Bonsoir à toutes et à tous.

J'ai écrit ce texte un peu comme ça, une idée idiote qui m'a poppée dans la tête. Je l'ai donc mise en page, mais je ne sais pas trop qu'en penser, je vous laisse donc juges de la chose. Nulle intention de me prendre au sérieux là-dedans, même si j'espère qu'elle atteindra qui elle doit.

La vie étant ce qu'elle est, je ne passe que peu de temps sur ffnet, mais j'ai quand même voulu partager ceci.

Disclaimer: Tous les personnages présents et cités appartiennent à Masami Kurumada.

Rating: K.

Note: Merci de ne pas ajouter mes histoires en favoris/follows sans reviews. Vous pouvez rester silencieux, mais soyez le jusqu'au bout. C'est mon choix, merci de le respecter.


Blind Date

Une belle idée de merde. Voilà ce que c'était.

Assis dans ce café…

Et déjà, il aurait pu commencer par là. Pourquoi un café et pas un bar ? Au moins l'alcool aurait pu aider ! Il aurait toujours pu se noyer dans son verre pour oublier la gêne de l'instant, le fait que son rendez-vous serait inintéressant, ou prétexter être trop saoul pour rester. Mieux encore, peut-être trouver quelqu'un avec qui passer la nuit, histoire d'oublier ce qu'il était venu faire initialement en ces lieux.

Mais non. Il était là, dans un café aux murs trop blanc, aux décorations trop chaleureuses, à attendre comme un abruti un « blind-date » qui n'avait pas l'air décidé à arriver.

Poussant un soupir à fendre l'âme, et ignorant les regards curieux des gamines de quinze ans questionnant sûrement la présence d'un mec dans la trentaine seul en ces lieux, il songea sincèrement à abandonner ce projet ridicule. Et son meilleur ami pouvait aller voir ailleurs s'il y était, et lui payer trois tournées pour oublier ce fiasco. Peut-être même qu'il parviendrait à le remettre dans son pieu au passage. Ce n'était pas si mal comme accord, après tout. Il n'avait pas envie d'en changer. Enfin, pas vraiment. Même si ça avait l'air sympa d'avoir quelqu'un à soi, il devait bien l'admettre. Mais au point d'en arriver , franchement...

Il était tombé bien bas.

Tout en tournant sa cuillère dans son espresso, il se posa mentalement encore une fois cette fameuse question qui le hantait :

Comment, mais comment, avait-il été convaincu de participer à ce truc?

« Excusez-moi de vous déranger, mais je crois que vous êtes l'homme que je devais rencontrer. »

Kanon leva les yeux, extrêmement perturbé par ce « vous » qui sortait de nulle part. Il ne se souvenait pas d'avoir été vouvoyé par qui que ce soit ces cinq dernières années. Même son patron ne s'embarrassait pas de ce genre de choses.

Et pourtant, l'immense silhouette qui le surplombait l'avait fait. Oubliant toutes les règles de politesse, il dévisagea l'individu aux cheveux blonds, au sourcil excessif et au visage extrêmement carré. Dégageant une aura de respect que Kanon n'avait que rarement expérimentée, l'inconnu habillé d'un manteau de marque avait un visage extrêmement sévère, en dépit de ses yeux à la couleur incroyablement claire. Doré ? C'était une couleur existante, ça ?

Et quel genre d'homme portait des gants en cuir ? En vrai cuir ?

« Monsieur ? Vous permettez ? »

Un petit sursaut réveilla Kanon de son analyse moins que discrète. Indiquant la chaise lui faisant face, il secoua la tête en levant les yeux au ciel.

« Ah non, mais laissez tomber avec le monsieur, sinon on ne va pas s'y retrouver. Et ouais, asseyez-vous, je pense que vous êtes celui que j'attendais. »

L'inconnu qui avait amorti un mouvement descendant s'interrompit immédiatement, relevant un regard presque… surpris ?

Comment ça, « surpris » ?

« Vous m'attendez depuis longtemps ?

—Une petite demi-heure.

—Vous m'en voyez navré. Le rendez-vous était pourtant prévu à 15h d'après mon agenda. »

Kanon releva un sourcil, tournant la tête vers l'horloge du café. Quinze heures pile. Et cela crevait les yeux que l'homme face à lui était du genre ponctuel maladif. Saleté. Il allait tuer Milo.

« Et merde.

—Vous n'avez pas été bien renseigné ?

—Mon meilleur ami est un connard.

