Hello ! Ceci est un prologue de ma futur fiction sur un OC dont vous découvrirez le nom ;) J'espère vraiment qu'il vous plaira car il me tient particulièrement à cœur.


Prologue

Un beau jour, dans une belle demeure, dans une belle chambre, une jeune femme, allongée sur un grand lit, piégée dans un sommeil presque éternel. Son corps immobile était couvert par une douce couette s'arrêtant au cou. Son visage libre de tout tissu était inexpressif, comme figé dans le temps depuis des années. Et pourtant, sa peau était toujours colorée d'un beige vivant qui contrastait avec la froideur de cette belle chambre. Un beige qui se perdait de plus en plus, pour en arriver à un blanc blafard. Son cœur battait encore. Oui, il battait encore malgré toutes les épines que la vie avait réussi à implanter. L'avait-elle voulu, ce pauvre souffle de vie ? Était-ce réellement son choix, de vivre ? Personne ne pouvait réellement le savoir. Quelle chose mystérieuse, la vie.

Le calme était aussi roi en dehors de cette chambre. Le soleil, étoile en feu, plus puissant que jamais, réchauffait la planète et s'imposait comme seul astre visible à l'œil nu. Les nuages avaient disparu, laissant place à un bleu éclatant prendre possession de ce si joli ciel. La journée était le moment où les humains se réveillaient, agissaient, travaillaient, se reposaient, en bref, le moment où ils vivaient pleinement. Pour d'autres, leur vie se déroulait ailleurs, dans un autre temps. La nuit les attendait... Ces créatures de nuit aimant le danger et surtout la peur des autres. Eux qui se délectaient des visages désemparés de leurs proies. Le soleil était encore visible et ces prédateurs de nuit attendaient. Les projecteurs seront sur eux dans peu de temps.

Et la nuit tomba enfin.

Le soleil avait laissé sa place à la lune, régnant en reine sur le ciel étoilé. Dans sa forme pleine, elle servait de luminosité dans ce noir hostile qu'offrait la nuit. Un noir qui paralysait les humains, incapable de voir correctement, et un noir qui rendait service à ces autres créatures, dont les capacités étaient décuplées en ce genre de soirée. Lune, orbite de la Terre, resplendissant dans les cieux, changeait de couleur aujourd'hui ; le blanc glacial se transformant petit à petit en rouge sang. Sang, comme ce liquide garantissant la vie des humains ; sang, comme la nourriture de ces prédateurs assoiffés ; sang, comme les yeux de la jeune femme qui s'ouvrèrent d'un coup.

Dans cette belle nuit, cette belle demeure, cette belle chambre, une jeune femme, allongée sur un grand lit, sauvée de son piège, réveillée de son sommeil et perdue dans ses pensées. Elle cligna des yeux, ne comprenant pas pourquoi elle pouvait les ouvrir. Elle sentait son corps, ne comprenant toujours pas pourquoi elle pouvait ressentir. Elle s'assit sans difficulté et tourna sa tête vers sa droite. Un balcon ouvert. Elle se leva et marcha automatiquement vers celui-ci. De l'air. Elle avait besoin d'air. Elle suffoquait. Elle sortit, ferma ses yeux et posa ses mains froides sur la balustrade. Elle inspira un grand coup avec son nez, sentant plusieurs odeurs qu'elle découvrait, laissant ses sens se réveiller... l'odeur du vent, des feuilles mortes volant, des arbres et... des humains ?

À cette pensée, elle ré-ouvrit ses yeux, surprise d'elle-même. Sa gorge commença à s'enflammer en un instant, comme-ci un feu invisible existait depuis longtemps et s'était allumée à cette pensée. Elle écarquilla ses yeux lorsqu'elle se rendit compte d'un fait indiscutable... Elle avait soif. Elle posa délicatement ses doigts sur sa nuque, puis entoura celle-ci avec sa main, sans mettre la moindre pression, juste en effleurant. Quelle sensation étrange. Elle retira sa main et se mit à la contempler. Blanche, comme la neige. Avait-elle été aussi pâle auparavant ? Elle ne se souvint pas d'une telle couleur de peau, ce n'était pas humain après tout. Humain. Était-elle encore humaine ?

