avait fait ça. Il l'avait quitté pour préserver son âme, mais ses actes avaient juste mené à la souillure de ce qu'il aimait le plus. Il avait détruit la seule chose qui n'ait jamais compté plus que sa vie. Et malgré cela elle acceptait de rester près de lui. Il savait qu'il devait lui parler puisqu'elle n'avait toujours pas aborder le sujet. Le pire dans tout ça c'est qu'au fond de lui il lui en voulait aussi à elle. Elle qui n'était plus sa Bella, elle qui n'était plus assez pure pour lui apporter la rédemption qu'il désirait tant. Il en voulait à l'agneau de ne pas avoir réussi à se tirer du repaire des lions dans lequel il l'avait attiré.

-Edward ça va ? Lui demanda-t-elle inquiète. Avait-elle encore parlé pendant son sommeil ?

-J'ai besoin d'aller chasser, tu devrais essayer de te rendormir.

Et sans attendre de réponse il passa par la fenêtre. Il n'avait pas totalement menti, désormais il ne pouvait rester plus de deux ou trois heures dans la chambre de l'humaine sans que la faim ne le pousse presque au point de non retour.

Bella, comme à son habitude, dés qu'elle était seule, jeta un coup d'œil à son téléphone. Un léger sourire étira ses lèvres à la vu du message reçu : « Pendant ton cours de gym ». Un courant d'air entra par la fenêtre toujours ouverte et doucement son sourire s'effaça sous la culpabilité qu'elle ressentait. Puis elle secoua la tête, elle n'avait rien à se reprocher. Elle et Edward avaient peut-être repris une certaine routine mais ce n'était pas pour autant qu'ils s'étaient remis en couple. Chacun prenait soin d'éviter de parler de Volterra ou de ce qu'il s'y était passé.

Face aux régents du monde vampirique, la vision d'Alice et son offre de transformer elle même Bella n'avait pas suffit. En effet, Aro exigeait que cela soit fait en ce lieu, par l'un des membres de son clan. Histoire d'être sûr qu'on essayerait pas de se jouer de lui, tout en ayant une certaine influence sur l'avenir de la jeune fille. Un vampire reste toujours attaché à son créateur, quoiqu'il se passe. Son frère Caïus s'était proposé, mais s'il y en avait bien un qui risquait de fiche en l'air cette opportunité c'était bien lui. Avec un sourire énigmatique Marcus s'était proposé, il était impartial et avoir une fille pourrait sûrement lui redonner le goût de vivre. Bien entendu Edward s'y était opposé, personne d'autre que lui n'avait le droit d'avoir une approche aussi intime avec son humaine. Rébellion vite maîtrisée par la garde royale.

Ce qui été imposé à Bella n'était pas rien, être transformé par Marcus, l'un des trois rois, ferait d'elle sa fille et donc un membre de la famille royale. Et pas des moindres puisqu'elle serait le vampire le plus puissant après les trois frères, surpassant Sulpicia et Athénodora qui n'étaient que des épouses. Aro avait pensé demander à Alec, il faisait parti de l'élite, de sa propre garde personnelle, il avait toute confiance en lui. Jamais il ne se serait attendu à ce que l'un de ses frères se propose, pas avec ce que cela impliqué concernant le futur statut d'Isabella. Et pourtant. Cela ne pouvait être plus parfait. Avec ce nouveau joyau dans sa famille plus personne n'oserait s'attaquer à eux. Et vu le fort attachement que semblait ressentir la jeune voyante pour l'humaine, il ne faisait nul doute que les Cullen ne seraient jamais plus une menace.