—Je ne sais pas ce que cela fait de vous.

—Un crétin qui s'ennuyait.

—Et vous avez un prénom ?

—Bordel. Je me suis toujours pas présenté ?

—La faute est partagée, je ne l'ai pas fait non plus. Je note cependant que vous avez un vocabulaire fleuri.

—Toi aussi, mais dans l'autre sens. Je ne sais pas comment nos entremetteurs ont pu se retrouver à nous organiser quoi que ce soit.

—En effet. D'un point de vue extérieur, il n'y a rien qui pourrait expliquer votre présence ici. »

Kanon interrompit son mouvement, la tasse se figeant à mi-chemin. Plissant les yeux, il essaya de déterminer s'il avait bien compris ce qu'il pensait, et s'il s'agissait là d'une remarque sarcastique ou sincère. Au vu de l'absence de petit sourire en coin, il dût bien reconnaître que l'homme face à lui était honnête dans ses paroles.

Perturbant.

« Merci, je suppose. Ca avait un air de compliment.

—Plutôt de vérité factuelle.

—Un vrai boute-en-train. »

L'inconnu haussa les épaules, retirant son manteau pour l'accrocher derrière lui. Et tandis qu'il lui tournait le dos, Kanon eut tout le loisir d'apprécier la carrure de son rendez-vous actuel. Maintenant, cela commençait enfin à faire sens. Un grand blond aux yeux clairs et au physique plus qu'aléthique… Peut-être que Milo avait réfléchi plus qu'il ne l'avait cru avant de l'envoyer au casse-pipe. L'extérieur avait clairement de quoi l'intéresser, mais pour le reste…

Nom de dieu, qu'est-ce que c'était que cette gueule ?

Kanon observa l'homme jeter un œil à la liste des boissons bien trop sucrées et diverses pour un choix simple. Il avait clairement l'air incertain, et détonnait totalement dans cette ambiance cosy de dimanche après-midi. Les nombreux couples roucoulant et familles avec enfants n'aidaient vraiment pas à se sentir à l'aise pour un premier contact, il était vrai. Une fois son choix fait, il sembla enfin porter son attention sur son interlocuteur, mais sans réellement prendre les choses en main.

« Première fois pour toi aussi ?

—Comment avez-vous deviné ?

—Tu as l'air aussi mal à l'aise que moi.

—C'est une bonne raison. »

Un long silence gênant s'étira entre eux. Kanon avait des envies de plus en plus fortes de s'enfuir en courant, et les trois cafés qu'il venait se s'enfiler n'aidaient vraiment pas à essayer de se détendre. Et puis merde, l'autre abruti n'y mettait clairement pas du sien pour l'aider !

« Bon… et ta couleur préférée ?

—Je ne suis pas expert, mais je suis pratiquement persuadé que ce genre de questions est un signe d'ennui profond. A un stade avancé.

—Navré. Milo m'a refilé une espère de fiche pourrie avec des trucs à dire si je ne sais pas de quoi parler. »

Il déposa la dite liste sur la table. L'autre homme s'en empara et la parcourut d'un coup d'œil rapide, souriant très discrètement.

« Noir. Aucun. Chien. Aucun attrait pour la musique. Deux frères, un aîné et un demi-cadet.

—Non mais, c'étaient tous nos sujets de conversation pour les prochaines dix minutes, au moins !

—Navré. Et vous ? Puis-je avoir vos réponses ?

—Et sérieusement, laisse tomber avec le vouvoiement. Je suis prêt à parier ma prochaine paie qu'on est dans la même tranche d'âge.

—Pardon. C'est une habitude de travail.

—On ne doit vraiment pas bosser dans le même secteur. Epate-moi. Tu fais quoi dans la vie ?

—Je travaille dans la Justice.

—Avocat ? Procureur ?

—Juge. »

Kanon manqua s'étouffer. Il se foutait de sa gueule, l'haltérophile ?

« Non mais sérieusement. Tu as quel âge ?

—C'est une fonction que nous occupons de génération en génération. Mes frères, les heureux décisionnaires de ma présence ici aujourd'hui, occupent la même position que moi.

—Je vois. Une bonne fratrie de premiers de la classe.

—On peut dire ça comme ça, mais je reste persuadé que tu changerais d'avis en les rencontrant. Leur notion du devoir et des responsabilités détonne parfois fortement de la mienne.

—C'est peut être avec eux que j'aurais dû avoir ce rendez-vous.