La jeune femme retourna dans la chambre qu'elle connaissait bien pour y avoir vécu des mois. Elle posa ses mains sur un meuble et vit son reflet dans le miroir. Elle ne put s'empêcher d'ouvrir sa bouche devant ce qu'elle était devenue. Sa peau était réellement devenue livide, sans couleur, son visage s'était un peu creusé, ses cheveux, maintenant blanc ? avaient atteint une longueur qu'elle n'aurait jamais cru qu'ils pourraient atteindre et ses yeux... avaient pris une couleur rouge flamboyante. La jeune femme trouva une explication à ces changements mais ne voulait y croire. Alors à contre-cœur, elle s'approcha du miroir et ouvrit grandement sa bouche. Elle vit ce qu'elle espérait ne jamais voir sur elle. Des canines.

Était-ce réelle ? Était-elle devenue une des ces créatures de nuit qu'elle avait longtemps haïe ? Tout semblait l'indiquer. Elle marcha à reculons, s'assit sur le bord du lit et posa sa main droite sur son front. Vampire. Elle était devenue un vampire. Comment ? Elle qui avait mis fin à sa vie de son plein gré sans regret, pourquoi ? La réponse lui sembla si évidente qu'elle se demandait encore comment elle pouvait se poser des questions de débutants. C'était eux. Sans aucun doute. Ils avaient réussi d'une manière ou d'une autre à tuer l'autre femme et à faire revenir la jeune humaine en vampire. Le savaient-ils ? Elle en doutait. Elle supposait que cela devait être un test du dernier moment et que ce test a finalement fonctionné. Elle le savait, car c'était elle qui avait survécu et non l'autre.

Eux. Qu'étaient-ils devenus ? Elle ferma ses yeux, essayant de se concentrer plus sur son odorat que sur sa soif qui commençait à la ronger de l'intérieur. Rien. Elle ne sentait aucune présence à l'intérieur de la demeure. Où étaient-ils partis ? En cours. Elle sourit à cette ironie. Pauvres princes obligés d'aller dans une école humaine car leur père en avait décidé ainsi. Elle était donc seule, ceux qui était en soi une très bonne nouvelle pour la jeune femme qui n'était pas dans un état adéquat pour avoir une conversation avec qui que se soi. Elle soupira puis vit l'heure sur le réveil placé sur la table de nuit. Début de nuit. Elle avait le temps de décider de son futur avant qu'ils ne viennent. Allait-elle rester avec eux ou allait-elle s'enfuir comme une voleuse ? Elle ne pouvait se décider mais peu importe ses choix, les conséquences seraient lourdes. C'était la situation qu'elle avait atteinte avec eux.

Finalement, elle essaya de dissiper sa soif en se concentrant sur d'autres activités. La première, ridicule dans sa situation certes, mais importante : Une douche. Elle prit une serviette rangée à sa place habituelle et des vêtements au hasard. Arrivée à la sortie de la chambre, elle fit demi-tour et analysa l'état de son antre. Parfaitement bien rangé et installé malgré les événements survenus avant son dernier souffle d'humaine. Sûrement le second prince, méticuleux sur l'état des lieux. Elle ne savait pas si elle devait le remercier ou pas : sa survie devait sûrement être principalement grâce ou à cause de lui. Elle soupira de nouveau et ferma la porte.

Les couloirs n'avaient pas changé d'un iota, les décorations restaient les mêmes, anciennes tout en restant royales. On parlait de la demeure des princes des vampires après tout. Elle rit à cette pensée. Cela l'avait toujours fait rire, que ces hommes étaient des princes ; leurs attitudes étaient loin de celle que l'on pouvait imaginer d'un prince. Elle continua son chemin, lentement, comme-ci c'était la dernière fois qu'elle parcourrait ces couloirs dans sa vie. Elle le sentait mais ne voulait l'accepter. Pas encore, pas encore. Toujours plongée dans ses songes, la jeune femme arriva enfin devant la salle de bain, la ferma à clé, non pas que cela était utile, mais les anciens réflexes semblaient ne pas avoir disparu avec son humanité. Bonne nouvelle ? Sans réponse.