Edward et Alice avaient été conduit dans des appartements à l'écart, et Bella menée dans ceux de Marcus. Il fallait que les rois s'entretiennent entre eux avant de faire part du déroulement de la chose à la première concernée. Marcus demanda à l'un de ses gardes de conduire la jeune humaine dans ses quartiers. Dés que Demetri posa sa main dans le bas du dos de Bella, pour lui indiquer le chemin, Alice se figea en proie à une nouvelle vision. Témoin par procuration, Edward se laissa tomber à genoux en hurlant de désespoir. Mais très vite il se reprit et le temps que l'humaine se retourne pour voir ce qu'il se passait il avait libéré son démon. Tout fut confus pour elle, elle ne put distinguer qu'un amas de couleurs fluides devant ses yeux tandis qu'un souffle d'air balaya ses cheveux en arrière. Voyant ce qui allait se passer Edward avait perdu l'esprit et Alec avait dû s'interposer, qui sait ce qui aurait pu se passer s'il avait réussi à les atteindre. Ce n'est que quand le calme fut revenu que Bella prit conscience que le vampire blond l'avait enfermé dans une étreinte protectrice. Blottie contre lui, les mains à plat contre son torse, Bella s'était sentie rougir de la tête aux pieds. Cela était quelque peu embarrassant. Jamais Edward ne l'avait tenu aussi serrée contre lui. Quand il fut sûr que l'humaine ne risquait plus rien le traqueur relâcha sa prise sans pour autant la laisser quitter ses bras. Les rois ne le reprenaient pas et l'atrophié du bulbe était dans tous ses états de les voir aussi proches, il n'en fallait pas plus au petit diable qu'il était pour être heureux.

Une fois dans les couloirs, seul avec elle, sans aucune odeur parasite, le vampire avait pu humer la senteur exquise qui se dégageait du corps à ses côtés. Un prodigieux mélange de saveurs. Il pouvait presque les sentir contre sa langue. Le goût de sa tendre peau, l'amertume du velours de son sang, la douceur de son jeune âge, son souffle haletant et tiède. Le dédale de couloirs pour arriver aux appartements de son maître devint une torture des sens et de l'esprit pour le traqueur. Arrivés à ceux-ci il en avait conclu que de chaque arôme qu'il avait percé aucun n'était de ceux qu'il voulait tester par dessus tout. Il lui ouvrit la porte pour la laisser passer et entra à sa suite, prenant soin de refermer derrière lui.

-Bientôt tu ne seras plus la Bella Swan que tout le monde connaît. Tu seras Isabella Volturi, la Princesse. Et tu seras inaccessible pour tout être masculin qui n'aura pas été désigné par les rois.

Bella ne comprenait pas ce qu'il disait ni où il voulait en venir. Il se posta face à elle, près. Tout près.

-Et alors je n'aurai plus le droit de faire ça.

Tel un félin il se pencha vers elle, encadrant son visage de ses mains, et, n'y allant pas par quatre chemin, il l'embrassa comme toutes les filles rêvent d'être embrassées. Ce qui intéressait Demetri ce n'était pas la saveur de sa peau ou de son sang mais la moiteur de sa langue et l'élixir de son intimité. Il la voulait elle, et par dessus tout il voulait qu'elle le désire avec autant d'intensité que lui.

Surprise de cet assaut si soudain Bella ne pu maîtriser sa respiration comme elle le faisait automatiquement avec Edward. S'attendant à être repoussée pour cette maladresse Bella se perdit quand, au contraire, le traqueur grogna et plongea de nouveau sur ses lèvres. Cela faisait si longtemps qu'on ne l'avait pas touché. Le vampire ne faisait preuve d'aucune retenue, attisant un feu qui avait toujours été désigné comme mauvais et honteux. En cet instant, sans la moindre culpabilité, Bella répondait avec ardeur aux baisers profonds que lui donnait le blond, s'offrant à lui sans y réfléchir. Cela était si agréable de se sentir désirée. Tout cela était nouveau et enivrant pour la jeune fille.

Bella n'avait pas regretté ce qui avait suivi. Encore aujourd'hui elle n'éprouvait pas le moindre remord. Sauf peut-être si ce n'est que cela ce soit passé dans la chambre de ce pauvre Marcus qui n'avait rien demandé. Le réveil, seule au lit avec un roi installé dans un fauteuil non loin, n'était pas non plus son meilleur souvenir de ce passage à Volterra.

Une fois rhabillée elle avait eu une discussion avec le monarque. La transformation se ferait bien ici et par lui mais il avait réussi à lui accorder quelques mois de répit. Ne voulant infliger à la jeune humaine la douleur d'une séparation brutale sans adieux avec sa famille humaine, Bella avait le droit de retourner chez elle pour terminer son année scolaire et revoir ses parents. En début d'été elle reviendrait en Italie, sous prétexte de voyage en Europe avant de d'entrer à la fac. Après quelques semaines elle informerait ses proches qu'elle était tombée amoureuse du pays et qu'elle s'y était trouvée une université. Plus tard sa mort serait mise en scène. C'est ainsi qu'allait se dérouler les derniers chapitres de la vie de Bella Swan. Même si elle savait qu'elle était chanceuse, Bella ne pouvait s'empêcher de se sentir révoltée de n'avoir une fois encore pas voix au chapitre. Cependant cela ne lui était pas inhabituel, elle avait appris à accepter le fait que sa vie et ses choix ne lui appartenaient plus depuis qu'Edward avait croisé son chemin.

