Pot-pourri
Recueil de ficlets (moins de mille mots) sur différents couples de l'anime-verse. M/M, F/M, F/F.
Sucré-salé (Dent/Takeshi)
Auteur : Cassidy Belacqua (cassidy_b)
Disclaimer : l'anime Pocket Monsters ne m'appartient pas. Aucun profit matériel n'est fait à partir de cette histoire.
Nombre de mots : 750~
Rating : PG–13 (pour euphémismes et ellipses peu subtils. Dent.)
Personnages : Dent (Rachid), Takeshi (Pierre), Iris, Satoshi (Sacha) ; Dent/Takeshi.
Notes : OpticShipping, rencontre spéculative entre les deux mamans du groupe, réponse à un prompt d'Esqila. Sous-entendus mélangés au thème culinaire. JE NE REGRETTE RIEN.
Les activités officieuses du café de Sanyou City seront passées sous silence – même si l'épisode 5 de Best Wishes! n'était pas du tout discret sur le fait que l'arène est totalement un café d'hôtes.
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Après avoir observé les menus que Dent a jusqu'ici constitués pour Iris et Satoshi, Takeshi se déclare indigné par le manque d'équilibre des repas : selon lui, trop de douceurs est un signe de mauvaise attention (de mauvaises intentions). C'est par pure nécessité que Takeshi impose qu'ils se réfugient dans la cuisine afin de transmettre à Dent son habileté ; c'est par pure politesse que Dent le suit.
La porte reste ouverte, Satoshi et Iris seraient libres d'assister aux leçons, mais, sans surprise, déclinent l'invitation.
Les gestes de Takeshi sont précis, rapides et efficaces. Lorsqu'il frôle les aliments, il semble leur insuffler une volonté qui les amènerait à bouger d'eux-mêmes entre ses doigts. Les couleurs des rondelles, soigneusement découpées, se combattent, se mélangent et tournoient dans le saladier qui les accueille, et c'est un spectacle dansant, une harmonie créée à partir d'un rien, l'orchestration d'une série d'acteurs convoqués.
Le monde entier naît et se transforme entre les mains de Takeshi.
Entouré par les viandes et les légumes à découper, Dent éprouve quelques difficultés à se concentrer sur la saveur de son aîné. Il s'est d'abord attendu à rencontrer une odeur épicée, avec, peut-être, du thym ou du basilic pour la rehausser : une texture un peu épaisse, mais chaleureuse, calme et mesurée. En vérité, son parfum se révèle sucré, une crème fouettée ornée de copeaux chocolatés, de sirop d'érable et de confettis dispersés, une infinie tendresse cachée derrière une apparente stabilité.
Les minutes s'écoulent en nuançant les effluves, et quand Takeshi lui tend finalement une louche à moitié remplie, Dent ne sait plus quelle odeur il est supposé respirer mais il est certain qu'il ne devrait pas avoir l'impression de goûter un dessert en avalant une lampée de ce ragoût. La main de Dent ne s'est pas emparée du manche de la louche, préférant se refermer sur celle de Takeshi, qui la portait. C'est pour avoir pleine conscience du met que Dent ferme les yeux ; c'est juste au nom de sa patience légendaire que Takeshi le laisse faire sans protester.
C'est simplement pour protéger l'expérience de Takeshi si, la fois suivante, la porte de la pièce est fermée (sans qu'aucun des deux ne puisse déterminer qui en a eu l'idée).
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Assez rapidement, les mouvements deviennent plus unifiés, ils parviennent à se coordonner et à faire les choses ensemble plutôt que parallèlement. Comme pour combler la sensation de vide auparavant amenée par le silence, les langues se délient, couvrant le bruit des liquides en ébullition.
Et s'ils sacrifient l'espace à la proximité, et si les mains se touchent au lieu de s'esquiver, c'est presque involontaire. Ils n'éprouvent pas, en tout cas, le besoin de le mentionner.
« Les meilleurs plats ne sont pas les plus élaborés », commente Takeshi lorsque Dent met en avant les trésors d'invention qu'il a dû déployer pour combler Iris et Satoshi au cours de leurs voyages.
Conciliant, Dent n'objecte pas, mais il demande, par curiosité, quelle est donc la chose qui compte le plus.
« L'amour », répond très sérieusement Takeshi.
Dent le regarde, intrigué.
« Envers le plat ? Ou la personne supposée le manger ? »
Takeshi se contente de parler de lien familial, de chaleur et d'esprit convivial ; Dent pose sa main sur sa bouche pour l'empêcher de continuer.
« Tout ceci est peut-être vrai dans un domaine. Mais ce qui différencie un café d'une famille, c'est que l'on doit trouver un moyen rapide de séduire un client pour le fidéliser. »
Les doigts de Dent s'attardent quelques secondes sur les lèvres de son comparse ; ils n'en sont pas chassés.
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Un jour, Dent décide qu'il peut lui aussi faire la démonstration d'une certaine catégorie de son savoir. Les ingrédients sont différents, plus colorés, plus festifs et plus légers.
C'est par prévenance que Dent se met à lécher les doigts de Takeshi lorsqu'ils se retrouvent empâtés ; c'est par pure maladresse qu'un peu de confiture tache la joue de Dent et nécessite l'aide de Takeshi pour être délogée (et c'est parce que le four a un peu trop réchauffé la pièce que les vêtements ont été partiellement enlevés).
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(« Le mot d'ordre étant : la difficulté ne consiste pas à plaire, mais à soi-même savourer. »)
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À l'heure du dîner, Dent et Takeshi annoncent finalement aux enfants qu'étant donné 'un certain accident' ayant débouché sur la carbonisation de quelques plats, ils vont tous aller au restaurant.
« Une réussite nécessite parfois un échec gastronomique », tente de philosopher Dent (sans rentrer plus avant dans les détails).
Ce sont les mêmes visages choqués qu'ils obtiennent en réponse, mais quand Satoshi demande « Pourquoi ? » d'une voix peinée, Iris, elle, observe les tabliers froissés et se contente de crier :
« Depuis quand ?! »