Elle se déshabilla et se rendit compte que les vêtements qu'elle portait étaient différents de ceux dont elle se souvenait ; ils étaient propres. Sûrement le second prince encore une fois. Elle soupira puis contempla son nouveau corps devant le miroir. Pâle, horriblement pâle. Ses formes s'étaient un peu développées, pas qu'elle se plaignait des anciennes, elle avait toujours aimé son corps, mais se voir plus « séduisante » la surprenait un peu. Elle remarqua que toutes les anciennes marques de morsures avaient disparu et tant mieux. Elle les avait toujours détestées. Puis son regard tomba sur ses cheveux devenus blancs, atteignant le bas des fesses. Pourquoi avaient-ils pris cette couleur ? Elle pouvait en demander autant sur ses yeux rouges. Représentaient-ils son manque de sang ? Elle écarquilla ses yeux et rentra rapidement dans la douche. Elle ne devait pas y penser, pas maintenant, l'envie pourrait lui faire perdre toute conscience.

Elle ouvrit le robinet et sentit le jet d'eau chaude picoter son nouveau corps. Pourquoi faisait-elle ceci ? Pour oublier. Juste un instant, oublier la tension qu'elle avait ressenti avant de mourir et qui l'avait poussé à faire ce geste irréparable. Oublier un instant qu'elle était une humaine transformée en vampire. Avait-elle le droit de s'appeler « humaine » alors que techniquement parlant, elle ne l'était plus ? Pouvait-elle se permettre de réfléchir et d'agir comme une humaine maintenant qu'elle ne l'était plus ? Où allait partir ses convictions pour lesquelles elle s'était battue ? Ses convictions d'humaines qui l'avait rendu si spéciale aux yeux des autres. Qu'allait devenir la jeune femme qui ne laissait jamais ses désirs prendre le dessus ? Elle avait été le contraire de tout ce qu'un vampire représentait... Comment pouvait-elle supporter ce changement ?

Elle se permit de verser une petite larme. Une simple petite larme qui représentait beaucoup. Juste une goutte qui pourrait la libérer du poids qu'on lui avait balancé sur ses fines épaules. Elle n'était pas prête de l'accepter... être une vampire. Elle ne pouvait l'accepter mais le devait, ce n'était pas un choix. Elle se souvint toujours avoir affirmé qu'elle préférerait mourir que devenir une créature de nuit, mais maintenant qu'elle était réellement revenue à la vie, devait-elle y mettre fin ou justement profiter de cette seconde chance pour finir ce qu'elle avait amorcé ? Les questions existentielles défilaient dans les pensées de la jeune femme. Elle mit fin à ce déferlement d'interrogations en fermant le robinet.

Elle sortit de la douche, enroula la serviette autour de son corps et attacha ses longs cheveux avec une pince qu'elle trouva à côté du miroir. Les propriétaires de la demeure n'avait réellement rien changé aux choses qu'elle avait posé. Quelle délicate attention. Elle vit son visage flou sur le miroir couvert d'une couche de buée, peut-être valait mieux qu'elle ne se regarde pas. La jeune femme s'habilla et se rendit compte qu'elle avait juste pris une tenue simple : un jean noir troué aux deux genoux et un t-shirt à longue manche gris dénudant ses deux épaules. Au moins, sa transformation n'avait pas atteint son goût vestimentaire ce qui la rassura. Rassurer ? Devait-elle se réjouir d'avoir gardé ses sens humains ? Elle soupira. Son habitude à toujours poser des questions sur tout commençait à l'agacer sérieusement.

La jeune femme aux yeux rouges décida de s'occuper d'elle et commença à se brosser puis se sécher les cheveux et enfin se maquiller d'un simple coup de crayon noir sur le ras des cils et du mascara. Pourquoi autant de précautions ? Si elle était ridicule, autant l'être jusqu'au bout. Elle savait que les autres ne reviendraient pas avant un bon moment alors elle décida d'agir une dernière fois comme elle en avait l'habitude. Se réveiller le matin, allait à la salle de bain, et maintenant aller dans le salon. Elle enfila d'abord des bottines noirs à talons épais puis marcha direction de ce fameux salon. La demeure était si silencieuse, le seul bruit qu'un humain lambda pourrait entendre serait le son de ses talons. Quant à elle, elle entendait tout. Les mouvements d'ailes des papillons de nuit qui étaient rentrés dans la demeure, le bruit des horloges et même le souffle des rats situés dans les cachots. Elle devait apprendre à contrôler son ouïe maintenant sur-développée ou elle risquerait de devenir folle très rapidement.