—…Cela me semblerait compliqué, mais je préfère ne pas aborder ce sujet. Et toi ? Que fais-tu ?

—J'ai occupé pas mal de postes différents.

—Du mal à rester en place ?

—A répondre à l'autorité.

—Cela me paraît étrangement probable, en effet.

—Encore une fois, je prends ça comme un compliment. Je bosse comme secrétaire pour un riche qui n'a rien à faire, et pourtant absolument pas le temps de s'occuper de lui-même. C'est un travail à plein temps, crois-le ou non.

—Je n'ai curieusement aucun mal à le croire. Et donc, tes réponses ? Que je n'ai pas l'impression d'avoir exposé des aspects de ma vie si cruciaux à un inconnu.

—C'est vrai que ce serait injuste. Voyons ce truc… Marine, aucun, chat, j'aime n'importe quel genre de musique, du moment que ça me parle. »

Un léger sourire étira les lèvres de l'homme si sévère face à lui. Les traits semblèrent enfin s'adoucir, et Kanon se surprit à se détendre également. Il n'avait pas conscience d'avoir autant été sur la défensive depuis l'arrivée de l'autre homme à sa table.

« Quel est ton prénom ?

—Ah ouais, merde.

—Original, mais peu flatteur.

—… C'était de l'humour, ça, hein ? Mais non, c'est Kanon.

—Tiens. Grec de naissance ?

—En effet, mais c'est rare que les gens devinent du premier coup. Et toi, c'est comment ?

—Rhadamanthe.

—C'est une blague ?

—Pas cette fois. Mes parents avaient… un certain attrait pour la mythologie.

—Un attrait c'est une chose, mais dis donc, je serais curieux de savoir comment s'est passé ton enfance.

—Entourée d'enfants aux prénoms plus ridicules que le mien.

—Effectivement, vu comme ça. »

Un rire grave échappa à son vis-à-vis. Calme et profond. Et Kanon se surprit à y répondre spontanément, sans la moindre hésitation. L'autre homme avait quelque chose de rassurant dans son attitude, et une assurance que le Grec n'avait que peu expérimenté autour de lui. Peut-être était-ce également lié au parfum qu'il portait, une senteur plus qu'agréable, définitivement masculine, qui le submergeait presque entièrement.

Et lentement, la conversation se poursuivit, sans qu'ils ne prêtent plus d'attention à leur étrange environnement, ou aux regards qu'ils attiraient, inconsciemment. Il n'existait plus grand chose que leurs regards ancrés l'un dans l'autre, et les questions étranges qui ne cessaient de naître d'un côté comme de l'autre. Evoquant la raison de leur présence, et leur étrange situation relationnelle mutuelle. Kanon se surprit ainsi à raconter pour la première dans son entièreté ce qui s'était déroulé de son côté. Et son ressenti sur la situation.

« C'est pour ça que je me retrouve ici. Tout ça parce qu'il a enfin récupéré l'amour de sa vie.

—Vous n'êtes pas heureux pour lui ?

—Si. J'aurais juste aimé qu'il le soit avec moi. »

Un léger silence s'installa. Kanon réalisa un peu tard que ces mots étaient sortis comme ça, d'un coup. Sans qu'il pût les retenir. Et il ne se sentait clairement pas prêt à recevoir la pitié d'un inconnu. Mais face à lui, le regard était plutôt amusé. Presque sans jugement.

« En effet. Comment ose-t-il donc.

—J'étais sûr que tu comprendrais.

—Sans vouloir être vexant, j'espère que tu as conscience qu'évoquer avec autant de détails ta vie partagée avec ton meilleur ami/sex friend pourrait éventuellement en faire partir plus d'un.

—Bah, tu es toujours là. Et je ne reçois pas de jugement de la part de quelqu'un pour lequel ses collègues de travail sont prêts à donner physiquement de leur personne juste pour qu'il s'envoie en l'air.

—Pour la deuxième fois, c'est une relation particulière.

—C'est comme ça qu'on dit, par chez toi ?

—En quelque sorte.

—Cela sonne comme de l'abus de pouvoir.

—Sauf qu'ils sont consentants et s'offrent d'eux-mêmes.

—Et toi, tu refuses. Tu es quand même un sacré spécimen.

—Je te remercie.

—Et ce sont tes frères qui t'ont inscrit sur ce site, alors ?

—Ils s'ennuient, et à leurs heures perdues, ils aiment donc se mêler de ma vie privée.

—Cela ressemble curieusement à quelqu'un que je connais.