D'ailleurs, elle ne savait plus quoi penser de lui. Qu'allait-il se passer pour eux maintenant ? Allaient-ils se remettre ensemble ? L'aimait-elle encore ? Lui pardonnerait-il la nuit qu'elle avait partagé avec le garde Volturi, elle ne doutait pas un instant qu'il ne soit pas au courant. A ce moment tout un tas de questions tournaient en boucle dans sa tête et peu avaient de réponse.

Edward fut puni pour son comportement emporté mais la vie lui fut épargnée. Il y eut un nouvel entretien entre les Cullen, Bella et les rois pour régler les derniers détails. Bella allait devenir un membre royal et une protection digne de son rang devait être organisée. Au départ il fut décidé qu'un des gardes italiens viendrait avec eux mais sa présence constante aux côtés de Bella aurait été difficilement explicable et aurait soulevé des questions et des soupçons aussi bien auprès des proches de l'humaine que des vampires que le garde aurait été mené à croiser. C'est pour cela qu'Alice passa un pacte avec les rois, Jasper et elle se chargeraient eux-mêmes de la sécurité de Bella, s'il devait lui arriver quelque malheur elle s'engageait à leur offrir ses services dans leur garde tout un siècle durant. Autant dire qu'Aro ne pouvait rêver mieux puisque si Alice venait il ne faisait aucun doute qu'elle serait accompagnée par le dieu de la guerre.

Au moment de quitter le château, Demetri fit monter Bella dans un ascenseur différent de celui des autres. Une fois de nouveau seul avec la jeune fille il se délecta quelques secondes des réactions qu'il déclenchait en elle. Puis il mit un terme à la torture en l'attirant à lui pour l'embrasser de nouveau. Ce petit morceau de viande exercé sur lui une attirance troublante et passer la nuit avec elle n'avait, au final, pas arrangé les choses. Bella résista, un peu, pour la forme, avant de se coller contre lui, profitant de ce dernier échange qu'elle se serait interdit en temps normal. Cela allait à l'encontre de son éducation, de ses principes et de sa personnalité, mais le traqueur avait le don de tout lui faire oublier rien que par sa présence. Il se détacha d'elle et glissa sa main dans la poche arrière de son jean, lui agrippant sa fesse au passage. Quand il la retira Bella put sentir qu'il y avait glissé un objet plat.

-Maître Marcus aimerait rester en contact avec toi, histoire que vous appreniez à vous connaître.

La jeune fille hocha la tête pour montrer qu'elle comprenait et se réajusta tout en se mordant la lèvre. Avant de se replacer correctement face aux portes de l'ascenseur, qui allaient s'ouvrir d'un instant à l'autre, Demetri se pencha une nouvelle fois pour lui souffler :

-Et au cas où je te manquerais tu trouveras mon numéro dans le répertoire.

Il passa rapidement un coup de langue appuyé contre sa carotide et les portes s'ouvrirent sur les autres.

Heureusement que la fin de l'année été proche, Bella n'avait que peu de cours où aucun Cullen ne se trouvait pas à moins de soixante mètres. S'il n'y avait pas Alice dans la même pièce qu'elle alors il y en avait toujours un qui se trouvait dans la salle de classe à côté de la sienne. Surveillance constante. A vrai dire il n'y avait qu'en mathématiques et en gym qu'elle était tranquille, et depuis son retour elle avait déjà séché plusieurs fois ces deux cours afin de s'octroyer des moments de solitude avec son nouveau téléphone. Si cela ne la dérangeait pas de parler avec Marcus en présence des Cullen, il y avait certaines conversations et messages qu'elle désirait garder secret. Cette fois il fallait qu'elle se montre maligne si elle ne voulait pas que ses absences ne soient révélées à son père, et aux autres par conséquent. Sa maladresse était légendaire, cela n'étonnerait donc personne si dés le deuxième tour d'échauffement elle se blessait en chutant sur la piste rugueuse. Il fallait juste qu'elle se débrouille pour gagner du premier coup un aller simple pour l'infirmerie, du moins en apparences.