Arrivée au salon, elle posa une main sur un des fauteuils, contemplant le reste de la pièce. Il allait lui manquer, ce salon grandiose. Elle se mit à respirer avec son nez, reconnaissant des odeurs laissées sur les meubles. Elle ne savait pas comment ni pourquoi mais elle était capable de les reconnaître, les différencier et les donner à chacun des six princes. Était-ce parce qu'elle avait vécu des mois avec eux ou bien parce que le sang de vampire de l'autre femme se réveillait en elle. C'est vrai, elle l'avait presque oubliée, cette autre femme. La jeune femme ne sentait plus la présence de l'autre... ils l'avaient bel et bien tuée pour que la jeune humaine revienne à la vie à sa place. Quelle étrange histoire ; personne ne la comprendrait si on leur expliquait pas les détails.

Elle ferma ses yeux puis respira une grande bouffée à nouveau, sentant ses nouveaux sens vampiriques se développer à une vitesse affolante. La jeune femme ouvrit ses yeux, déterminée, et se retourna d'un coup vers les escaliers pour remonter dans la chambre. C'était fini. Elle avait décidé.

Lorsqu'elle rentra dans la chambre, elle fouilla la pièce dans tous les recoins et balança toutes les affaires qui l'intéressait. Enfin, elle prit un petit sac à main noir qui n'était même pas sien mais qui avait une qualité que ses autres sacs normaux n'avaient pas : il était extensible. Alors elle rentra dans ce mini-sac une bonne cinquantaine d'objets qui lui servirait. Elle devait remercier l'autre femme sur ce coup là. Lorsqu'elle finit, la jeune femme eut un petit moment d'hésitation. Devait-elle le faire ? Oui. Devait-elle avancer ? Elle n'avait plus le choix. Allait-elle les abandonner ? Oui. Allait-elle le regretter ? Oui. Allait-elle le faire ? Oui. Définitivement. Elle prit une feuille vierge et écrivit des mots, des mots qui se transformèrent en phrase et ces phrases formèrent une lettre. Une lettre adressée aux princes qui la détesteraient. Elle coinça la feuille au dessous d'un vase, espérant que le vent n'emporte pas ces pauvres paroles écrites.

La femme aux cheveux blancs fixa le balcon puis sourit. Elle avança en sa direction, sauta sur la balustrade et resta debout dessus un petit moment. Ses longs cheveux volaient dans le sens du vent et ses yeux étaient rivés vers la belle lune rouge qui célébrait l'éveil de la vampire. Rouge, comme tout ce qui allait arriver à la jeune femme. Elle n'allait même pas partir par la grande porte. Non, elle allait prendre le petite porte, la moins respectable car elle n'était plus digne d'eux. Enfin elle espérait que cela serait l'image qu'elle donnerait. Elle regardait au-dessous d'elle. Les roses épineuses l'attendaient en bas, mais elle ne perdrait pas la vie comme l'autre femme. Elle sourit de nouveau et avança ses jambes dans le vide, volant doucement vers le sol et posant délicatement ses pieds.

Elle continua son chemin vers la sortie de la demeure et ne se retourna pas. Elle en avait plus le droit. Cependant, un autre soucis ré-apparu. Sa soif. Un soucis qu'elle décida de régler dès son premier pas dans une petite ruelle proche d'un cimetière. Elle se trouvait pathétique mais c'était une chose à faire si elle voulait profiter de cette seconde chance. Elle se détesterait, elle le savait.

Dans le noir, dans un ciel étoilé, éclairé d'une pleine lune rouge, un homme perdu vit une très belle femme marcher doucement vers lui, d'un pas assuré. Ses yeux rouges éclairaient le lieu et son sourire malicieux surprit l'homme.

- Qui êtes vous ? Demanda t-il, presque effrayé par cette jeune personne.

- Qui suis-je ? Répondit-elle d'une voix faussement innocente.

Sans que l'homme ne comprenne ce qu'il se passe, la jeune femme avait disparu et était ré-apparue collée à lui, sa main sur son cou et sa tête au creux de sa nuque. Il sentit un sourire se former sur les lèvres de la femme.

- Je m'appelle Maï et je suis la dernière personne que tu croiseras.