—Votre Milo ?

—Pas le mien. Et je parlais de mon frère.

—Cadet ?

—Jumeau aîné. Brillant, casé, patron de son entreprise depuis des années.

—Vous ne vous entendez pas bien ? »

Kanon tiqua. Il était rare de ne pas recevoir le moindre commentaire lié au fait qu'il ait un jumeau. Il y avait en général toujours une réflexion curieuse voire malsaine lorsqu'il évoquait la chose avec des gens. Mais visiblement, Rhadamanthe s'en contrefichait totalement. Il n'avait pas réagi un instant à la nouvelle. Il appuya son menton sur sa main, réfléchissant à la question posée. Pour finalement résumer la situation en trois mots décevants.

« C'est compliqué.

—Oui, c'est quelque chose que je comprends assez bien.

—Disputes pour avoir attention et autorité ?

—Tu n'as pas idée.

—Je pense que si.

—Cependant, je doute qu'il puisse être aussi intéressant que toi.

—C'est un peu hâtif, comme jugement.

—Pas vraiment. Je trouve plus intéressant quelqu'un comme toi qui a eu plusieurs expériences. Je te trouve bien plus brut et fascinant. »

Ca y était. Kanon avait rougi. Il pouvait sentir la chaleur se répandre dans son visage, et il détourna le regard pour la première fois.

« Sérieusement, tu devrais arrêter de faire ça.

—Navré. Je manque d'expérience pour faire semblant. »

Bordel. Mais qu'est-ce que c'était que ce spécimen que Milo lui avait trouvé ? Ce genre de regards trop francs avait tendance à le mettre terriblement mal à l'aise, et de l'hypnotiser pourtant totalement.

« Tu dois être épuisant pour les gens autour de toi.

—Mes frères me le disent souvent, mais j'ai tendance à penser que toi également.

—Ah ouais, tu ne connais pas trop la règle du rencard moyen, en fait.

—Je n'en ai aucune idée.

—… Mais comment ça se passe ? On t'a biberonné à la sincérité ?

—Juge.

—Si ça faisait des gens honnête, ça se saurait.

—Un point pour toi.

—Merci.

—Dis-moi… Tu as une idée de ce qu'on est supposés faire, maintenant ?

—…

—Ce n'est pas ce que je voulais dire. Mais nous avons déjà bu trois cafés, et j'ignore s'il y a une règle particulière dans le cas où nous sommes intéressés par notre rencontre.

—Qui t'a dit que je l'étais ?

—Personne n'a dit que tu ne l'étais pas. Pour ma part, te revoir me conviendrait. »

Ce putain de regard franc. Il l'aurait à l'usure, ce n'était pas possible autrement.

« Je suppose… qu'on devrait pouvoir l'envisager.

—Cela me paraît bien. En ce cas, je demanderais à mes frères d'organiser une nouvelle entrevue. Dans un bar, de préférence.

—Euh, ouais carrément. Mais on pourrait échanger nos numéros, sinon.

—Je n'ai pas de téléphone.

—…Okay. Là, tu viens de devenir extrêmement étrange.

—Si ce n'est que maintenant, je m'en suis plutôt bien sorti. Je suis flatté de savoir que j'ai au moins ton attention. A bientôt, donc, Kanon ? »

Le concerné se surprit à serrer la main qui lui était tendue dans la sienne, appréciant la poigne forte qui enserra ses doigts non moins puissants. Et l'espace d'un instant, il sentit clairement quelque chose se produire. Comme un frisson remontant le long de sa colonne vertébrale, sans qu'il ne pût clairement définir pourquoi. La main qu'il imaginait chaude était d'ailleurs plutôt froide, comme si Rhadamanthe avait des problèmes de circulation sanguine. Mais cela importait peu, finalement. Il était suffisamment intrigué pour vouloir revoir cet homme étrange, qui paraissait totalement hors du temps dans cet environnement.

Le comble fût sans doute atteint lorsque l'autre homme finit sa sortie par une révérence élégante que Kanon pouvait aisément qualifier de parfaite, si on omettait le côté atrocement gênant de la situation. Et lorsqu'il se précipita à la sortie du café, là où aurait pourtant dû se trouver Rhadamanthe une seconde auparavant, nul trace de son rendez-vous du jour. L'autre homme avait disparu, tout simplement. Et Kanon ne pût s'empêcher de se cogner un peu la tête aux murs.

« Il a fallu que Milo me trouve un rencard avec un fantôme.»


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