Tout en papotant avec Angela et Jessica, la fille du shérif se changea avant de se diriger vers le terrain de course. Si elle n'aimait pas le sport elle détestait carrément la course d'endurance. Ce ne serait donc pas un déchirement pour elle de rater ce cours. Sportive, Jessica ne resta pas longtemps en fin de peloton avec les filles, elle s'échappa et rattrapa les garçons en quelques foulées allongées. Prenant soin de se montrer peu concentrée sur sa course pour faire illusion Bella simula une parfaite perte d'équilibre, plus par réflexe que par calcul elle se réceptionna douloureusement sur ses mains. Sous le choc l'un de ses poignets céda et tout son avant bras s'écorcha contre le bitume.

-Swan ! Non mais c'est pas possible. J'hésite entre vous engueuler parce que je suis sûr qu'à ce niveau vous le faites exprès ou faire comme si je n'avais rien vu. Aller, faites-moi voir ça.

Le professeur examina son bras, retirant délicatement tous les gravillons qu'il pouvait. Cela faisait mal, très mal même. Il faudrait vraiment qu'elle passe voir Carlisle après les cours. Mais pour l'heure elle était plus qu'heureuse que son plan ait marché puisque son prof venait de lui dire de remballer ses affaires et de filer à l'infirmerie. Dés qu'elle eut quitté le vestiaire avec son sac elle envoya un message au traqueur pour le prévenir qu'il pouvait l'appeler. Elle attendait toujours avec impatience les moments où ils se parlaient. Si au départ ils n'avaient fait que s'envoyer des sms à fortes connotations, ils avaient fini par se parler de leur vie. C'est lui qui avait commencé à poser des questions, il voulait tout savoir d'elle, pouvoir la cerner, entrer dans sa vie et la hanter comme il l'était par elle. Dans ces moments Bella ne faisait plus du tout attention à ce qui se passait autour d'elle.

Alice avait ainsi vu ses soupçons confirmés quand lors d'une séance shopping Bella était restée scotchée au téléphone, même si elle essayait d'être discrète. Elle désapprouvait quelque peu le comportement de sa meilleure amie mais ne pouvait s'empêcher d'être heureuse pour elle quand elle en voyait le résultat dans ses visions. C'est d'ailleurs l'une d'elle qui l'alerta. L'horreur de ce qu'elle vit la fit pousser un cri et elle dût se retenir à grande peine de ne pas partir à vitesse vampirique. Elle avertie le reste des Cullen et se rua le plus vite possible aux abords du gymnase.

Bella souriait comme une idiote, attendant que le téléphone sonne, quand Edward l'avait interpellé. Là où ils se trouvaient personne ne pouvait les voir. Il avait préparé son coup, attendu le bon moment. Quand elle se retourna pour lui faire face elle le trouva pratiquement collé à elle. Elle voulut reculer mais il l'en empêcha.

-Bella, je voulais m'excuser. M'excuser pour tout le mal que je t'ai fait. Je voulais juste te protéger. Quel beau gâchis n'est-ce pas. Je ne pensais pas que les choses allaient tourner ainsi. Si seulement j'avais su.

Avec désespoir il lui prit le visage en coupe, posant son front contre le sien. Une lueur douloureuse faisait briller son regard.

-Mais je peux arranger tout ça, il existe un moyen pour te sauver. Tu ne sais pas dans quoi tu t'embarques. Aro ne fera qu'une bouchée de toi. Il ne te laissera jamais partir. Je ne les laisserai pas te faire plus de mal, crois-moi cette vie ce n'est pas ce que tu veux.

Le téléphone se mit à sonner au moment précis où le vampire embrassait chastement celle qu'il considérait comme l'amour de sa vie. Il sonna encore quand Bella se débattit contre la poigne de fer qui enserrait sa gorge. C'était donc comme ça qu'elle allait mourir, étranglée par son ex-petit ami. Elle savait qu'elle n'avait aucune chance de lui faire lâcher prise par la force, elle se contenta alors de fixer son regard dans le sien et de mimer son prénom avec ses lèvres. Le vampire relâcha d'un poil sa prise. Bella ne pouvait toujours pas respirer mais au moins sa gorge n'était plus broyée. Dans un dernier soubresaut elle tenta de le repousser mais les ténèbres se refermèrent sur elle. Mollement elle s'effondra au sol et son cœur cessa de battre tandis qu'une larme coulait le long de sa joue droite.