Le Soleil était enfin revenu à ces faibles êtres vivants en soif de puissance. Cet astre de chaleur qui leur permettait de vivre « librement » avait relayé la lune au second plan comme pour affirmer que son moment été fini pour quelques heures. Et c'est ainsi que les humains recommençaient leur vie, suivant une routine qu'eux-même ne comprenaient pas mais qu'ils avaient assimilé, volontairement ou non. Fruit de la société voulant à tout prix réussir pour être reconnue par celle-ci. Ridicule. Était-ce cela que ces êtres inférieurs avaient réellement besoin ? L'approbation de la société ? Ils le pensaient sincèrement en oubliant qu'en réalité, la société avait été crée par eux. Ils l'ont crée, cette société, pour quelle raison d'ailleurs ? Ils l'ont crée, et maintenant ils en sont devenus dépendants, comme des marionnettes sans âmes dont les fils bougeaient automatiquement, sans raison quelconque. Doublement ridicule. À en pleurer de rire ? ou de tristesse ?

Au beau milieu de tout ces êtres insignifiants, une jeune femme, habillée en noir, assise sur un siège, dans un train, regardant le paysage s'envoler au fil des kilomètres. Longue veste noire, robe noire arrivant mi-cuisse, collant noir et bottines à talons noires. Couleur qui contrastait avec son teint livide semblable à celui d'un fantôme. On pouvait prendre une photo d'elle en noir et blanc, le résultat serait le même que dans cette réalité. Jambes croisées, bras libres de toute position, tête posée sur la vitre, elle contemplait l'en dehors avec ces yeux qui avaient heureusement perdue leur couleur sang. Elle analysait les détails malgré la vitesse de l'engin, ses nouveaux yeux en étaient maintenant capable. Et pourtant, ses pensées étaient tout de même ailleurs, loin de ce beau monde, se remémorant des images qu'elle devait oublier pour son bien-être, images qu'elle n'effacerait jamais de sa conscience.

Pourquoi avait-elle prit un moyen de transport alors qu'elle était techniquement plus rapide que celui-ci en courant ? Ce n'était pas la fatigue, ni même la tristesse qui l'envahissait de plus en plus. Non. L'envie. L'envie de paraître une dernière fois comme une femme civilisée, appartenant à cette pauvre société, agissant de façon respectable. Elle voulait le voir une dernière fois en tant qu'humaine, digne de sa personne d'antan. D'antan semblait fort, cela ne faisait même pas un jour qu'elle s'était réveillée en tant qu'être nocturne. Et pourtant, son corps lui donnait l'impression que cela faisait des siècles. Avait-elle déjà vieilli ? Quel âge avait-elle ? 20 ans. Elle voulait y croire. Elle n'avait pas vérifié combien de temps son sommeil avait duré, - sûrement plus tard. Peut-être qu'elle en avait 200. Pourquoi pas.

Elle ferma ses yeux, espérant s'endormir dans son chemin vers la rédemption. Peut-être qu'elle pourrait enfin sourire dans son sommeil. Les images reviendraient, mais les images étaient toujours là, alors quelle différence ? S'enfuir ? Elle avait toujours été une reine dans ce domaine, même réveillée.

Maï. Son prénom. Prononcé par une voix d'homme. Maï. Une voix qui faisait écho dans ses oreilles. Maï. Une voix qu'elle aimait entendre. Maï. Une voix qui lui manquait à en mourir.

Elle ouvrit ses yeux, espérant se réveiller de cet état de trans qui la réduisait à simple objet. Elle soupira et essaya de se situer. La vitesse du train diminuer petit à petit. Était-elle arrivée à destination ? Il semblerait. Elle se leva doucement et vit le peu de passager marcher dans les couloirs du train. Bien sûr qu'ils étaient peu. Elle prit son sac noir et en fit de même, suivant naturellement les autres passagers, comme-ci elle leur ressemblait, comme-ci elle était au même niveau qu'eux alors que la dur réalité lui en disait autrement. Pouvait-elle se permettre un tel mensonge après l'atrocité qu'elle avait commise la veille ? Ses yeux rivèrent vers le sol, presque honteuse en repensant à ces agissements. Ce n'était pas l'heure de regretter, certainement pas. Ce n'était jamais l'heure de regretter. Ça n'a jamais été le moment.

Dommage. Elle regrettait. Dommage. Vieille habitude. Dommage.

Le moyen de transport s'arrêta enfin et ouvrit ses portes, laissant l'air frais frapper le visage de la jeune femme lorsque ses pieds touchèrent le sol. Une étrange sensation de liberté la traversa lorsqu'elle quitta la gare, la faisant frissonner. Était-ce dû au fait de venir dans ce lieu précis ? Ou était-ce dû au vent frais et puissant qui picotait son corps ? Ses longs cheveux, - qui avait repris leur couleur d'origine, semblait suivre volontairement le sens du vent, comme-ci celui ci lui indiquait la direction à prendre. Et il le faisait réellement. Elle tourna sa tête vers le paysage qu'elle allait rejoindre et ferma ses yeux. Plus tard. À jamais. Adieu.

La jeune femme marchait normalement, suivant le rythme que son cœur lui demandait de prendre. Allait-il tenir le coup ? Il le devait, elle ne lui laisserait pas le choix. Conséquences Maï, conséquences. Ne jamais oublier les conséquences de ces actes Maï. Que de belles phrases pour une si moche personne, pensa t-elle, proche de sa destination, n'ayant pas vu le temps passer. Le temps. S'il-te-plaît. Disparaît. Change et rend moi heureuse.

Elle n'avait pas besoin de panneau ou d'indication. Un sol un peu sableux avait remplacé le béton, de simples arbres avaient remplacé les lampadaires. Elle le connaissait par cœur, ce chemin. Ce pauvre chemin qu'elle avait emprunter plus de fois que la logique le voudrait. Il l'emmenait dans un endroit qu'elle haïssait plus que tout, dans un endroit qui l'avait détruite de l'intérieur, mais un endroit qu'elle se devait de rejoindre avant le début de sa nouvelle vie. Tourner une page pour en ouvrir un autre. Elle voulait suivre cette belle idée mais l'appliquer était bien plus dur. Plus facile à dire qu'à faire, disait-on ? Elle détestait les vieux dictons, elle les haïssait même. Sûrement dû à leur vérité fatidique avait-elle conclu.

Elle était proche ; les sens décuplés de la jeune femme réveillaient tout son corps. Sa peau devenait plus sensible au contact du vent, ses oreilles entendaient les oiseaux, les insectes et les mouvements des feuilles, ses yeux, plus assidus que jamais, percevaient tous les détails des alentours. Puis ces sens se concentrèrent vers une chose. Elle le sentait, l'odeur de l'eau salée. Elle l'entendait, le bruit des vagues violentes. Elle le voyait, le bleu infini. Elle était enfin arrivée, à l'océan. Mais pas tout à fait sa destination. Presque mais pas encore. Non. Et pourtant, elle sentait comme un pincement au cœur, elle était proche, et son cœur réagissait déjà.

Survit comme tu l'as toujours fait, ne m'abandonne pas. Mon cœur qui n'est même pas mien.

Après ce qui lui parut des heures, elle arriva devant des vieux escaliers en pierre qui l'emmenait vers sa destination. Pauvre destination. Elle s'arrêta quelques secondes, tête baissée vers ses bottines. Il semblerait que son corps ressentait la haine qu'elle ressentait pour ce lieu. Elle n'avait plus le droit de haïr, elle était censée avoir passé ce cap non ? Désagréable sensation. Son ventre se nouait déjà à l'idée de le revoir sous cette forme. Elle ferma ses yeux et commença à respirer lentement. S'habituer à son environnement avant de l'attaquer. Bonne idée mais pas vraiment efficace dans son cas. Rester immobile allait renforcer son malaise. La jeune femme rouvrit ses yeux et continua son chemin, nœud au ventre toujours présent. Marche après marche, pas après pas, elle montait ces escaliers.

Et elle finit en haut. Applaudissons.

La verdure avait disparu laissant un sol pâle prendre possession du lieu. Le vent était devenu plus frais dû à la hauteur et le son des vagues semblait plus fort qu'auparavant, la force de l'eau clashant avec la façade en pierre. Elle se tourna vers l'océan et s'avança. Elle était arrivée. Il était là, dans cette tombe. La jeune femme n'hésita pas à s'approcher. Le nom gravé n'était pas visible, sûrement couvert par des centimètres de poussière. Ce prénom disparu de la surface se répétait sans arrêt dans les pensées de la jeune femme, la rendant de plus en plus frustrée. Nom invisible, perdu dans le temps et encré dans son cœur. Un cœur déchiré, encore et encore, comme-ci le destin avait voulu qu'elle soit vulnérable face à tous ces événements. Elle se mit à rire doucement. Venait-elle de parler du destin ? Elle qui détestait ce principe. Peut-être qu'elle ne pouvait tout simplement pas l'accepter, qu'ils soient toujours séparés par quelque chose.

- Hey. Commença t-elle d'une voix douce. Ah... je ne sais sincèrement pas le temps qui s'est écoulé entre... Elle avala difficilement sa salive un instant puis reprit. Entre ta disparition et la mienne. Tu n'arriveras peut-être pas à y croire mais des événements encore plus fous les uns que les autres sont apparus depuis... depuis ta mort.

Elle l'avait enfin prononcé. Mort. Accepte le Maï. Mort. Encore une fois. Et de sa faute. Encore une fois.

- Je... ne me permettrais pas de tout te conter mais saches juste que en conclusion, je suis aussi devenue une vampire.

À cet instant, elle ferma ses poings fermement, se faisant mal par la même occasion, enfonçant ses ongles dans sa peau. Elle ne cherchait pas à la cacher, sa colère contre elle-même, sa colère contre lui, et aussi contre le monde. Sensation qui se traduisait par la douleur physique qu'elle s'infligeait. Elle n'avait pas assez mal. Non pas assez. On lui avait infligé trop de dégât, elle avait supporté ces blessures, les avait intériorisées et presque oubliées. Non. Elle en avait plus le droit. Alors elle se brisa, tout simplement. Elle sentait les effets vampiriques de son corps ; elle saignait déjà des mains dû à la puissance de ses doigts. Mais elle ne ressentait aucune douleur significative.

- Tu me l'avais juré ! Tu me l'avais promis ! Cria t-elle. Tu... tu n'avais pas le droit de mourir... pas avant que je meurs personnellement. Pourquoi est-ce-que tu as essayé de regagner ma confiance, pourquoi est-ce-que je t'ai même fait confiance ! Croire à tes paroles ! Si c'était pour mourir après... Pourquoi es-tu même revenu en vie la première fois ? La conclusion reste la même non ? Tu meurs et moi je souffre, bague à la main, espérant survivre.

Bague à la main ? L'avait-elle encore ? Elle relâcha doucement la pression dans ses mains, laissant les blessures s'ouvrir et son sang couler lentement le long de ses doigts. Humaine ou vampire, cette sensation resterait éternellement désagréable. Elle bougea son pouce droit vers son annulaire droit, l'effleurant, sentant un objet, taché de rouge. Sa bague. Toujours à sa place. Jamais séparée depuis qu'il lui avait offerte. Vieux bijou, disparaît ! Il était la chaîne qui reliait le destin de cet homme mort à la jeune femme. Objet qui avait réussi à l'apaiser lorsqu' être en colère était un arrêt de mort. Celui qui rappelait à la jeune humaine qu'elle avait pu être heureuse avec lui et qu'elle ne pouvait lui dire adieu. Adieu ? Maintenant Maï.

La femme sentait ses plaies disparaître, son sang coulé se désintégrer et son calme revenir. Cet homme avait réellement un effet sur elle, même mort. Quelle blague. Elle se mit à sourire un peu à cette pensée. Elle ne pouvait rester ainsi infiniment. La nouvelle vampire fixa la tombe une dernière fois, un long moment, chuchotant quelques mots que personne n'avait le droit d'entendre, même la nature. Seul lui. Visage impassible, une larme coula de son œil gauche. Sans hurlement ou désespoir. Juste une goutte qui en disait beaucoup. Le vent froid s'occupa de sécher la joue de l'invitée, qui avançait tout droit, vers le bord.

Arrivée au bout, elle jeta un coup d'œil en bas, remarquant les vagues se clashant contre la façade en roche. Elle releva sa tête et se mit à contempler au loin, l'océan délimitant le ciel, le soleil quelque peu caché par des nuages sans formes. Et elle resta ainsi un temps indéterminé, faisant un rétrospectif de sa vie d'humaine, se donnant quelques réflexions intéressantes, d'autres futiles et pourtant tout aussi importantes. Ses cheveux, contrôlés par le vent fort, n'hésitaient pas à partir dans tous les sens imaginables, chatouillant quelques fois le visage marbre de la jeune femme, ou bien volant vers le haut de temps en temps. Juste libre. Comme l'air. Juste libre. Comme ce qu'elle allait devenir. Liberté tu m'appartiens à présent.

La jeune femme ramena sa main gauche à sa main droite, puis ses doigts gauches vers son annulaire droit, retirant petit à petit ce simple bijou si significatif. Elle inclina sa tête, fixant intensément sa bague maintenant dans la paume de sa main. Elle referma ses doigts, serrant fermement son alliance. Elle ferma ses yeux, semblait calme, puis les rouvrit d'un coup, faisant un pas en arrière, prenant de l'élan, levant son bras et jetant la bague avec toute la force vampirique qu'elle possédait. L'objet partit si vite qu'il disparut de la vision de la jeune femme en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. Son cœur rata un battement. Littéralement. Elle ne retrouverai plus jamais sa bague, maintenant au fin fond de l'océan, accompagnant les poissons dans leur solitude. Invisible. Éternellement.

La nouvelle vampire se retourna définitivement, voulant quittant le lieu avant que les remords la détruisent sur place. Elle ne devait rien regretter ; elle avait quitté la demeure des six vampires la veille, elle venait d'abandonner sa moité il y avait quelques secondes, et maintenant elle devait agir pour elle. Avancer, déceler, rencontrer, voyager, pour elle-même et sa curiosité. Trop d'événements incompris étaient survenus dans sa vie d'humaine, elle se sentait dans l'obligation de les expliquer, et cela sans que personne ne l'accompagne. C'était son propre combat contre la vie, en tant que vampire à présent. Encore fallait-il qu'elle se découvre elle-même d'abord. Elle connaissait la Maï humaine par cœur, et la vampire alors ? Pas encore.

Elle regarda les escaliers qu'elle avait monté quelques temps auparavant et se mit à sourire. Elle était venue en humaine, elle partirait en monstre. La jeune femme prit de l'élan puis se jeta en l'air, traversant ce chemin d'une rapidité qu'elle appréciait. Arrivée au sol avec une certaine délicatesse qui lui était propre, elle se mit à courir, survolant à peine le sol, allant à une vitesse hallucinante, impossible à voir d'un œil humain. Tester ses limites. Elle avait le temps. Infini. Alors elle continua à courir, passant d'un paysage à l'autre, faisant des bonds de plus en plus longs, d'autres de plus en plus haut. Adieu belle femme emprisonnée. Elle était libre à présent. Libre.

Comment décrire ce qu'elle ressentait ? Elle se sentait presque heureuse. Presque. Changement de vie ou pas, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir une petite pensée pour ces vampires avec qui elle avait vécu une année folle, ou des mois ? Le temps lui sembla tellement court. Après avoir vu sa puissance décuplée, la jeune femme vit ses perceptions se développer de plus en plus mais n'y fit pas attention, se concentrant sur sa course contre le vent. Combien de kilomètres avait-elle déjà parcouru ? Elle n'en savait point. La jeune vampire cherchait juste à atteindre sa prochaine destination qui représentait le début. Le début de tout ce qui allait lui arriver. LA conséquence de ces actes. Celle pour laquelle elle avait quitté ces êtres importants.

Après un temps indéterminé, elle s'arrêta, ressentant la barrière invisible. La barrière entre le monde des Démons et celui des Humains. Elle marcha lentement vers cette barrière, gardant la tête haute et sa confiance en soi. Elle se mit à chuchoter quelques mots lorsqu'elle traversa la barrière.

- Maï, ne regrette pas. Et son choix fut scellé.


Hey ! J'espère que ce LOOOONG prologue vous a vu et vous aura donnez un intérêt pour ma fiction ainsi que mon personnage ! Je sais que c'est très bizarre mais je demande déjà de l'aide pour cette fiction que ça soit pour la correction ou les idées car j'en ai beaucoup trop et je sais pas trop comment les aménagé car comme vous pouvez le voir, l'histoire ne se déroule pas dans le "temps habituel" où une OC rencontre les Sakamaki etc.. donc voila voila.

Enfin bref n'hésitez pas à envoyer un commentaire c'est très important pour moi, genre vraiment ;)